Bénoni ROBRETEAU1876 - 1910
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2573
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1901 - 1910 (Hanoi)
Biographie
[2573]. ROBRETEAU, Bénoni-Marie-Emmanuel, né le 11 septembre 1876 au Poiré-sur-Vie (Vendée), élève de l'institution Sainte-Marie à La Roche-sur-Yon, et du petit séminaire des Sables-d'Olonne, entra laïque au Séminaire des M.-E. le 16 septembre 1897. Il fut ordonné prêtre le 23 juin 1901, et envoyé le 24 juillet suivant au Tonkin occidental. Il apprit la langue à Ke-so, commença ses travaux à Son-mieng, et de là passa à Hanoï où pendant deux ans il fut professeur à l'école Puginier. Mgr Gendreau lui confia ensuite le district de Ke-voi, et, en juillet 1906, le rappela à Hanoï comme auxiliaire dans les paroisses annamite et française. Il mourut dans cette ville le 10 juin 1910.
Nécrologie
M. ROBRETEAU
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN OCCIDENTAL
Né le 11 septembre 1876
Parti le 24 juillet 1901
Mort le 10 juin 1910
Marie-Emmanuel Robreteau naquit au Poiré-sur-Vie (Vendée), le 11 septembre 1876. Son enfance s’écoula dans une famille profon¬dément chrétienne, sous les yeux d’une mère qui, unissant la force à la douceur, lui inculqua, dès son bas âge, l’amour de Dieu et de la sainte Église. Aussi, quoique bien jeune encore, vers dix ans, il ne rêvait déjà plus que la gloire de Dieu et le salut des âmes.
Ces deux idées, Dieu et les âmes, s’enracinant chaque jour de plus en plus dans son esprit, l’aidèrent beaucoup dans sa formation. Ce sont ces deux idées qui le conduisirent tout d’abord à l’institution Sainte-Marie, où il commença ses études de latin, puis au petit sémi-naire des Sables. Il ne tarda pas à se faire remarquer de ses maîtres par sa piété, son humilité profonde et son travail sérieux. Il était recherché par tous ses condisciples qui aimaient en lui sa franche gaieté et son amabilité de tous les instants. Vers la fin de ses huma¬nités, Dieu voulut éprouver sa vocation. La santé du jeune homme était devenue très précaire. Il fut atteint d’une maladie grave et, se sentant dans un état désespéré, il promit d’entrer aux Missions-¬Étrangères, si la santé lui était rendue. Sa foi le sauva et, en septem¬bre 1897, il arrivait au Séminaire de la rue du Bac.
Tel il était au Séminaire des Sables, tel il fut aux Missions-Étrangères, pieux, travailleur, bon condisciple. Prêtre le 23 juin 1901, il fut, le même jour, désigné pour la Mission du Tonkin Occidental. Il fit une dernière visite en Vendée à sa famille, et partit de Marseille le 26 juillet.
Avant de monter sur le bateau qui devait l’emporter, il écrivit à l’une de ses sœurs : « J’ai « versé quelques larmes sur toi, sur ma famille, mais j’aime davantage le bon Dieu, et c’est ce « qui m’a fait tout quitter pour courir à la conquête des âmes et mourir, s’il le faut. »
*
* *
Raconter la vie apostolique de M. Robreteau, c’est narrer la vie d’un modeste, s’il en fut. Rien de saillant, comme événement, n’y fut mêlé ; mais cette vie si calme, de celles dont les hommes ne conservent pas la mémoire et que l’oubli atteint le plus vite, cette vie, il la rechercha, et il se garda bien de faire paraître le travail persévérant auquel il se livrait en faveur des âmes. Nous pouvons cependant dire que ce travail fut considérable et qu’il s’y livra avec un réel succès.
En arrivant au Tonkin Occidental, en 1901, M. Robreteau resta quelques mois à Ke-So, centre de la Mission, où il apprit la langue et se forma peu à peu aux usages de sa vie nouvelle. Il fut envoyé ensuite dans un poste indigène, à Son-Mieng, où il travailla de concert avec un autre missionnaire et fut bientôt apte à diriger une chrétienté. Il attendait qu’on voulût bien lui désigner son champ d’action futur, quand, pour ses débuts, Dieu lui demanda un sacrifice. Un professeur était nécessaire à l’École Puginier de Hanoï ; on fit appel à sa bonne volonté. L’obéissance lui fit accepter cet emploi, qu’il était loin de désirer, et ce fut seulement deux ans après, que le Supérieur de la Mission put lui rendre sa liberté. On lui confia alors la direction de la paroisse de Ke-Voi.
Il faut avoir travaillé dans ce terrain ingrat, pour savoir quelle patience est nécessaire au missionnaire pour remuer cette population, attachée à sa foi, sans doute, mais travaillée par de mauvais exemples. C’est une vie entière de prêtre qu’il faudrait à cette paroisse pour la renouveler, et le manque d’ouvriers empêche d’y pourvoir ; il faut aller au plus pressé et faire pour le mieux.
