Jean GODEC1867 - 1935
- Status : Prêtre
- Identifier : 1895
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Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1890 - 1935 (Pondichéry)
Biography
[1895] GODEC Jean-Louis, naît le 16 février 1867 à Plouégat-Guérand, dans le diocèse de Quimper. Il fait ses études secondaires au Collège de Saint-Pol-de-Léon. À 17 ans, il entre au Grand séminaire de Quimper. En 1888, à la fin de ses études théologiques, il les continue au Séminaire de Saint-Sulpice à Paris en y préparant un doctorat en théologie. Attiré par le Séminaire des Missions Étrangères de la rue du Bac, il les interrompt néanmoins. Il y entre le 17 septembre 1889 et est ordonné prêtre le 31 mai 1890. Il part pour la mission de Pondichéry le 15 octobre 1890.
Missionnaire en pays tamoul
Il débarque à Pondichéry le 9 novembre 1890. Pour lui permettre d’apprendre les langues, son évêque le nomme d'abord au Collège colonial, puis au Petit séminaire. En 1892, il est nommé à la paroisse d'Allady (1) comme auxiliaire du P. Fourcade, un des grands missionnaires de cette époque. Il y est à bonne école pour parfaire son tamoul et pour pratiquer cette langue de temps en temps en administrant les sacrements. Nourrissant pour son curé une grande vénération, il s'inspire de la vie exemplaire de ce digne prêtre. Dès le 16 septembre 1892, il est jugé capable de voler de ses propres ailes et il est envoyé à Gingee (1), où il succède au légendaire P. Gabillet. Deux ans après, quand le P. Fourcade est nommé curé de la cathédrale, le P. Godec retourne à Allady pour l’y remplacer. Il y reste jusqu'à sa mort.
Bâtisseur d’églises et d’écoles
Il commence sans tarder par édifier l’église, une évidente nécessité pour sa paroisse. Qu’il n’achève qu’au bout de six ans. Victime de crises de dysenterie, il doit aller se soigner à Pondichéry. En Inde, il faut savoir s'abstenir d'une nourriture trop pimentée qui peut déranger le foie et l'estomac. Profitant d'un regain de santé, il travaille alors au développement spirituel de sa paroisse. Il construit des écoles et les dote d'instituteurs et catéchistes formés à l'École normale de Tindivanam (1). Pour les filles, il fait venir les Soeurs de Saint Joseph de Cluny. Elles tiennent l’école et dispensent l'enseignement du catéchisme aux jeunes de la paroisse. Elles créent aussi un dispensaire qui s’avère d’une grande utilité.
Une vie si bien remplie mérite bien un peu de repos. Le P. Godec ignore les vacances. Ce n'est qu'en 1926 qu'il prend quelques semaines de congé pour visiter les missions de Birmanie. De retour à Allady, il reprend son travail : longues séances de catéchisme et de confessions, procès et palabres interminables, défilés incessants de quémandeurs. Tous savent que le Père a bon cœur et excuse ces empressements qu’il attribue à la pauvreté sordide ambiante. Une de ses principales joies est la préparation des enfants à la Première Communion. Il est heureux de les voir transformés par la grâce.
Il l’est aussi des constructions qu’il a fait édifier et il se plaît à contempler ces édifices élégants. Il n'a pas seulement bâti l'église d'Allady, mais aussi la coquette chapelle de Comodou, celle de Mallalam, puis la chapelle-école de Vailamour, qu'il n'a malheureusement pas le temps de terminer.
Sa robuste constitution ne résiste pas à tant de surmenage. Son coeur donne des signes évidents de fatigue et d'usure. Quelques mois avant sa mort, il est heureux de recevoir le renfort d'un jeune confrère, le P. Viallet, qui ne tarde pas à tomber malade et à être hospitalisé. Au temps de la forte chaleur, le Père Godec avoue être à bout de force. Le 23 août, Mgr. Colas conduit le P. Godec en auto jusqu'à la limite de sa circonscription où son cheval l'attend. Le lendemain, malgré la fatigue, il veut aller à l'église pour entendre les confessions, puis il revient au presbytère. Vers 7 heures du soir, son domestique le trouve étendu et mort sur les marches du perron, le chapelet à la main.
