Charles ROUCOULES1874 - 1953
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2453
Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1899 - 1909 (Hanoi)
Biographie
[2453] Charles, Théophile ROUCOULES naquit le 19 Novembre 1874, au hameau de Luzençon, paroisse de St. Georges de Luzençon, diocèse de Rodez, département de l'Aveyron. Il appartenait à une famille de quatre enfants: deux garçons et deux filles. Une tante était moniale chez les Bénédictines de N.D. d'Orient. Il fit ses études primaires à St.Georges; alors qu'il avait déjà 14 ans, l'Abbé Guiraudou, vicaire de la paroisse lui donna des leçons de latin, et en octobre 1889, le dirigea vers le petit séminaire de Belmont où il termina ses études secondaires en juillet 1893. Au mois d'octobre 1893, il entra au grand séminaire de Rodez où il passa une année.
Le 2 octobre 1894, il arriva au Séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 22 septembre 1895, minoré le 26 septembre 1897, sous-diacre le 24 septembre 1898, diacre le 25 février 1899, il fut ordonné prêtre le 25 juin 1899, par Mgr. Jourdan de la Passardière, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 2 août 1899.
Il fut incardiné au nouveau vicariat du Tonkin Maritime lors de la création de ce dernier le 15 avril 1901. En Novembre 1902, Mgr. Marcou envoya MM. Patuel et Roucoules à Yên-Khuong (ou Muong-Deng en langue thai) pour relever de leurs ruines, ces chrétientés du Laos tonkinois jadis florissantes; Il y avait là plusieurs milliers de chrétiens baptisés ou encore catéchumènes. La tourmente de 1885 avait tout ravagé. Les missionnaires s'établirent tout près de l'endroit que M.Pinabel d'abord, puis M.Verbier avaient choisi comme chef lieu de ce district, et où ce dernier fut assassiné en février 1895. Ils rencontrèrent de nombreuses difficultés, mais au bout de quelques mois de séjour ils comptaient déjà une quarantaine de fidèles.
En 1904 se créait à Muong-Pun. une nouvelle paroisse, dans le Muong-Xôi. Mgr. Marcou pria M.Recoules de s'y installer. mais rien n'était préparé comme logement. Il y eût des demandes de conversion, mais beaucoup ne semblaient pas fermes. Toutefois, après deux mois de présence, le village de Muong-Pun éleva une cure-chapelle et une vingtaine de personnes commencèrent à apprendre les prières. M.Roucoules les baptisa. En 1905, prêt à se transporter à Xiêng-Men, il tomba malade, dut être évacué et aller passer quelques mois à Hong-Kong pour refaire sa santé. De ce fait, la cure de Muong-Pun fut abandonnée.
A son retour, il fut nommé au poste missionnaire de Na-Mun, (frontière du Viêtnam et du Laos) où il y avait eu autrefois 400 chrétiens. Ce district, abandonné par M.Bourlet depuis plus de un an, comptait 5 chrétientés avec 194 néophytes, et 69 catéchumènes. M.Roucoules reçut des demandes de conversion à Muong-Kiên et à Muong-Pao, dans la sous-préfecture de Xam-To. Il resta à Na-Mun de 1905 à 1909. Sa tâche fut d'entretenir la paroisse et d'empêcher l'exode de sa population. En 1907, il tenta un gros effort d'évangélisation dans le Sam-Teu.
En 1909, après le départ de M.Rey appelé à la maison de Nazareth, à Hong-Kong, M.Roucoules s'occupa du district de Ban-Nghiu. En Juillet 1909, les chefs Tay Rouges des quatre cantons formant le territoire Hua-Phan se réunirent et décidèrent de se faire instruire de la religion. La population Tây-Rouge fut invitée à imiter ses dirigeants. On pria M.Roucoules de se fixer à Ban-Viên,au centre du Muong-Xôi.
