Aristide LETORT1844 - 1904
- Status : Prêtre
- Identifier : 1100
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1872 - 1887
- 1894 - 1898
- 1898 - 1904 (Shenyang [Moukden])
Biography
[1100]. LETORT, Aristide-Gustave-Marie, né à Brie (Ille-et-Vilaine) le 15 février 1844, fit ses études au collège Saint-Martin de Rennes. Après un court séjour au grand séminaire de cette ville, il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 9 avril 1867, puis revint au séminaire de Rennes, où il reçut la prêtrise le 18 juillet 1870. Il suivit alors, en qualité d'aumônier militaire, les francs-tireurs de Cathelineau, et, la guerre terminée, rentra au Séminaire des M.-E.
Il en partit le 31 janvier 1872 pour la mission de Mandchourie. Après avoir administré le district de Song-chou-tsouei-tse, il fut chargé de Lien-chan dont il reconstruisit l'orphelinat ; puis de Chou-kai-touo, d'où il tenta, mais inutilement, de s'établir à Ghirin ; et enfin de Se-kia-tse. Là, il eut les deux jambes brisées dans un accident de voiture à la fin de 1887, et rentra en France. Il ne put retourner en Mandchourie qu'au printemps de 1894, et devint aumônier des deux orphelinats de Kouen-se-pao tenus par les Sœurs de la Providence de Portieux.
En 1898, lors de la division de la mission en deux vicariats apostoliques, il fit partie de la Mandchourie méridionale. La révolte des Boxeurs le força de se réfugier à Ing-tse. Le calme revenu, il se fixa à Hai-tcheng ; il y mourut le 13 août 1904. Esprit original, conteur animé, il a laissé, particulièrement sur les malheurs des missions de Mandchourie en 1900, des récits fort intéressants, qui portent beaucoup moins qu'on ne le pourrait croire la trace des exagérations faciles à sa parole.
Obituary
M. LETORT
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE LA MANDCHOURIE MÉRIDIONALE
Né le 15 février 1844
Parti le 31 janvier 1872
Mort le 13 août 1904
Un prêtre du diocèse de Rennes, ami intime de M. Letort, a bien voulu nous communiquer la notice suivante sur le cher défunt. Nous sommes heureux de la reproduire sans y rien changer.
« M. Aristide Letort naquit à Brie (Rennes, Ille-et-Vilaine) le 15 février 1844. Il eut pour « père M. Pierre Letort, et pour mère, dame Aimée Marchand. Il montra, dès son enfance, le « goût de la vie active, et même aventureuse. Tous les sports lui souriaient : il grimpait « comme un écureuil, même sur les toits, pour y faire la pirouette ; il nageait comme un « poisson. Cependant il parlait de se faire prêtre et missionnaire, et, dès lors, à voir ses « prouesses d’enfant, on prévoyait qu’il ne serait pas embarrassé pour escalader les « montagnes ou traverser les rivières à la nage.
« En 1857, deux ans après sa première communion qu’il avait faite avec beaucoup de « piété, il entra, pour y faire ses études, au collège Saint-Martin de Rennes, dirigé par les « Pères Eudistes. Ses condisciples se rappellent les richesses de sa nature exubérante. « Espiègle, un peu hâbleur, boute-en-train, il était de toutes les bonnes parties de jeu, et, « comme il se montrait aussi dévoué qu’intelligent, il a laissé à tous ceux qui le connurent « alors le plus joyeux et le meilleur souvenir.
« Entré au grand séminaire de Rennes en octobre 1865, il n’y resta pas longtemps, se « sentant appelé à toute autre chose qu’au ministère tranquille de nos paroisses. Il alla donc « faire son éducation cléricale au Séminaire des Missions-Étrangères, dont il parlait avec le « plus grand enthousiasme. Pourtant, il dut revenir avant la prêtrise, comme si ses supérieurs, « sans l’abandonner, avaient voulu éprouver sa vocation de missionnaire, qui ne se démentit « pas un instant.
« Cette épreuve fut pour lui l’occasion de signaler son dévouement à la patrie. A peine « était-il ordonné prêtre en 1870, que la guerre avec la Prusse éclata. Sans hésiter, il s’engagea « comme aumônier militaire dans un corps d’armée de francs-tireurs vendéens, la légion des « volontaires de Cathelineau. Pendant la campagne de la Loire, il assista à plusieurs combats « et, s’il ne fit pas le coup de feu, il donna quelquefois aux soldats, et même aux officiers, « qu’il venait de confesser et d’absoudre, le signal de faire leur devoir.
