Joseph VILLEBONNET1883 - 1945
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2903
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Identité
Naissance
Décès
Autres informations
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1906 - 1915 (Hanoi)
- 1919 - 1945 (Hanoi)
Biographie
[2903] Joseph VILLEBONNET naquit le 16 mars1883, à Sury-le-Comtal, diocèse de Lyon, département de la Loire. Il était le benjamin d'une nombreuse famille qui donna trois prêtres à l'Eglise. Orphelin de bonne heure, il fut élevé par sa soeur ainée .Celle-ci fut la mère de M.Deyrat Annet, Joseph, missionnaire à Osaka.
Entré au Petit Séminaire de Verrières, il y termina ses études secondaires sous la direction de son frère Jean, professeur de rhétorique. En 1900,Il passa au Séminaire de philosophie d'Alix, pendant le supériorat du futur cardinal Verdier. Il y resta deux ans.et y fut tonsuré.
Le 10 septembre 1902, il entra au Séminaire des Missions Etrangères. Minoré le 27 septembre 1903, sous-diacre le 23 décembre 1905, diacre le 29 juin 1906, il fut ordonné prêtre le 22 septembre 1906 et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 28 octobre 1906.
Il commença l'étude de la langue viêtnamienne à Keso, puis en 1907,il fut envoyé, sous la direction de M. le Page, à Go-Coi, au fin fond du delta tonkinois, sur les confins de la province de Ha-Dong, en bordure de la cordillère viêtnamienne. Il instruisit avec tout son coeur ses néophytes et catéchumènes. En 1908,M.Marty lui succeda.
En 1908, Mgr. Gendreau le nomma à Nam-Dinh, pour seconder M.Renault dont les forces déclinaient. Mobilisé en 1915, il rentra en France pour la durée de la guerre, et servit en qualité d' interprète auprès des formations viêtnamiennes. De retour au Tonkin en 1920, il revint à Nam-Dinh comme curé de la paroisse franco-viêtnamienne de cette ville et y resta quatre ans.
En Juin 1924, Mgr. Gendreau le nomma supérieur du Collège Petit Séminaire de Hoàng-Nguyên, "la Source Jaune" dont il retraça brièvement l'historique en 1930, tandis que M.Pedebidau le remplaça à Nam-Dinh. Du 23 au 27 décembre 1925, il eût l'honneur de recevoir Mgr. Aiuti, Délégué Apostolique, qui visita le Collège petit séminaire, et donna des directives concrètes nouvelles concernant les programmes d'étude. Quelques uns des meilleurs élèves furent envoyés en France pour y continuer leurs études secondaires. En septembre 1927, s'ouvrit à Hanoï un probatorium préparatoire au petit séminaire de Hoang-Nguyên. En 1930, six élèves du petit séminaire accompagnèrent en France Mgr. Gendreau, en vue d'y continuer leurs études. En 1932, M.Villebonnet accueillit au petit séminaire Mgr. de Guébriant, "des Missions,le Bon Serviteur", lors de sa visite des missions. Pendant une dizaine d'années de supériorat, M. Villebonnet avait donné une énergique impulsion au Collège petit séminaire; à la fin de l'année scolaire de 1933 ,il partit en congé en France pour refaire sa santé; M.Binet lui succéda comme supérieur de la maison.
En 1934, durant son congé, il utilisa ses loisirs en faisant une tournée de conférences dans la région des Cévennes, et fut.de retour dans sa mission à la fin de l'année 1934. A cette date, Mgr. scinda en trois la grande paroisse de Hanoï-Ville, confiant à M.Villebonnet celle des Bienheureux Martyrs. Celui-ci consacra tous ses soins à l'organisation et au développement de ce nouveau centre religieux, aux œuvres de jeunesse et à l'action catholique.
En 1937, M.Drouet, âgé de 83 ans, curé de la Cathédrale de Hanoï prit sa retraite. M. Villebonnet lui succéda, aidé dans son travail pastoral par un vicaire français et trois vicaires viêtnamiens. Là il donna toute sa mesure: ministère paroissial, prédications en français et en viêtnamien, confessions, retraites, action catholique, visites aux malades,aux prisonniers, bulletin paroissial etc ne s'accordant qu'une courte détente estivale au Mau-Son. En Septembre 1938, il fut décoré de l'Ordre du Million d'Eléphants.
Un jour cependant ses forces le trahirent. En avril 1939,malgré un repos de quatre semaines à Thanh-Hoa, la fièvre reparut, le foie fit des siennes, le coeur battit la chamade. Il partit à Hong-Kong et ce séjour à Béthanie lui fit grand bien. En juin 1939, il alla au Japon chez son neveu missionnaire, M. Joseph Deyrat, titulaire du poste de Tanabé dans la banlieue d'Osaka. Il visita le pays, se rendit à Shanghai, en Mandchourie, et raconta ses voyages dans une série d'articles intitulés : "Mon curé voyage..."
