Jean-Baptiste VAUZELLE1851 - 1926
- Status : Prêtre
- Identifier : 1192
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Biography
Jean-Baptiste VAUZELLE naquit le 1 septembre 1851, au hameau de la Vizade, paroisse de St.Etienne-près-Allègre, diocèse du Puy-en-Velay, département de la Haute-Loire.
Le 4 septembre 1871, il entra laïque, au séminaire des Missions Etrangères. Tonsuré le 25 mai 1872, minoré le 21 décembre 1872, sous-diacre en juin 1873, diacre le 20 décembre 1873, il fut ordonné prêtre le 30 mai 1874, et reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Cambodge (Phnompenh) qu'il partit rejoindre le 1 juillet 1874.
Arrivé dans sa mission, M. Vauzelle fut envoyé à Cai-Doi, en Basse Cochinchine, dans la région de Long-Xuyên, pour apprendre la langue viêtnamienne et faire sa formation missionnaire. Il y résida de 1874 à 1878. Il fut alors nommé à Culao-Tay, chrétienté fondée dans la première moitié du XIXème siècle. Il succéda dans ce poste, à M. F. Martin, et il y resta de 1878 à 1881. Puis, chargé de la chrétienté de Vinh-Loi (Xoai-Doi) fondée par M. Combes, missionnaire à Banam, vers 1880, M. Vauzelle y séjourna de 1881 à 1883.
En 1883, il prit la direction de la chrétienté de Méatkrasa (Mot-krésas), quelques mois avant la révolte au cours de laquelle M. Louis-Marie Guyomard, jeune missionnaire chargé du district de Trabek (Traho), province de Soairieng (Svayrieng) fut assassiné le 30 Janvier 1885. Lors de l'insurrection de 1885, M.Vauzelle organisa la défense de sa chrétienté, assurant la sécurité des personnes, tandis que les quatre chrétientés de son district: Phlautrey, Veal-thom, Giong-thanh, Bai-cai et le village cambodgien de Meat-Krasa furent détruits par les rebelles. En 1890, la paroisse de Méatkrasa comptait 546 viêtnamiens et 155 cambodgiens chrétiens.
En 1903, M. Vauzelle, aidé par M.Sy, fut chargé, à Phnom-penh, de la paroisse de l'Immaculée Conception (Hoa-lang) où se trouvait la résidence du vicaire apostolique, et qui comprenait alors la ville française et la ville chinoise..Il y resta jusqu'en 1904; il revint alors à Méatkrasa.
Cette chrétienté était installée sur les bords du Mékong. Outre son souci pastoral de pourvoir aux nécessités spirituelles et matérielles de ses chrétiens, une des préoccupations constantes de M.Vauzelle fut de consolider les berges de ce fleuve rongeur et indiscipliné. En 1923, il fut obligé de transporter sa maison et son école à 150 mètres plus loin à l'intérieur. L'église se trouvant menacée, il amassa les matériaux nécessaires pour sa reconstruction, mais la mort l'empêcha de commencer les travaux.
Le mercredi 25 juin 1924, Monseigneur Bouchut, une trentaine de prêtres et les fidèles fêtèrent solennellement les 50 ans de sacerdoce de M.Vauzelle; c'était les premières "noces d'or" célébrées dans la mission. Au cours du repas de fête, M. J.B Bernard au nom de sa Majesté le Roi du Cambodge, épingla sur la poitrine du jubilaire la croix d'Officier de l'Ordre Royal du Cambodge; il lut et traduisit le diplôme magnifiquement encadré, et, en langue occitane, présenta ses voeux à son compatriote.
Homme du juste milieu et de conseil, toujours accueillant, il n'y avait, chez M.Vauzelle, ni enthousiasme irréfléchi, ni pessimisme décourageant. Son esprit méthodique ne laissait rien au hasard.
Au début de 1926, une épidémie de choléra se déclara. Pour obtenir la cessation du fléau,.ses chrétiens lui demandèrent une procession qui eût lieu le dimanche 21 février 1926. Il prit froid et contracta une bronchite. Admis à l'hôpital de Pnompenh, le 28 février, il s'y éteignit doucement le 4 mars 1926, à 8 heures du soir.
Durant quarante-huit heures,.sa dépouille mortelle fut exposée dans le salon de l'évêché Après un service solennel à la cathédrale, le corps fut transporté en barque à Meatkrésar; de nombreuses embarcations tendues de noir, lui firent escorte. M. Herrgott, provicaire, présida à l'inhumation; M. Vauzelle repose à Méatkrasa à l'endroit où s'élèvera la future église qu'il avait projetée.
