François GOURDIN1838 - 1912
- Status : Prêtre
- Identifier : 0836
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1864 - 1894 (Yibin [Suifu])
- 1896 - 1912 (Yibin [Suifu])
- 1894 - 1896 (Hong Kong)
Biography
[836]. GOURDIN, Edouard-François, naquit le 10 mars 1838 à Fay-Saint-Quentin (Oise), fit ses études au petit et au grand séminaire de Beauvais. Il fut admis à la tonsure en 1856. Pendant ses études théologiques, il fut nommé professeur au collège ecclésiastique de Noyon. Il y préparait sa licence ès lettres, quand il obtint son admission au Séminaire des M.-E. où il entra tonsuré le 8 avril 1861. Prêtre le 30 mai 1863, il partit pour le Se-tchoan méridional le 16 août suivant.
A la fin de l'année 1864, il fut chargé de la partie orientale de la mission avec Lou tcheou pour résidence principale. Il n'y séjourna guère, car la visite de son vaste district l'en éloignait souvent. Il fit des conversions assez nombreuses ; aussi, après les massacres de Tien-tsin, en 1870, les autorités locales exigèrent son éloignement. Pour éviter des difficultés, le vicaire apostolique Lepley céda, et en 1872, Gourdin devint supérieur du séminaire.
En 1876, il fut envoyé avec les pouvoirs de provicaire dans le Kien-tchang, pays qui en 1910 a été érigé en vicariat apostolique. Son compagnon, L.-C. Chabauty, mourut en route ; lui continua son voyage jusqu'à la ville de Ning-yuen, où aucun Européen n'avait pénétré depuis plus d'un siècle. Il en fut chassé par la population. Sans se décourager, il s'établit en 1877 dans le sud, à Houi-ly-tcheou, étendit peu à peu son action, se fixa pendant quelque temps à Mien-lin, 1884, puis à Yue-li. Plusieurs fois, il exposa sa vie pour administrer ses chrétiens, les défendre, et convertir les païens. En 1890, il eut l'occasion de recevoir à Mien-lin l'explorateur Bonvalot et ses compagnons, et de leur rendre service. Huit années se passèrent dans ces labeurs.
En même temps, il avait composé, en un chinois de compréhension aisée, plusieurs ouvrages pour l'édification et l'instruction des fidèles, entre autres une Explication du catéchisme. En 1894, il alla à Hong-kong faire imprimer quelques-uns de ces ouvrages. Lorsqu'il retourna au Se-tchoan, en 1896, Mgr Chatagnon le plaça à Lou tcheou. Il y travailla avec succès pendant neuf ans.
En 1904, il se retira dans la petite sous-préfecture de Ho-kiang, et convertit près de 200 païens. Ce fut le dernier effort du zélé missionnaire. Il mourut à Su-tcheou fou le 27 août 1912.
Obituary
M. GOURDIN
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN MÉRIDIONAL
Né le 10 mars 1838
Parti le 16 août 1863
Mort le 27 août 1912
Edouard-François Gourdin était né à Fay-Saint-Quentin, dans le diocèse de Beauvais (Oise). A l’âge de 15 ou 16 ans, il obtenait son diplôme de bachelier. Sa théologie terminée, étant trop jeune encore pour être ordonné, il fut envoyé comme professeur dans un Collège ecclésiastique. Il y préparait sa licence quand il fut admis aux Missions-Étrangères. Il reçut la prêtrise le 30 mai 1863.
Vers la fin de cette même année, il arrivait au Su-Tchuen Méridional. Six missionnaires, seulement, l’avaient précédé dans cette Mission, érigée récemment en vicariat apostolique. Mgr Pichon l’administrait depuis deux ans à peine : il était aidé d’un ancien missionnaire, venu du Su-Tchuen Oriental, de quatre ou cinq jeunes Confrères et de quatre prêtres indigènes. C’était bien peu pour une Mission grande comme la moitié de la France, et une population de dix à douze mille chrétiens, disséminés sur toute cette étendue, au milieu de 20 millions de païens.
