Jean-Baptiste ETCHARREN1932 - 2021
- Statut : Supérieur général
- Identifiant : 4061
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Identité
Naissance
Décès
Charges
Missions
- Pays :
- Vietnam
- Région missionnaire :
- 1958 - 1975 (Hué)
Biographie
[4061] Jean-Baptiste ETCHARREN est né à Irouléguy, petit village près de la frontière espagnole, dans le Pays basque et le diocèse de Bayonne, le 15 avril 1932. Il est le troisième enfant (deux garçons et trois filles) de Dominique Etcharren et de Marianne Irey, agriculteurs. Jean-Baptiste est baptisé le 17 avril 1932 en l’église du village. Il fait ses études primaires à Irouléguy. Très tôt il pense à devenir prêtre. Dès sa petite enfance, tous les soirs, parents et enfants se réunissent pour la prière du soir. La famille rassemblée assiste à toutes les cérémonies en l’église d’Irouléguy. Quant à Jean-Baptiste, encore très petit, il s’isole pour « donner la messe », toujours au même endroit dans la maison, le palier de l’escalier. Alors, ses parents ne sont pas surpris quand il s’ouvre de son désir de devenir prêtre. Jean-Baptiste est confirmé le 28 mai 1944 au collège Saint-Joseph d’Hasparren qu’il fréquente depuis la rentrée de septembre 1942 jusqu’en juin 1945. Il poursuit ses études secondaires au petit séminaire Saint-François-Xavier à Ustaritz.
Le 13 mars 1950, alors qu’il est en dernière année d’étude à Ustaritz, il demande à entrer au grand séminaire des Missions étrangères, où il est admis le 8 avril. Il effectue sa rentrée au séminaire de Bièvres le 17 septembre 1950. Il y fait ses deux années de philosophie. En 1952, il est appelé pour son service militaire, qu’il réalise au Camp de Carpiagne, près de Cassis (Bouches-du-Rhône), jusqu’en février 1954, et termine son service à Toul en juin de la même année. Ensuite il effectue sa théologie au séminaire de la Rue du Bac. Ses études sont interrompues par un rappel de l’Armée et il est envoyé à Constantine en Algérie de juillet à décembre 1956. Il reçoit sa destination pour le diocèse de Hué au Vietnam le 15 décembre 1957, peu de temps après son ordination diaconale. Le 2 février 1958, il est ordonné prêtre à Anglet, dans le diocèse de Bayonne, en même temps que Jean-Jacques Fabas qui est envoyé en Thaïlande.
Vietnam (1958-1975)
Le P. Etcharren s’embarque pour le Vietnam le 22 avril 1958. Il étudie le vietnamien à Banam, au Cambodge, de mai 1958 à juin 1959. Puis il exerce son premier ministère au Vietnam comme vicaire à Notre-Dame de Lavang de juin 1959 à février 1960. Ensuite il est en charge du district pastoral de Mai-Xa pendant un an. De 1961 à 1966, il est à Hué, où il enseigne d’abord au Collège de la Providence, puis au petit séminaire. De 1966 à 1972, il est curé de Dong-Ha et responsable du district du 17ème parallèle, où le P. Louis Valour (MEP) est tué en sautant sur une mine en février 1966. Le P. Etcharren est bien affecté par cette mort qui, en même temps, selon ses dires, le libère d’une mission d’enseignement qui ne le satisfaisait guère. En 1972, la guerre fait rage dans cette région. Le P. Etcharren accompagne alors les réfugiés de son secteur au camp de Hoa-Khanh, près de Danang. À la suite des accords de Saint-Cloud de la fin 1973, les réfugiés n’ont plus l’autorisation de retourner chez eux. Le P. Etcharren travaille alors à la réimplantation à Binh-Tuy des réfugiés de la région du 17e parallèle.
