Vincent SAGE1879 - 1917
- Statut : Évêque coadjuteur
- Identifiant : 2705
Identité
Naissance
Décès
Consécration épiscopale
Autres informations
Missions
- Pays :
- Chine
- Région missionnaire :
- 1903 - 1917 (Shenyang [Moukden])
Biographie
[2705] Vincent SAGE nait le 15 juillet 1879, à Bourg-Argental (Loire), qui dépend alors du diocèse de Lyon. Cette localité appartient aujourd’hui au diocèse de St.Etienne.
Le 18 septembre 1898, il entre laïc au séminaire des MEP. Il est tonsuré le 22 septembre 1899, minoré le 22 septembre 1900, sous-diacre le 28 juin 1902, diacre le 7 mars 1903 et ordonné prêtre le 21 juin 1903.
il reçoit sa destination pour le vicariat apostolique de la Mandchourie méridionale (Moukden) qu'il part rejoindre le 22 juillet 1903.
Chine (1903-1917)
Arrivé dans sa mission à l'automne 1903, le P. Sage est envoyé à Yang-koan, poste situé au sud de Ing-tze, assez proche de la procure et dont le climat est relativement tempéré. Tout en étudiant la langue, il administre ce district, en l'absence de son titulaire qui, souvent, réside plus au sud, à Tcha-keou (N.D.des Neiges).
Après les persécutions des "Boxeurs" en 1900, celles des "Tsai-li-ti", société secrète xénophobe dont le but est de renverser la dynastie régnante, les troupes japonaises pénètrent dans la rade de Port-Arthur, dans la nuit du 7 au 8 février 1904. C’est le début de la guerre russo-japonaise. Gardé en résidence surveillée par des russes installés chez lui, le P. Sage réussit à gagner la procure, puis il rejoint son confrère à Notre Dame des Neiges.
En octobre 1904, depuis Yang-Koan, il écrit : "J'ai quitté Tcha-keou depuis une quinzaine de jours pour venir à Yang-Koan en compagnie du P.Remise. Nous avons trouvé la résidence telle que nous l'avaient dépeinte les chrétiens.." c'est-à-dire entièrement saccagée, et pillée de fond en comble suite à la bataille entre japonais et russes, livrée au nord du fleuve de Yang-Koan.
En 1905, Mgr. Choulet choisit le P. Sage comme successeur du P. Saffroy à la tête du district de Koang-ning. Cette ville compte peu de chrétiens, mais elle se situe au centre de nombreuses stations rattachées à ce district. En 1906, le P. Sage y bâtit une résidence, et l'année suivante, une église, tout en assurant l'administration des chrétiens dont la ferveur de certains laisse un peu à désirer.
En 1907, sachant le P. Sage fatigué, connaissant ses talents d'organisateur, et son esprit d'ordre, Mgr. Choulet lui confie la procure de la mission à Ing-Tze et les chrétientés de ce district. Pendant quelques temps, il administre la chrétienté de New-chwang où il se fait aimer et estimer de tous.
Le 25 juillet 1914, arrive à Moukden une dépêche annonçant la nomination du P. Sage comme évêque titulaire de Cuse, et coadjuteur de Mgr. Choulet. Le lendemain, la nouvelle est communiquée à l'intéressé, qui se rend aussitôt chez Mgr. Choulet à Moukden, puis chez M.Berteaux, Consul de France dans cette ville. Ce dernier, ayant reçu les télégrammes annonçant la guerre, lui communique son ordre de mobilisation. Le P. Sage regagne la procure, met ses affaires en ordre, revient à Moukden faire signer son livret militaire.
Le 13 août 1914, ayant reçu une réponse favorable à sa demande de sursis, il repart gérer la procure jusqu'à l'arrivée du P.Blois, son remplaçant, puis il gagne Moukden. Les brefs étant arrivés dans le courant du mois de décembre 1914, Mgr. Vincent Sage reçoit la consécration épiscopale dans la cathédrale de Moukden, le 7 mars 1915, des mains de Mgr.Choulet, assisté de NN.SS. Mutel de Séoul, et Lalouyer de Kirin.
La mobilisation ayant fait des vides dans les districts, Mgr. Vincent Sage se rend d'abord à New-chwang, puis à N.D.des Neiges, et à Yang-Koan où pendant plusieurs mois, il effectue les tâches d'un chef de district. Après la saison des pluies, il visite les districts de l'Ouest, et rentre à Moukden en décembre 1915. Sauf quelques jours consacrés à une tournée de confirmation dans les districts de Chaling et de San-tai-tse et une quinzaine de jours passés au chevet du P.Lecouflet à Tao-Lou, Mgr. Sage consacre l'année 1916 à la fondation à Moukden d'une école dont il prend la direction. La rentrée des élèves se fait le 15 du premier mois de l'année chinoise. Toutes les places disponibles sont remplies.
