Jean-Marie RÉNIER1853 - 1922
- Status : Prêtre
- Identifier : 1502
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1881 - 1922 (Saigon)
Biography
[1502] Jean, Marie, René RENIER naquit le 29 Octobre 1853 à LA POTHERIE, paroisse de CHALLAIN-LA-POTHERIE, diocèse d'Angers, département du Maine-et-Loire. Il fit ses études au Collège de Combrée, et au Grand Séminaire d'ANGERS où il fut ordonné prêtre le 23 Décembre 1876. Il exerça le ministère dans son diocèse pendant quelques années.
Le 31 Décembre 1880, il entra prêtre au Séminaire des Missions Etrangères, où il passa une année, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique de la Cochinchine Occidentale (SAIGON), qu'il partit rejoindre le 26 Octobre 1881.
Pour l'étude de la langue viêtnamienne, il fut de suite envoyé comme auxiliaire à M.DELPECH, chargé de la grande chrétienté de MAC-BAC ; de là , il fit un court stage à l'Ecole TABERD, encore tenue par les missionnaires. En 1883, sur sa demande, il devint socius de M.POINAT, chargé de la chrétienté de DA-TRANG. Ce poste très isolé, limitrophe des régions montagnardes, avait été fondé par les anciens missionnaires pour échapper plus facilement aux investigations des mandarins, pendant les persécutions. De 1885 à 1887, M. RENIER resta seul titulaire de ce poste, M.POINAT miné par la fièvre des bois, ayant été obligé de rentrer en France pour rétablir sa santé. En 1887, M.RENIER, atteint par la fièvre des bois, accepta le poste de BI+N-HOA, mais au bout de deux ans, il dût rentrer au pays natal.
A son retour, en 1891, il fut nommé à CHO-DUI, un faubourg de SAIGON, avec un solide noyau de chrétiens et une nombreuse population flottante. M.RENIER développa les écoles, s'occupa avec zèle et prudence des chrétiens tièdes, et de ceux qui vivaient en dehors des lois du mariage chrétien.En 1899, Mgr. MOSSARD l'envoya à MY-THO remplacer M. MOULINS, qui était resté 25 ans dans ce poste et que l'Evêque appelait à la Cathédrale de SAIGON.
MY-THO, de par sa situation, était devenu comme une sorte de Procure où s'arrêtaient les confrères des basses provinces,du Cambodge et du Laos. La ville s'était développée et quand M.RENIER y arriva, cette chrétienté était divisée en deux sections, qui autrefois avaient formé deux paroisses distinctes, puis avaient été réunies ensemble. Il y avait le HAUT-MY-THO ou VINH-TUONG avec presbytère pour le vicaire, une église, et un hôpital indigène tenu par les Soeurs de St.Paul. Il y avait aussi le BAS-MY-THO, où résidait le missionnaire, chef du district. Là se trouvaient une grande église, une grande Sainte Enfance avec crèche tenue aussi par les Soeurs de St.Paul. Avant l'arrivée des Français, les chrétiens s'étaient établis près de l'église ; par la suite, le nombre de Français augmentant, ils avaient émigré vers le HAUT-MY-THO.
A l'arrivée de M.RENIER, la grande église du BAS-MY-THO et son clocher, orgueil du quartier, avaient besoin d'urgentes et grosses réparations. Après entente entre l'Administration et Monseigneur, on résolut de démolir cette église. car il sembla inopportun d'engager des gros frais, là où ne se trouvaient plus les chrétiens.Le missionnaire abandonna son logement au dessus de la grande sacristie, adossée à la grande église, se transporta dans le HAUT MY-THO, habita la modeste case de son vicaire. Plus tard, celle-ci fut cédée aux Frères des Ecoles Chrétiennes .Alors, succesivement, M.RENIER logea dans deux pauvres paillotes, jusqu'à l'inauguration de son nouveau presbytère où il passa les seize dernières années de sa vie. Le grand typhon de 1904 endommagea très gravement la Sainte Enfance qui ne fut pas rebâtie, et la Crèche fut transférée à VINH-TUONG.
