Jean-Marie LEBORGNE1869 - 1919
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2022
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1892 - 1919 (Vinh)
Biographie
[2022] LEBORGNE Jean-Marie, Ange, est né le 3 septembre 1869 à Talensac, dans le diocèse de Rennes (Ille et Vilaine). Il fit ses études au Petit et au Grand Séminaires de Rennes. Le 14 septembre 1889, il entra, déjà tonsuré, au Séminaire des Missions Etrangères. Ordonné prêtre le 3 juillet 1892, il partit le 12 octobre suivant pour la Mission du Tonkin méridional (Vinh).
Après deux années passées dans le district de Huong-Phuong, il fut désigné en 1895, pour le poste de Khe-Hy, dans la région laotienne de la Mission, où vivent des populations primitives appelées Muongs". En 1907, il prit la direction du poste de Canh-Trap, dans la même région, et y ajouta en 1911 celle de la chrétienté de Khe-Kien. Pendant 25 ans, il se dévoua à ces populations éloignées, perdues dans la forêt. Miné par les fièvres, il vint mourir à Vinh, le 5 novembre 1919.
Nécrologie
M. LEBORGNE
MISSIONNAIRE DU TONKIN MÉRIDIONAL
M. LEBORGNE (Jean-Marie), né à Talensac (Rennes, Ille-et-Vilaine), le 3 septembre 1869. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 14 septembre 1889. Prêtre le 3 juillet 1892. Parti pour le Tonkin Méridional le 12 octobre 1892. Mort à Vinh le 5 novembre 1919.
M. Jean-Marie Leborgne naquit le 3 septembre 1869 à Talensac, diocèse de Rennes, d’une famille très chrétienne.
Ne sachant rien de son enfance ni de sa jeunesse, nous nous bornerons à retracer les grandes lignes de sa vie de missionnaire qui fut sans exagération, très édifiante et très méritante.
Notre confrère fut, en effet, un prêtre fort pieux et régulier dans ses exercices de chaque jour. D’un caractère doux, aimable, même gai, bien que peu expansif, il se montra toujours charitable et dévoué à tous. La part qui lui échut dans le champ de l’apostolat lui apporta plus de privations et de souffrances que de consolations ; or, pendant 25 ans, il accepta et accomplit, sans se plaindre, sa tâche difficile, donnant ainsi à ses confrères et au clergé indigène un grand exemple d’abnégation et de soumission joyeuse à la volonté de Dieu.
Il passa ses deux premières années de Mission à Phuongdinh, grosse chrétienté du district de Huongphuong, dans la province de Quang-binh. En mars 1895, il fut désigné pour le poste de Khehy, tout nouvellement fondé, à plus de 100 lieues de là, à l’autre extrémité de la Mission, dans la haute région montagneuse et boisée, où vivent quelques centaines de chrétiens de race muong qu’entre nous, nous appelons « les sauvages ».
Il s’y rendit gaiement et même avec un certain enthousiasme. Dans la suite il aimait à rappeler ces années de début à Khehy : « C’était le beau temps, disait-il, le temps de la jeunesse ; on habitait de misérables cahutes et l’ordinaire des repas n’était pas compliqué : le riz gluant de montagne en faisait tous les frais, avec, comme assaisonnements, les herbes de la forêt, pousses de bambou et pousses de fougères, les ¬jours de fête, le cuisinier faisait rôtir une poignée de petits oignons laotiens. Pour apprendre la langue du pays on n’avait pas les facilités d’aujourd’hui : pas un livre, pas un dictionnaire laotien ; l’oreille, le crayon, la feuille de papier blanc étaient les seules ressources dont on disposait. »
Au bout de quelques années, la situation matérielle s’étant améliorée un peu, notre confrère défricha un coin de brousse et le transforma en un petit jardin où il cultiva des légumes de France qui lui permirent de se passer des herbes de la forêt laotienne. Il se bâtit aussi une résidence plus confortable. Mais tout cela n’empêcha pas la fièvre de le visiter souvent. A ces misères s’ajoutait l’isolement forcé, pendant presque toute l’année, car le petit village de Khehy, perdu dans la montagne, est à trois jours de Canhtrap, résidence du missionnaire le plus proche.