A son retour, il reprit sa paroisse de la Cathédrale où il se dépensa sans compter. En avril 1945, une famine épouvantable sévit au Tonkin, et s'y ajouta une épidémie de typhus. Ce fut sans doute, auprès des malades qu'il visitait qu'il contracta cette maladie; il fut enlevé en quelques jours. De plus, les évènements politiques graves faisant suite au coup de force japonais du 9 mars 1945, provoquèrent à Hanoï et dans tout le pays, de violentes explosions d'un nationalisme exacerbé et xénophobe.
M.Villebonnet rendit son âme à Dieu à Hanoï le 23 avril 1945. En raison du climat politique de ce temps troublé, et de pressions diverses, il fut enterré au milieu de l'indifférence générale, voire de l'hostilité de quelques uns.
Sans être exempt de quelques imperfections, un peu autoritaire et d'une franchise parfois rude, M.Villebonnet fut un apôtre et un pasteur modèle, charmant confrère plein de verve et d'entrain, aimant voyager,aimant écrire, un homme de vie intérieure.
Nécrologie
[2903] VILLEBONNET Joseph (1883-1945)
Notice nécrologique
Le Vicariat apostolique de Hanoï a perdu, en la personne de M. Joseph Villebonnet, un de ses meilleurs missionnaires. Perte d’autant plus sensible que nos effectifs, vieillis et sans aucune recrue depuis six ans de guerre n’offrent plus qu’un aspect squelettique.
Né le 16 mars 1883, à Sury-le-Comtal (Loire), de parents foncièrement chrétiens, notre confrère fût le benjamin d’une nombreuse famille qui donna trois prêtres à l’Eglise. Orphelin de bonne heure, c’est en sa sœur aînée qu’il trouva une seconde mère tendrement dévouée ; aussi garda-t-il toujours une profonde reconnaissance à sa « petite maman », future mère de Joseph Deyrat, missionnaire à Osaka.
Entré au petit séminaire de Verrières, il y termina ses études secondaires sous la direction aussi ferme qu’éclairée de son frère Jean, professeur de rhétorique. Alerte, enjoué, non moins ardent au jeu qu’à l’étude, c’était déjà l’animateur qu’il fut jusqu’à sa mort.
C’est au séminaire de philosophie d’Alix, sous la sage et paternelle direction du futur Cardinal Verdier, qu’acheva de se mûrir sa vocation missionnaire. « Quel excellent souvenir nous avons tous gardé de notre bon Supérieur, fervent ami de la Société des Missions-Étrangères, nous surtout ses dirigés, qu’il appelait plaisamment ses « fous », et dont il enviait la vocation missionnaire. » Après les deux années de philosophie, Joseph entra aux Missions-Étrangères. Tout de suite son cœur s’y dilate dans cette chaude atmosphère de charité apostolique, et l’héroïsme de nos Martyrs stimule les élans d’un zèle qui ne faiblira jamais. Il voue, dès lors, un culte tout spécial à nos Bienheureux Martyrs et plus encore à leur auguste Reine. Puis vient le jour du départ. C’est dans l’allégresse qu’il s’embarque, le 28 octobre 1906, pour le Tonkin, « terre de Dieu bénie ». Durant 39 ans, il l’arrosera de ses sueurs, dans la ferveur d’un zèle sans cesse alimenté aux sources d’une profonde vie- intérieure.
Après quelques mois d’étude de la langue annamite dans la vieille communauté de Ke-so, notre jeune confrère va faire ses premières armes sous la direction du bon M. Le Page, un vétéran de l’apostolat toujours en quête de nouveaux chrétiens. C’est à Go-Voi, chrétienté naissante sur les premières pentes de la chaîne annamitique, aux confins de la province de Hadong, qu’il fixe sa résidence dans une pauvre maisonnette où règne l’absence de confort. Le décor est sauvage, la brousse épaisse, le climat fiévreux et la nourriture plus que frugale quand manque le perdreau ou le canard sauvage N’importe, notre missionnaire est heureux parmi ses néophytes et ses catéchumènes, à l’instruction desquels il s’adonne de tout cœur. Année inoubliable, dont il parlera toujours avec émotion. Mais un ordre de son évêque l’appelle à Nam-dinh pour seconder M. Renault, dont les forces déclinent. La ville après la brousse : gros crève-cœur qu’il ressent vivement, mais qu’il accepte en tout esprit de foi. Il y fera du bon travail pendant plusieurs années. Mobilisé en 1915 avec plusieurs de ses confrères, il rentre en France pour la durée de la guerre, en qualité d’interprète des formations annamites.
