Jean GAUJA1869 - 1937
- Status : Prêtre
- Identifier : 2249
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1896 - 1937 (Hung Hoa)
Biography
[2249]. GAUJA Jean (1869-1937) né le 12 juin 1869, à Toulon (Var), fit ses études au grand
séminaire dAgen. Après son ordination sacerdotale le 27 mai 1895, il fut pendant quelque temps vicaire à Villeneuve-sur-Lot.. Il entra au Séminaire des M.-E. le 16 septembre 1895, et partit pour le Haut-Tonkin le 21 octobre 1896. Il fut dabord placé à Hung-Hoa, pour étudier la langue, puis, en 1900, fut nommé curé de Tuyên-Quang. Il devait assumer cette charge de 1900 jusquà sa mort, qui survint le 9 mai 1937. Il avait reçu en 1934 la décoration de Chevalier du Dragon d'Annam".
Obituary
M. GAUJA
MISSIONNAIRE DE HUNG-HOA
M. GAUJA (Jean-Fergus), né le 12 juin 1869, à Toulon (Var), diocèse de Fréjus. Entré prêtre au Séminaire des Missions-Étrangères le 16 septembre 1895. Prêtre le 27 mai 1895. Parti pour le Haut-Tonkin le 21 octobre 1896. Mort à Tuyên-Quang, dans sa Mission, le 9 mai 1937.
Une belle vie sacerdotale : simple, droite, pieuse et dévouée, telle fut celle de M. Gauja pieusement décédé en son presbytère de Tuyên-Quang le dimanche 9 mai 1937.
Le 12 juin 1869, naissait à Toulon, diocèse de Fréjus, M. Jean¬-Fergus Gauja ; son père était alors Procureur impérial, près le Tribunal civil de 1re instance de cette ville, et sa mère était déjà, comme elle le sera toute sa vie, à la tête des œuvres de charité et de zèle en la paroisse Saint-Louis. De très bonne heure, M. Gauja dut suivre, à Agen, son père appelé à remplir en cette ville ses fonctions de magistrat. Dans l’agréable villa paternelle s’épanouissait une vie chrétienne admirable ; onze enfants en fai¬saient les délices, et puisaient auprès de parents aimés et vénérés cette foi catholique et sans nuages, qui est le plus bel apanage des familles chrétiennes.
Avec quel plaisir M. Gauja rappelait-il souvent le souvenir de ces belles réunions familiales ! Quelle vénération il eut toujours pour ses chers parents, pour son père, qui devenait plus tard Président de la Cour d’Appel, et dont le nom a été donné à l’un des ponts du Lot, et pour sa bonne mère, dont, au lendemain de sa mort, la Semaine Religieuse d’Agen faisait le plus bel éloge ! De tous, M. Gauja avait les portraits, et ce lui était toujours une joie de nous relater toutes les nouvelles de sa famille. Une photographie surtout lui était chère, celle de sa mère, en prière, auprès du tom¬beau de famille, où reposaient déjà six enfants, rappelés de bonne heure à Dieu. Une liste lui rappelait chaque jour du mois ceux pour qui il voulait prier, et à ce devoir de filiale affection et de fraternel attachement, il fut fidèle jusqu’à sa mort. Comment s’éton¬ner qu’au sein d’une si belle famille le bon Dieu se soit choisi un prêtre ? Spontanément, le petit Jean exprimait bientôt à ses parents le désir de se consacrer à Dieu. Aussitôt sa vocation fixée, il entrait au petit séminaire d’Agen ; il y fit de bonnes études, et garda, de cette maison un souvenir ineffaçable ; avec tous, professeurs et condisciples, il devait rester toute sa vie en relations.
Puis, ce fut le grand séminaire, avec la formation cléricale et la joie des ordinations, et, le 27 mai 1895, le sacerdoce. M. Gauja songeait-il déjà à partir pour les Missions-Étrangères ? Nous ne le savons. Ce qu’il aimait à rappeler, c’est qu’il fut nommé vicaire à Villeneuve-sur-Lot, qu’il se plaisait à faire le catéchisme, et qu’il avait compté, parmi ses élèves de première communion, la fille de M. Leygues, futur ministre de la Marine. Plus tard, lorsqu’il était au Tonkin, bon nombre de ceux qu’il avait instruits lui exprimaient, en des lettres charmantes, le bon souvenir qu’ils gardaient de leur ancien catéchiste.
Le diocèse d’Agen ne devait pas garder longtemps son jeune prêtre. Peu de temps après son ordination sacerdotale, M. Gauja exprimait à son Évêque le désir d’entrer à la rue du Bac, et de se consacrer aux missions ; il en obtint l’autorisation, en même temps que le consentement de ses parents ; eux aussi étaient heureux d’offrir à Dieu leur cher petit Jean, et le témoignaient à leur enfant en des lettres pleines de piété et d’affection. Après le temps d’épreuve ordinaire au Séminaire, M. Gauja reçut sa destination pour la Mission de Hunghoa, alors Mission du Haut-Tonkin, et le 21 octobre 1896, il quittait Paris pour le Tonkin.
