Paul DUFFAU1868 - 1933
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2044
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1893 - 1913
- 1914 - 1933
- 1913 - 1914 (Hong Kong)
Biographie
[2044] DUFFAU Paul est né le 14 janvier 1868 à Mazamet, diocèse d'Albi (Tarn). Après ses études secondaires, il entra au Grand Séminaire d'Albi. Il fut tonsuré le 29 juin 1889. Il entra aux Missions Étrangères le 14 septembre 1890 et fut ordonné prêtre le 24 février 1893. Il partit pour la mission de Yunnanfu, le 26 avril 1893 et mit 5 mois pour arriver à Yunnanfu; le trajet eut lieu à l'intérieur de la Chine en chaloupe à vapeur et en jonque.
Son évêque le plaça au Séminaire, pour l'étude du chinois, et l'année suivante, il le nomma à Tai-pin-tchang, district du Nord-Ouest de la mission. En raison des troubles de 1900, il dut aller se réfugier à Hongkong. Il revint à Yunnanfu quand la paix fut rétablie. Il fut alors chargé de Pien-kio, puis de Peyentsin jusqu'en 1910. Sur la fin de 1910, M. Duffau prit la direction du district de Tong-hai et dut s'occuper également du district de Mitsao jusqu'en 1913. À cette époque, sa santé délabrée le força à un repos dans notre maison de Béthanie à Hongkong. Puis il revint au Yunnan et, fin 1914, se vit confier le district de Pa-eul-gai, situé non loin de Suifu, au nord de la mission.
Là, il trouva une chrétienté de vieilles familles converties depuis longtemps. Il se dépensa pour elles pendant 16 ans. Mais il se mit à souffrir de rhumatismes douloureux. En mai 1930, son évêque l'invita à monter à Yunnanfu. Sur son chemin, il apprit le décès de M. Fortin et fut prié de s'arrêter à Tchao-tong, pour remplacer le défunt. Pendant toute une année, il assura ainsi l'intérim jusqu'à la nomination du successeur du Père Fortin, jusqu'en 1931. D'ailleurs, sa santé s'améliora un peu. Enfin, le 1er février 1931, il arriva à Yunnanfu, et il fut prié de retourner dans son ancien district de Tong-hai.
Au mois de juillet 1933, il fut prié de quitter Tong-hai pour le district de Mitsao, qui se trouve plus près de Yunnanfu. Mais, on apprend par lettre, qu'il est bien malade, et le Père Tchang, professeur au Séminaire, se rend près de lui. Le Père Duffau se confessa et reçut l'Extrême Onction, mais il refusa de se rendre à Yunnanfu, comme le désirait le Père Tchang. Quelques jours plus tard, on apprit sa mort, le 15 septembre à Tong-hai. Alors le Père Tchang retourna à Tong-hai pour célébrer les funérailles. Le Père Duffau fut un missionnaire très humble, très effacé, qui accepta ses souffrances avec beaucoup d'amour de Dieu et de don de soi pour le salut des âmes.
Nécrologie
M. DUFFAU
MISSIONNAIRE DE YUNNANFU
M. DUFFAU (Paul) né le 14 janvier 1868 à Mazamet (Albi, Tarn). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Étrangères le 14 septembre 1890. Prêtre le 26 fé¬vrier 1893. Parti pour le Yunnan le 26 avril 1893. Mort à Tong-hai le 15 sep¬tembre 1933.
M. Duffau mit 5 mois pour arriver à Yunnanfu ; la voie ferrée qui relie cette ville de Haïphong n’était pas encore construite, il n’en était même pas question. Il fit le trajet, partie en chaloupe à vapeur, partie en jonque.
A son arrivée au chef-lieu de la province, il fut placé au Séminaire, mais pour peu de temps, car l’année suivante nous le trouvons à Tai-pin-tchang, district situé dans la partie nord-ouest de la Mission. Il y était encore quand survinrent les troubles de 1900. Invité comme ses confrères à se mettre en sûreté au-delà des frontières, il fit route avec son voisin M. Leparoux, et traversa le Laos pour gagner Hong-kong. Le calme revenu, il retourna dans sou district. Par la suite il fut chargé de Pien-kio, puis de Pe-ien-tsin, plus à l’ouest, en se rapprochant de Tali. Pendant ces 16 années, il remplit consciencieusement son devoir de missionnaire : ministère obscur, mais non sans mérite. D’ailleurs, par tempérament, loin de chercher à se mettre en évidence, notre confrère préférait s’ef¬facer et passer inaperçu. En conversation, il intéressait vivement par son ton enjoué et ses réparties spirituelles, il avait le talent de saisir le côté plaisant des choses et une façon toute personnelle de l’exprimer.
Sur la fin de 1910, M. Duffau prend la direction du district de Tong-hai, à 4 journées au sud de Yunnanfu, et l’année suivante il est, par surcroît chargé de Mi-tsao. Bientôt sa santé laisse à désirer et se trouve assez gravement atteinte pour qu’un voyage à Hong-kong s’impose. Un séjour de près d’une année à Béthanie lui rend ses forces ; il regagne donc son poste et sur la fin de 1914 se voit confier le district de Pa-eul-gai.
Cette chrétienté, située dans le nord de la province, non loin de Suifu, à quelques 20 étapes de Yunnanfu, est en pleine cam¬pagne, composée de familles chrétiennes depuis plusieurs générations. Notre confrère se plaît dans ce milieu ; la ville n’ayant jamais eu ses préférences. Il va s’y dépenser pendant 16 ans. Malheureusement des rhumatismes viennent l’éprouver et le faire souffrir parfois longtemps et cruellement ; il les supporte avec une patience que tous admirent ; quand les douleurs sont plus aiguës, il se renferme seul chez lui, et attend en lisant que la crise passe.