Le 5 décembre 1974, il est élu supérieur régional des MEP au Vietnam. En septembre 1975, il décide de quitter le Vietnam à la suite de la prise de pouvoir des communistes, sachant qu’il serait prochainement expulsé du Vietnam comme tous les autres missionnaires. Il ne pouvait d’ailleurs plus exercer sa mission. A ce sujet il affirme dans un document resté confidentiel du 24 décembre 2007 : « Je suis rentré en France en septembre 1975, alors que j’aurais pu me maintenir encore un peu de temps au Vietnam, avant d’en être expulsé. J’ai préféré partir pour ne pas gêner ceux qui avaient coopéré avec moi, en des circonstances parfois délicates. De plus, nous ne pouvions plus sortir de Saigon, ni avoir aucune activité pastorale. » À contrecœur, il revient en France et doit abandonner ses fidèles vietnamiens. Mais il va rapidement les retrouver en France.
Retour en France (1975)
En effet, en 1976, la Commission Épiscopale des Migrations décide de mettre en place des aumôneries asiatiques et d’aider les prêtres et séminaristes asiatiques réfugiés ou bloqués en France pendant leurs études. Les Missions étrangères de Paris sont appelées à participer à ce projet. Le P. Etcharren est alors affecté à ce service et à la pastorale des migrants, spécialement des migrants asiatiques, de 1976 à 1984. C’est l’époque des « boat-people », où l’on accueille en France beaucoup de réfugiés vietnamiens, laotiens et cambodgiens. En 1983, « pour mieux comprendre les difficultés rencontrées par les séminaristes réfugiés dans leur insertion pastorale, Jean-Baptiste demande à exercer lui-même un ministère dans le diocèse de Créteil. » Il est alors nommé à la paroisse de Maison-Alfort, tout en assurant l’aumônerie des Vietnamiens du diocèse de Créteil. Il exerce ces ministères jusqu’en 1986, quand il est élu membre du Conseil permanent des Missions étrangères, lors de l’Assemblée générale de juillet 1986. Il est nommé secrétaire général de la Société des Missions étrangères. Puis il est élu Vicaire général de la Société MEP le 21 juillet, lors de l’Assemblée générale de juillet 1992. C’est alors qu’il accueille aux Missions étrangères les premiers prêtres étudiants vietnamiens en 1993. Il est élu Supérieur général lors de l’Assemblée de 1998. Il fera deux mandats successifs comme Supérieur général, jusqu’en juillet 2010.
Supérieur général (1998-2010)
Au début de l’année 2001, le P. Etcharren et son équipe lancent une série de grands travaux de la Maison MEP de la rue du Bac. Ces travaux, parfois contestés, permettent de rénover cette maison qui accuse le poids des années et a besoin d’être mise aux normes pour accueillir un public plus large. L’équipe en profite pour créer sous la cour d’entrée du 128 une vaste « Salle des Martyrs » qui pourra accueillir un large public et ainsi mieux faire connaître l’histoire et la vie de la Société des Missions Étrangères. Ce lieu de mémoire s’inscrit ainsi comme lieu de pèlerinage et de réflexion missionnaire, attirant des pèlerins du monde entier.
C’est aussi sous son mandat qu’est créé en 2003 le Volontariat MEP. Jusqu’ici quelques jeunes volontaires MEP étaient envoyés en mission en Asie depuis les années 1980. Mais leur nombre était réduit et l’on devait passer par d’autres organisations pour la formation et l’envoi. À partir de 2003, grâce à la création du volontariat MEP, un plus grand nombre de jeunes volontaires laïcs peuvent chaque année être envoyés en mission en Asie et dans l’océan Indien.
En 2008, il a la grande joie de célébrer les 350 ans de la Société des Missions étrangères en tant que Supérieur général. Mais il a surtout la joie d’accueillir durant ses mandats successifs de nouveaux séminaristes et prêtres, et aussi des volontaires laïcs, pour les Missions étrangères, après une période particulièrement aride. Dans ce même document confidentiel, il s’exprime ainsi à ce sujet : « Enfin, Dieu nous a manifesté par quelques signes que l’aventure n’était pas terminée et qu’il fallait nous réactiver pour aller plus loin. Des jeunes se sont présentés pour un engagement à vie comme prêtres des Missions Étrangères. Plusieurs sont maintenant prêtres en Asie et dans l’océan Indien, d’autres se préparent au départ et des nouveaux viennent de faire leur entrée au séminaire. Des jeunes laïcs, nombreux, demandent à leur tour à partir comme volontaires pour un temps de mission avec nous. Et nous constatons combien ils en reviennent transformés. »
Vietnam (2010-2021)
En 2010, à la fin de son second mandat de Supérieur général, il retourne au Vietnam à l’invitation de l’Archevêque de Hué, Mgr Stéphane Nguyen Nhu The. Il rejoint la mission pour laquelle il a été nommé en 1958 et y passe sa retraite. Il décède au grand séminaire de Hué le 21 septembre 2021 et son corps repose dans la terre vietnamienne, au cimetière du grand séminaire de Hué.