Ce grand et beau vieillard, à la barbe blanche, à l'aspect vénérable, rond d'allures et d'une franche gaieté,mettant à l'aise tout le monde" fut un pasteur intelligent, dévoué, inlassable. Il dota la paroisse d'une belle église, d'une école tenue par les Frères, d'un pensionnat dirigé par les Soeurs de St;Paul. Il vit la léproserie de CULAORONG et l'hôpital de l'Administration confiés aux Soeurs, la reconstruction de la chapelle Sainte Anne, la création de l''église de NGU-HI+P. Il était le curé écouté, et la grande autorité morale de la ville et de la province
Le jour de Pâques 1922, M.RENIER, malgré la fatigue, célébra la messe. Se sentant à bout de forces, il partit le mercredi 19 Avril 1922, pour la clinique du Dr.ANGIER à SAIGON . Celui-ci se rendit compte que l'état du malade était désespéré. M.DELIGNON, provicaire, vint lui administrer les derniers sacrements. Dans la matinée du 24 Avril 1922, M.RENIER rendait paisiblement son âme à Dieu. Les funérailles furent célébrées le lendemain 25 avril ; un imposant cortège accompagna sa dépouille mortelle au cimetière du Tombeau d'ADRAN.
Obituary
M. RENIER
MISSIONNAIRE DE COCHINCHINE OCCIDENTALE
M. RENIER (Jean, Marie, René), né à Challain-la-Potherie (Angers, Maine-et-Loire), le 29 octobre 1853. Prêtre, le 23 décembre 1876. Entré au Séminaire des Missions-Étrangères, le 31 décembre 1880. Parti pour la Cochinchine Occidentale, le 28 octobre 1881. Mort à Saïgon, le 24 avril 1922.
Le climat de Cochinchine a la réputation d’être malsain, au moins pour les Français ; cependant, avant la guerre, nous avions parmi nous un bon nombre de vétérans de l’apostolat, et nous pouvions, en empruntant les paroles de la Sainte Ecriture, dire avec quelque raison : « Et senes et antiqui sunt in nobis. » Hélas ! nos anciens ont bien vite, disparu, ces dernières années ; c’est ainsi que M. Renier, un de nos rares vieux encore survivants, vient de nous quitter pour une vie meilleure, le 24 avril de cette année 1922, dans sa 69e année d’âge et sa 42e de mission.
M. Jean Renier appartenait par son origine au diocèse d’Angers, où il naquit, à Challain-la-Potherie, en 1853. Il fit ses études au collège de Combrée. Après son ordination, il exerça le ministère dans son diocèse pendant quelques années, puis il demanda son admission au Séminaire des Missions-Étrangères, où, étant déjà prêtre, il ne resta qu’une année. En 1881, il partait à destination de la Cochinchine Occidentale, où il arriva le 29 octobre de la même année. Pour lui faciliter l’étude de la langue annamite et le mettre au courant des us et coutume de ces pays, il fut de suite envoyé comme auxiliaire à M. Delpech, alors chargé de la grande chrétienté de Mac-bac. De là, il fit un court stage à l’Ecole Taberd, encore tenue par les missionnaires. En 1883, il fut, sur sa demande, envoyé comme socius à M Poinat, chargé de la chrétienté de Da-Trang : ce poste était situé alors aux extrêmes confins de la colonie, et limitrophe des tribus sauvages qui vivaient en toute liberté dans leurs immenses forêts. Cette chrétienté avait dû être fondée jadis par nos anciens missionnaires, pour échapper plus facilement aux investigations des mandarins, pendant les persécutions. Pour se procurer les choses les plus indispensables, il fallait faire de longs et périlleux voyages, en chars à bœufs, à travers de grandes forêts où les tigres avaient leurs repaires. M. Renier, encore plein d’ardeur et de santé, ne redoutait pas ces aventures, et plus tard, il en agrémentait volontiers ses conversations M. Poinat, miné par la fièvre des bois, dut bientôt quitter le poste et aller en France chercher à rétablir sa santé : Dès lors M. Renier resta seul titulaire de 1885 à 1887. A ce moment, atteint lui-même par la terrible fièvre des bois, il accepta le poste de Bienhoa, mieux situé, moins privé de rapports fréquents avec les confrères, et où les soins, que réclamaient ses forces épuisées, devenaient plus aisés. Mais rien n’y fit ; au bout de deux ans, il dut, lui aussi, recourir au climat du pays natal.