« Il paraît qu’après la guerre, il était désigné pour la croix d’honneur, mais, au moment de « la promotion où il allait être décoré, il était rentré au Séminaire de la rue du Bac. Une « bienfaitrice lui demanda de céder son tour en faveur d’un officier blessé, qu’on oubliait. « L’échange des noms fut fait, et voilà comment M. Letort ne sera de la Légion d’honneur « qu’au ciel.
« Vers la fin de 1872, il partit pour une campagne plus longue et plus lointaine. Versé dans « les cadres de la mission de Mandchourie, il y resta dix-sept ans, pendant lesquels il fit ses « preuves de vaillant missionnaire. Un accident de voiture, où il eut les deux jambes brisées, « le contraignit à rentrer en France en 1888. Il dut y passer, bien malgré lui, près de cinq ans, « tantôt au pays natal, tantôt à Montbeton, au sanatorium que la Société des Missions-« Étrangères a dans le Midi pour ses invalides.
« Mais la vie sédentaire lui pesait et, ne pouvant s’y faire, il demanda à repartir pour sa « mission, avant sa guérison complète, qui, du reste, ne devait jamais venir. « Je me sens, « écrivait-il après son départ, au recteur de Brie, son condisciple, une vive envie de faire « encore quelque chose pour Dieu, avant de faire le grand voyage d’où l’on ne revient pas. « Non mortui laudabunt te, Domine... sed nos qui vivimus. Ma santé est toujours la même et « mes jambes aussi ; je suis condamné à perpétuité et ne m’en tourmente point. Vive la joie « quand même !»
« Parti de Marseille vers le premier de l’an 1894, il n’arrivait à destination que le 1er avril, « ayant dû s’arrêter longtemps à Shanghaï. Mais le repos lui était insupportable, et il profita « de ce retard pour visiter, pendant vingt jours, le Japon presque tout entier. Enfin, de retour « en Mandchourie, il occupait depuis six ans un poste de prétendu repos, qui lui donnait « beaucoup de travail, quand la révolte des boxeurs vint l’y surprendre et le ramener au port « d’Ing-tse, gardé par les Européens.
« Il a raconté lui-même, dans les Annales de la Société des Missions-Étrangères, « l’histoire de la persécution, et les angoisses et le martyre de ses confrères pendant cette « époque tourmentée. Son récit, d’un style alerte et plein de vie, peint les hommes et les « choses si bien, que l’on croit, en le lisant, assister à ces événements tragiques. Et quoiqu’il « s’oublie, l’écrivain missionnaire se peint lui-même. Quand il nous montre M. Corbel tenant « tête aux attaques des boxeurs, entendant, sans cesser de surveiller l’ennemi, la confession « d’un mauvais chrétien repentant et, « entre deux coups de fusil, lui donnant l’absolution « libératrice » ; ou bien, quand il représente M. Bourgeois luttant seul contre une foule, « comme pour apprendre aux 1.500 bandits comment sait se défendre et mourir un Français, « fût-il missionnaire, on ne sait s’il ne révèle pas ses propres sentiments aussi bien que les « leurs, et si le prêtre qui parle avec cet accent de sa double foi, chrétienne et patriotique, ne « se souvient point des champs de bataille de France où, jeune encore, il encourageait de la « voix et du geste ses Vendéens à mourir pour la patrie.
« La révolte des boxeurs terminée, M. Letort avait repris son poste, et il assistait à la « résurrection de l’Église de Mandchourie... Mais voilà que la guerre se déchaîne de nouveau, « le choléra fait des ravages dans les armées russe et japonaise. Est-ce une épidémie qui « emporta le vigoureux missionnaire, ou bien succomba-t-il aux atteintes d’une maladie « ordinaire et commune ? Toujours est-il que, le 24 septembre 1904, la nouvelle de sa mort « vint attrister sa famille. Un service funèbre, célébré dans l’église de Brie où il avait fait sa « première communion et chanté sa première messe, réunit un nombreux clergé et une belle « assistance de fidèles, qui voulaient témoigner la sympathie et l’admiration que leur inspirait « la carrière si bien remplie du missionnaire.
« Ses amis, ses contemporains, même indifférents, ne l’oublieront pas ; car, pour ceux qui « l’ont connu, sa figure et son caractère sont inoubliables. Les vieux camarades de Saint-« Martin auront une prière, un impérissable souvenir, pour l’un de ceux qui ont le plus honoré « cette chère maison. »
A cette intéressante notice, écrite par une main amie, mais nécessairement incomplète, nous nous faisons un devoir d’ajouter les détails qui manquent.
