Auguste MUNIER1854 - 1883
- Status : Prêtre
- Identifier : 1410
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1879 - 1883 (Vinh)
Biography
[1410]. MUNIER, Marie-Auguste-Nicolas-Alexandre, vint au monde le 22 octobre 1854 dans la paroisse de Certilleux, commune de Tilleux (Vosges). Il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 10 novembre 1876, reçut la prêtrise le 8 mars 1879, et fut envoyé le 16 avril suivant au Tonkin méridional. Il fit ses premiers travaux à Thuan-ngai, et, en 1880, Mgr Croc le chargea de diriger ce district. Conciliant et persévérant, il réussit à faire rendre justice aux chrétiens de Van-phan, dont les païens avaient lésé les droits.
En janvier 1882, il fut envoyé en second dans le Bo-chinh. Il mourut dans la paroisse de Huong-phuong le 4 août 1883.
Obituary
M. MUNIER
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONG-KING MÉRIDIONAL.
Le P. Alexandre Munier s’est éteint après quatre ans de mission seulement, à l’âge de vingt-huit ans, le 4 août dernier.
Né à Tilleux, dans les Vosges, le 22 octobre 1854, il était entré tonsuré au séminaire des Missions-Étrangères le 10 novembre 1876, et avait été ordonné prêtre le 8 mars 1879. Le 20 avril suivant, il quittait le séminaire pour se rendre au Tong-King méridional, et y arrivait le 10 juillet de la même année.
Dès son entrée en mission, le P. Munier, d’une constitution très robuste, fut éprouvé par la fièvre. Mgr Croc l’envoya en conséquence à Thuân-Ngaï, poste très sain, pour y apprendre la langue et se former aux mœurs et coutumes du pays, sous la direction du P. Blanck.
Il fit des progrès rapides, et exerçait déjà le saint ministère quand il fut atteint de la petite vérole, en administrant les derniers sacrements à l’un de ses servants qui en était atteint. Dieu seul sait ce qu’il eut à souffrir pendant cette épreuve, durant laquelle son corps devint la vivante image de Job couvert d’ulcères ! Ce que l’on put constater alors ce fut sa patience inaltérable. « Mon sacrifice était fait, disait-il ensuite, et je serais mort sans regret et avec bonheur. »
En 1880, le P. Blanck fut nommé supérieur de la Mission à fonder chez les sauvages, et le P. Munier resta chargé de l’administration d’un district populeux et fervent, comprenant plusieurs paroisses desservies par des prêtres indigènes.
En janvier 1881, après avoir assisté à la retraite annuelle présidée par Mgr Croc, comme il regagnait son district et passait près de la pagode du gros village païen de Xà-Si, il fut insulté par un païen. Le P. Munier ne répondit à cette agression que par des paroles d’apaisement et de douceur. Loin d’en être touché, le païen crie plus fort et un de ses amis se met à frapper le tambour de la pagode pour appeler au secours. A ce signal, plusieurs centaines d’idolâtres réunis en ce moment pour un festin de noces, accourent armés de bâtons et vociférant de toutes leurs forces. En un clin d’œil, les habits du Missionnaire sont mis en pièces, son turban arraché, et lui-même est attaché à une colonne de la pagode. Le bon Dieu ne permit pas cependant qu’il lui arrivât malheur : et, après un quart d’heure, les notables le délièrent et le laissèrent aller.
Une réparation fut jugée nécessaire pour prévenir dans la suite le retour de pareils faits : elle fut donnée aussi pleine et entière que possible.
Le P. Munier, plein de zèle pour le bien spirituel de ses ouailles, ne négligeait pas, quand l’occasion se présentait, leurs intérêts matériels. La chrétienté de Van-Phân avait été incendiée et décimée en 1874. Dans la suite, les persécuteurs avaient été forcés par les mandarins de céder, en réparation, à ce malheureux village l’exploitation d’un certain nombre de salines. Mais lorsque le moment de recueillir le sel fut venu, les païens y firent opposition. Le P. Munier, toujours prêt à régler les différends à l’amiable, se rend aussitôt sur les lieux. Impossible de faire entendre raison aux païens ; au contraire, il est lui-même insulté et maltraité par eux. Sans se laisser décourager, il a alors recours aux mandarins et est assez heureux pour faire rendre justice aux chrétiens.