A son retour, en 1891, il fut placé à Chodui, qui était comme un des faubourgs de Saïgon. Cette chrétienté, avec un solide noyau de vieux et bons chrétiens, comprenait une nombreuse population flottante, plus ou moins en rupture de bans avec les lois de Dieu, surtout avec les saintes lois du mariage. Jusqu’en 1899, M. Renier exerça dans ce milieu son zèle et sa prudence : il sut faire face à tout ; les écoles furent développées, et il fit fleurir la piété parmi les bons ; puis, soit par lui-même, soit par les catéchistes qu’il demanda, il s’occupa non sans succès, de tous ces déserteurs des pratiques religieuses, des retardataires, et surtout de ces pauvres malheureux unis en dehors des lois du mariage chrétien. Quel fut le résultat final de ses efforts ? Une simple phrase de son successeur nous le dit très bien : « Faire aussi bien que mon prédécesseur est bien difficile ; faire mieux, c’est impossible. »
En 1899, M. Renier dut quitter Chodui où il s’était fort attaché, et où il avait l’affection de tous les chrétiens : Mgr Mossard l’envoyait à Mytho remplacer M. Moulins, qui était appelé à la cathédrale de Saïgon. Pareille succession n’était pas sans quelques difficultés, M. Moulins était à Mytho depuis 25 ans ; durant ce long séjour, de nombreuses constructions avaient surgi, répondant au merveilleux développement des œuvres ; en outre, par sa situation, Mytho était devenu comme une procure où, dans leurs allées et venues, s’arrêtaient les Confrères des Basses Provinces, du Cambodge et du Laos ; les regrets unanimes qui accompagnaient le nouveau curé de la cathédrale de Saïgon pouvaient rendre sa succession à Mytho difficile et quelque peu redoutée. M. Renier ne fut en rien au-dessous de la tâche, imposée d’ailleurs par l’obéissance. Pour des causes indépendantes de sa volonté, il n’eut guère de demeure permanente : il logea d’abord au-dessus de la grande sacristie, adossée à la grande église ; quand il dut se transporter dans le Haut-Mytho, il habita la très modeste case de son vicaire ; puis, quand cette petite maison eût été cédée aux Frères, il logea successivement dans deux pauvres paillotes, jusqu’au jour tardif où il put inaugurer son nouveau presbytère. Mais toujours il eût place à sa table pour ses hôtes nombreux. On était vraiment heureux de lui demander l’hospitalité, tellement il l’accordait de grand cœur et de bonne grâce, et les charmes d’une conversation variée, joyeuse et instructive augmentaient le plaisir de s’asseoir à sa table. Cependant les devoirs de l’hospitalité ne nuisirent jamais aux exigences de son ministère, et c’est ce qui en lui frappait et édifiait en même temps : quand venait le moment de la prière ou d’aller au confessionnal, de faire le catéchisme ou d’instruire les catéchumènes, il passait des revues ou des livres à ses hôtes et leur disait comme Abraham à ses serviteurs, avant de monter sur la montagne, pour faire son sacrifice d’obéissance : Expectate hic…postquam adoraveriums revertemur ad vos.
Nous venons de faire allusion aux nombreux changements de domicile de notre confrère ; il faut à cela quelques explications : Quand il vint à Mytho, cette chrétienté était comme divisée en deux sections, qui autrefois avaient formé deux paroisses distinctes, puis avaient été réunies ensemble. Il y avait donc le Haut-Mytho, ou Vinhtuong, avec presbytère pour le vicaire, une gentille église et un hôpital indigène tenu par les Sœurs de Saint-Paul. Il y avait aussi le Bas-Mytho, où résidait le missionnaire, chef du district ; là se trouvait une grande et belle église, avec de nombreuses chambres au-dessus de la sacristie pour servir de presbytère ; puis, une grande Sainte Enfance avec crêche tenues également par les Sœurs de Saint-Paul. Les chrétiens, avant l’arrivée des Français, s’étaient établis en grand nombre près de l’église ; mais, dans la suite, gênés par le voisinage des Français, dont le nombre augmentait chaque jour, ils avaient presque complètement émigré vers le Haut-Mytho. M. Moulins, prédécesseur de M. Renier, avait beaucoup bâti, mais hélas ! ici en Cochinchine, les bâtiments comme les hommes n’y durent pas longtemps, et tout se trouvait à refaire à l’arrivée de M. Renier. Ainsi, la grande église avec son beau clocher, qui avait fait longtemps l’orgueil de tout le quartier, avait besoin d’urgentes réparations. Après entente entre l’Administration et Monseigneur, on résolut de démolir, car réparer à grands frais une église, là où ne se trouvaient plus de chrétiens, parut inopportun Mais quel crève-cœur, et quelle source d’embarras pour le missionnaire encore nouvellement arrivé ! Il dut donc installer le service divin dans son nouveau presbytère. Après de grand typhon de 1904 qui fit ici tant de dégâts, la Sainte-Enfance, démolie par l’ouragan, ne fut pas rebâtie, et la Crèche fut transférée à Vinhtuong ; la présence du missionnaire dans le Bas-Mytho n’avait donc plus aucune raison d’être ; il alla s’installer dans le Haut-Mytho, au milieu de ses chrétiens, et c’est là qu’il passa les seize dernières années de sa vie. Pour juger de l’œuvre qu’il y a accomplie, il suffira de transcrire la page écrite par un ami et publiée dans un journal de Cochinchine : « Mytho vient de faire une grande perte dans la personne de son vénérable curé, le Père Renier, qui, depuis 1899, était à la tête de cette belle et importante paroisse et que l’anémie, suite d’un paludisme ancien, vient de ravir à l’affection de ses chrétiens inconsolables. Pendant plus de vingt ans, ce brave missionnaire a été pour Mytho un pasteur intelligent, dévoué, inlassable.