Lorsqu’il arriva en Mandchourie, M. Letort fut envoyé à Moukden, où il ne resta que quelque temps. Il fit ensuite un stage relativement court à Cha-ling, grand village de 6.000 âmes, situé à 4 lieues à l’ouest de Leao-iang. Les pays était rempli de brigands, à cette époque. M. Letort entreprit d’exercer à l’européenne la garde nationale du village, et y réussit.
Chargé, bientôt après, du district de Soung-chou-tsouei-tse, il l’administra avec zèle jusqu’au jour où son vicaire, M. Emonet, fut en mesure de le remplacer au chef-lieu. Il se transporta alors à Leen-chan, station annexe, et y fixa sa résidence. M. Vénault, de sainte mémoire, avait fondé là un orphelinat, qui était devenu trop petit et menaçait ruine. M. Letort le reconstruisit en entier sur un plan beaucoup plus vaste, et l’établissement ne tarda pas à prospérer sous son habile direction. Notre confrère aimait ses orphelines comme un père aime ses enfants. Quand elles étaient en âge de se marier, il leur trouvait toujours d’excellents partis, car les orphelines de Leen-chan étaient pieuses, instruites, adroites et bien élevées.
M. Letort demeura à Leen-chan jusqu’en 1885. Le vicaire apostolique lui confia alors le poste de Chou-kai-touo, devenu vacant par la mort de M. Délecourt. On espérait que le nouveau titulaire, grâce à son expérience et à son savoir-faire, réussirait à s’établir à Ghirin, où toutes les tentatives pour fonder une station avaient échoué jusque-là ; mais malgré les efforts les plus intelligents et une persévérance admirable, M. Letort, mal servi, d’un côté, par les chrétiens, et de l’autre, ne disposant pas d’une somme d’argent suffisante, dut renoncer à l’entreprise projetée.
Après le sacre de Mgr Boyer, coadjuteur de Mgr Dubail, il se vit appelé à Se-kia-tse. C’est dans ce district que lui arriva, à la fin de 1887, le terrible accident de voiture dont il a été question plus haut. Il avait quitté sa résidence pour se rendre auprès du vicaire apostolique et se concerter avec lui sur certaines affaires, lorsque, dans la ville même de Houai-teu-hien, les mules qui traînaient son chariot prirent le mors aux dents. Le missionnaire voulut sauter à terre et eut les deux jambes brisées par les roues de la voiture. On le transporta chez des chrétiens de la ville, qui le soignèrent pendant trois mois avec beaucoup de dévouement. Un médecin chinois rebouta tant bien que mal les jambes du pauvre infirme, qui n’avait rien perdu de sa belle humeur. Au milieu de ses souffrances, il chantait à pleine voix : Bénissons à jamais le Seigneur dans ses bienfaits, et édifiait tous ceux qui l’approchaient, par sa patience et sa résignation à la volonté de Dieu.
Dès qu’il fut en état de supporter le voyage, il reprit sa route vers le port d’Ing-tse, où il arriva dans un état pitoyable. Une de ses jambes, la gauche, ne cessait pas de couler, et des esquilles sortaient continuellement de la plaie. Le médecin européen déclara qu’il était urgent d’envoyer le malade à Shanghaï pour essayer d’une opération. A Shanghaï, le cas parut si grave qu’un voyage en France fut jugé nécessaire. M. Letort se résigna à ce nouveau sacrifice. Il devait rester cinq ¬ans loin de sa chère mission.
Retourné en Mandchourie au printemps 1904, il fut nommé aumônier des deux orphelinats des Sœurs de la Providence à Kouen-tse-pao, à 5 lieues du port d’Ing-tse. Il avait, en même temps, la haute surveillance sur les ouvriers et les travaux de la ferme Saint-Joseph, que la Sainte-Enfance possédait dans ce village.
C’est de là que notre confrère suivit les opérations de la guerre sino-japonaise, dont il devait décrire les suites funestes pour la Mandchourie, dans un intéressant récit intitulé Un terrible hiver, qui fut publié dans les Missions Catholiques.
Lors de la persécution des boxeurs, au mois de juillet 1900, M. Letort quitta Kouen-tse-pao, en même temps que les Sœurs de la Providence et leurs orphelins, et résida à la procure de la mission jusqu’à la fin de l’automne. Sa jambe, qui l’avait fait horriblement souffrir pendant les grandes chaleurs, étant revenue à son état ordinaire, il profita de l’hiver pour parcourir son district et celui de M. Flandin, qui avait été réuni au sien après la mort de ce regretté confrère. Au printemps 1901, la plaie de la jambe gauche s’étant de nouveau envenimée, il dut se rendre à Shanghaï et à Hong-kong, pour y trouver un soulagement à ses souffrances. Il y resta jusqu’aux environs de la Toussaint.
