Jean-Baptiste COPPIN1877 - 1927
- Status : Prêtre
- Identifier : 2559
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1901 - 1927 (Malacca)
Biography
[2559] COPPIN Jean-Baptiste, est né le 25 février 1877 au Portel (Pas de Calais), dans le diocèse d'Arras. Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Boulogne-sur-Mer, entre au Grand Séminaire diocésain et y reçoit la tonsure avant d'être autorisé à entrer au Séminaire des Missions Etrangères, le 20 septembre 1897. Ordonné prêtre le 2 mars 1901, il part le 24 juillet suivant pour la Mission de Malacca.
Il se met à l'étude du chinois à Singapour pendant quelques mois avant d'être envoyé à Batu-Gajah, dans l'Etat de Perak, comme vicaire du Père Ruaudel (décembre 1901-1902). Sa santé va exiger un séjour à Hong-Kong et des soins appropriés (1903). De retour dans sa Mission, il sera affecté à Malacca (1904) : on lui confie le poste de Ipoh. Malgré sa santé délicate (double pneumonie presque fatale en 1911), il restera chargé de la paroisse Saint Michel d'Ipoh tout le reste de sa carrière apostolique. Cette paroisse, tout d'abord chinoise, deviendra peu à peu une paroisse anglo-chinoise et il faudra la doter d'écoles anglaises pour garçons et filles. Le Père Coppin fera appel aux Frères des Ecoles Chrétiennes et aux Dames de Saint-Maur pour s'occuper de ces écoles : les Soeurs répondirent dès 1905 mais ce ne sera qu'en 1920 que les Frères viendront décharger le Père de ses soucis.
Le Père Coppin n'oublie pas pour autant sa paroisse : dès 1914, il bâtit une première chapelle en bois et installe un catéchiste à Sungei-Siput. Il ouvre aussi une maison de doctrine à Chemor. Il sera pour ses ouailles un pasteur plein de zèle et dévoué. En 1921, il doit rentrer en France pour raisons de santé. De retour en Mission, il va encore travailler quelques années malgré la fatigue. Hospitalisé le 24 juillet à l'hôpital européen de Batu-Gajah, il y meurt deux jours plus tard : une broncho-pneumonie l'emporte subitement en provoquant une crise cardiaque.
Une foule nombreuse assista aux obsèques présidées par Mgr. Perrichon, entouré de plusieurs confrères. Le Père Coppin repose au cimetière catholique d'Ipoh à l'ombre de l'église Saint Michel qu'il venait d'agrandir et d'embellir.
Obituary
M. COPPIN
MISSIONNAIRE DE MALACCA.
M. COPPIN (Jean-Baptiste) né au Portel (Arras, Pas-de-Catais) le 25 février 1877. Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères le 20 septembre 1897. Prêtre le 2 mars 1901. Parti pour Malacca le 24 juillet 1901. Mort à Batu-Gajah, le 26 juillet 1927.
Jean-Baptiste Coppin était natif du Portel et appartenait à une de ces nombreuses et excellentes familles de pêcheurs qui sont la force et l’ornement de cette petite ville maritime. Les catholiques du Portel sont bien connus pour l’ardeur et la générosité de leur foi qu’ils estiment par-dessus tout, qu’ils professent sans respect humain et qu’ils savent défendre à l’occasion. Digne enfant du Portel, M. Coppin s’est toujours distingué par la rondeur de son caractère, la vivacité de sa foi et l’ardeur d’un zèle toujours actif. Ces vertus apostoliques n’étaient-elles pas un apanage de famille? Son père, Gabriel Coppin était un rude marin, comme ses aïeux. Ses compatriotes avaient su apprécier ce travailleur intelligent et dévoué et l’avaient élu conseiller municipal. Sa mère, Marguerite Ledez, partageait son temps entre ses devoirs de mère de famille et la réparation des filets pendant que l’homme était là-bas au Shetland à la pêche au hareng. Elle avait toujours rêvé de donner un de ses fils au bon Dieu. Un jour, agenouillée au pied de la statue du Bienheureux Gabriel Perboyre, martyrisé en Chine, elle se prit à penser : « Et pourtant, ce bienheureux martyr est le fils d’une mère! » Et elle l’invoqua avec ferveur pour que la vocation apostolique germât dans l’âme d’un de ses fils.