Par ailleurs, le ministère apostolique chez les Muongs n’offre pas les mêmes consolations que chez les Annamites. Les conversions y sont difficiles. De plus, ces grands enfants de la forêt, ont un amour inné du changement et une répulsion foncière pour tout ce qui les entrave ou les gêne ; d’où il arrive parfois que, sans crier gare, une ou plusieurs familles plient bagage et s’en vont chercher ailleurs la fortune ou la liberté. Notre confrère s’en fut à deux reprises jusqu’au Phuqui à la recherche de ses ouailles fugitives et il eut le bonheur d’en retrouver un certain nombre qu’il réussit à ramener à Khehy.
Ses pauvres Muongs de Khehy, comme il les aima et se dévoua à leur service ! A force de soins et de prières, il était parvenu à les imprégner de christianisme, autant que faire se pouvait, lorsqu’en 1907 il dût les quitter pour aller prendre la direction du poste de Canhtrap devenu vacant. Là il eut à lutter contre l’apostasie de quelques chefs et s’il ne put l’empêcher, malgré son dévouement et ses efforts, au moins réussit-il à maintenir le groupe resté fidèle et à l’affermir dans la foi et la pratique de la vie chrétienne.
En 1911, il dut ajouter à sa charge l’administration de Khekien, petite chrétienté muong qui venait de perdre son pasteur. C’est au service de ces deux groupes de fidèles, distants l’un de l’autre d’une demi-journée, que notre confrère continua pendant huit ans encore d’user ses forces. Sa santé n’avait jamais été bien robuste ; pas plus à Canhtrap qu’à Khehy, il ne parvint à se débarrasser des fièvres qui le minèrent lentement.
C’est au retour d’un voyage à Khekien qu’il fut pris, le 19 octobre 1919, d’un violent accès qui devait l’emporter. Dès lors, il ne put célébrer la sainte messe et la maladie ne cessa de progresser ; mais toutefois un léger mieux s’étant produit le 26 octobre, il retarda son départ pour Vinh, ne voulant pas s’éloigner avant la Toussaint. Quand, le 1er novemlre au soir, il se décida enfin à partir, c’était trop tard. Après trois journées de barque, il arriva à Vinh complètement épuisé. Les soins énergiques du médecin français, mandé en toute hâte, ne purent enrayer le mal, et, le 5 novembre, à 4 heures du matin, notre cher confrère, muni des derniers sacrements, rendait son âme à Dieu.
S’il était permis d’user du langage militaire pour résumer et caractériser ses travaux apostoliques on pourrait dire avec un brave « poilu » qui l’a connu de près : « Dans la lutte que nous menons en pays infidèle pour arracher les âmes au démon, M. Leborgne ne connut pas la guerre de mouvement, la seule qui donne des décisions ; mais uniquement la guerre de tranchée où presque toujours on reste sur ses positions. Il ne connut jamais les grands coups d’épée contre le malin, ni la griserie de la charge ; mais, en bon et vaillant tirailleur des tranchées, il resta fidèle à son créneau pendant un quart de siècle. » Rester à son créneau pendant un quart de siècle sans jamais rechigner ni se plaindre, voilà, certes, qui p’est pas d’un mince mérite. Aussi espérons-nous, que, lors de sa relève finale, le vaillant soldat a reçu des mains du Généralissime une très belle et très haute récompense.
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Références
[2022] LEBORGNE Jean-Marie (1869-1919)
Références biographiques
AME 1893 p. 627. 1895 p. 282. 1903 p. 181. 1919-20 p. 287. CR 1892 p. 874. 1893 p. 181. 1894 p. 197. 1897 p. 151. 1903 p. 151. 1904 p. 164. 1910 p. 157. 1918 p. 64. 1920 p. 1919 p. 253. 1920 p. 132.