C’est dans ces temps héroïques que M. Gourdin se présenta. Sa santé avait été assez éprouvée pendant son séjour au Séminaire. Nul n’aurait dit, alors, qu’il serait un des plus solides fondements de la Mission, qu’il fournirait un long et fructueux apostolat de près de 50 ans. Le voyage, toutefois, lui avait été favorable ; sa santé devait s’améliorer avec les années.
Après quelques mois de repos, consacrés à l’étude de la langue, il fut chargé de toute la partie Orientale de la Mission, avec Lou-Tchéou pour résidence. Il n’y séjournait guère, car la visite de son vaste district et des missions à donner dans les différentes chrétientés, l’en éloignaient souvent. Pendant la belle saison, seulement, et durant les travaux des champs, il évangélisait les habitants des villes.
Malgré une vie très occupée, il trouva le temps de se perfectionner dans l’étude du chinois, et au bout de deux ou trois ans, il le possédait parfaitement. S’il ne fut pas un lettré proprement dit, il fut assez versé dans la connaissance des caractères pour lire et expliquer les livres de doctrine, et même pour en écrire plusieurs, qui furent très utiles aux chrétiens. Son Explication du catéchisme a eu plusieurs éditions.
Toutefois, ce qui le fit le plus admirer des Chinois, ce ne fut pas sa science, mais la connaissance pratique qu’il acquit des mœurs et usages du pays, auxquels il se conforma avec une naturelle aisance, si bien qu’un mandarin, refusant de le reconnaître pour Européen : « Eh bien ! répondit-il, regardez ma barbe ; en trouveriez-vous une pareille dans tout le Céleste Empire ? » Il avait, en effet, une fort belle barbe blonde, était d’une taille avantageuse, et de manières distinguées. Sa générosité était grande ; elle lui conquit les sympathies d’un peuple qui estime plus cette vertu que l’humilité et la pauvreté. Aussi ses chrétiens furent-ils fiers de leur pasteur.
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Les circonstances étaient, à cette époque, assez favorables à la propagation de l’Evangile. Le traité de Pékin venait d’être conclu ; la liberté du christianisme avait été proclamée. Beaucoup de païens disaient : Notre Empereur lui-même est devenu chrétien ; il faudra bien que nous fassions de même » Ils se présentaient en foule pour entrer dans l’Eglise. Malheureusement, le petit nombre de prédicateurs ne suffisait pas à la tâche : ils moissonnaient dans l’allégresse ; mais peut-être avaient-ils le tort de remettre à plus tard le soin de séparer l’ivraie du bon grain et d’instruire d’une manière approfondie les néophytes.
Quoi qu’il en soit, le démon fut jaloux de leur élan. Des querelles naquirent entre chrétiens et païens. Les mandarins, pour observer les articles du traité, donnèrent souvent raison aux chrétiens : mais ces actes de justice ne faisaient qu’irriter les païens qui, plus nombreux, excitaient des troubles plus graves encore. M. Gourdin fut souvent appelé à les apaiser et plusieurs fois il courut le danger d’être massacré. Dans son district, d’ailleurs, les conversions étaient encore plus nombreuses que dans les localités voisines ; par suite aussi les querelles. Il sut agir avec habileté et prudence et le Su-Tchuen Méridional n’eut pas à subir d’aussi graves persécutions que les pays environnants.
Après les massacres de Tien-Tsin, en 1870, les autorités locales devinrent plus audacieuses. M. Gourdin s’était distingué par son zèle et ses succès ; les mandarins exigèrent son éloignement de Lou-Tchéou. Par une nécessité regrettable, qui s’est renouvelée depuis à l’égard de plusieurs autres excellents missionnaires, l’autorité religieuse, pour éviter de plus grands maux, fut obligée de céder, et, en 1872, notre Confrère fut appelé à diriger le Séminaire de la Mission.
Ici encore, il était à la hauteur de sa tâche. Mais ayant toujours eu une vie débordante d’activité, il eut peine à s’habituer à sa nouvelle situation. Il ne rêvait que travaux apostoliques et conquêtes nou¬velles.