Tous les chrétiens et de nombreux païens assistent à ses obsèques. Il reste pour ses confrères un modèle de charité et de zèle apostolique et, pour ses chrétiens, un père qui les a beaucoup aimés.
1 – Allady, Gingee, Tindivanam : villes des Indes anglaises, proches de Pondichéry.
Obituary
M. GODEC
MISSIONNAIRE DE PONDICHÉRY
M. GODEC (Jean-Louis), né le 16 février 1867, à Plouégat-Guérand (Quimper, Finistère). Entré diacre au Séminaire des Missions-Etrangères, le 17 sep¬tembre 1889. Prêtre le 31 mai 1890. Parti pour Pondichéry le 15 octo¬bre 1890. Mort à Allady, le 24 août 1935.
Jean-Louis Godec naquit en 1867 à Plouégat-Guérand, dans la. partie de l’ancien diocèse de Tréguier qui a été rattachée au diocèse de Quimper. Dès son bas âge, il perdit ses parents et fut élevé par ses tantes qui habitaient le gros bourg de Pluigneau. Plus tard, il fut placé au collège de Saint-Pol de Léon où il fit de brillantes études. A 17 ans, il entra au grand séminaire de Quim¬per. En 1888, à la fin de ses études théologiques, il alla au sémi¬naire Saint-Sulpice à Paris afin d’y préparer son doctorat en théologie ; dès la première année, il réussit à ses examens de baccalau¬réat en philosophie et en théologie, puis entra au Séminaire des Missions-Etrangères. Ordonné prêtre à la fin de son année de pro¬bation, il reçut sa destination pour Pondichéry, dont l’arche¬vêque, Mgr Laouënan, lui aussi était Trégorrois.
Il débarqua à Pondichéry le 9 novembre 1890. Malgré son désir de vivre la vie de la brousse, il fut retenu, plus d’un an d’abord au Collège Colonial, puis au petit séminaire. Enfin, il fut envoyé à Allady comme auxiliaire de M. Fourcade, un des grands Missionnaires de cette époque. « Le village d’Allady, écrivait-il à un ami, se compose d’une vingtaine de huttes en « torchis, entourant une pauvre paillotte qui sert d’église ; je n’ai même pas la consolation d’y « pouvoir conserver le Saint-Sacrement. Les 5.000 chrétiens du district sont disséminés sur un « territoire égal à la moitié de l’arrondissement de Morlaix. Cette chrétienté est l’œuvre de M. « Fourcade, qui, à l’arrivée dans ce poste, n’y trouvait pas 150 catholiques. Ne sachant pas « encore le tamoul, je ne puis exercer d’autre ministère que celui de baptiser. Oh ! que je suis « heureux de verser l’eau baptismale sur le front de ces pauvres parias ! »
Le jeune missionnaire eut dès le début pour son curé une très grande vénération. Les dernières années de sa vie, il parlait encore avec émotion de l’ascète et de l’apôtre sous la direction duquel il avait fait ses premières armes. La ligne de conduite qu’il s’était tracée était inspirée de la vie exemplaire du digne prêtre. Dès le 16 septembre l892, M. Godec fut jugé capable de voler de ses propres ailes et fut envoyé à Gingy, où il succédait au légendaire M. Gabillet. Il eut le temps d’y gagner les cœurs de ses chrétiens et d’achever le presbytère de ses deniers personnels lorsque, deux ans après, M. Fourcade fut nommé curé de la cathédrale à Pon¬dichéry, M. Godec le remplaça à Allady où il devait rester jusqu’à sa mort : pendant plus de quarante ans. M. Fourcade avait défri¬ché ; il fallait maintenant cultiver ce terrain rocailleux et par con¬séquent peu fertile. Dans ce travail ingrat, M. Godec aurait aimé à pouvoir s’entre-tenir avec l’Hôte Divin, et trouver au pied du tabernacle les consolations qui ne pouvaient lui venir du côté des hommes. Mais pour cela, une église convenable s’imposait, et il en commença la construction sans tarder. Les belles propriétés familiales laissées en Bretagne furent alors successivement ven¬dues, et bientôt on vit sortir de terre un spacieux et élégant