En juin 1917, il visite les districts de Kao-chan-toum et de Fa-kou-men. Peu après la rentrée scolaire de la mi-août 1917, une épidémie de typhus se déclare et enlève un des écoliers, inhumé le 2 septembre 1917. Le lendemain, Mgr.Sage est pris d'une crise de dysenterie, et ne peut célébrer la messe. Les médicaments prescrits par un médecin lui apportent un soulagement temporaire.
Quelques jours plus tard, par l'intermédiaire de Mlle Ursule Yuasa, infirmière major à l'hôpital de la Croix-Rouge japonaise à Moukden, le médecin-chef de l'hôpital invite Mgr. Sage à se faire transporter dans son hôpital où une chambre est préparée pour lui. Il accepte cette proposition.
Après un léger mieux, au soir du 19 septembre 1917, Mgr. Sage parait fort abattu. La faiblesse causée par la dysenterie ayant développé sa maladie de coeur, il s'en est suivi une très forte poussée de fièvre. Son frère Joseph, mobilisé à Shan-hai-koan, et les confrères de la procure sont prévenus.
Le jeudi 20 septembre 1917, Mgr. Vincent Sage rend son âme à Dieu.
Ses funérailles ont lieu le lundi 24 septembre 1917, en présence de NN.SS. Mutel, Lalouyer, de nombreux missionnaires et prêtres chinois. Y assistent aussi les consuls de France, d'Angleterre et de Russie.
Mgr. Vincent Sage repose dans la cathédrale de Moukden.
Nécrologie
[2705] SAGE Vincent (1879-1917)
Notice nécrologique
Mgr Vincent-François Sage est né à Bourg-Argental, département de la Loire. Il appar-tenait donc à cette partie du diocèse de Lyon, qui a fourni tant de prêtres aux diverses Sociétés et Congrégations, chargées de porter la bonne parole aux peuples encore plongés dans les ténèbres du paganisme. Il quitta la France au mois de juillet 1903, et arriva en Mandchourie méridionale à l’automne de la même année.
Son premier poste fut Yangkoan, qui, à cause de sa situation non loin de la procure et de son climat relativement tempéré, est pour ainsi dire réservé aux nouveaux missionnaires. Le titulaire du district, à cette époque, résidant le plus souvent à Notre-Dame des Neiges, le P. Sage, tout en étudiant la langue, devait dans les cas de nécessité, administrer les sacrements à Yangkoan et dans les stations voisines.
En 1904, la guerre éclata entre la Russie et le Japon et quoique la Chine gardât sa neutralité, la Mandchourie, province chinoise, devint le théâtre des hostilités. M. Sage fut le premier membre de la mission à en souffrir. Des soldats russes s’installèrent dans sa résidence et le surveillèrent si soigneusement, qu’il ne pouvait faire un pas au dehors sans être accom-pagné par un ou deux cosaques, le fusil sur l’épaule. Ennuyé de cette compagnie, le Père vint à la procure, exposa sa situation et de retour chez lui, comme ses hôtes ne manifestaient aucune envie de partir, il leur abandonna sa demeure et alla rejoindre son confrère à Notre-Dame des Neiges.
Pendant ce temps, les Japonais avançaient, l’armée de Kuroki, débouchant de la Corée, culbutait les Russes sur le Yalou ; Nozu débarquait sur les côtes de la presqu’île du Leaotoung et repoussait les Russes vers le nord. Au mois de juillet, ceux-ci avaient évacué Yangkoan et ses environs, et les Japonais occupaient le pays. Quelques soldats ne tardèrent pas à découvrir la résidence du missionnaire. La prirent-ils pour une habitation russe, ou voulurent-ils se venger des secours que la France fournissait à ses alliés ? Toujours est-il qu’ils pillèrent le presbytère, brisèrent les meubles, brûlèrent les livres et emportèrent ce qui pouvait leur être utile.
En 1909, M. Sage fut désigné pour aller prendre la place de M. Saffroy dans le district de Koangning. La ville de Koangning ne comptait pas beaucoup de chrétiens, mais elle était au centre des nombreuses stations qui forment ce district. Le missionnaire fut chargé d’y bâtir une résidence en 1906 et une église, l’année suivante. Ces deux constructions, menées de front avec l’administration des chrétiens, exigèrent une somme de travail peu ordinaire, et mirent en évidence ses talents d’organisation et son esprit d’ordre. En 1907, Mgr Choulet ayant appris que le missionnaire souffrait d’un commencement de maladie de cœur, et que les voyages à cheval le fatiguaient beaucoup, l’appela à la procure, lui confiant en outre pendant quelque temps l’administration de la chrétienté de Newchwang. Dans ce poste de confiance, le nouveau titulaire sut se faire aimer et estimer de tous.
