Paul GENNEVOISE1859 - 1904
- Status : Prêtre
- Identifier : 1586
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Thailand
- Mission area :
- 1884 - 1887
- 1891 - 1904
Missionaries from the same family
Biography
[1586] Paul, Théodore, François, Joseph GENNEVOISE, neveu du P. Félix Gennevoise, naît le 16 septembre 1859 dans la paroisse Saint-Vincent-de-Paul à Lille dans le département du Nord. Il fait ses études dans cette ville au collège Saint-Joseph. Entré laïc au Séminaire des Missions Étrangères le 9 septembre 1879, il est ordonné prêtre le 8 mars 1884 et part le 8 avril suivant pour la mission du Siam.
Dix ans d’apostolat
Après un séjour de trois ans à Banpeng, il tombe malade et revient en France. Retourné dans la mission en 1891, il est chargé de la station de Pakkhlong. En 1893, il réside à l’implantation d’une partie de ses Chrétiens dans un terrain plus vaste, situé à deux ou trois kilomètres en aval du premier. Il y construit un presbytère, un orphelinat et commence une église, qui sera achevée en 1910 par son successeur et sera dédiée à Notre-Dame de Lourdes. Il meurt à l'hôpital de Bangkok le 9 août 1904 et est enterré dans l'église du Rosaire.
Obituary
M. GENNEVOISE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SIAM
Né le 16 septembre 1859
Parti le 8 avril 1884
Mort le 23 août 1904
Paul-Théodore Gennevoise naquit à Lille (Cambrai, Nord) le 16 sep¬tembre 1859. Il était fils de Henri Gennevoise et d’Élisa Lefebvre.
La grâce la plus précieuse que Dieu puisse faire à une âme n’est-elle pas de lui donner des parents pieux ? Ce bienfait inestimable, Dieu l’accorda au futur missionnaire. Ses parents possédaient une fabrique de céruse. Son père était un de ces patrons, chrétiens dans toute la force du mot, qui ne transigent jamais avec le devoir ; sa mère était la femme forte dont il est parlé dans les saints Livres. Ils façonnèrent eux-mêmes le cœur de leur enfant et empêchèrent qu’aucun mauvais exemple ne vînt, du dehors, contrarier en lui l’action de la grâce.
Paul-Théodore grandit ainsi au foyer de la famille sous les yeux de ses bien-aimés parents dont les vertus l’édifiaient singulièrement, lui et ses cinq frères et sœurs.
Un vénérable prêtre disait à l’abbé Gennevoise, le jour de ses prémices sacerdotales : « C’est Dieu, vous le savez, et vous l’en avez mille fois remercié, qui a décrété votre « naissance au sein d’une famille bénie comme le sont les familles nombreuses, lorsqu’elles « restent chrétiennes ; d’une famille où les traditions, léguées de part et d’autre par les « ancêtres, unissent l’énergie de la foi et de la religion pratique à la délicatesse reconnue de « l’intégrité et de l’honneur. »
Paul Gennevoise fit ses études à Lille, au collège Saint-Joseph, dirigé alors par les Pères de la Compagnie de Jésus, et ces maîtres distingués complétèrent l’instruction que l’enfant avait reçue dans la famille.
En 1879, au sortir du collège, Paul Gennevoise demanda à entrer au séminaire des Missions-Étrangères. Ses père et mère, qui avaient développé en lui l’esprit de foi, ne pouvaient songer un seul instant à s’opposer à un si généreux dessein. Profondément dévoués à toutes les œuvres, ils n’hésitèrent point à faire le sacrifice de leur enfant.
M. Gennevoise entra donc au séminaire des Missions-Étrangères le 9 septembre 1879. Il fut ordonné prêtre le 8 mars 1884. Quelques jours plus tard, le 17 mars, il célébrait la sainte messe à Lille, dans l’église Saint-Michel, sa paroisse, en présence de nombreux parents et amis. Si ce fut une joie pour les parents du jeune apôtre de voir leur fils gravir les degrés de l’autel, leur cœur dut saigner aussi, à la pensée que le moment de la séparation était proche.
