Jean-Baptiste RIFFARD1851 - 1887
- Status : Prêtre
- Identifier : 1251
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1875 - 1887
Biography
[1251]. RIFFARD, Jean-Baptiste, né le 15 janvier 1851 à Montusclat (Haute-Loire), entra minoré au Séminaire des M.-E. le 28 septembre 1873, fut ordonné prêtre le 22 mai 1875, et envoyé en Mandchourie le 30 juin suivant. A son arrivée, il fut placé dans le district de Nieou-tchouang, où il apprit la langue ; quatre ans plus tard, il passa à Siao-che-toou, dans le Hei-long-kiang. Des brigands ayant menacé ce village, il en prépara si bien la défense que les assaillants se retirèrent. Il assista au synode de Cha-ling en 1882. En administrant des malades, il fut atteint, en 1887, de la peste qui ravageait la province ; dès qu'il se vit en danger, il se rendit près d'un missionnaire à Paien-sou-sou ; c'est là qu'il mourut le 24 mai de la même année.
Obituary
M. RIFFARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE MANDCHOURIE
Né le 1er janvier 1851.
Parti le 30 juin 1875.
Mort le 24 mai 1887.
« La tombe, où repose M. Chevalier, n’était pas encore ouverte à la Montagne-Noire, écrit M. Hinard, qu’une autre se fermait au Hei¬-loung-kiang, sur la dépouille mortelle de notre si sympathique M. Riffard, emporté lui aussi par la fièvre typhoïde. Ce cher confrère a rendu son âme à Dieu à Pa-ien-sou-sou, le 24 mai, fête de Notre-Dame Auxiliatrice ; nous n’avons reçu la nouvelle de sa mort que le 23 juin, à Ing-tse. Le courrier, malgré sa diligence, n’a pu nous arriver plus tôt, à cause de la distance et du mauvais état des routes.
« M. Jean-Baptiste Riffard naquit à Montusclat, diocèse du Puy, le 1er jour du mois de janvier 1851. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères, le 28 septembre 1873, il partit le 30 juin 1875 pour la Mandchourie, où il arriva le 6 septembre suivant. Mgr Verrolles lui confia immédiatement le district de Nieou-tchouang. Le jeune mis¬sionnaire se mit avec ardeur à l’étude du chinois, qu’il parla bientôt très correctement.
« Après un séjour de quatre ans au sud de la mission, il fut envoyé au nord, dans la province du Hei-loung-kiang. Là, le zèle dont il avait donné tant de preuves à Nieou-tchouang, sembla trouver un nouvel aliment au milieu des néophytes de Siao-che-toou ; on peut dire que M. Riffard n’épargna rien pour les instruire, les affermir dans les vérités de la foi et les défendre dans le danger ; c’était un Père qui rendait à ses enfants amour pour amour. Le Hei-loung-¬kiang est le pays des brigands par excellence ; un jour, ils mena¬cèrent de piller son village. M. Riffard fit la garde jour et nuit, l’arme au bras, et imposa tellement à ces bandits, qu’ils durent renoncer à leur dessein et s’éloigner, après avoir brûlé les maisons païennes des environs : la chrétienté était sauvée.
« M. Riffard était d’une admirable simplicité ; il se mettait à l’aise avec tout le monde, et personne ne se gênait avec lui. C’était un ami dévoué pour tous ses confrères. Gai par caractère, il avait toujours le mot pour rire, et jamais en sa compagnie la conversation ne languissait. On peut dire de lui qu’il était aimé de tous ceux qui l’ont connu. »
M. Raguit écrivait le 25 mai à Mgr Dubail :
« Le bon Dieu doit avoir des vues de miséricorde sur notre chère mission, puisqu’il l’éprouve si durement. Au commencement de mars, je vous faisais part de la mort de Mgr Boyer, aujourd’hui c’est encore une nouvelle de mort que je communique à Votre Grandeur. Celui que nous appelions le bon P. Baptiste, le pieux et zélé M. Riffard est décédé hier, ici, à trois heures de l’après-midi. Ce cher ami se sentant mortellement atteint par une sorte de peste endémique, qui fait de terribles ravages dans la province, est arrivé à Pa-ien¬-sou-sou le matin de l’Ascension. Depuis plus de deux mois, nos populations sont décimées par ce fléau. J’ai pu jusqu’à présent sauver sept des enfants de mes écoles, en leur administrant dès le début, soit un purgatif soit un vomitif ; mais si on laisse au virus le temps de s’infiltrer dans le sang, il n’y a plus de remède.