Aussi lorsque Mgr Choulet désira un coadjuteur, le choix des confrères se porta sur M. Sage.
La dépêche qui annonçait son élévation à cette dignité, arriva à Moukden le 27 juillet 1914 et fut communiquée le lendemain à l’intéressé. Celui-ci partit aussitôt à Moukden pour s’entendre avec Mgr Choulet, et profitant de son passage en cette ville pour y saluer le représentant de la France, il se rendit au consulat le 3 août dans la matinée. Notre consul, M. Berteaux, tout ému par les nouvelles qu’il venait de recevoir, lui communiqua l’ordre de mobilisation, qui l’appelait à rejoindre son régiment à Saint-Etienne. Mgr Sage regagna la procure, mit ordre à ses affaires, et revint à Moukden prendre les instructions de notre consul et faire signer son livret militaire. Mais au lieu d’aller rejoindre leur régiment respectif en France, tous les mobilisés de Chine étaient versés au 16e colonial à Tientsin. Le 13 août Mgr Sage se préparait donc à se rendre dans cette ville, lorsque de Pékin lui arriva une réponse favorable à sa demande de sursis. Il continua de gérer la procure jusqu’à l’arrivée de M. Blois, son remplaçant. Il prit alors la route de Moukden pour aider Mgr Choulet à administrer ce district.
Ses brefs étant arrivés dans le courant du mois de décembre, il fut décidé que sa consécration épiscopale serait un peu retardée à cause des rigueurs de l’hiver et aurait lieu le 7 mars. L’élu mit ce temps à profit en allant faire une retraite à Hokien.
Enfin, le jour du sacre arriva. Nosseigneurs Mutel, de Séoul, Lalouyer, de la Mandchourie septentrionale, et Demange, de Taïkou, avaient répondu à l’invitation du nouveau prélat. M. Corbel excepté, tous les membres de la mission, prêtres européens et indigènes, étaient venus apporter leurs vœux à leur jeune supérieur et prendre part à la cérémonie. Une importante délégation de la mission du nord s’était jointe à eux. La consécration fut faite le 7 mars 1915 par Mgr Choulet, assité de Mgr Mutel et de Mgr Lalouyer.
La mobilisation et la maladie avaient causé de grands vides parmi les missionnaires. Aussi Mgr Sage se mit-il immédiatement au travail ; il alla d’abord à Newchwang, puis à Notre-Dame des Neiges où il remplit les fonctions de missionnaire pendant plusieurs mois, ensuite à Yangkoan. Après la saison des pluies, il visita les districts de l’ouest, et revint à Moukden dans le courant de décembre.
Depuis de longues années, le désir des missionnaires était de voir s’ouvrir une école où les jeunes chrétiens pourraient se perfectionner dans leurs études, sans courir le danger de perdre leur âme. Faute de maîtres pour la diriger, cette école était restée à l’état de projet. Jugeant que le mieux est souvent l’ennemi du bien, Mgr Sage était d’avis de travailler sans retard à cette fondation avec les éléments dont il disposait. Mgr Choulet, habitué au régime d’évangélisation d’une époque où l’instruction ne prenait qu’une place secondaire, gêné d’ailleurs par le manque de missionnaires, se montrait peu enthousiaste pour créer de nouvelles œuvres. N’osant cependant prendre sur lui la responsabilité d’un refus absolu, il finit par donner carte blanche à son coadjuteur. L’année 1916, sauf quelques jours consacrés à une tournée de confirmations dans les districts de Chaling et de Santaitse et une quinzaine de jours passés au chevet de M. Lecouflet à Taolou, fut presque entièrement employée par Mgr Sage à préparer son école. Le terrain fut choisi, les matériaux achetés et quand les beaux jours arrivèrent, les ouvriers se mirent au travail. Monseigneur ne manquait pas d’aller chaque jour les stimuler et s’assurer que les plans étaient bien exécutés. Quand l’hiver arriva, l’établis-sement était à peu près terminé. Par une lettre-circulaire, il en donna avis aux prêtres de la mission, et fixa la rentrée au 15 du premier mois de l’année chinoise. A sa grande satisfaction, on répondit à son appel, et bientôt toutes les places dispo¬nibles furent remplies.