édi¬fice dédié au Sacré-Cœur de Jésus. Grande fut la surprise de Mgr Gandy, lors de sa visite pastorale en 1905, de contempler une vraie cathédrale gothique en construction, dont les murs s’éle¬vaient déjà à la hauteur des voûtes latérales. Les précieux encou¬ragements de son Archevêque redonnèrent du cœur au mission¬naire-architecte, qui dut travailler pendant plus de six ans pour achever son église. Malgré le surmenage que lui causaient ces travaux, il avait la consolation de venir en aide à ses chrétiens en leur procurant du travail. Pendant qu’il construisait son église, deux fois il fut atteint de dysenterie. A chaque fois, il fallut l’ar¬racher à ses bâtisses pour le soigner à Pondichéry. Peu lui impor¬tait d’avoir abusé de ses forces, il avait atteint son but ; il pou¬vait désormais procurer à ses Religieuses, à ses chrétiens et à lui-même l’insigne bienfait de la présence eucharistique.
Allady possédait donc son temple catholique ; mais il fallait y attirer de nombreux et fervents chrétiens. Pour cela, M. Godec jugea nécessaire d’intensifier l’instruction religieuse de la jeu¬nesse. Des écoles étaient indispensables. Il en fonda une dizaine pour les garçons, dirigées par des maîtres méthodiquement for¬més à l’Ecole Normale diocésaine de Tindivanam. Mais comment créer des écoles pour les filles ? Il s’adressa dans ce but aux Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, et leur demanda de venir établir une communauté à Allady. La proposition acceptée, la maison fut vite construite et dotée de revenus. Dieu seul sait tout le bien qu’ont fait ces Religieuses, par les catéchismes à l’église, les soins donnés au dispensaire et les visites à domicile !
Une vie si bien remplie méritait bien un peu de repos ; notre confrère ignorait les vacances. Ce n’est qu’en 1926 qu’il prit quel¬ques semaines de congé pour visiter les Missions de Birmanie. De retour à Allady, il reprenait son travail : longues séances de caté-chisme ou de confessionnal, procès et palabres interminables, capables de lasser une héroïque patience, défilé incessant de quémandeurs, sangsues d’autant plus acharnées qu’elles connaissaient le bon cœur de leur père ; mais leur pauvreté sordide les rendait excusables. Il aimait à visiter le plus souvent possible ses chrétiens dispersés ; car il sentait que les quelques jours qu’il pou¬vait passer au milieu d’eux étaient bien insuffisants pour rallumer ou entretenir la foi vacillante de ses néophytes. Il en souffrait dans son cœur d’apôtre ; toutefois, sans se décourager, il les confiait à la Toute-Puissance divine. Quel crève-cœur pour ce zélé confrère de constater l’obstination opiniâtre des païens à demeu¬rer dans l’erreur, alors que, lui, voudrait les ramener tous à la véritable religion ! Toutes les souffrances morales qu’il endurait ne l’empêchaient pas d’écrire : « En somme, je remercie Notre¬-Seigneur des jours que j’ai « vécus, dans ce district, loin des villes, des tribunaux, des chemins de fer, au milieu d’une « population simple et douce. » Une de ses principales joies était la préparation des enfants à la Première Communion. Il était heureux de les voir transformés par la grâce. La visite d’un confrère, et tout spécialement celle de M. Chavanol, son ancien condisciple à Paris et son voisin pendant près d’un demi-siècle, lui plaisait beaucoup. Quel soulagement pour un esprit cultivé comme le sien, de pou¬voir ouvrir son cœur à des amis, parler de spiritualité, d’histoire, de littérature ! Ses travaux eux-mêmes étaient pour lui un sujet de contentement. La besogne terminée, il se plaisait à contempler ces édifices propres et élégants élevés par lui.