Le 25 mars, M. Gennevoise était invité à chanter la messe dans la chapelle du collège Saint-Joseph, où il avait fait ses études. Mgr Bau¬nard, aujourd’hui recteur de l’Université catholique de Lille, y prononça une touchante allocution. « Allez, disait-il au missionnaire, « allez sous cet autre ciel, au bord de ces grands fleuves qu’ombragent les bambous, que « bordent les palmiers, où boivent les éléphants, au sein de cette nature grandiose, où tout « chante la gloire d’un Dieu qui n’y est pas connu. Allez, au pied de ces montagnes qui « cachent les rubis et les saphirs dans leurs flancs, présenter à ces multitudes aveugles cette « perle de l’Évangile qu’il faut acquérir à tout prix pour acheter le royaume des cieux. Allez « montrer à ces pèlerins de Siam et de Bangkok, qui cherchent sur les collines les traces « sacrées de Bouddha, les traces divines de Celui qui seul est le saint « Pasteur. »
M. Gennevoise quittait bientôt Lille pour rentrer à Paris, et, le 13 avril 1884, il s’embarquait à Marseille sur l’Oxus.
Après quelques mois de séjour à Bangkok, le nouveau missionnaire fut envoyé à Bangpeng. Ce village est situé à trois journées de barque au nord de Bangkok sur le Meinam. Les rives du grand fleuve sont très peuplées au-dessous de Juthia, mais il n’en est pas de même au-dessus de cette ancienne capitale. A mesure qu’on remonte le fleuve, les villages sont de plus en plus rares. M. Gennevoise, qui avait passé sa jeunesse dans les villes ouvrières du nord de la France, où la vie est si intense, dut trouver sa nouvelle existence bien monotone. Toutefois il n’était pas homme à rester inactif. Il y avait parmi ses chrétiens des charpentiers annamites ; il se fit construire par eux un presbytère et un orphelinat en planches. Outre les chrétiens groupés autour de son église, il y avait des familles disséminées le long du fleuve ; notre confrère ne craignit point d’entreprendre de longs et pénibles voyages pour les visiter.
Il était à Bangpeng depuis trois ans, lorsqu’il fut atteint de la dysen¬terie, suivie bientôt d’un abcès au foie qui le contraignit de se rendre à Bangkok. Le médecin, qui fut consulté, jugea une opération néces¬saire. L’issue pouvait en être fatale, mais il n’y avait pas d’autre moyen de sauver le cher malade. M. Gennevoise offrit à Dieu le sacri¬lice de sa vie. L’opération réussit, mais un retour en France s’imposait. Notre cher confrère passa près de trois années dans sa famille, et grâce aux soins qui lui furent prodigués, il guérit complètement. C’est alors qu’il songea à retourner en mission, après avoir bénit le mariage de son frère et d’une de ses sœurs. Le 31 mai 1891, il se rembarquait à Marseille sur le Salazie.
Dès qu’il fut arrivé à Bangkok, Mgr Vey l’envoya à Petriou, auprès de M. Schmitt. Or un groupe de chrétiens de Petriou s’était établi, depuis longtemps déjà, sur le bord du fleuve, au, confluent de la rivière de Thakieu, dans un endroit appelé Pakhlong. Ces pauvres gens n’avaient chez eux ni église, ni presbytère, ni école ; il leur fallait se rendre à Petriou pour accomplir leurs devoirs religieux. C’est là aussi que leurs enfants devaient étudier le catéchisme ; mais Petriou était loin et bon nombre d’enfants restaient chez eux.
M. Schmitt, qui connaissait l’activité de son nouveau collaborateur, lui conseilla de s’établir à Pakhlong. Tout y était à créer, mais c’est précisément ce qu’il fallait à M. Gennevoise. Il trouva un terrain abandonné, à proximité des jardins que cultivaient ses chrétiens, et s’y établit dans une maison provisoire. Il acheta des matériaux, chercha des ouvriers, et, quatre ans après son arrivée, une église en planches était construite. Dans l’intention du missionnaire, cette église en bois devait être remplacée, avec le temps, par une église en briques. Autour de l’église, s’élevèrent successivement un orphelinat, une école de filles, une école de garçons et un catéchuménat.
En 1896, M. Gennevoise, entreprenait la construction de son pres¬bytère. On vit les colonnes se dresser rapidement et se couronner d’une solide toiture. L’architecte se préparait à fixer les pièces de bois qui devaient consolider la base de l’édifice, lorsqu’un ouragan jeta par terre l’édifice mal affermi. Dans leur chute, les lourdes colonnes bri¬sèrent la charpente dont il ne resta que des débris. Notre confrère, quoique très affecté de l’accident, se remit immédiatement à l’œuvre. Deux ans plus tard, le presbytère était achevé.