Sa prière fut exaucée. Quelques années plus tard, elle tombe gravement malade et l’on s’attend à une issue fatale. Mais le petit Jean-Baptiste est là, recevant les derniers baisers de sa mère. Dans un élan de son cœur, il promet à Dieu d’être un jour missionnaire si la maman guérit, et la maman guérit.
Au mois d’octobre 1887, il entrait au petite séminaire de Boulogne-sur-Mer. Séminariste, il réalisa sans doute un peu l’adage que les bons vieux et les bonnes vieilles du Portel répètent en parlant des séminaristes du pays :
Démon al’moison,
Diable ol’folise,
Saint ast’église
Les années ne firent qu’affermir sa vocation, et dès la fin de sa rhétorique, il demanda à Mgr Williez, son évêque, l’autorisation d’entrer au Séminaire des Missions-Etrangères. Elle lui fut refusée ; mais sa première réponse à l’appel divin, au chevet de sa mère malade, avait été une promesse ; sa résolution était ferme et réfléchie, sa volonté opiniâtre. Il attendit puisqu’il fallait attendre, entra au grand séminaire du diocèse et renouvela à maintes reprises ses instances, « opportunè, importunè même ». Il obtint enfin ce consentement tant désiré et le 20 septembre 1897, il entrait tonsuré au Séminaire des Missions-Etrangères, d’où venait de partir un an plus tôt, un de ses parents qui fut un grand missionnaire, originaire aussi du Portel, et qui devait le précéder aussi de deux ans dans la tombe, Mgr Bourgain, mort évêque du Kientchang.
M. Coppin fut ordonné prêtre le 2 mars 1901 et reçut sa destination pour la Mission de Malacca.
Arrivé à Singapore en août 1901, M. Coppin fut mis à l’étude du Chinois. Il n’y resta que très peu de temps ; au mois de décembre suivant ; il fut envoyé à Batu-Gajah, dans l’Etat de Pérak comme vicaire de M. Ruaudel qui, à cette époque, était chargé des deux importantes chrétientés de Batu-Gajah et d’Ipoh.
Notre jeune confrère était de stature robuste et paraissait plein de force et de santé. Cependant le travail d’acclimatation révéla qu’il y avait chez lui une réelle faiblesse du côté des bronches et des poumons. L’année suivante, on jugea prudent de l’envoyer au sanatorium de Hongkong pour prévenir une maladie plus sérieuse par des soins appropriés.
Quand il revint en Malaisie, il fut transféré à la ville de Malacca dont le climat est regardé comme très favorable aux poitrines délicates. De fait, son état de santé s’améliora si bien qu’en 1904 on put lui confier le poste d’Ipoh. Mais le germe de la maladie le suivra partout. En 1911, une double pneumonie le conduira aux portes du tombeau ; et c’est une broncho-pneumonie qui l’emportera subitement en provoquant une crise cardiaque.
M. Coppin devait rester chargé de la paroisse Saint-Michel d’Ipoh tout le reste de sa carrière apostolique, c’est-à-dire pendant vingt-trois ans. Quand il s’y fixa, Ipoh commençait à prendre les proportions d’une grande ville ; l’élément anglais s’y multipliait de plus en plus avec les employés du gouvernement, les commerçants, planteurs et industriels. Bien des emplois lucratifs s’offraient à ceux qui avaient appris l’anglais et étaient accaparés par les élèves de l’école du gouvernement et de l’école des méthodistes, parmi lesquels se trouvaient forcément quelques jeunes catholiques. Bref, le poste Saint-Michel, qui jusque-là avait été un poste chinois, devait évoluer et devenir une paroisse anglochinoise. On ne pouvait donc plus s’y contenter d’écoles chinoises de garçons et de filles ; il fallait doter cette chrétienté grandissante d’écoles anglaises pour la jeunesse des deux sexes.
