Pierre LANDES1837 - 1915
- Status : Prêtre
- Identifier : 0956
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1868 - 1915 (Chongqing [Chungking])
Biography
[956] LANDES Pierre-Jean, est né le 8 août 1837 à La Salvetat-Peyralès (Aveyron), au diocèse de Rodez. Il commence ses études secondaires à dix-huit ans au collège mixte de Villefranche. Après deux ans de philosophie au Grand Séminaire de Rodez, il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 10 septembre 1864. Ordonné prêtre le 15 juin 1867, il part le 15 septembre suivant pour la mission du Sichuan oriental.
Il fait son stage de langue à Kiangkiapa, dans le district de Tatsiou. En 1869, il est chargé du district de Yuintchang, d'où il est envoyé à Penchoui . Il va rester là treize années : district étendu et montagneux qu'il parcourt à pied, se contentant de la nourriture chinoise. Il prend ensuite la direction du district de Montong : pendant la persécution de Kiangpee, le poste va être saccagé en 1886. Ensuite il dirige successivement les districts de Choui-iatang, de Foutcheou et de Hinlongtchang, fondant partout des écoles et établissant l'Apostolat de la Prière.
À 75 ans, il s'aperçoit que sa vue faiblit; il prend un an de repos à Hotcheou (1912-1913) puis se retire au Grand Séminaire de Tsémouchan. Une crise d'asthme l'oblige à entrer à l'hôpital catholique de Chungking où il décède le 19 novembre 1915. Il repose dans le cimetière réservé aux missionnaires à Tsenkiagai.
Obituary
M. LANDES
MISSIONNAIRE DU SETCHOAN ORIENTAL
M. LANDES Pierre-Jean, né à La Salvetat-Peyralès (Rodez, Aveyron), le 8 août 1837. Entré laïque au séminaire des Missions-Etrangères le 10 septembre 1864. Prêtre le 15 juin 1867. Parti pour le Setchoan oriental le 15 septembre 1867. Mort à Tchongking le 19 novembre 1915.
L’année 1915 a commencé son cours en nous enlevant un de nos vétérans de l’apostolat, dans la personne du P. Ménier ; elle s’achève dans un deuil non moins cruel par la perte du vénéré doyen de nos missions de Chine. Le P. Landes, après quarante-huit ans d’apostolat, nous a quitté le 19 novembre, pour aller jouir de la récompense promise au bon serviteur. Il avait accompli sa soixante-dix-huitième année et était à l’avant-veille de faire ses noces d’or.
Une plume plus autorisée et mieux renseignée que la mienne met¬trait au grand jour les travaux, les sacrifices, le dévouement et la charité de ce regretté confrère. Qu’il me suffise de citer les faits prin¬cipaux de cette vie bien remplie.
Il naquit le 8 août 1837, dans la commune de La Salvetat-Pey¬ralès (Aveyron), au hameau de Bellecombe, qui relève aujourd’hui de la paroisse du Bibal. Malgré une certaine aisance, ses parents étaient plus riches en vertus chrétiennes qu’en biens terrestres. Dieu les bénit en leur envoyant encore un fils et trois filles. Travailleurs infatigables, ils gardaient fidèlement les préceptes de Dieu et de l’Eglise et, malgré la distance d’une heure de chemin pour se rendre à l’église, ne man¬quaient jamais d’assister à la messe le dimanche. Ceux qui allaient à la première messe, maîtres ou domestiques, revenaient aussitôt pour permettre au gardien de la maison de se rendre à la seconde. Matin et soir également la prière était récitée en commun. C’est dans cette atmosphère de foi solide que s’écoula la jeunesse de Pierre-Jean. Jusqu’à l’âge de douze ans, il fréquenta l’école de la commune. « A cette époque, disait-il, les « instituteurs savaient inculquer aux enfants le respect de Dieu avec l’amour de l’étude. » Mais notre petit Pierre-Jean, dont la bonté et la simplicité se faisaient remarquer parmi ses condisciples, était plus habile au maniement de la bêche et de la pioche qu’à celui de la plume.