A la fin de 1909, M.Roucoules atteint d'une encéphalite aigüe, à Na-Mun, fut transporté moribond à Ban-Nghiu, d'où il gagna Phat-Diêm, en radeau et en barque. Il fut dirigé sur le sanatorium de Béthanie à Hong-Kong où il se reposa pendant plusieurs mois; puis, en Juillet 1910, sa santé étant fortement ébranlée, il reprit le bâteau pour la France. Il ne reviendra pas dans sa mission, mais son souvenir resta vivace dans le Muong-Xôi où on n'oublia pas le Po Hiên".
En 1912 et en 1913, il demanda à rentrer dans sa mission, mais il se heurta au refus des médecins. En 1914, l'autorisation de départ lui fut accordée, mais la mobilisation le retint en France. D'abord affecté à l'usine de Paulelles, près de Port-Vendres, un an après, il fut détaché à la Poudrerie de Toulouse; il servit ensuite comme infirmier, pour terminer comme interprète dans un bataillon de travailleurs indochinois.
Démobilisé, il alla se reposer à Montbeton; le 17 mai 1919, il fut nommé assistant du supérieur du sanatorium de Montbeton, malgré son vif désir de repartir en mission. Le 23 Juin 1924, il célébra ses noces d'argent; ; Au début de 1948, il sentit ses forces décliner: la paralysie le gagna lentement. Le 15 mai 1948, il donna sa démission d'Assistant du Supérieur de Montbeton et laissa cette charge entre les mains plus jeunes de M. Bos. Le 24 juin 1949, il fêta ses noces d'or à Montbeton,et reçut, à cette occasion, de très nombreux témoignages de sympathie. Il fut, pour ses confrères malades, un infirmier toujours vigilant et attentif, d'une charité et d'un dévouement peu communs. Il fut l'âme de cette maison, veillant au spirituel et au matériel.
Le dimanche 22 novembre 1953, après avoir communié, sans agonie, il rendit son âme à Dieu. Ses obsèques eurent lieu le mardi 24 novembre présidées par M. Lacroix, Supérieur de Montbeton. Ses restes mortels reposent dans le cimetière du sanatorium St. Raphael.
Nécrologie
BULLETIN PAROISSIAL DE SAINT GEORGES DE LUZENÇON (Aveyron)
Directeur : Abbé MERCADIÉ
Prix de l’abonnement : A volonté.
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Le bon Père ROUCOULES
Il est temps que nous fassions revivre cette belle figure de missionnaire qui fût de chez nous et que Dieu a rappelé à Lui en Novembre dernier. Il aurait aujourd’hui 80 ans. Ceux de son âge restent peu nombreux ; mais, combien qui l’ont connu et entouré d’estime et de vénération !
Il naquit à Luzençon le 19 novembre 1874 d’une famille aux traditions chrétiennes, famille très ancienne du pays, très attachée à cette terre noble de Luzençon, très attachée encore plus à Dieu, Nous trouvons le nom des Roucoules dans l’histoire de plusieurs siècles, bien avant la Révolution.
Le nom dépeint sensiblement le caractère de notre missionnaire : solide et ferme comme le « roc » dans ses principes et dans sa foi, mais sans dureté. Il allie à une volonté de fer une douceur exquise, toujours compatissante et très bienveillante. Un regard vif et perçant traduit la fermeté ; mais, très vite, à travers un sourire épanoui, on s’aperçoit qu’il est plein de bonté et d’humilité.
Il reçoit au Baptême les prénoms de Charles et de Théophile. Le plus souvent, ici, on l’appellera Théophile. Pourquoi ? N’est-ce pas déjà, selon l’étymologie du mot, une indication populaire qu’il aimera Dieu et qu’il Lui sera très attaché. Il est d’une famille de 4 enfants ; deux garçons et deux filles. Ensemble on travaille, ensemble surtout on prie. Dans ce foyer chrétien, Dieu est le premier servi. Le père et la mère ne font qu’un pour élever leurs enfants vers Dieu. On parle de la religion, du prêtre avec une conviction respectueuse qui ne se dément jamais. On évoque le souvenir d’une tante qui partit un jour pour la vie monastique chez les Bénédictines d’Orient. C’est là, dans cette atmosphère de piété et de travail silencieux, que le petit Charles entendit un jour l’appel... l’appel vers les sommets. Puis, Luzençon, avec cet air pur qui souffle sans cesse balayant toute poussière, avec son altitude qui permet de dominer, d’apercevoir au loin et de voir clair, n’est-il pas un lieu tout indiqué à une âme, à une âme de jeune surtout, pour l’inviter à voir très loin et. toujours plus haut ?