Il est souvent difficile de fonder un poste tout nouveau ; mais il l’est certainement plus de remplacer le provisoire du début par des constructions permanentes et coûteuses, et surtout d’y organiser de grands établissements d’éducation. Ceux-ci peuvent être commencés par les missionnaires eux-mêmes, mais dans notre Mission, la coopération des Frères et des Sœurs est absolument nécessaire pour les rendre prospères et permanents. Aussi, lorsque M. Coppin se fut bien rendu compte des nouveaux besoins de sa paroisse, il mit tout en œuvre pour s’assurer le concours des Frères des Ecoles chrétiennes et des Religieuses de Saint-Maur qui avaient déjà des écoles dans les principales villes de la Péninsule.
Les Dames de Saint-Maur répondirent vite à son appel et dès l’année 1905 vinrent s’installer provisoirement dans son école de filles. Sans perdre de temps, les plans du nouveau couvent furent dressés, une promesse de subvention obtenue du gouvernement et une souscription lancée dans le public. Tout alla si vite et si bien que les premières bâtisses furent inaugurées le 25 juin de l’année suivante par le Résident de Pérak qui disait à cette occasion : « Vous autres catholiques, vous faites peu de bruit et beaucoup de travail, tandis que certains autres font surtout du bruit. » Cet établissement agrandi à plusieurs reprises et encore tout récemment, est aujourd’hui une magnifique école qui marche à merveille.
Notre zélé confrère fut moins heureux pour son école de garçons : il dut attendre bien des années avant d’avoir les Frères. Il patienta jusqu’en 1913 ; mais alors ce lui était un si grand crève-cœur de voir ses enfants catholiques obligés de fréquenter l’école neutre ou protestante, qu’il se décida à ouvrir et diriger lui-même un école anglaise, avec l’aide de maîtres laïques. Il est impossible de se faire une idée de tous les tracas que lui causa cette entreprise ; mais il n’était pas homme à reculer devant les difficultés. Toutefois, après sept ans d’héroïques efforts, il lui devenait de plus en plus difficile de se procurer des maîtres tels qu’il convenait à une école catholique et l’avenir était plutôt sombre. C’est alors que la Bonne Providence vint à son secours en décidant les Frères tant désirés à prendre la direction de son école. Pour l’installer, M. Coppin avait loué une grande maison malaise dans une situation avantageuse. Les Frères se firent acquéreurs de cette propriété et y bâtirent un vrai palais scolaire qui ne craint aucune concurrence.
Tout en s’occupant si activement des œuvres d’éducation, le missionnaire d’Ipoh ne négligeait ni l’évangélisation de son district, ni la vie religieuse de sa paroisse. Il installa un catéchiste dans le gros village de Sungei-Siput, à trente kilomètres d’Ipoh, y bâtit en 1914 une première chapelle en planches, qu’il remplaça dix ans plus tard par une jolie petite église en briques. Il ouvrit également une maison de doctrine à Chemor, autre village important sur la route d’Ipoh à Kuala-Kangsar. En un mot, il travaillait de tout son cœur à la conversion des païens et enregistrait chaque année un assez bon nombre de baptêmes d’adultes.
D’autre part, ses chrétiens sont unanimes à déclarer qu’il a été pour eux un pasteur plein de zèle et de dévouement. Il a solidement établi parmi eux la dévotion du Sacré Cœur pour la communion du premier vendredi du mois et l’intronisation de son image dans les familles. Il insistait également sur la dévotion à la Sainte Vierge ; tous les samedis, la messe se dit en son honneur dans l’église Saint-Michel, à laquelle beaucoup de chrétiens, grands et petits ont l’habitude de s’approcher de la sainte Table.
Il prenait aussi grand intérêt au bien-être matériel de ses chrétiens, les aidait à s’établir et les conseillait dans leurs entreprises. Ceux-ci l’aimaient comme un véritable père et ils le regrettent autant qu’est grand le vide qu’il a laissé parmi eux.
Sous un extérieur un peu rude, M. Coppin cachait un cœur excellent que ne dévoilaient pas toujours les impressions d’un premier abord. Quelqu’un qui le connaissait bien pour avoir vécu longtemps avec lui, se plaisait à dire : « Le Père Coppin ! ce n’est pas du gâteau, mais c’est du très bon pain. » De fait, il était plein d’entrain et de cordialité et se plaisait beaucoup dans la compagnie de ses confrères qu’il cherchait à voir le plus souvent possible.