A son retour, il demanda à être déchargé du district de Nieou-tchouang, pour ne conserver que celui de Hai-tcheng, et se fixa dans cette dernière ville, où il devait mourir.
« Pendant les huit dernières années de sa vie, écrit Mgr Choulet, M. Letort s’est donné « réellement beaucoup de mal pour la conversion des païens. Il a eu des déceptions, c’est « vrai ; mais il avait l’espoir fondé de réussir à grouper plusieurs centaines de vrais adeptes « autour du village de Hou-tsouang-touen, dont il comptait faire un nouveau centre. Dans son « dernier compte rendu, il annonçait près de 100 baptêmes d’adultes. »
Au lendemain de la mort du regretté défunt, le vicaire apostolique écrivait à son frère les détails suivants :
« Depuis un certain temps, les jambes de votre bien-aimé frère s’étaient raffermies, et il ne « se servait plus de sa canne que par un reste d’habitude. Au mois de janvier dernier, nous « nous trouvions réunis à Ing-tse pour la retraite annuelle. M. Letort suivit tous les exercices « sans éprouver de fatigue, et s’en retourna chez lui, à Hai-tcheng, en faisant les plus beaux « plans pour relever les ruines de son district. La déclaration de guerre, ou plutôt l’ouverture « des hostilités entre le Japon et la Russie, l’empêcha de réaliser ses projets. L’avenir devenait « de jour en jour plus sombre, et la prudence nous conseillait d’abandonner les longs voyages. « Aussi votre frère ne quitta-t-il sa résidence qu’une seule fois, pour encourager et consoler « ses nouveaux chrétiens. De retour à Hai-tcheng, il attendit les événements, plein de « confiance dans la protection divine. M. Maillard, son plus proche voisin, allait le voir assez « souvent. Sa dernière visite eut lieu le 6 juillet. Votre frère était dans son état normal. Les « deux missionnaires visitèrent ensemble une partie des cantonnements russes autour de Hai-« tcheng. Rien, ni dans la voix, ni dans le maintien de M. Letort, ne fit soupçonner à M. « Maillard que cette entrevue avec lui serait la dernière.
« Le 28 juillet, M. Letort m’écrivit quelques mots, par un courrier d’occasion. Il se disait « un peu fatigué, mais ajoutait : « Chaque année, c’est un peu la même répétition. » Le 11 « août, il envoya un courrier à M. Joseph Caubrière, procureur de la mission. Dans sa lettre, il « parlait aussi de la fatigue qu’il éprouvait, mais ne laissait même pas percer le désir d’avoir « quelqu’un auprès de lui ; ce qui prouve que lui-même ne croyait pas à la gravité de son état.
« Le 13, au matin, il prit encore quelque nourriture ; après quoi, il se mit à parcourir un « journal. A une personne qui lui demandait des nouvelles de sa santé, il répondit qu’il ne « ressentait d’autre malaise que la faiblesse, et que, dans quelques jours, il serait remis. Ses « deux domestiques ont assuré à M. Maillard que, dans toute la matinée, ils n’avaient rien « remarqué d’anormal en lui.
« Vers midi, l’un d’eux, ayant aperçu le Père derrière la maison, ne voulut pas le déranger. « Étonné cependant du long temps qu’il passait dehors, le domestique s’avança et le trouva « étendu par terre. Le cher malade avait toute sa connaissance. Il rassura son domestique en « lui disant que ce ne serait rien, et lui demanda de l’aider à se relever. Le domestique appela « du secours, et le Père fut transporté dans sa chambre sur un fauteuil, il prit un peu de lait et « un peu de vin.
« Les deux domestiques, voyant que les forces du malade ne revenaient pas, lui « conseillèrent de se mettre sur son lit, et c’est alors seulement qu’ils pensèrent à prévenir les « missionnaires voisins. Hélas ! votre frère allait mourir, avant même que le missionnaire le « plus rapproché fût informé de sa maladie.
« Étendu sur son lit, il ne paraissait pas souffrir. Avait-il encore sa connaissance ? Je ne « saurais le dire, car il ne prononça plus une seule parole. Sa respiration devint bientôt de plus « en plus pénible, et à 7 heures moins un quart, il rendit le dernier soupir. Les domestiques le « revêtirent des habits sacerdotaux et l’exposèrent dans la chambre, où les chrétiens vinrent « prier pour le repos de son âme.