M. Duffau souhaitait ardemment revoir les hauts plateaux du Yunnan ; aussi quand, en mai 1930, Monseigneur, sur le point de se rendre en France, l’invita à monter à Yunnanfu, il en éprouva de suite une vive satisfaction ; toutefois, il voulut attendre la fin de l’année pour se mettre en route. Dans l’intervalle, le poste ¬de Tchao-tong étant devenu vacant par le décès de M. Fortin, survenu en juillet, il fut prié de s’arrêter dans cette ville, et d’as¬surer le service religieux de cette chrétienté jusqu’à la nomination d’un nouveau titulaire. De bonne grâce il se prêta à ce retard inattendu. D’ailleurs à Tchao-tong ce n’est déjà plus le climat du Bas-Yunnan. Son état de santé en ressentit de suite une amélioration sensible. A la résidence il y avait plus de vie qu’à Pa-eul-gai, et les chrétiens faisaient davantage appel à son ministère. En somme, il ne fut pas mécontent de cet intérim, durant lequel il eut la joie de se rendre utile.
Enfin, le 1er février M. Duffau arrive à Yunnanfu. On ne l’y avait pas vu depuis un assez long temps. Il prit part à la retraite et revit avec plaisir ses confrères. De nouveau Tong-hai lui fut confié. Il avait conservé bon souvenir de ce district, non pas tant de la ville elle-même, que d’une station peu éloignée, où quelques familles groupées l’accueillaient avec plaisir. Une grosse déception cependant l’y attendait, car depuis la révolution cette région étant devenue un repaire de brigands, il n’y retrouva plus ses vieilles connaissances pour la plupart disparues. Toujours philosophe, notre confrère fit contre mauvaise fortune bon cœur, et se promit de tirer de la situation le meilleur parti possible. Bien que le climat lui ait été plus favorable, ses rhumatismes ne disparurent pas complètement, mais les crises devinrent plus rares et moins douloureuses.
Au mois de juillet 1933, M. Duffau est invité à quitter Tong-hai pour Mi-tsao, qui n’est qu’à deux étapes de Yunnanfu, où l’on arrive en quelques heures, grâce à l’automobile. Là il sera moins isolé et le ministère lui procurera plus de consolations. La proposition lui sourit, et nous l’attendions d’un jour à l’autre, quand le 7 septembre nous arrive une lettre écrite à son insu et au nom de tous les chrétiens, le disant fort malade.
Nous croyions à une exagération, et pensions que, repris par ses rhumatismes, il s’était, suivant son habitude, renfermé dans sa chambre. Par mesure de prudence cependant le P. Tchang, professeur au Séminaire, se rendit auprès de lui, avec la consigne de le ramener. Ce prêtre chinois arrivait à Tong-hai le 11. Notre confrère lui avoue que, de fait, il a été bien malade, mais lui assure qu’il se sent déjà mieux. Après s’être confessé, il manifeste le désir de recevoir l’Extrême-Onction. Le P. Tchang insiste pour l’emmener avec lui à Yunnanfu, d’autant plus qu’un anthrax s’étant formé à la joue droite, l’intervention du docteur serait peut-être nécessaire. Voyant l’inutilité de ses instances et, par ailleurs ne jugeant pas le malade en danger, le P. Tchang nous revint seul.
Le 17 septembre, une seconde lettre de Tong-hai nous apprenait que l’avant-veille notre confrère avait rendu son âme à Dieu vers 6 h. 30 du soir. Nous en fûmes fort surpris et regrettâmes vivement qu’il n’ait pas retenu le prêtre indigène un jour ou deux, comme celui-ci le lui avait proposé. En différant son départ, le P. Tchang se serait rendu vraisemblablement mieux compte de l’état du malade, plus grave qu’il ne le supposait, et il serait resté pour l’assister jusqu’à la fin. L’anthrax a dû sans doute percer à l’intérieur et empoisonner le sang. Les chrétiens se rendirent compte de l’aggravation subite de la maladie, s’empressèrent autour du moribond et récitèrent les prières des agonisants. Après sa mort ils le revêtirent des ornements sacerdotaux et le déposèrent dans un cercueil qu’ils se procurèrent sur place. Le P. Tchang, à la nouvelle du décès, se rendit en toute hâte à Tong-hai, consacra la journée du 20 à faire prier les chrétiens pour le défunt, et procéda aux funérailles le lendemain.
Les circonstances dans lesquelles s’est produite la mort de notre regretté confrère nous rendent ce deuil encore plus pénible. M. Duffau a disparu de ce monde sans attirer l’attention, tout comme dans nos réunions du soir, il s’éclipsait discrètement, pour gagner la solitude de sa chambre.
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Références
[2044] DUFFAU Paul (1868-1933)
Références biographiques
AME 1893 p. 1. 1894 p. 185. 1933 p. 290. CR 1893 p. 266. 1905 p. 92. 93. 693. 1907 p. 135. 362. 1906 p. 103. 1908 p. 141. 1912 p. 143. 1921 p. 52. 1923 p. 76. 1924 p. 54. 1926 p. 65. 1927 p. 62. 1931 p. 103. 1933 p. 256. 364. 378. BME 1924 p. 790. photo p. 798. 1927 p. 568. 1932 p. 936. 1933 p. 857. 1934 p. 143. EC1 N° 131. 133. 275.