Vers la fin de janvier 1882, il fut envoyé en second dans le grand district de Binh-Chinh. Dans l’intention de Mgr Croc, il devait, pendant quelques mois, se mettre d’abord au courant des affaires, pour ensuite être placé à la tête de cet important district qui compte plus de 20,000 chrétiens, répartis en douze paroisses dirigées par des prêtres indigènes. Trois mois seulement après son arrivée, le baptême de 37 adultes, dans le village païen de Phu-Mi, était le fruit de ses premiers efforts.
Depuis, lors, il ne cessa d’exercer son ministère avec la même ardeur jusqu’à la fête de Pâques 1883. A cette époque, il commença à se plaindre d’une diminution de forces ; toutefois il put continuer ses travaux presque comme auparavant.
Mais le 9 juin, il éprouva les premiers symptômes de la fièvre typhoïde, et eut bien de la peine le lendemain, qui était un dimanche, à célébrer la sainte Messe. Hélas ! c’était la dernière fois qu’il avait ce bonheur ! Dès le début, la maladie fut bien traitée, mais elle se montra rebelle à toutes les ressources de la médecine, et on désespéra vite de pouvoir le sauver.
Le 17 juin, après l’avoir prévenu de l’imminence du danger, le P. Frichot provicaire, assisté du P. Tortuyaux, lui administra les derniers sacrements. Le lendemain, deux messes votives à la sainte Vierge furent dites à son intention. On lui proposa de boire de l’eau de Lourdes. Il en prit ; « mais, reprit-il, je ne suis pas digne d’un miracle. »
Un dernier effort fut tenté, et on appela deux nouveaux médecins, dont l’un était fort renommé. Dieu aidant, ils firent tant et si bien qu’ils conjurèrent le danger, au moins en apparence ; et, au bout d’une dizaine de jours, le malade se trouva mieux, au point qu’il se crut assez fort pour assister à la messe, le jour de la fête de Saint-Pierre et Saint-Paul. Mais ce n’était qu’un répit. Les forces ne lui revenaient pas, et son estomac refusait presque toute nourriture.
Le 7 juillet, survint une rechute, et la crise fut terrible. Depuis lors, jusqu’au dernier moment, sa faiblesse fut si grande qu’il paraissait sans cesse sur le point d’expirer. Sur la fin, il eut en outre à supporter de forts accès de fièvre tous les deux jours.
La dernière crise arriva le 4 août. Tout à coup il se sentit suffoqué, et n’eut que le temps de dire à son servant : « Prie pour moi, je meurs. » Aux cris de ses catéchistes, le P. Frichot et le P. Tortuyaux accourent, lui donnent une dernière absolution, et le cher malade rend son âme à Dieu ; il était quatre heures du soir.
Après la réception des sacrements, pendant la première période de sa maladie, il avait grandement touché ses confrères, en leur disant, qu’en mourant, il avait un souvenir et une prière pour ses chers parents, le Séminaire de Paris, son évêque et tous les confrères de la Mission. C’est alors aussi qu’appelant tous les catéchistes et les servants de la maison, il leur demanda pardon, les assurant que si jamais il les avait contristés en les réprimandant, il l’avait toujours fait n’ayant en vue que leur bien.
Les funérailles du P. Munier eurent lieu le 6 août, à Huong-Phuong. La grande église avait peine à contenir la foule des chrétiens, accourus de toute part pour cette cérémonie. Tous les prêtres du district, à l’exception de trois retenus par la distance, avaient tenu à honneur de venir aussi rendre les derniers devoirs au défunt.
References
[1410] MUNIER Auguste/Alexandre ? (1854-1883)
Notes bio-bibliographiques. - Sem. rel. Saint-Dié, 1883, p. 739 ; 1884, Notice, pp. 71, 87.
Notice nécrologique. - C.-R., 1883, p. 136.