Il aurait eu besoin d’étudier encore, lorsque la mort de son père le força de quitter l’école et de prendre une part très active aux travaux de la ferme. Malgré son jeune âge, il se levait de bonne heure et se couchait tard, travaillait comme un homme et faisait les achats et les ventes de bestiaux avec habileté. Son cœur bon et compatissant le portait à rendre service, ce qui lui valut, au moins une fois, de la part de sa mère, une algarade qu’il racontait ainsi : « Apercevant un jour un attelage dont la charge était si lourde qu’il ne parvenait pas à gravir « une côte assez rapide, j’attelle les bœufs et vais à la rescousse. Ce fut bien vite fait ; « quelques bons coups d’aiguillon, et nous arrivions au sommet de la côte. La besogne « achevée, je vais conduire les bœufs à l’étable. Mais j’avais à peine un pied dans la cuisine « que ma mère m’apostropha : « Petit gamin, tu ne sais pas ce que coûtent ces bœufs ? Tu te « ruineras... Tu feras pire que ton père et tu iras finir tes jours à l’hôpital ! .. — Mais oui, « maman, répondis-je, je sais ce que coûtent les bœufs, puisque c’est moi qui les ai achetés. » « Puis, pour laisser passer la colère maternelle, je m’en allai tout simplement réciter mon « chapelet sur le chemin. » Ajoutons, pour expliquer la colère de Mme Landes, que la brave femme avait à payer des dettes contractées par son mari, qui avait répondu pour un ami insolvable.
Pour en revenir à notre jeune cultivateur, il va sans dire que les travaux des champs ne lui laissaient aucun répit sur semaine ; seuls les dimanches lui procuraient quelques loisirs et il les occupait en lisant les Annales de la Propagation de la Foi et les Annales de la Sainte-Enfance. C’est là qu’il connut l’abandon des pauvres enfants chinois, ce qui fut le germe de sa vocation apostolique.
Poussé par L’Esprit divin et fortement conseillé par une « béate », il commença à dix-huit ans ses études de latin au collège mixte de Vil¬lefranche, en qualité d’externe. Il prenait pension chez cette « béate » qui, outre ses bons conseils, l’aidait à apprendre ses leçons. Il fit d’assez rapides progrès et gagna par son bon caractère l’estime et la confiance de ses maîtres.
Sa rhétorique achevée, il fit deux ans de philosophie au grand sémi¬naire de Rodez et, son admission pour les Missions-Etrangères obtenue il prit le train pour Paris, à l’insu de sa mère, afin de lui éviter les douleurs de la séparation. C’était au mois de septembre 1864. Il fut ordonné prêtre au mois de juin 1867 et reçut sa destination pour le Setchoan oriental.
Le voyage pour gagner la Chine fut long et périlleux. Sur cinq mis¬sionnaires, quatre seulement parvinrent à destination. Dans les gorges de Ouchan, sur une fausse manœuvre de la jonque chinoise, MM. Landes et Marais furent précipités dans le fleuve Bleu ; le premier, grâce à son habileté à nager, réussit à attraper la corde qui le ramena sain et sauf à la barque ; le second se noya, malgré le dévouement de son confrère, M. Coupat, qui plongea immédiatement et qui, quoique excellent nageur, faillit être victime de sa charité.
Parvenu à Tchongking, le nouveau missionnaire, après quelques jours de repos, fut envoyé à Kiangkiapa, dans le district de Tatsiou, pour étudier la langue. L’année suivante, il fut chargé de l’adminis¬tration du district de Yuintchang. Dans le voisinage se trouvaient plusieurs missionnaires. Parmi eux, M. Gourdin, homme de bon conseil, devint l’ami intime de M. Landes. Il fut convenu entre eux que tous les mois ils se réuniraient tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, pour faire une petite retraite spirituelle et délibérer sur la manière de bien administrer les chrétiens. « Ces réunions, me disait le cher défunt, nous faisaient beaucoup de « bien et tout marchait admirablement. »
Excellente pratique, en effet, qui permet aux jeunes missionnaires de profiter de l’expérience de leurs aînés.
Enregistrons, sans le recommander ni à l’imitation ni à l’admiration, le fait suivant : Pendant que M. Landes administrait le district de Yuintchang, il eut à défendre ses chrétiens, injustement attaqués, et il alla jusqu’à forcer l’entrée du prétoire du mandarin, qui refusait de le recevoir.
De Yuintchang, il fut envoyé à Penchoui, district étendu et monta¬gneux, où il resta treize ans. Il y suivit vraiment les préceptes que le divin Maître donnait à ses Apôtres, marchant toujours à pied, se conten¬tant de la nourriture chinoise et se prodiguant sans cesse pour le salut des âmes. Il avait de bonnes jambes, un solide estomac et surtout un grand zèle aussi fit-il de nombreux catéchumènes.