Par timidité sans doute, l’enfant hésite à révéler son secret désir. Il saisira l’occasion de la Première Communion pour tout dire. Il a 14 ans ! C’est bien un peu tard à cet âge pour commencer des études. M. l’abbé Guiraudou, vicaire de l’époque, eut la grâce de ne pas désespérer. Il voit dans le comportement de l’enfant un parfait équilibre, un tempérament bien trempé ; il lit dans son cœur un désir sincère, une piété généreuse. Avec la grâce de Dieu et une volonté décidée, on réalise des merveilles. Ce fût vrai. L’Abbé multiplie ses leçons de latin. Le bon Père nous dira plus tard avec quelle joie il escaladait les pentes de Luzençon pour se rendre en classe au vieux presbytère. En une année, il réalise le travail de deux ans. L’année suivante, il prend le chemin du Petit Séminaire de Belmont. Il n’est pas seul. Déjà une belle petite équipe de camarades l’accompagne, équipe un peu bruyante, paraît-il, et qui fait parler d’elle non seulement par son entrain et par sa gaîté mais encore par les prix qu’elle emporte aux divers examens. Il fait toutes ses classes sans histoires, toujours attentif, calme,, bien posé, l’âme tendue vers Dieu et vers son idéal d’être prêtre.
En octobre 1893, il entre au Grand Séminaire de Rodez. Il n’y passera qu’une année. Tout entier à sa tâche, il travaille, il prie, il réfléchit. Il médite l’appel et le prix des âmes ; il médite le don qu’il veut faire à Dieu, pour elles de tout son être… Ici, les prêtres sont nombreux, ailleurs ils n’existent pas. Ici, les âmes connaissent Dieu, ailleurs elles ne Le connais¬sent pas. Lentement il songe à l’apostolat du missionnaire. Ce sera sa vocation. A la fin de l’année, la décision est prise ; il fait sa demande d’admission au Séminaire des Missions Etrangères de Paris. En Octobre 1894, il a vingt ans ! au lieu de prendre la direction de Rodez, il prend le train pour Paris. Il passe une année au Séminaire de Bièvres pour terminer sa Philosophie ; l’année suivante, il entre au Séminaire de la Rue du Bac.
Il y aurait beaucoup à dire sur la vie de ces aspirants missionnaires de la rue du Bac... Le Bienheureux Théophane Vénard s’est plu à souligner « la solitude des corridors de cette vénérable maison, l’ordre des exercices, les longues heures d’étude et de recueillement, la gaîté des récréations, la charité des confrères, le charme de la chapelle, la voix des souvenirs, un je ne sais quoi qui dit l’apostolat et le martyre. »... Le matin, c’est une vieille habitude, on va s’agenouiller quelques instants à la Salle des Martyrs et au contact des cangues, des tenailles et des glaives qui avaient torturé les aînés, on demande à Dieu la force de se préparer à la vie de missionnaire par l’acceptation généreuse des sacrifices journaliers. On prend force et courage au souvenir de ceux qui, un jour, à l’exemple du Christ, ont donné leur vie pour que des âmes soient sauvées. Notre jeune aspirant aime cette atmosphère de piété et de générosité. Il y puise, à son tour, du courage pour se donner à Dieu sans limites.
Le grand jour arrive enfin... Le 25 juin 1899, dans la Chapelle du Séminaire, il reçoit le Sacerdoce des mains d’un Evêque Missionnaire, Son Excellence Monseigneur Jourdan de la Passardière, délégué par Son Eminence le Cardinal Richard, Archevêque de Paris. Le soir même, il reçoit sa destination comme missionnaire : l est affecté à la Mission du Tonkin Occidental (Hanoï)..