Obituary
[1192] VAUZELLE Jean-Baptiste (1851-1926)
Notice nécrologique
Le 24 juin 1924, la Mission de Phnompenh était en fête. Pour la première fois depuis sa fondation, elle pouvait célébrer les noces d’or sacerdotales d’un de ses missionnaires, M. Jean-Baptiste Vauzelle. La chrétienté de Meatkrasa, qu’il dirigeait depuis 1883, avait fait grandement les choses : c’était une fête de famille à laquelle s’associait la Mission entière. Mgr Bouchut, entouré de trente missionnaires et prêtres indigènes avait tenu à présider cette manifestation, marquant ainsi en quelle estime spéciale il tenait le vénéré jubilaire. Et à voir celui-ci alerte et joyeux, entouré du respect et de l’affection de tous, célébrer la messe solennelle, présider au salut du Saint-Sacrement, tous redisaient avec confiance : ad multos annos !
Ah ! oui, il était aimé et vénéré de tous, le cher P. Vauzelle. Il avait de son pays natal, Le Puy, la bonhomie simple et judicieuse ; ennemi des extrêmes, il était vraiment l’homme du juste milieu où se tient la vertu. Chez lui, point d’enthousiasme irréfléchi, comme aussi point de pessimisme découragé ou décourageant. Il savait attendre l’heure de la Providence, sans la hâter par des impatiences trépidantes.
Esprit méthodique, il ne laissait rien au hasard ; tout était classé, rangé : affaires personnelles, renseignements et appréciations sur les chrétiens, relations avec les autorités ou les confrères.
Ceux-ci aimaient à prendre le chemin de Meatkrasa ; ils étaient sûrs d’y trouver toujours une hospitalité large et franche. Chez lui, on était chez soi. Vouliez-vous de la joie ? Il n’avait qu’à puiser dans ses longs souvenirs pour rappeler les joyeuses histoires du bon vieux temps. Vouliez-vous un bon conseil ? Sa vieille expérience des hommes et des choses vous venait en aide et vous donnait la solution juste. Etiez-vous excédé de la malice des hommes et porté à broyer du noir ? Il savait trouver dans des reparties pleines d’une douce philosophie un baume pour vos blessures et relevait votre regard vers l’idéal et vers le sacrifice. Parfois il semblait un peu dur d’oreille : c’était lorsque l’entretien voulait dévier et manquer à la charité fraternelle ; il paraissait ne pas entendre et la conversation prenait un autre cours.
Tout cela, il le faisait sans effort apparent ; il était tout à ses hôtes et l’on eût dit qu’il n’avait réellement point autre chose à faire qu’à s’occuper de vous. Mais avait-il un moment de répit, sans affectation il l’employait à un exercice de piété. Dans sa vaste maison, sans aucun luxe, tout était pratique et commode, tout était prévu, et le livre de piété était toujours à sa portée, comme par hasard.
Mûri déjà par l’expérience de quatre années à Caidoi, de trois à Culaotay, de deux à Vinhloi, M. Vauzelle prit la direction de la chrétienté de Meatkrasa en 1883, quelques mois avant la révolte au cours de laquelle le P. Guyomard fut massacré à Trabek. Nous le voyons très bien organiser la défense qui devait illustrer Meatkrasa. Sans trouble et sans éclat, tout dut être réglé, les mesures prises, les rôles distribués, les consignes données et observées : Avec l’aide de la Providence, la sécurité était assurée, la vie et les biens de ses chrétiens mis à l’abri.
C’est là qu’il devait passer quarante-trois ans. Lorsque le pays fut pacifié, il s’ingénia à pourvoir aux nécessités spirituelles et matérielles de ses chrétiens, Annamites et Cambodgiens. Avec quel soin il préparait ses instructions et ses catéchismes ! Les nombreux recueils de sermons, d’avis entièrement écrits de sa main, dans l’une et l’autre langue, font hautement apprécier son esprit méthodique et judicieux et son acharnement au travail. En chaire, au confessionnal, dans ses conversations avec les chrétiens, ses longues séances devant Notre-Seigneur, tout montrait qu’il était vraiment le bon pasteur jaloux de veiller sur toutes et chacune de ses brebis. Ajoutez à cela trois chrétientés annexes où rien n’était négligé et comptez la somme du travail fourni pendant ses cinquante-deux années de mission.