Il quitta Penchoui pour prendre la direction du district de Moutong, poste moins pénible peut-être que le précédent, mais qui présentait plus d’une difficulté. Jusqu’à cette époque, les chrétiens de cet endroit n’avaient eu comme curés que des prêtres indigènes et certaines mauvaises langues s’étaient permis de dire que les missionnaires européens étaient très exigeants et surtout très difficiles sous le rapport de la nourriture. M Landes n’eut pas de peine à leur prouver le contraire, car, étant habitué à vivre en vrai Chinois, il mangeait ce qu’on lui servait, que ce fût bon ou mauvais, sans jamais se plaindre. Aussi les préjugés tombèrent-ils d’eux-mêmes et les chrétiens de Moutong n’eu¬rent que des éloges à faire de leur pasteur.
En 1886, la persécution de Kiangpée faillit lui donner l’auréole du martyre et son district eut beaucoup à souffrir. A peine fut-elle com¬mencée que la foule des pillards et des vauriens occupent la porte d’entrée de sa résidence, en poussant des cris de mort. Inutile donc de penser à fuir par la porte sans courir à une mort certaine. Un seul moyen de salut lui restait : franchir le mur d’enceinte qui entoure un petit jardin derrière la chapelle. Sans hésiter, il se glisse dans l’obscu¬rité, quand, tout à coup, il se trouve en présence de quatre grands gaillards qui, à coup sûr, n’avaient pas de bonnes intentions. Il leur administre à chacun un coup de poing qui les envoie rouler dans le fossé, escalade le mur et va se cacher dans un champ de maïs, où il passe la nuit. Pendant ce temps, sa résidence était pillée et détruite. Le lendemain il ne restait qu’un monceau de ruines.
Après Moutong, il dirigea successivement les districts de Choui-¬iatang, de Foutcheou et de Hinlongtchang. Partout il fonda des écoles et établit l’Apostolat de la prière.
Lorsqu’il était seul, il menait une vie de privations et de pénitence ; en revanche, il traitait de son mieux les confrères qui allaient lui rendre visite.
Ajoutons qu’il était très intéressant en conversation, aimant à ra¬conter ses histoires d’enfance, ses prouesses de missionnaire, ses joies et ses douleurs, avec des mots à l’emporte-pièce qui ne manquaient pas de saveur. Doué d’une mémoire extraordinaire, malgré son grand âge, il avait conservé de bonnes connaissances d’histoire et de géographie ; chose curieuse, il connaissait l’Ordo absolument par cœur. On pou¬vait l’interroger sur la fête de n’importe quel saint, sur son rite, sur les diverses phases de la lune, même sur les divisions multiples et varia¬bles de l’année chinoise, ses réponses étaient toujours exactes.
Disons, pour achever cette notice trop courte pour une si longue vie, que M. Landes n’attendit point le dernier moment pour nous don¬ner l’exemple de la charité, faire des bonnes œuvres et mettre en règle ses comptes spirituels et temporels. Sans parler de ses multiples aumônes, il participa largement à la fondation de plusieurs fabriques dans divers districts, laissa des fonds pour l’entretien de quelques écoles, et donna sa quote-part pour l’œuvre des enfants des chrétiens. A 75 ans, notre doyen s’aperçut que sa vue faiblissait considérablement, il pouvait à peine se conduire. Après un an de repos à Hotcheou, il prit sa retraite complète et vint habiter au grand séminaire de Tsemouchan. Deux années n’étaient pas encore écoulées que l’asthme dont il était atteint depuis longtemps se compliqua et l’obligea d’entrer à l’hôpital catholique de Tchongking. Il ne restait aucun espoir de guérison. Le jour même de sa mort, 19 novembre 1915, il reçut les derniers sacre¬ments. Il repose maintenant dans le cimetière réservé aux missionnaires à Tsenkiagai.
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References
[0956] LANDES Pierre (1837-1915)
Références bio-bibliographiques
AME 1910 p. 99. 261. 262. 264. 269. 322. 1937 p. 247. CR 1874 p. 33. 1876 p. 9. 1883 p. 54. 68. 1884 p. 45. 1887 p. 75. 1890 p. 222. 282. 285. 1901 p. 93. 96. 1904 p. 97. 1905 p. 84. 1910 p. 86. 1913 p. 112. 1916 p. 65. 210-213. 1919 p. 122.