M. Godec n’est pas l’architecte de la seule église d’Allady ; c’est lui aussi qui a construit la coquette chapelle de Comodou dédiée à Saint-Joseph ; celle de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus à Mallalam, puis la chapelle-école de Vailamour. Sa dernière construction fut la chapelle de Périatatchour, mais le bon Dieu ne lui donna pas le temps de la terminer. « Je sens « parfois la fumée de la vanité me monter à la tête, avouait-il dans l’intimité, et pourtant que « me vaudront ces travaux devant Dieu ? Peut-être ma récompense sera-t-elle moindre que « celle des terrassiers et des maçons qui ont peiné avec moi et plus que moi. » Notre bon confrère pouvait se rassurer ; car il n’avait pas bâti que des édifices en briques ; il pouvait offrir à la Très Sainte Trinité 1.150 temples spirituels construits sur un terrain parfois bien aride et à une époque où il était excessivement difficile de cons¬truire !
Sa robuste constitution ne résista pas à tant de surmenage. Divers organes, le cœur en particulier, donnèrent des signes évi¬dents de fatigue et d’usure. M. Godec aurait dû se reposer ; mais comment le faire quand il y a tant de travail et que les rempla¬çants manquent ? C’est seulement quelques mois avant sa mort, qu’il reçut un jeune collaborateur, plein d’entrain, en la personne de M. Viallet, qui ne tarda pas à être éprouvé lui-même par la maladie et dut être hospitalisé. M. Godec restait donc seul pour la préparation de la fête patronale et l’administration des maria¬ges qui, précisément, coïncident avec l’époque des fortes chaleurs ; aussi quelque temps après, il avouait être à bout de forces.
A la fin du mois d’août, il alla faire une visite à son vieil ami M. Chavanol, puis aux confrères de Tindivanam, sans se douter que ce fût pour la dernière fois ; de là, il gagna Pondichéry. Il passa de longs moments au chevet de son vicaire M. Viallet. Le vendredi 23 août, Mgr Colas reconduisit M. Godec en auto jusqu’à la limite de son district où son cheval l’attendait. Le lendemain, malgré la fatigue, il voulut aller à l’église pour y entendre les confessions, puis il revint au presbytère. Vers sept heures du soir, son domestique le trouva étendu sur les marches du perron, le chapelet à la main : M. Godec était mort. Le lendemain, tous ses chrétiens et de nombreux païens des environs, voulant témoi¬gner au missionnaire toute leur vénération, assistèrent aux obsè¬ques présidées par M. Planat, Vicaire général. Maintenant, il dort son dernier sommeil à l’ombre de son église. Ses chrétiens garde¬ront pendant longtemps le souvenir d’un père qui les a beaucoup aimés et le cher défunt restera pour ses confrères un modèle de charité, d’humilité et de zèle apostolique.
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References
[1895] GODEC Jean (1867-1935)
Références bibliographiques
AME 1891 p. 292. 1898 p. 76. 1923 p. 142. 166. 1924 p. 186. 217. 1926-27 p. 49. 1931 p. 216. 217. 1935 p. 238. CR 1890 p. 219. 1895 p. 292. 1896 p. 290. 1909 p. 229. 1913 p. 283. 285. 1919 p. 108. 1922 p. 143. 1923 p. 157. 158. 1929 p. 200. 1931 p. 244. 246. 1932 p. 272. 1933 p. 229. 1935 p. 215. 216. 242. 374. 1936 p. 277. BME 1927 p. 57. 59. 1930 articles p. 77. 154. 699. 787. 1931 p. 459. 1933 p. 562. 1934 p. 654. 1935 p. 610. 820. 1952 p. 640. 1954 p. 1131. 1955 p. 558. 1957 p. 650. MC 1924 p. 459. 1926 p. 195. 197. 1927 p. 57. 1930 p. 77. 154. 702. 737. 1931 p. 459. 537. 1933 p. 562. 1934 p. 654. 885. 1935 p. 610. 820. 906. EC1 N° 319.