Il vient dans sa paroisse natale, dans les premiers jours de juillet, célébrer une de ses Premières Messes. M. L’abbé Andrieu qui l’avait si souvent accueilli dans son presbytère, petit et grand séminariste, et dont il parlait si souvent, n’est plus là. Depuis 1895, il a quitté Saint-Georges pour la paroisse de Camarès. C’est M. Pachins qui le reçoit et qui prépare cette belle journée sacerdotale qu’est une Première Messe. Notre jeune missionnaire restera à peine un mois au pays, visitant les uns et les autres avant le grand départ pour sa mission lointaine. Nous avons encore une photographie de l’époque. Le jeune prêtre est entouré de son père, de sa mère, de son frère et de ses deux sœurs. Sa barbe a déjà poussé drue, couleur châtain ; son visage reflète le calme et la décision ; son regard vif révèle une âme ardente et généreuse. Le visage des siens, depuis le regard énergique du père jusqu’à celui plein de douceur de la maman, reflète au fond, malgré le sacrifice demandé, la joie et la fierté intimes d’offrir un missionnaire à Dieu.
La séparation fût douloureuse. Notre jeune missionnaire s’y attendait et il savait qu’elle serait le premier et le meilleur sacrifice qu’il offrirait pour le salut des âmes. Il prend le bateau à Marseille le 2 août 1899 pour sa Mission du Tonkin Occidental. Il ne la connaît pas encore, mais il l’aime déjà Il sait cependant les sacrifices nombreux que, dans le passé, elle a demandé aux Missionnaires : elle a eu ses héros et ses martyrs dont le Bienheureux Théophane Vénard. L’Évêque de la Mission réside à Hanoï. Il est heureux d’accueillir ce jeune missionnaire de 25 ans, d’une constitution robuste, d’une piété solide, d’une générosité résolue. Il l’envoie d’abord apprendre la langue du pays à Phat-Diem, au Sud du Delta Tonkinois. Dès qu’il peut balb,utier quelques phrases, il le charge de fonder là une école. Celle-ci prospère rapidement : le jeune Directeur-fondateur se révèle vite un excellent Maître-Educateur. Mais, son grand désir est bien d’aller planter la Croix du Christ chez les peuplades païennes du pays des montagnes et des forêts et qui constituent, à l’Ouest, plus de la moitié de la Mission.
Depuis 1878, plusieurs groupes de missionnaires étaient partis à la conquête de cette immense région où l’Evangile n’avait pas encore été prêché. Tous, soit plus de 20, y étaient tombés, après quelques mois de séjour, frappés par la fièvre des bois ou le glaive des persécuteurs.
Le P. Roucoules fait partie de cette quatrième vague d’assaut pacifique qui, au commencement de ce siècle, veut conquérir au Christ ces pauvres âmes païennes. La vie sera dure pour lui. Il souffre beaucoup de la fièvre et des privations, surtout dans le village de Namun situé à la frontière du Viet-Nam et du Laos. Sa robuste constitution, de fortes doses de quinine lui permettent de tenir quelques années. Mais, au début de 1910, il est vaincu par la maladie. Il tombe atteint d’une encéphalite aiguë qui le laisse deux semaines dans le coma. A bout de forces, exténué, il rejoint, sur un radeau, son confrère le plus voisin. Il reste alité plusieurs jours, puis reprend sa route sur Phat-Diem. Dès qu’il est en état de supporter le voyage, il est dirigé sur le Sanatorium des Missions Etrangères de Hongkong. Il s’y repose plusieurs mois. Mais, la maladie a fortement ébranlé sa santé, un changement de climat est jugé nécessaire : en juillet 1910, il reprend le bateau pour la France.
Il vient dans sa famille, à Luzençon, se reposer. Lentement les forces reviennent et il se réjouit à la pensée de pouvoir un jour repartir. A plusieurs reprises, en 1912 et en 1913, il demande à ses Supérieurs d’être admis dans un groupe de missionnaires partants, mais les médecins consultés refusent chaque fois leur approbation. Enfin, en 1914, il est admis ; mais, au moment où il se prépare à prendre le bateau à Marseille, il est arrêté par la Mobilisation Générale et retenu en France.