M. Gennevoise y était à peine installé depuis un an, qu’il retomba malade et dut repartir pour la France, où il fit un nouveau séjour de trois ans et recouvra la santé. Rien ne faisait prévoir la maladie qui devait l’enlever en si peu de temps à l’affection de ses chrétiens et de ses confrères. En 1903, il demanda avec instance la permission de revenir à Siam. Il arriva à Bangkok au mois de sep¬tembre, à l’époque où tous les confrères s’y trouvaient réunis pour la retraite annuelle. Il avait son entrain d’autrefois et aucun de nous ne se doutait de sa mort prochaine.
Mgr Vey l’autorisa à retourner dans son poste de Pakhlong qu’il aimait et où il était aimé. Il songeait à y créer de nouvelles œuvres. Hélas ! huit mois plus tard, il n’était plus.
La maladie qui devait l’enlever si brusquement se déclara, un peu après la Visitation, fête patronale de l’église de Pakhlong ; mais dès le 2 juillet, les confrères qui assistaient à la fête s’aperçurent que M. Gennevoise était fatigué et abattu. Les fonctions du foie ne se faisaient déjà plus régulièrement. Bientôt survint la dysenterie. Notre confrère, qui avait certaines notions de médecine, crut pouvoir se soigner lui-même ; mais il ne put enrayer le mal qui, en quelques jours, fit des progrès effrayants. Les chrétiens, alarmés, le conduisirent à Petriou, chez M. Schmitt, qui jugea absolument nécessaire de l’envoyer à l’hôpital Saint-Louis de Bangkok. Hélas ! il n’était déjà plus temps, et le docteur Poix qui, depuis six ans, soigne les missionnaires avec beaucoup de dévouement, avoua son impuissance à guérir le malade.
Entré à l’hôpital le 9 août, M. Gennevoise, malgré les soins que lui prodiguaient les Sœurs, endura de grandes souffrances pendant quinze jours. Il reçut pieusement le saint viatique et l’extrême-onction des mains de Mgr Vey. Sa Grandeur tint à assister Elle-même son cher missionnaire. Elle venait souvent l’entretenir des choses célestes.
Le 23 août, notre confrère rendit sa belle âme à Dieu. De nombreux missionnaires assistèrent à ses funérailles, qui eurent lieu à l’église du Calvaire. C’est dans cette belle église du Calvaire que le corps de M. Gennevoise repose en attendant la résurrection glorieuse.
L’auteur de la notice que nous venons de reproduire ajoute les détails suivants sur les qualités du regretté défunt : « Ce que j’ai le plus admiré en lui, c’est la facilité avec laquelle il s’est astreint à cette vie de labeurs et de privations qui fut la sienne, après avoir été habitué, dès le jeune âge, à toutes les délica¬tesses que procure la fortune. Soit qu’il dirigeât lui-même ses travaux de bâtisse, soit qu’il entreprît de longs voyages pour se procurer les matériaux qui lui étaient nécessaires, il supporta, sans se plaindre, les fatigues de toute sorte.
« Chez lui, il vivait de peu. Dans les voyages dont je viens de parler et où il passait des semaines entières en barque ; il devait se contenter souvent du menu de ses rameurs indigènes.
« Pieux et zélé, il voulait que son église n’eût rien à envier aux églises les mieux tenues. Il ne négligea rien pour l’embellir, et ses chrétiens, heureux de seconder le zèle de leur pasteur, l’aidèrent de leurs bras et de leurs modestes offrandes.
« Avec ses confrères, M. Gennevoise se montra charitable et prêt à rendre service. Il dépensa ses forces et sa santé à fonder le poste de Pakhlong. Une seule chose est à regretter, c’est que, par suite d’un défaut d’organe, il ne soit pas arrivé à mieux parler siamois. Malgré cette lacune, son souvenir demeurera longtemps gravé dans le cœur de ses chrétiens ; car, s’ils ont maintenant un missionnaire à résidence fixe, c’est à M. Gennevoise qu’ils sont redevables de ce précieux avantage. »
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References
[1586] GENNEVOISE Paul (1859-1904)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1887, p. 220 ; 1892, p. 199 ; 1901, p. 186 ; 1904, p. 213. - A. M.-E., 1913, p. 98. - Sem. rel. Cambrai, 1884, p. 189.
Notice nécrologique. - C.-R., 1904, p. 402.