Henri MICHEL1868 - 1894
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 1986
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1892 - 1894
Biographie
Né le 18 juin 1868 à Poilley (Ille-et-Vilaine).
Il entre aux MEP le 14 novembre 1889. Ordonné prêtre le 27 septembre 1891, il part le 25 novembre suivant pour le Kouang-tong (Chine).
Envoyé dans le Lok-fung, il séjourne à Tai-ha-tsia puis à Kityeung.
Il meurt de phtisie le 29 mai 1894 au sanatorium de Béthanie à Hong Kong.
Nécrologie
M. MICHEL
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU KOUANG-TONG
Né le 18 juin 1868.
Parti le 25 novembre 1891.
Mort le 29 mai 1894.
M. Michel naquit à Poilley (Ille-et-Vilaine). Breton de naissance, il l’était aussi par tempérament, et sous une frêle enveloppe, il cachait une fermeté d’âme tout apostolique. Après avoir passé quelques années au Séminaire de Paris, il fut ordonné prêtre et destiné à la mission du Kouang-tong. Le Divin Maître, qui voulait en faire une victime selon son cœur, lui envoya la tribulation pour marquer du sceau de la Croix les débuts de son ministère.
Quelques semaines après son arrivée en district, il se vit poursuivit à son passage dans un marché, par une foule de gens qui voulaient lui faire un mauvais parti. Il réussit à échapper à leurs coups ; mais les deux chrétiens qui l’accompagnaient furent saisis et battus, sous prétexte qu’eux et leur maître étaient des empoisonneurs de fontaines. Bien plus, ils furent mis en prison. Encouragés par ces premiers succès, les païens auraient continué à maltraiter les chrétiens des environs, mais sur les réclamations énergiques de M. Michel, le mandarin du lieu rendit la liberté aux deux prisonniers et punit sévèrement les principaux auteurs de l’attaque inqualifiable dont ils avaient été victimes.
La paix revenue, notre jeune confrère se mit à l’étude de la langue Akka que parlaient ses chrétiens, sans assez compter avec ses forces que minait déjà la maladie de poitrine dont il était atteint.
Quelques mois plus tard, Mgr Chausse l’ayant vu à la retraite, lui ordonna d’aller se reposer au sanatorium de Hong-kong. Quand il revint au bout de trois mois, Sa Grandeur l’envoya tout près de Swatow, dans un poste ou il était commode de consulter les médecins de la ville. M. Michel se donna tout entier à ses nouveaux chrétiens ; il mettait son bonheur à les visiter. Soudain, la maladie de poitrine se compliqua d’une gastrite et d’une laryngite. Tous ces maux réunis causaient à notre confrère de bien grandes douleurs et il dut se rendre à Swatow pour se faire soigner. Le docteur anglais lui con¬seilla de prendre, de temps en temps, un peu d’exercice et de se donner du mouvement. M. Michel, pour accorder cette prescription avec son zèle, dirigeait d’ordinaire ses pas vers les familles chrétiennes du voisinage. M. Gérardin et M. Boussac faisaient ce qui était en leur pouvoir pour adoucir ses souffrances ; bientôt hélas ! tout espoir de guérison fut perdu. Le cher malade lui-même ne se dissimula plus la gravité de son état. Il n’eut dès lors qu’un désir, celui de mourir en mission ; mais, comme il ne pouvait prendre d’autre nourriture que du lait et qu’il était très difficile de s’en procurer à Swatow, M. Gé¬rardin se vit obligé de conduire M. Michel au sanatorium de Béthanie M. Holhann l’y accueillit avec sa charité ordinaire. Malgré les soins qui lui furent prodigués, l’affection dont il souffrait à la gorge s’ag¬gravait de jour en jour, et le cher malade crut devoir s’abstenir de célébrer le saint Sacrifice.
« C’est le 13 avril, écrit M. Holhann à Mgr Chausse, que notre bon confrère dit la sainte « Messe pour la dernière fois. L’état de sa gorge était tel qu’il ne pouvait avaler que très « difficilement. Cette difficulté le priva même, pendant quelque temps, du bonheur de
« recevoir la sainte Communion.
« Toutefois, le jour de la Pentecôte, se sentant un peu mieux, il vint à la tribune de la « chapelle, reçut la sainte Eucharistie, et put même assister à la messe. Le dimanche suivant, « fête de la Sainte¬-Trinité, il communia de nouveau, mais dans une chambre contiguë à la « sienne. Quoique très faible, il se mit à genoux pour recevoir Notre-Seigneur. Le lendemain, « 21 mai, comme je lui suggérais quelques pieuses affections, il me dit : « Oh ! oui, prêchez-« moi de temps en temps, puisque je ne puis plus lire. » Jusqu’à cette époque, il avait continué « à faire chaque jour un peu de méditation. C’est le 21 mai qu’arriva M. Barnier, porteur « d’une lettre de Votre Grandeur. La lecture de cette lettre et la visite de son confrère du « Kouang-tong causèrent au malade une grande joie, et lui firent oublier un moment ses « souffrances. Le soir cependant il se trouva plus fatigué.
« Depuis le 17, il éprouvait une douleur très vive au creux de l’estomac, et elle devenait intolérable toutes les fois qu’il prenait un peu de liquide.
« Le jour de la fête du Saint-Sacrement, il reçut le saint viatique dans son lit. Il se leva « encore quelques instants pendant la journée. La faiblesse augmentait à vue d’œil. Il me dit « alors : « C’est à vous, cher Père, de voir quand il faudra me donner l’extrême-onction. » Le
« lendemain, il fit un effort considérable pour écrire à son frère au sujet d’une affaire « importante.