« M. Maillard arriva le lendemain matin, par des routes affreuses et sous une pluie « battante. Son plan était de confesser le malade et de s’en retourner de suite à Nieou-« tchouang, pour passer la fête de l’Assomption avec ses chrétiens ; il croyait encore que M. « Letort n’était pas gravement atteint. Quelle ne fut pas sa douleur d’apprendre qu’il arrivait « trop tard pour lui donner les derniers sacrements !
« L’enterrement eut lieu le lundi 16 août. J’aurais désiré faire transporter à Ing-tse les « restes mortels de notre regretté confrère : les circonstances ne l’ont pas permis. En attendant « de meilleurs jours, ils reposent à Hai-tcheng, dans le jardin de l’ancienne résidence. »
Un ami du cher défunt a relevé les traits suivants de sa physionomie morale :
« M. Letort fut bon prêtre et bon missionnaire ; tous ceux qui l’ont connu lui rendront ce « double témoignage.
« D’une piété plutôt solide que tendre, il faisait ses exercices spirituels avec une exactitude « toute militaire, par devoir autant que par attrait.
« Au premier abord, il paraissait un peu dur ; mais sous sa rude écorce, se cachait un cœur « sensible, qui ne sut jamais refuser l’aumône aux indigents.
« Il se montra toujours ferme dans l’administration de son district, on le trouvait même « parfois un peu sévère, quand il admonestait un coupable ; mais il était plein de mansuétude « pour les âmes, au saint tribunal. Là, il n’était plus lui-même.
« Il avait son franc-parler avec tout le monde, même avec ses supérieurs, évêques et non « évêques, qui, connaissant la droiture de ses intentions, ne se formalisaient pas trop de ses « boutades.
« Si vous aviez un service à lui demander, vous étiez sûr de l’obtenir, à moins d’une « impossibilité réelle, car il était généreux par caractère, et il aimait qu’on s’en aperçût.
« Dans les réunions des confrères, il se montrait gai causeur. Il parlait avec une grande « facilité, et comme il avait beaucoup vu, beaucoup lu, sa conversation était très intéressante. « C’était une jouissance, de l’entendre raconter, avec un sérieux imperturbable, les mille et « une histoires, que lui seul connaissait et qui, souvent, étaient trop amusantes pour être tout à « fait vraies ; ou encore, de l’entendre chanter des chansons bretonnes, d’une voix non moins « fausse que puissante, ce qui faisait rire tout le monde, excepté lui. Bref, on ne s’ennuyait pas « en sa compagnie.
« Il écrivait mieux encore peut-être qu’il ne parlait, et la brochure, dans laquelle il a « raconté les sanglants épisodes de la persécution des boxeurs en Mandchourie, est digne de « figurer à côté de son « Terrible hiver. »
« En perdant M. Letort, la Mandchourie méridionale a perdu un de ses meilleurs ouvriers, « qui fut un esprit original, mais sérieux, un « homme de devoir et un vrai prêtre. »
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References
[1100] LETORT Aristide (1844-1904)
Bibliographie. - La Mandchourie méridionale et les Boxeurs (Extrait des Annales de la Société des M.-E.). - Téqui, libraire-éditeur, 29, rue de Tournon, Paris, 1902, in-8, pp. 82.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1875, p. 3 ; 1876, p. 2 ; 1885, p. 16 ; 1886, p. 7 ; 1894, p. 14 ; 1895, pp. 14, 18 ; 1897, pp. 17, 371 ; 1898, p. 13 ; 1900, pp. 271, 358 ; 1902, p. 83 ; 1904, p. 61. - A. S.-E., xxviii, 1877, pp. 33 et suiv., 224 ; xxxiii, 1882, L'orphelinat de Lien-chan, p. 95. - M. C., xxvii, 1895, pp. 218, 219 ; Ib., Un terrible hiver, pp. 524, 536, 550, 561, 574, 585, 597, 610 ; xxviii, 1896, Une odyssée lamentable, pp. 235 et suiv. ; Ib., pp. 249, 261, 272 ; xxix, 1897, p. 124 ; xxxii, 1900, p. 422 ; xxxvi, 1904. Un drame en Mandchourie, pp. 454, 465 ; Ib., p. 480. - B. O. P., 1894, A travers la Mandchourie, pp. 162, 216 ; 1895, En Mandchourie et Mongolie, pp. 254, 356 ; Ib., p. 402. - A. M.-E., 1900, p. 218 ; 1902, La Mandchourie méridionale et les Boxeurs, p. 7. - Sem. rel. Séez, 1886, p. 483.
Les miss. cath. franç., iii, pp. 372, 382.
Notice nécrologique. - C.-R., 1905, p. 313.
Portrait. - M. C., xxxvi, 1904, p. 455.