De retour au Tonkin en 1920, c’est encore à Nam-dinh qu’il va œuvrer pendant quatre ans comme curé de la paroisse franco-annamite. En 1924, à sa grande surprise, Mgr Gendreau l’appelle à un nouveau poste de confiance et lui donne la direction du petit séminaire de Hoang-nguyen. Là encore sa maîtrise ne tarda pas à s’affirmer ; il se révèle aussi bon éducateur que fervent apôtre, et sous son énergique impulsion les études prennent un vigoureux essor. Mais viennent les jours sombres du Gouvernement du Front Populaire ; l’esprit d’indiscipline souffle de France au Tonkin et s’infiltre jusque dans le séminaire. Une manifestation d’insubordination collective se produit en février 1931 ; promptement réprimée, elle n’en laisse pas moins une trace douloureuse au cœur du Supérieur. Fatigué par un labeur intense de dix années, notre confrère, en 1934, va prendre en France un congé de repos auprès de sa « petite maman » dont les soins assidus ne tardent pas à lui rendre toute sa vigueur d’antan. Mais l’oisiveté lui pèse. En atten¬dant de rentrer au Tonkin, il prêche et fait, sur l’invitation de Mgr de Guébriant, une longue tournée de propagande pour le recrutement de notre chère Société.
À son retour en mission, nommé curé de la paroisse des Bienheureux Martyrs à Hanoï, il consacre tous ses soins à l’organisation et au développement de ce nouveau centre religieux. Mais il n’y reste pas longtemps. Survient la mort du vénéré M. Dronet, curé de la cathédrale. La confiance de son évêque l’appelle à ce poste important. C’est à regret qu’en 1936 il quitte sa chère paroisse des Martyrs pour se vouer corps et âme, avec l’aide d’un vicaire français et de trois vicaires annamites, au service d’environ 8.000 catholiques franco-annamites. Il va donner là toute sa mesure. Exercices religieux, confessions, prédications en français et en annamite, retraites, direction d’associations pieuses et groupements d’Action catholique, courses aux malades, visite des détenus de la prison centrale et des centaines d’alités de l’hôpital Robin, distant de cinq kilomètres, rédaction du « Bulletin paroissial », et j’en passe, remplissent toutes ses journées de 4 h. ½ du matin à dix heures du soir. Son zèle ne s’accorde d’autre répit chaque année qu’une courte détente estivale au Mau-son, à travers monts et vallées. Ni la fièvre qui le visite de temps à autre, ni les douleurs rhumatismales qui lui font parfois traîner la jambe, ne peuvent avoir raison de son indomptable énergie. Un jour cependant, ses forces le trahissent, son foie se cabre et son cœur bat la chamade ; le repos s’impose absolument. Il nous quitte pour le sanatorium de Hong-Kong, puis achève de se remettre au Japon, en compagnie de son neveu missionnaire, M. Joseph Deyrat. Le voilà de nouveau sur pied, aussi actif que jamais. Plusieurs années encore, il se dépensera sans compter au service des âmes et donnera sa vie pour elles comme le bon Pasteur.
Avril 1945, la famine bat son plein, une famine épouvantable comme on n’en vit jamais au Tonkin ; aux innombrables morts de faim s’ajoutent les victimes d’une violente épidémie de typhus. Notre cher confrère se prodigue auprès des malades de l’hôpital Robin. Il est sans doute tombé victime de son dévouement, atteint lui-même de cette terrible maladie qui nous le ravit en quelques jours. Quelle perte pour la Mission et quel vide impossible à combler ! Que les voies de Dieu sont donc mystérieuses !
Ses derniers jours furent attristés par les douloureux événements qui mirent l’Indochine sous la domination japonaise et provoquèrent dans le pays, tout particulièrement à Hanoï, de violentes explosions d’un nationalisme à la fois exacerbé et xénophobe. Apôtre dans toute la force du terme, pasteur modèle, homme de vie intérieure autant que zélé missionnaire, charmant confrère plein de verve et d’entrain, M. Villebonnet possédait un ensemble de qualités rarement réunies en un seul homme. Sans être exempt de quelques imperfections, quelque peu autoritaire et d’une franchise parfois un peu rude, ce fut en vérité un magnifique témoin du Christ, digne d’être proposé en exemple à tous les membres de notre chère Société.
Références
[2903] VILLEBONNET Joseph (1883-1945)
Références biographiques
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APF 1930 p. 165. 172.
MC 1929 p. 481. 484. 1930 p. 278. 1931 p. 30. 364. 1933 p. 39 sq. 1935 p. 60.
EC1 N° 271. 283. 284. 298. 440.
EC2 N° juillet 1P15. 44P66. 47P13.