Les premières années, il resta dans le voisinage de Hung-Hoa, soit en cette ville auprès de Mgr Ramond, Vicaire Apostolique, qui eut vite apprécié les qualités de son jeune missionnaire, soit dans la paroisse de Hoang-Xa, à quelque vingt kilomètres de là. En ce dernier poste, sous la direction de M. Brossier, M. Gauja continua l’étude de la langue annamite, en même temps qu’il s’initia aux us et coutumes du pays. Il ne devait pas rester longtemps en ce milieu tout annamite ; en 1900, Mgr Ramond le nommait curé de Tuyên-Quang, ville sise au nord de la Mission, en bordure de la Rivière Noire, où deux ou trois cents chrétiens formaient alors le seul groupe catholique de cette région. De 1900 à 1937, ils n’auront qu’un seuil pasteur, M. Gauja ; et durant tout ce temps, lui-même ne s’absentera qu’une seule fois, pour aller se remettre à Hong-Kong d’une malencontreuse sciatique. Car, et c’est là un éloge, notre confrère fut un modèle de fidélité à la résidence ; à part la semaine de la retraite annuelle, et encore fallait-il qu’on lui assurât un remplaçant, il ne quittait jamais son poste. Ces dernières années, alors que l’âge et le climat imprimaient déjà sur son visage de pro¬fondes rides, et que ses frères et sœurs l’invitaient à venir retrem¬per ses forces au milieu des siens, en France, il demanda à ses supérieurs la suprême faveur de continuer son ministère à Tuyên¬Quang. Là, avec une volonté et une fermeté que, seule, pouvait inspirer une foi ardente, il ne voulut pas faillir un seul instant au devoir qu’il s’était tracé, celui de consacrer toute sa vie à ses chré¬tiens et de mourir au milieu d’eux !
Modèle d’humilité, de piété, de bonté, M. Gauja le fut dans toute la force du terme. Cette humilité rayonnait autour de lui, et tous, Européens et Annamites, appréciaient ce prêtre, qui, sans jamais vouloir paraître, faisait avec la plus exquise simplicité tout son devoir. Qu’il fût en visite chez nos compatriotes, qu’il se trouvât en relations avec les autorités françaises et annamites, ou qu’il portât les secours de la religion aux malades de l’hôpital, c’était toujours la même discrétion, la même réserve. Il en était ainsi pour les affaires de la Mission, alors qu’il faisait partie du Conseil épiscopal ; il savait, tout en donnant son avis, soumettre entière¬ment sa volonté à celle de ses supérieurs ; jamais il ne critiqua ce qui était décidé.
Sa piété était le charme de sa vie, en même temps qu’elle édi¬fiait ses confrères et ses paroissiens. Sa formation du grand sémi¬naire était complétée par une sérieuse initiation liturgique. Il con¬naissait toutes les rubriques du bréviaire et du missel, il était un assidu lecteur de Dom Guéranger, et l’Annuaire Pontifical, qu’il recevait chaque année, n’avait pas de secret pour lui. Qui dira la propreté de sa petite église, et le soin qu’il prenait des ornements et linges sacrés ? Il voulait que tout : cérémonies, chant, décoration fût vraiment digne de Dieu. Et à cela, il sut toujours intéresser ses paroissiens ; qu’il lançât une souscription pour une cloche, ou qu’il demandât quelque subside pour l’achat d’un harmonium, tous étaient heureux de l’aider ; c’était pour son église, et chacun appor¬tait son obole avec générosité. Cette vraie piété, M. Gauja la mani¬festait aussi dans ses instructions dominicales, et dans les divers catéchismes qu’il faisait en son église. Le résultat, le seul qu’il désirait, il put le constater jusqu’à la fin : ce fut, tout d’abord, l’assiduité de ses ouailles à la messe paroissiale du dimanche ; l’église de Tuyên-Quang est sur un monticule dominant la ville ; en été, la montée est laborieuse et fatigante, et cependant, il y a toujours eu le dimanche une assistance nombreuse. Que d’enfants ont reçu de M. Gauja les premiers enseignements de la religion, et ont été formés par lui à la vie chrétienne ! Devenus grands, à la veille de fonder un foyer en France ou au Tonkin, ils se rappe¬laient le souvenir du prêtre si pieux, qui les avait préparés à leur première communion, et, dans des lettres bien touchantes, lui en témoignaient toute leur reconnaissance.
Que dire de la bonté de M. Gauja ? Très droit, très franc, incapable de dissimulation ou de ces petites habiletés qui y ressemblent trop, il était d’une inlassable bonté, serviable, délicat et fidèle dans ses affections, avec une prédilection marquée pour les petits, les pauvres, les malades, les affligés ; doué d’un caractère gai et affable, tel nous l’avons connu et aimé. Il était l’âme de tous ses chrétiens, le père spirituel qui guide et qui console. Combien, parmi ses
confrères, ont profité de ses bons conseils ou de sa générosité ! Jamais on ne recourait en vain à celle-ci. Savait-il quelqu’un dans la gêne, ou préoccupé d’aider de nouveaux chrétiens, ou de bâtir pour eux quelque chapelle, quelque catéchuménat, aussitôt, un petit mot bien discret était envoyé au Procureur de la Mission, et une offrande généreuse inscrite à l’avoir du confrère en question. D’autres fois, alors que tous les missionnaires se trouvaient réunis à Hunghoa, et que M. Gauja n’avait pu s’y rendre, sa charité se montrait encore, et d’une façon très délicate ; il indiquait au Pro¬cureur ce qu’il fallait ajouter, en son nom, au menu du repas. Bref, il cherchait à faire plaisir et à rendre service ; Dieu seul sait combien fut grande sa charité pour tous !