« Le samedi 26, le voyant plus abattu, je lui proposai l’extrême¬-onction. Il accepta tout de « suite, et reçut le sacrement des mou¬rants avant midi. Il s’unit aux prières de l’Église du « mieux qu’il put. — « Oh ! je fais bien volontiers à Dieu le sacrifice de ma vie » disait-il. Il « se leva encore ce jour-là.
« Le dimanche 27, il aurait désiré communier ; mais la toux et l’expectoration « accompagnée de nausées fréquentes le privèrent de cette consolation : on redoutait un « accident. Il prit un peu de lait et eut plusieurs assoupissements.
« Le lundi, comme il souffrait beaucoup et que je lui témoignais ma peine de ne pouvoir le « soulager : « Oh ! cela ne fait rien, allez, me répondit-il ; je suis bien résigné. » Et, en effet, « depuis le début de sa maladie, il n’avait cessé de nous donner les plus touchants exemples « de patience et de conformité à la volonté de Dieu.
« Le samedi 29, la faiblesse du malade me parut augmenter. Il pouvait néanmoins encore « remuer sur son lit ; mais je sentais que la fin était proche. Vers 10 heures du matin, le pouls « changea subitement, et M. Michel éprouva une crise qui me fit peur. Je lui donnai « l’indulgence plénière in articulo mortis. Il suivit les prières avec attention. La crise passa, et « à 11 heures, voyant le Frère Joseph entrer dans sa chambre, il lui dit : « Dites aux confrères « d’aller prier pour moi à la chapelle. » Il y avait sur son lit un Novum Testamentum qu’il « baisa dévotement ; il tenait à la main le crucifix qu’il destinait à son frère, Il avait mis son « chapelet à son cou ; j’y ajoutai une relique de la vraie Croix qu’il me pria de lui laisser « jusqu’à sa mort ; il la baisait très fréquemment et avec amour ; il témoignait aussi sa « confiance dans le saint scapulaire. Une sueur froide commença à baigner son visage et ses « mains, vers 11 h. ½ . Il garda cependant toute sa connaissance, invoqua les saints noms de « Jésus, Marie, Joseph et répéta plusieurs fois : In manus tuas, Domine, commendo spiritum « meum.
« A 1 heure de l’après-midi, il me chargea de faire ses adieux à Votre Grandeur et aux « confrères, puis à M. Delpech, supérieur du Séminaire de Paris, et à M. Chibaudel, son « ancien directeur de conscience. La souffrance lui arrachait de profonds soupirs. Il me « demanda alors avec une pieuse simplicité : « Est-ce bien de faire cela ? » Pauvre Père, il « hésitait à s’accorder ce faible soulagement dans ses cruelles douleurs ! M. Allard étant venu « le voir, il lui ten¬dit les mains en signe d’adieu. Je lui suggérai cette invocation : — « Notre-« Dame de Lourdes, priez pour moi. » — « Je l’ai récitée tous les jours depuis que je me « connais ; et celle de Notre-Dame de Pontmain aussi », me répondit-il. Il me demanda de lui « lire la page de Henri Lasserre où est racontée l’apparition de la bonne Mère sur le rosier de « la grotte. Je commençai la lecture ; mais il était trop fatigué, et, dès les premières lignes il « s’était assoupi.
« A 1 h. ¾ , il récita avec moi quelques mots de l’Ave maris stella. Monstra te esse « matrem. Iter para tutum. A 2 h. ¾ , une suffocation plus violente survient ; les glaires « l’étouffent. « C’est raide, s’écrie-t-il. Est-ce bientôt ? — Oui le bon Dieu vous prendra « bientôt, je l’espère. » — Et il fait un acte de résignation à la volonté divine. Les pieds et les « mains sont déjà froids, le pouls très faible et très rapide, la poitrine plus embarrassée que « jamais. A 4 heures, nouvelle suffocation. Il me demande de l’aider à s’asseoir pour « expectorer plus facilement ; mais il ne peut rester que quelques instants dans cette position. « Malgré sa faiblesse, il se retourne sur le côté. Son regard est toujours très vif et sa « connaissance reste parfaite.
« Vers 4 h. ½ , il répète de lui-même son invocation favorite : « In manus tuas, Domine, « commendo spiritum meum, qu’il avait redite tant de fois, depuis le matin.
« Il prononce encore très distinctement les autres courtes invoca¬tions que je lui suggère. A « 4 h. 55 environ, il dit une dernière oraison jaculatoire, mais sa voix ne peut plus se faire « entendre. Je lui donne encore l’absolution. Subitement ses yeux se voilent et deviennent « fixes, et, à 4 h. 58, il rend le dernier soupir.
« La levée du corps eut lieu à 6 h. ½ , et le cher défunt revêtu des ornements sacerdotaux « fut exposé dans la chapelle où les confrères firent la garde jusqu’au surlendemain, jour de « l’enterrement. Le mercredi, nous récitâmes l’office des morts devant le cercueil. Le jeudi, « un de ses compagnons de départ, M. Martin, chanta la messe. La cérémonie des funérailles « fut faite par M. Martinet. Les Pères Italiens n’avaient pu y assister à cause de la clôture du « mois de Marie. A 9 h. ¼ , la terre recouvrait les restes mortels de notre bien-aimé confrère, « et chacun désirait pour soi, quand vien¬dra l’heure de quitter ce monde, une mort semblable à « celle du défunt. »
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