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Pendant ce temps, Mgr Lepley, qui avait succédé à Mgr Pichon, songeait à évangéliser cette vaste région du Su-Tchuen Méridional, qui s’appelait le Kien-Tchang. Elle avait été abandonnée, faute d’un personnel suffisant ; aucun missionnaire n’y avait encore pénétré, si l’on excepte quelques Confrères du Yun-Nan, fuyant l’invasion musulmane.
M. Gourdin était tout désigné pour cette expédition — car c’en était une — en pays lointains et inconnus : il fut choisi et il accepta avec reconnaissance.
Ning-Yuen-Fou, la capitale du Kien-Tchang, était en effet à vingt journées de Soui-Fou, et la route directe était fermée par les Lolos. Un long détour, soit au Sud par le Yun-Nan, soit au Nord par Ya-Tchéou, s’imposait au Missionnaire. Il prit la route du Nord, et partit de Soui-Fou en janvier 1876, avec les pouvoirs de provicaire. Il était accompagné de M. Chabauty, qui mourut de la fièvre typhoïde à Tsin-Ky-Hien, sur la frontière du Kien-Tchang. M. Gourdin ne se laissa pas arrêter par la mort de son compagnon. Après lui avoir rendu les derniers devoirs, il poursuivit sa route. Il se dirigea vers Ning-Yuen-Fou, où aucun Européen, probablement, n’avait encore pénétré. Son arrivée produisit un grand émoi ; il fut chassé par la populace, qui le poursuivit à coups de pierres. L’apôtre ne secoua pas la poussière de ses pieds sur la ville ingrate ; il comptait bien revenir ; mais il crut devoir céder, pour le moment, et s’en alla vers le Sud dans une petite chrétienté, qui avait jadis servi de refuge à Mgr Chauveau. Il y fit un court séjour, puis, ne pouvant rester seul, à pareille distance, loin de tout confrère, il reprit la route de Soui-Fou par le Sud, à travers le Yun-Nan. Il vint demander un nouveau compa¬gnon à Mgr Lepley.
M. Barry, arrivé, depuis peu d’Europe, fut désigné pour ce poste d’avant-garde, et les deux Missionnaires reprirent, au printemps de 1877, le chemin du Kien-Tchang. Ils s’établirent dans le Sud, où M. Gourdin avait été mieux accueilli lors de son premier voyage. En 1878, M. Raison venait les rejoindre. Ils restèrent ainsi plusieurs années, étendant peu à peu leur rayon d’action autour de la préfecture de Houi-Ly-Tchéou, puis dans la direction du Nord. Mais Ning-Yuen-Fou restait toujours fermé. On réussit à pénétrer dans la ville de Mien-Lin, sous-préfecture située au nord de Ning-Yuen. M. Gourdin s’y établit. De là il s’avança jusqu’à Yue-Hy, ville importante en pays lolo, qui commande l’unique route reliant le Kien-Tchang à Ya-Tchéou ; il réussit à y louer une petite maison. Ses communications étant alors assurées du Nord au Sud, il travailla à multiplier les chrétientés sur cette ligne et à y créer d’humbles établissements.
Ning-Yuen-Fou finit aussi par céder. Il y établit un pied-à-terre, mais ne put pas s’y installer définitivement. Nous ne pouvons énumérer les tracas et les ennuis qu’il eut alors à endurer. Il fut obligé à des voyages incessants, soit pour soutenir ses néophytes toujours exposés aux vexations des païens et souvent maltraités, soit pour aller jusqu’à Tchen-Tou réclamer justice. Intrépide dans les dangers, il exposa maintes fois sa vie. Il consuma dix-huit années, les plus belles de sa vie, dans ces travaux obscurs et ingrats, occupé à défricher et à préparer cette terre du Kien-Tchang. Ajoutons qu’il était à peu près dénué de ressources.
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En 1894, M. Gourdin fut invité à faire imprimer quelques-uns de ses ouvrages, qui étaient restés manuscrits. Il se rendit à Nagasaki, puis à Hong-Kong, où il passa deux ans, pendant lesquels il revit ses travaux et en surveilla l’impression. Quand il revint au Su-Tchuen, en 1896, il avait près de soixante ans ; il était vieilli par les fatigues et les privations. Il fut placé à Lou-Tchéou, le théâtre de ses premiers succès, devenu un poste d’une tranquillité relative. Il y travailla encore avec beaucoup de succès pendant neuf ans.