Il change pour un temps sa soutane pour la tenue bleu-horizon. Il est d’abord affecté à l’usine de Paulelles près de Port-Vendres. Un an après, il est détaché à la Poudrerie de Toulouse ; il servira encore dans une section d”infirmiers ; enfin, il terminera sa campagne dans un bataillon de Travailleurs Indo-Chinois, comme interprète. Par son dévouement et par sa bonté il s’impose partout. Il aime ses camarades et ceux-ci l’entourent de respect et d’admiration.
A la fin de la guerre, à la démobilisation, son Supérieur Général lui prescrit le repos au Sanatorium de Montbeton dans le Tarn et Garonne ; l’année suivante, le 17 mai 1919, il le nomme assistant au Supérieur de la Maison. Presque aussitôt, a lieu un échange de lettres assez suivies entre le Père et son supérieur Général. Le Père a compris par cette nomination qu’il devra renoncer pour toujours à l’apostolat dans es Missions et cette décision lui est pénible. Son Evêque, Mgr Marcou, avec qui il est resté toujours en relations, serait heureux de le reprendre. Il pense à cette chrétienté qu’il a fondée là-bas, il y a 10 ans ; il voudrait encore la diriger et l’étendre. Et puis, il y a ce désir intime de se dépenser pour le salut des âmes païennes et de mourir un jour au milieu d’elles. Mais, hélas ! Ses forces ont bien diminué. Sous un climat meilleur, en France, il peut encore servir, en particulier à Montbeton, auprès des missionnaires malades... En Indo-Chine il sera vite terrassé. La décision du Supérieur Général est sage et ne saurait être discutée. Le coup est dur pour ce cher missionnaire, il l’accepte avec humilité, voyant dans cette décision une indication de la Providence. Il dira plus tard que ce fût là le grand sacrifice de sa vie : celui de ne pouvoir repartir.
Il passera à Montbeton le plus clair de sa vie, plus de 30 ans ! Pour ses confrères, les missionnaires, la plupart âgés, tous épuisés par une vie apostolique qui fût très dure, il est le bon Père toujours vigilant et très attentif. Il les entoure tous d’une affection et d’un dévouement qu’on dirait maternels. Il devient vite l’âme de cette chère Maison de Montbeton. Ses journées sont chargées car tout détail l’intéresse. Il veille au matériel, il veille au spirituel. Il est tout entier à sa tâche. Chaque année, il fait un passage au pays natal. Toujours ses vacances sont écourtées : il lui tarde de retrouver sa Maison et ses confrères.
Il n’est pas en pays de Mission, mais il garde son âme de missionnaire. Sa prière est toute apostolique. Ses sacrifices sont tous offerts, et ils sont nombreux. Jusqu’à la fin, il souffrira de violents maux de tête qu’il sup¬porta en silence, les couvrant toujours d’un beau sourire. Tous les jours, tant qu’il peut se traîner, il fait son Chemin de Croix au petit Cimetière, heureux de se recueillir sur la tombe de ces vaillants missionnaires qui, un jour, ont tout donné à Dieu pour que des âmes soient sauvées. Il prie pour ceux qui au loin combattent pour le Christ ; il prie pour la conversion des âmes. Il avait écrit un jour, le 4 février 1927 : « Je veux rester missionnaire et travailler encore au salut des âmes ; je Vous offre, Seigneur, le part personnelle des mérites que je puis avoir soit dans mes prières soit dans mes actions et mes sacrifices... Je Vous abandonne tout afin que Vous en disposiez à votre gré en faveur des âmes des païens et des pécheurs... Avec l’aide de votre grâce, j’accepterai d’un cœur généreux, et d’un cœur généreux je supporterai les épreuves et les sacrifices qui se présenteront et je me ferai un saint scrupule de n’en laisser passer aucun sans Vous l’offrir. » Dieu allait bientôt accepter une offrande aussi généreuse et demander encore davantage à son missionnaire.