Désormais, cette école, dont il avait dû garder la direction, prendra la plus grande partie de son temps et deviendra l’objet de ses soins les plus assidus. Au mois de juin 1917, il s’échappa cependant quelques jours pour aller visiter les districts de Kaochantoun et de Fakoumen et y administrer la confirmation ; ce fut sa dernière sortie.
Pendant les vacances, il réunit quelques confrères des deux vicariats de Mandchourie, pour étudier avec eux les moyens propres à organiser le mouvement scolaire catholique.
Vers la mi-août, les élèves revinrent à leur école, mais un certain nombre manquaient à l’appel, retenus les uns par le mauvais état des routes, les autres par la maladie. Peu après, le typhus se déclara et enleva un de nos écoliers dont les funérailles eurent lieu le 2 septembre. Monseigneur passa la journée sans donner aucun signe de fatigue ; après dîner, il fit encore sa visite habituelle à l’école. Le lendemain, il était pris d’une crise de dysenterie et ne put célébrer la messe. Malgré l’abattement qu’il fit paraître dès le début, Mgr Choulet, seul alors avec lui, ne s’en émut pas. Il avait eu lui-même à lutter pendant des années contre cette même maladie, et ne pensait pas qu’elle pût avoir une issue fatale. Un médecin fut prié de venir voir le malade et ne trouva rien d’anormal dans son état. Les remèdes qu’il prescrivit appor¬tèrent quelque soulagement, mais le mieux ne dura pas. De nouveau, on appela le médecin. Mlle Ursule Yuasa, infirmière-major à l’ambulance que le Japon a envoyée en France, remplissait, en ce moment, les mêmes fonctions à l’hôpital de la Croix-Rouge japonaise à Moukden ; elle nous apporta la réponse du docteur en chef de l’hôpital. Celui-ci faisait dire à Monseigneur que s’il ne lui répugnait pas de se faire transporter dans son établissement, il serait heureux de l’y recevoir et y suivrait plus facilement le cours de la maladie. Mlle Yuasa ajoutait qu’une chambre était prête. Monseigneur accepta la proposition. Jusqu’au 19 septembre, veille de sa mort, son état n’inspira aucune inquiétude ni à Mgr Choulet, qui le visitait tous les jours, ni aux infirmières qui le soignaient. A la suite de plusieurs injections d’émétine, la dysenterie avait même diminué, si bien que le 17, Mgr Choulet annonçait aux confrères qu’un mieux très sensible s’était produit. Le 19 au matin, le malade pria Mgr Choulet de venir le voir. Il paraissait plus abattu que la veille. Le soir du même jour, il demanda lui-même à se confesser. Au moment où Mgr Choulet se retirait, une infirmière lui présenta le diagramme de la fièvre, la température avait dépassé 40º ; le pouls battait de 140 à 150 pulsations à la minute. La faiblesse, causée par la dysenterie, avait développé sa maladie de cœur, et une issue fatale était à craindre. Son frère, mobilisé à Shanhaikoan, et les confrères de la procure furent immédiatement prévenus. Le lendemain matin, Mgr Choulet administra à son cher coadjuteur qui le remercia avec effusion, les derniers sacrements. « Je vais célébrer la messe à votre intention », lui dit le bon vieil évêque. La messe terminée, Mgr Choulet retournait à l’hôpital, lorsqu’il rencontra sur sa route un domestique venant lui annoncer que Mgr sage avait rendu le dernier soupir.
Le vénéré défunt ne fut mis en bière que le vendredi matin, après l’arrivée de son frère Joseph. Les funérailles furent fixées au lundi suivant pour permettre à Mgr Mutel, à Mgr Lalouyer, à la plupart des missionnaires du vicariat et à de nombreux missionnaires de la Mandchourie septentrionale d’y être présents. Les consuls de France, d’Angleterre, de Russie se firent un devoir d’y assister.
Mgr Sage repose dans la cathédrale de Moukden. Il a disparu à l’âge de 38 ans, quand nous espérions le voir à notre tête pendant de longues années. Quam incomprehensibilia sunt Dei judicia.
Références
[2705] SAGE Vincent (1879-1917)
Références biographiques
AME 1903 p. 377. 1905 p. 96. 123 (art.). 1907 p. 256. 1910 p. 181. 1917-18 p. 190. 276. 298. 1924 p. 136. 137. 1925 p. 120. 1936 p. 102.
CR 1903 p. 305. 1907 p. 81. 1909 p. 70. 1910 p. 63. 1914 p. VIII. 1915 p. 4. 44. 1916 p. 51. 56. 1917 p. VII. 33. 35. 190. 229. 1923 p. 200. 203.
BME 1923 p. 592.