Notre Confrère ne fit que passer à Ke-Voi ; il y laissa la réputa¬tion d’un saint ; de tels hommes font du bien, rien que par leur pré¬sence, partout où ils sont. Vivant au milieu d’un peuple qu’il aimait, vivant dans l’ombre qu’il adorait et loin du bruit, il y serait volontiers resté de longues années, si un nouvel appel à sa bonne volonté ne l’eût arraché, encore une fois, à son existence calme de la campagne pour le faire revenir à Hanoï, aider, dans son ministère surchargé, le vénéré curé de la cathédrale.
Désormais, sa vie se passera surtout à l’église ; le matin, pendant plusieurs heures, il sera à la disposition des pénitents, et, le soir, dès quatre heures il sera à son poste de dévouement. Le prêtre qui passe une partie de son existence au confessionnal est un homme de bien : grand est son mérite assurément, et grand le bienfait pour les lieux qu’il habite.
Le pieux et zélé Missionnaire ne s’arrêta pas au seul bien pro¬duit dans le tête-à-tête intime du confessionnal, il voulut encore suivre de près ceux qui avaient eu confiance en lui ; et, pour leur être utile plus efficacement, il s’attacha à les connaître tous en parti¬culier. Pour cela, il multiplia les visites à domicile, connut, par le détail, bien des misères cachées, bien des obstacles insoupçonnés. Il suivit, de loin, ceux que leur situation retenait dans les pro¬vinces et entretint avec eux une correspondance régulière. Dieu seul sait tout le bien matériel que sa charité a procuré à de nom¬breuses familles se trouvant dans le besoin. Toujours à la recherche des pauvres, dès qu’il avait découvert quelque misère dans un quartier de la ville, il ne pouvait rien refuser à la souffrance et tout son argent y passait.
M. Robreteau était heureux, sans doute ; ayant pour idéal de faire sa besogne sans bruit, sans éclat, dans le seul but de faire le bien sous le seul regard de Dieu, doué d’une foi tendre, toute confiante, il ne se préoccupait pas de l’avenir. Tout au présent, il s’abandonnait, pour le reste, à la volonté de son Divin Maître. N’avait-il pas, cependant, le pressentiment intime d’une mort subite et prochaine ? Peut-être. Plusieurs jeunes missionnaires, enlevés trop rapidement par la mala¬die, avaient certainement fait une vive impression sur lui.
L’année 1910 restera dans la mémoire du peuple du Tonkin comme synonyme d’une année terrible par les trouées meurtrières que fit, dans la population indigène, le terrible fléau de nos pays, le choléra. Jamais, semble-t-il, il n’avait sévi avec autant d’intensité, et, comme il arrive trop souvent, il frappa ceux qui se trouvent en contact avec les victimes, soit en les soignant, soit en les approchant pour leurs besoins spirituels, comme le prêtre.
Atteint subitement dans la nuit du 3 juin, M. Robreteau fit appeler immédiatement le médecin qui, devant la gravité du cas, décida que le cher malade serait transporté de suite à l’hôpital militaire. Un dévouement à toute épreuve vint à bout du mal.
Tout allait pour le mieux dans l’état du sympathique malade, quand une saute de température, si fréquente au Tonkin, le sur¬prit en pleine convalescence. Au milieu de la nuit du 9 au 10 juin, un refroidissement causé par le vent du nord qui soufflait avec rage, se produisit, et se porta sur la partie faible de l’organisme de M. Robre¬teau : c’était une congestion pulmonaire qui se déclarait et allait emporter en quelques heures celui qu’on venait d’arracher à la mort peu de jours auparavant. De nouveau, les médecins essayèrent d’enrayer le mal, mais leurs efforts furent vains.
Mgr Gendreau, prévenu de l’état désespéré de son Missionnaire, vint aussitôt l’encourager et le fortifier à cette heure suprême. Muni des derniers sacrements, qu’il reçut pieusement, notre bien-aimé Confrère s’éteignit doucement dans la soirée du 10 juin.
Le lendemain, par ordre du service de santé, à cause de l’épidémie régnante, on dut procéder à l’inhumation rapide du regretté défunt. Le temps avait manqué pour prévenir la population ; cependant les missionnaires de Hanoï se virent entourés par une assistance sympathique d’Européens ; ceux que leur dévouement aux œuvres de la Mission fait prendre part à ses joies comme à ses deuils se retrouvaient là, à l’heure de la tristesse ; une foule d’Annamites en pleurs disait assez haut la place qu’occupait dans leur affection celui qui avait passé une grande partie de sa vie apostolique à leur faire du bien. Si la nouvelle avait été connue à temps, personne n’aurait manqué ; la paroisse indigène tout entière serait accourue apporter devant ce cercueil d’un humble prêtre, le témoignage public de sa reconnaissance. On le vit bien, le lendemain, au service célébré à la cathédrale pour le repos de son âme ; c’est là, en effet, que se manifesta hautement cette estime commune des Européens et des Annamites ; l’édifice était comble.
Et maintenant, le silence que M. Robreteau rêvait tant, le silence se fait sur son tombeau, mais l’oubli ne peut venir si tôt.
~~~~~~~
Références
[2573] ROBRETEAU Bénoni (1876-1910)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. cath. Luçon, 1910, p. 745.
Notice nécrologique. - C.-R., 1910, p. 381.