Le découragement n’effleura jamais sa persévérance. Meatkrasa, situé sur les bords du Mekong, est exposé à tous les caprices de ce fleuve fantasque et indiscipliné, mauvais coucheur qui veut toujours changer de lit. Pendant quarante-trois ans, M. Vauzelle devait en faire de multiples expériences : les berges rongées s’éboulaient petit à petit ; les arbres plantés avec tant de soin tombaient au fleuve ; toujours il fallait reculer vers l’intérieur, église, presbytère, couvent ou écoles. Quelques mois avant sa mort, il avait amassé les matériaux pour une nouvelle église qui devait remplacer celle dont bientôt l’emplacement aura croulé au fil du Mekong. Tout était prêt, et seule la mort l’a empêché de commencer les travaux.
A le voir et à l’entendre dans ces derniers mois, un observateur superficiel aurait été tenté de sourire : il raisonnait, faisait des projets comme s’il avait eu encore de longues années devant lui ; c’est qu’il était le serviteur bon et fidèle jusqu’au bout.
Et pourtant, son esprit était rempli de la pensée de la mort. On a retrouvé ses livres préférés : deux d’entre eux étaient marqués par des signets aux chapitres sur la mort et sur l’état où l’on voudrait se trouver au moment de la mort. La mort ne devait donc point le surprendre ; elle fut calme et sans heurts comme l’avait été toute sa vie.
De tous ses chrétiens il était le père ; à tous il avait distribué le trésor des grâces divines, prodigué les enseignements ; à tous, il avait toujours largement ouvert et son cœur et sa bourse : jamais une brebis égarée ou un malheureux n’avait fait appel en vain à sa bonté.
Et ces enfants, il les voyait mourir par dizaines : une violente épidémie de choléra ravageait ses chrétientés. Il fallait fléchir la colère divine et une procession fut organisée. La statue de la Vierge, solennellement, parcourut la paroisse, appelant les bénédictions célestes et conjurant le fléau. Le bon pasteur était là, malgré son âge, au milieu de ses enfants, priant avec eux, leur communiquant sa confiance.
Hélas ! il y contracta le germe de la maladie qui devait l’emporter. Il prit froid au retour de la procession, une bronchite se déclara. Docilement, il vint se faire traiter à l’évêché, puis, sur le désir de Monseigneur, il entra à l’hôpital. Au bout de quelques jours, les médecins reconnurent leur impuissance à enrayer le mal.
En présence de Mgr Bouchut et des confrères de Phnompenh, le vénéré malade reçut les derniers sacrements en pleine connaissance. Deux jours plus tard, le 4 mars à 8 h. du soir, le bon et fidèle serviteur, le missionnaire pieux et dévoué qui, pendant, cinquante-deux années, sans un jour de répit, sans un seul retour en France, avait prodigué ses forces et ses ressources dans la Vigne du Père de famille, s’endormait doucement dans la paix du Seigneur.
Aussitôt on le revêtit des ornements sacerdotaux et le corps fut transporté dans le grand salon de l’évêché transformé en chapelle ardente. Là pendant quarante-huit heures, les chrétiens, les communautés religieuses, les confrères vinrent s’agenouiller et contempler une dernière fois ses traits si calmes. Pendant ce temps, les chrétiens de Meatkrasa faisaient les préparatifs pour recevoir la dépouille mortelle de leur père bien-aimé. De nombreuses barques tendues de noir vinrent escorter celle qui transportait le cercueil et lentement descendirent le Mekong. Le surlendemain, M. Hergott, provicaire, présidait les obsèques et dans une allocution sortie du cœur, retraçait la vie et les tra¬vaux du P. Vauzelle dont il confiait aux chrétiens les restes vénérés.
Il repose à Meatkrasa, à l’endroit où s’élèvera la future église qu’il avait projetée, et du fond de sa tombe, il prêche encore à tous la simplicité, la charité, la fidélité à la vocation apostolique. Puisse le Ciel conserver chez tous le souvenir du bon P. Vauzelle et faire de tous ses fidèles imitateurs.
References
[1192] VAUZELLE Jean-Baptiste (1851-1926)
Références biographiques
AME 1913 p. 255. 257. 258. 260. 302. 304. 1926-27 p. 120. 1938 p. 11.
CR 1874 p. 39. 1881 p. 82. 1890 p. 145. 1896 p. 238. 277. 1903 p. 212. 1918 p. 88. 1923 p. 126. 1924 p. 97. 1926 p. 209. 1927 p. 117. 1931 p. 311.
BME 1924 p. 536. 538. 1925 p. 372. 570. 1926 p. 255. 265. 450.
EC1 N° 104.