« Intelligent : par son savoir-faire, il fut doter la paroisse d’œuvres multiples, variées et nécessaires ; belle église, presbytère, école des Frères et Pensionnat des Sœurs de Saint-Paul, etc… Sous son administration, il vit la léproserie et l’hôpital de l’Administration confiés aux Sœurs, la reconstruction de la chapelle Sainte-Anne, la création de l’église de Ngu-hiep…
« Dévoué : prodiguant ses visites et ses encouragements à tous passant, comme son Divin Modèle, en faisant le bien, bien servi par une générosité naturelle et le secret de s’attirer de très utiles sympathies.
« Inlassable : car jusqu’aux dernières années, malgré la fatigue continuelle qui s’appesantissait sur ses vieux jours, il faisait son tour d’inspection, visitant écoles, hôpitaux et chantier, – il construisait toujours quelque chose. Aussi, possédait-il toute la sympathie du poste, et était-il le curé écouté de la paroisse, comme aussi du reste, la plus grande autorité morale de la ville et de la province ; tous, Français comme Annamites, avaient souvent recours à ses conseils. Tous les paroissiens sont inconsolables de la disparition de cette grande figure de la région.
« Inconsolables, les braves Sœurs de la léproserie de Culaorong, qui tous les jours font la navette entre l’île et l’église pour aller chercher le bonheur qu’elles ne trouvent que là, afin d’aller vaquer à leurs occupations héroïques de toute la journée… Inconsolables, ces incurables, qui tous les jours, attendaient avec impatience la visite de leur pasteur.. les Frères qui lui doivent une belle école qu’il allait encore agrandir… et ces braves chrétiens de Mytho qui lui doivent tant, et surtout une des plus belles églises de la Mission.
« Nous ne verrons plus sur terre ce grand et beau vieillard, à la barbe blanche, à l’aspect vénérable, rond d’allures et d’une franche gaîté, mettant à l’aise tout le monde et dont le tact laissait tous les visiteurs, contents, car à chacun, Français ou Annamites, chrétiens ou païens, il avait dit une bonne parole, et on sortait de chez lui, satisfait, flatté et gagné par ses bons procédés… »
Voilà bien résumé en quelques lignes aussi émues que vraies, ce que fut à Mytho notre cher Père Renier. Le jour de Pâques, il-fit encore un effort suprême pour célébrer la sainte messe ; le mardi il alla au confessionnal pour confesser des Sœurs, mais la fatigue était telle qu’il fut obligé de s’interrompre. Se sentant complètement à bout de forces, il partit le mercredi 19 avril pour la clinique du Docteur Augier, à Saïgon ; celui-ci se rendit de suite compte que l’état du cher malade était désespéré. M. Delignon, provicaire, fut averti et vint pour lui administrer les derniers Sacrements. Le malade, encore en pleine connaissance, eut donc le temps de faire bien tranquillement le sacrifice de sa vie. Dans la matinée du 24 avril, presque sans agonie, il rendait paisiblement son âme à Dieu. Le 25 eût lieu l’enterrement auquel assistèrent tous les prêtres des environs de Saïgon, les Frères et les Sœurs de Saint-Paul, beaucoup de ses anciens chrétiens de Chodui, et surtout, en très grand nombre, les chrétiens de Mytho. Aussi, quel long défilé de voitures à suivre le corps du cher défunt jusqu’au tombeau d’Adran, où reposent tous nos missionnaires morts à Saïgon !
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References
[1502] RENIER Jean (1853-1922)
Références biographiques
CR 1881 p. 103. 1895 p. 221. 1896 p. 216. 1899 p. 206. 219. 1915 p. 108. 1922 p. 111. 236. 1929 p. 151. BME 1922 p. 318. EC1 N° 13.