« Notre cher défunt a puisé les germes du mal dont il est mort, auprès des nombreux malades qu’il a administrés. Depuis quelques jours, il était souffrant, mais avec sa ténacité habituelle, il réagissait contre le mal qui épuisait ses forces, et se dépensait auprès des enfants de son école et auprès de ses chrétiens. J’avais d’abord appris qu’il ressentait de violentes coliques, et je lui envoyai des médecines ; peu de temps après, il me fit dire qu’il était guéri. Hélas ! notre cher confrère se faisait illusion. Je me proposais d’aller le visiter, quand on vint me chercher pour une malade. Cette course me prit six jours : j’avais dû me rendre au-delà de Hou-Ian, à 25 lieues d’ici. Dieu soit béni ! malgré la pluie et les routes affreuses, je suis arrivé à temps pour administrer les derniers sacrements à cette moribonde.
« Le cher P. Riffard est mort en brave et saint missionnaire. Après s’être confessé avec les plus vifs sentiments de foi et de contrition, il a reçu le saint Viatique et l’Extrême-Onction. Son agonie a été très douce ; lui-même m’indiquait les pieuses confréries dont il faisait partie, pour que je lui appliquasse les indulgences plénières in arti¬culo mortis. Jusqu’au bout, il a eu sa pleine connaissance. Avant de rendre le dernier soupir, il a béni les chrétiens en pleurs, agenouillés auprès de son lit ; il les a prêchés, les exhortant à pratiquer les belles vertus de foi, de charité, et d’obéissance au missionnaire ; surtout il leur a recommandé de ne pas abuser des grâces. Cette voix d’un mourant qui épuisait son dernier souffle pour faire connaître et aimer le Dieu, au tribunal duquel il allait bientôt paraître, remuait profondément les cœurs : toute l’assistance éclata en sanglots. Ce cher ami, pendant ce temps, pressait avec force mes mains dans ses mains glacées. Durant son agonie, j’ai récité, à deux reprises, les prières des agonisants, qu’il a suivies avec ferveur. Il s’associait de tout cœur aux pieuses invocations que je lui suggérais, implorant tour à tour le Sacré-Cœur, la sainte Vierge, son Patron, son Ange gardien et les Martyrs de notre Société. C’est avec le plus filial abandon qu’il se soumettait à la volonté du bon Dieu ; il répétait après moi : « Pater non rnea voluntas, sed tua fiat. Mon « Jésus, je veux tout ce que vous voulez. — Mon Jésus, j’unis mes souffrances aux vôtres. » Et il ne cessait de baiser amoureusement son cru¬cifix.
« Pour votre consolation, laissez-moi vous dire, Monseigneur, que le P. Riffard est mort en prédestiné. Il y a quinze ans que je suis mission¬naire en Mandchourie ; j’ai vu mourir des évêques, des prêtres et des chrétiens : aucune des personnes que j’ai assistées n’a rendu son âme à Dieu, en d’aussi beaux sentiments que notre regretté défunt. Cette mort si édifiante a ranimé l’esprit de foi chez tous ceux qui en ont été témoins. M. Riffard était un prêtre pieux, zélé, très exact à remplir, chaque jour, ses devoirs de missionnaire et à faire ses exercices de piété. Si l’on excepte une année, le bon Dieu m’a fait la grâce de l’avoir constamment pour voisin, depuis son arrivée en Mandchourie ; je l’ai donc connu très intimement. Il a été pour moi un ami plein de charité, un confrère exemplaire, et je ne cessais dans mon for inté¬rieur d’admirer les progrès de la grâce dans cette âme chaste, humble et aimante. Dieu sait tout ce qu’il a souffert pour implanter et main¬tenir la foi dans la chrétienté naissante de Siao-che-toou. Devant Votre Grandeur, je devais ce témoignage à la mémoire du digne et saint missionnaire que nous venons de perdre. Je souhaite à tous mes chers confrères de Mandchourie, de vivre et de mourir aussi sainte¬ment que M. Riffard.
« Pendant sa maladie, j’ai fait mon possible pour le guérir. J’ai mis à contribution ma petite expérience médicale ; j’ai appelé auprès de lui cinq médecins, tant chrétiens que païens. Voyant les remèdes humains impuissants, je me suis tourné vers Notre-Seigneur par l’entremise de la très sainte Vierge, et de concert avec les chrétiens de Pa-ien-sou-sou, j’ai commencé une neuvaine. Le bon Dieu est resté sourd à nos prières, et la Reine des apôtres est venue chercher l’âme de son pieux serviteur, au jour où Elle est honorée sous le titre de Notre-Dame Auxiliatrice. »
~~~~~~~~
References
[1251] RIFFARD Jean-Baptiste (1851-1887)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1878, p. 4 ; 1883, p. 69 ; 1885, p. 15 ; 1887, p. 6 ; 1899, p. 83.
Notice nécrologique. - C.-R., 1887, p. 257.