Louis CICÉ (CHAMPION de)1648 - 1727

[0086] Louis Champion de Cicé a été vicaire apostolique du Siam.
Il appartient à une ancienne et noble famille de Bretagne, qui a donné des évêques, des magistrats et un garde des sceaux à la France. Il naît au château de Cicé, dans la commune de Bruz (Ille-et-Vilaine) le 24 septembre 1648. Il entre le 13 janvier 1672 au séminaire de Saint-Sulpice pour y faire ses études théologiques. En 1674, il est envoyé à Montréal, au Canada, d'où il revient à la fin de l’année 1679 ou au commencement de 1680.
En 1682, il se présente au Séminaire des MEP, et part le 6 avril de cette même année pour la Chine.

Chine (1682-1697)

Fin 1684, il débarque au Fo-kien ; en 1686, il est à Chao-tcheou dans le Kouang-tong ; en 1688, il fait une expédition au Kouang-si avec M. du Carpon, puis revient à Chao-tcheou ; en 1689, il est à Canton où il reste jusqu'en 1692, passe de nouveau au Fo-kien, mais revient bientôt à Canton. En 1697, il est délégué en France pour l'étude du Règlement général de la Société des MEP.
A cette époque, la querelle sur les Rites chinois bat son plein.
Ayant signé la lettre écrite le 10 août 1699 par le supérieur, les directeurs du Séminaire des MEP et quelques missionnaires, le P. de Cicé est pris à partie dans la réponse à la lettre de Messieurs des MEP, dont l'auteur lui reproche d'avoir pensé précédemment le contraire de ce qu'il venait de signer. Le missionnaire répond par une lettre du 15 août 1700, avec autant de calme que de fermeté :

« Je vous déclare net, sans ambiguïté, sans restriction, et avec la dernière simplicité, que sur les cérémonies de Confucius et des morts que le mandement condamne, j'ai été du sentiment de nos Messieurs et non pas du vôtre. »

Ayant dans le cours de son argumentation laissé échapper le mot de jansénisme, il doit supporter l'attaque d'un des écrivains de la secte : remontrance charitable, etc. ; il la laisse tomber.

Siam (1700-1727)

Il est été nommé le 19 janvier 1700 évêque de Sabule et vicaire apostolique du Siam ; il reçoit un bref d'éloges, qu'Innocent XII lui adresse le 29 juin 1700. Il est sacré le 2 janvier 1701 dans l'église du Séminaire des MEP par un de ses parents, Mgr de Coëtlogon, évêque de Saint-Brieuc.

Il s'embarque presque aussitôt après pour le Siam. En cours de route, il donne la confirmation à 8 000 ou 9 000 personnes dans le diocèse de Méliapour, et parvient à Juthia le 6 septembre 1702. Peu après son arrivée, le roi Chao Dua lui fait des avances pour le rétablissement des relations avec la France. L'évêque, éclairé par les événements de 1686-1688, sait à quoi s'en tenir sur la valeur de telles paroles ; il les accueille froidement ; cependant, il en fait part au gouverneur de Pondichéry et aux ministres de Louis XIV, qui n'y donnent aucune suite.

Il s'occupe activement du Collège général qu'il rebâtit, et il introduit parmi les élèves l'habitude de parler latin. Il excite le zèle des chrétiens pour le baptême des enfants de païens, et bientôt il peut écrire que dans sa mission, en une seule année, 5 000 enfants in articulo mortis ont été baptisés ; en 1715, il assure qu'on en a régénéré 50 000 depuis l'arrivée des vicaires apostoliques au Siam.

Il demande un coadjuteur et l'obtient en la personne du P. Tessier de Quéralay, qu'il sacre le 1er mai 1723.

Il meurt à Juthia le 1er avril 1727.