M. Gauja a-t-il toujours trouvé les sympathies et les concours sur lesquels il eût été en droit de compter ? Nous n’oserions l’affir¬mer, car ces dernières années furent attristées par la zizanie, qui pénétra quelque peu parmi ses chrétiens. Ce que nous savons bien, c’est qu’il laisse à ceux qui l’ont vraiment connu un souvenir empreint du plus affectueux respect. « Prêtre en tout » , a-t-on pu dire de lui. Prêtre par la foi profonde et tendre, par la pratique régulière des exercices de piété, prêtre par le souci des âmes qui recouraient à sa direction ou à ses conseils, prêtre enfin par l’ac¬ceptation généreuse de sa dernière maladie et de sa mort.
Depuis un an ou deux, ses forces diminuaient sans cesse : un tremblement très sensible de la main droite le préoccupait. Coura¬geusement, il continua son ministère avec cette exactitude, cette précision, cette assiduité de toute sa vie qu’il ne se résignait pas à modérer. A la fin d’avril 1937, il dut s’aliter ; ce devait être sa der¬nière maladie. Elle ne fut pas de longue durée ; le dimanche 9 mai, au soir, M. Gauja, assisté de M. Hue, Provicaire, son vieil ami, qui avait fait, ce jour même, près de 120 kiloniètres pour le revoir une dernière fois, de M. Desongnis, et de M. Sang, prêtre annamite, s’éteignait doucement.
Les obsèques de ce bon missionnaire furent telles qu’il les eût sans doute souhaitées. Elles eurent lieu le mardi 11 mai en son église paroissiale, sous la présidence de Mgr Vandaele, Coadjuteur, qui donna l’absoute, à l’issue de la grand’messe qu’avait chantée M. Hue. Bien que Tuyên-Quang soit éloignée du centre de la Mission, une quinzaine de prêtres purent arriver à temps en cette ville, pour rendre leurs derniers devoirs au cher défunt. Toutes les autorités françaises et annamites, toute la population de la ville et des environs, catholiques et bouddhistes, tinrent à assister au service religieux, et accompagnèrent M. Gauja à sa dernière demeure.
Avant de voir descendre le cercueil dans la tombe, creusée au pied de la croix du cimetière, M. Leupy, Résident de France, voulut redire en termes émus, ce que fut, toute sa vie, M. Gauja, un homme de grand cœur et un missionnaire doué des plus hautes vertus ; sa mémoire, ajouta-t-il, restera au cœur de ses compatriotes et des Annamites qui, tous, professaient pour lui une profonde admiration et l’aimaient d’une affection toute filiale.
Et nous, ses confrères, qui l’avons connu, nous garderons avec vénération le souvenir de ce bon prêtre, modèle de régularité dans ses fonctions sacerdotales, de ferveur dans sa piété, d’amabilité et de condescendance ; nous ne l’avons pas seulement suivi comme un modèle, mais vénéré et aimé comme un père, et c’est ainsi que nous le pleurons.
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References
[2249] GAUJA Jean (1869-1937)
Références bibliographiques
AME 1896 p. 621. 1897 p. 815. 1934 p. 235. 1937 p. 190. CR 1896 p. 332. 1898 p. 152. 1900 p. 155. 1901 p. 150. 1902 p. 171. 1903 p. 362. 1904 p. 168. 1905 p. 139. 1906 p. 151. 152. 1907 p. 185. 1908 p. 167. 1909 p. 162. 1910 p. 160. 1911 p. 149. 1912 p. 190. 1913 p. 199. 1915 p. 97. 1916 p. 114. 115. 1917 p. 86. 1918 p. 67. 1919 p. 70. 1921 p. 74. 75. 1922 p. 95. 1923 p. 110. 1924 p. 84. 1925 p. 92. 1926 p. 103. 1927 p. 100. 1928 p. 104. 1929 p. 142. 1930 p. 161. 162. 1931 p. 154. 1932 p. 187. 1933 p. 140. 1936 p. 129. 1937 p. 129. 234. 274. 1948 p. 220. 1949 p. 180. BME 1926 p. 118. 1928 p. 629. 1929 p. 181. 694. 756. 1930 p. 243. 814. 1931 p. 226. 528. 602. 1932 p. 57. 703. 1933 p. 207. 295. 452. 699. 1934 p. 209. 424. 576. 644. 1935 p. 130. 278. 441. 891. 1936 p. 370. 625. 1937 p. 362. 521. EC1 N° 358.