Le P. Etcharren était un homme dévoué, chaleureux et accueillant, très attaché au Vietnam, dont il parlait parfaitement la langue. Il aura passé beaucoup d’années en dehors du Vietnam, dont vingt-quatre ans à Paris au service de la Société des Missions étrangères. Mais le Vietnam a profondément marqué toute sa vie. D’abord il a vécu intensément le drame de la guerre du Vietnam, puisqu’il a accompagné ses paroissiens à la recherche d’un refuge plus au sud du Vietnam, dans un contexte extrêmement difficile et dangereux, où plusieurs confrères furent tués, et où lui-même prit beaucoup de risques. Il était très discret sur cette période. Mais dans son document confidentiel de 2007 déjà cité, il y revient assez longuement, ce qui montre bien que cette période l’a beaucoup marqué. Il relate ainsi un épisode de cette difficile période : « Vint ensuite l’année fatale, l’année de l’exode, 1972. À la suite des manœuvres de M. Kessinger, qui cherchait une issue, l’armée du nord se décida à franchir le 17ème parallèle. Le Jeudi Saint à midi, commencèrent les tirs au canon rapide qui ne devaient plus cesser jusqu’à notre départ le jour de Pâques à 1 heure du matin… Nous apprenions par les premiers réfugiés que les troupes du nord arrivaient tranquillement par la route n° 9, avec camions, chars et canons, sans être inquiétés. Le Vendredi Saint, j’appris la mort de notre premier voisin, le Père Guy Audigou (MEP), curé de Cam Lô. Alors qu’il voulait transporter un blessé grave dans sa voiture, on lui tira dessus au B40 dès qu’il eut démarré. Les trois personnes qui étaient dans la voiture furent tuées sur le coup. Vendredi et jusqu’à samedi midi, j’ai essayé en vain d’aller jusqu’à Cam Lô, j’ai tout juste pu faire passer un cercueil pour le Père. Il fut dignement enterré par les Sœurs et par les fidèles. Sa tombe est toujours là près de l’église qui a été restaurée depuis. Le Samedi Saint à midi, je pensais bien que nous ne pourrions pas tenir. Nous courrions le danger d’être pris entre deux feux… Nous avions un minibus qui pouvait normalement transporter 12 à 15 personnes. Je fis deux voyages avant la nuit jusqu’à la ville de Quang Tri en transportant à chaque coup une trentaine d’enfants accompagnés de religieuses. Au deuxième tour, nous eûmes des émotions car un obus tomba près de la voiture, mais grâce à Dieu il n’y eu aucun blessé. Par contre, sur le chemin du retour, tout seul, je n’étais pas très fier. »
Après son retour en France, il a aidé les réfugiés du sud-est asiatique, et tout spécialement les Vietnamiens, à trouver leur place dans l’Église de France et à s’insérer au mieux dans la société française. En 1993, il a contribué à l’accueil des premiers prêtres vietnamiens venus en France pour faire des études. Ce fut une étape importante pour l’Église du Vietnam qui compte maintenant de nombreux évêques vietnamiens qui ont effectué leurs études à Paris.
Le P. Etcharren a ainsi beaucoup contribué à renforcer les liens qui unissent l’Église du Vietnam et la Société des Missions étrangères. A la fin de son mandat comme Supérieur général, c’est avec joie qu’il est reparti au Vietnam en 2010 et et qu’il a retrouvé à Hué le nouvel Archevêque, Mgr Joseph Nguyen Chi Linh, qu’il avait accueilli quelques années plus tôt à Paris pour faire ses études supérieures. Il aura ainsi joué le rôle de « pont entre l’Asie et l’Europe », selon les mots de Mgr Pallu.