En 1905, trouvant la tâche au-dessus de ses forces, il se retira dans la petite sous-préfecture de Ho-Kiang, jusque-là presque abandonnée, et il entreprit de l’évangéliser. Il y fonda plusieurs chrétientés, et laissa près de deux cents néophytes là où il en avait trouvé quarante. Ce fut son dernier effort.
Au commencement de 1911, ses forces trahirent son courage ; ses jambes refusèrent leur service : il donna sa démission et se retira dans notre procure de Soui-Fou. Mais si le corps était épuisé, l’âme était restée jeune.
Au mois de septembre, il fut invité à se rendre à Tchong-King, où se trouvent des hôpitaux, des médecins et des moyens de guérison qui font défaut à Soui-Fou. Il consentit avec répugnance. Au bout de quelques mois, n’éprouvant aucune amélioration, il revint dans sa Mission pour mourir au milieu des siens. Il fut soigné avec un dévouement admirable par les Sœurs Franciscaines. Néanmoins les forces diminuaient graduellement. Il reçut l’Extrême-Onction quelques jours avant sa mort. Il expira doucement le 27 août 1912, à 4 heures du matin, entre les bras de deux Confrères qui l’assistaient. Il avait gardé sa lucidité d’esprit jusqu’au dernier soupir.
Beati mortui qui in Domino moriuntur.
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References
[0836] GOURDIN Edouard (1838-1912)
Bibliographie. - Les ouvrages ci-dessous mentionnés, sauf indication contraire, ont été imprimés à l'imprimerie de Nazareth, Hong-kong.
aó li kiàng lén (Explication du catéchisme du Se-tchoan). - 1895, in-12 ; 2e édit., 1903, in-12, pp. 408.
Id. - Imprimerie de la Sainte-Famille, Chapin-pa.
Premières études de la langue mandarine parlée. - 1895, in-12 ; 2e édit., 1905, in-12, pp. 290.
(Vie des Saints et lectures pieuses pour chaque jour). - 1897, 12 vol., in-8, au total pp. 5330 ; 2e édit., 1903 ; 3e édit., 1907.
Ouvrage auquel il collabora, principalement avec Mgr Chatagnon, et avec plusieurs missionnaires du Se-tchoan méridional :
Dictionnaire chinois-français de la langue mandarine parlée dans l'ouest de la Chine avec un vocabulaire français-chinois, par plusieurs missionnaires du Se-tchouan méridional. - 1893, in-4, pp. xiv + 1 f. n. ch. + pp. 732 + 2 ff. n. ch.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1876, p. 12 ; 1877, p. 13 ; 1878, p. 18 ; 1882, p. 28 ; 1888, p. 76 ; 1889, p. 73 ; 1890, p. 75 ; 1891, p. 97 ; 1897, p. 90 ; 1898, p. 91 ; 1905, p. 68 ; 1906, p. 87 ; 1909, p. 97 ; 1910, p. 93 ; 1911, pp. 83, 93.
A. S.-E., xxvii, 1876, p. 174. - M. C., iv, 1871-72, p. 159 ; xi, 1879, Le pays du Kien-tchang, p. 215 ; xxiii, 1891, p. 87. - A. M.-E., 1902, pp. 231, 232 ; 1909, pp. 34, 39 ; 1912, pp. 96, 131, 180. - Sem. rel. Beauvais, 1884-85, pp. 511, 853, 999. - uv. Prop. Foi, Angers, comp.-rend., 1875, p. 17. - T'oung-pao, 2e sér., viii, Au sujet de ses notes sur les Lolos, p. 667 [Tirage à part : Les Lolos, p. 73]. - La Vérité, 1912, supplém. au n° 32.
Les miss. franç. au Thibet, p. 6.
Notice nécrologique. - C.-R., 1912, p. 497.
Bibliographie:
GOURDIN François (1838-1912)
Premières études de la langue mandarine parlée / par F. Gourdin, missionnaire apostolique. - Hongkong : Impr. de la Société des Missions Etrangères, 1896. - 291 p. ; 19 cm Rééd. en 1905.