Au début de 1948, le bon Père sent que ses forces ont bien baissé. La paralysie le gagne lentement. La marche devient pénible ? Le 15 mai, il donne sa démission d’assistant au Supérieur. Il n’aura plus désormais de responsabilité dans la marche de la Maison. Il se consacre tout entier à son rôle de malade qui est de souffrir avec le Christ pour le salut des âmes. Les quelques lettres qu’il écrit encore, mais difficilement, sont pleines de ces sentiments de piété humble et confiante, écho d’une âme toute donnée à Dieu.
¬Le 24 Juin 1952, une petite Fête est organisée en son honneur pour célébrer ses Noces d’Or Sacerdotales. A cette occasion, un télégramme lui arrive de Rome lui apportant la Bénédiction du Souverain Pontife. Son Supérieur Général lui adresse de Paris ses vœux combien affectueux et reconnaissants, Tous ses confrères sont heureux de le fêter et de lui dire leurs remerciements. Ces témoignages nombreux de sympathie le touchent et l’aideront à porter sa croix. Ce sera sa dernière fête ici-bas. Il peut encore quelques temps monter au Saint Autel et célébrer assisté d’un confrère. Un jour, il doit s’arrêter. Il s’alite pour ne plus se relever.
Ses confrères l’entourent de soins les plus affectueux. Ils savent combien il souffre jour et nuit, combien la croix pour lui est lourde à porter. Jamais une plainte sur ses lèvres ! Quand la douleur est plus vive, il regarde son crucifix ou une image de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus qu’il a fait placer au-dessus de son lit. Il ne cesse de remercier ceux qui l’entourent et s’excuse auprès d’eux de leur demander tant de soins. Tous les matins, il a le bonheur de communier et puise dans ce contact intime avec le Christ la force de s’offrir.
Le dimanche 22 novembre, après avoir reçu la Sainte Communion et fait de tout cœur le sacrifice de sa vie pour l’Eglise, pour les Missions, pour tous ceux qui lui sont chers, après avoir baisé pieusement une relique de la Petite Sainte, sans agonie, il rend sa belle âme à Dieu.
Ses obsèques ont lieu le mardi 24. Sa famille accourt unir sa prière à celle des missionnaires. La cérémonie est très simple mais combien émouvante. Le R. P. Lacroix, Supérieur de la Maison, célèbre la Saint Sacrifice et fait revivre en quelques mots la vie et l’âme du vénéré disparu. Puis, le cortège funèbre se dirige vers le petit cimetière situé à l’intérieur du parc, où reposent les restes de tant de missionnaires.
L’émotion est grande chez tous ; mais elle s’accompagne de cette joie profonde que nous donne l’Espérance Chrétienne et qui nous dit, à cette heure, que nous comptons désormais dans le ciel un protecteur de plus.
Que ce cher Père Roucoules veille sur cette paroisse de Saint-Georges qu’il aimait tant !
Qu’il fasse que parmi nos enfants se lèvent des âmes ardentes qui iront demain, comme lui, à la suite du Christ, pour Le servir et Le donner à ce pauvre monde qui souffre et qui a soif de lumière et de paix !
J. M.
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Références
[2453] ROUCOULES Charles (1874-1953)
Références biographiques
AME 1899 p. 232. 1907 p. 95. 150. 1908 p. 92. 102. CR 1899 p. 295. 1903 p. 168. 169. 1906 p. 168. 1909 p. 170. 1919 p. 248. 1921 p. 138. 1933 p. 293. 306. 1947 p. 197. 227. 1948 p. 146. 1949 p. 151. 1951 p. 120. 1953 p. 80. 1954 p. 85. BME 1922 p. 93. 683. 1924 p. 611. 1923 p. 298 (art.). 1925 p. 249. 1931 p. 317. 1933 p. 535. 564. 1935 p. 214. 1936 p. 8. 9. 11. 12. 1937 p. 543. 1949 p. 534. 1954 p. 93. 1955 p. 1021. EC1 N° 23. 37. 65. 78. 215. 279. 303. 327. 357. 461. 470. 548. Bulletin de l'Union sacerdotale de Lisieux : avril 1994 p. 15.