Pendant les vingt-six années de sa carrière apostolique, notre confrère avait dû rentrer deux fois en France pour refaire sa santé ; la première fois en 1911, et la seconde en 1921.
Cette année même, il s’était senti bien fatigué après les fêtes de Pâques. Mais cette fatigue avait disparu, et quand il vint à Singapore vers la fin de juin pour le jubilé de deux de ses confrères, il était très gai, comme d’habitude, et se disait en fort bonne santé ; depuis aucune nouvelle tant soit peu alarmante.
Quelle ne fut pas notre stupeur, le 26 juillet, en recevant l’annonce télégraphique de son décès ! Et cela quand nous pensions qu’il était à Penang pour la retraite qui venait de commencer ! Voici ce qui s’était passé :
Le samedi 23 juillet, deux confrères en route pour la retraite s’arrêtèrent à Ipoh et trouvèrent M. Coppin très fatigué. Le lendemain dimanche, ils firent son service, l’un à Ipoh, l’autre à Sungei-Siput. Quant à lui, il ne put dire la messe que très péniblement. Ce devait être sa dernière !
Après la messe paroissiale, le Docteur vint le voir et ordonna de le transporter à l’hôpital européen de Batu-Gajah, ajoutant qu’il n’y avait pas de danger, mais que le malade avait besoin d’un repos absolu pendant une dizaine de jours.
Le lendemain de son arrivée à l’hôpital, il se sentit mieux. Son confrère chargé des Indiens d’Ipoh, M. Dérédec, vint le voir et lui proposa de rester avec lui. Il lui répondit que c’était inutile et qu’au lieu de rester il devait partir pour la retraite. Ce même jour, à dix heures du soir, le malade dormait paisiblement… le lendemain matin, à deux heures, il avait cessé de vivre ! Les médecins attribuèrent cette fin subite à une crise de cœur.
Notre cher confrère était donc mort sans avoir reçu les derniers sacrements, parce que personne ne le croyait en danger. « Pauvre cher Père ! écrivait la Supérieure du couvent d’Ipoh, le lendemain de la mort, il a travaillé jusqu’au bout sans montrer à personne combien il souffrait. Il est mort les armes à la main. Il aura été recueilli par le bon Dieu en serviteur fidèle, car sa lampe était toujours bien allumée. »
Ipoh n’est qu’à cinq heures de chemin de fer de Penang. Mgr Perrichon et quelques confrères interrompirent la retraite pour venir, avec plusieurs autres confrères du Collège assister aux funérailles du cher défunt. Celui-ci était très populaire à Ipoh, même en dehors de la communauté catholique. Aussi ce fut une foule nombreuse qui l’accompagna à sa dernière demeure.
Il repose maintenant au millieu de ses chrétiens à qui il a montré le chemin du Ciel, et à l’ombre de sa chère église de Saint Michel qu’il venait d’agrandir et d’embellir. La Mission de Malacca pleure en lui un de ses meilleurs ouvriers apostoliques et sa perte lui est d’autant plus douloureuse qu’elle suit de si près celle de MM. Gazeau et Le Mahec. Nous en sommes bien attristés mais non découragés, car notre confiance est en Celui qui abandonne d’autant moins qu’Il éprouve davantage.
Da mercedem sustinentibus te ut prophetae lui fideles inveniantur.
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References
[2559] COPPIN Jean-Baptiste (1877-1927)
Références biographiques
AME 1901 p. 267. 1908 p. 311. 1914 p. 78. 132. 133. 1928 p. 213. 1926-27 p. 451. CR 1901 p. 277. 1904 p. 218. 1906 p. 198. 1911 p. 195. 202. 1912 p. 244. 1913 p. 256. 257. 1920 p. 64. 1921 p. 108. 1922 p. 136. 1924 p. 106. 1925 p. 116. 1926 p. 132. 1927 p. 124. 127. 245. 249. 1928 p. 134. 1930 p. 196. 1934 p. 251. 288. 1938 p. 287 sq. BME 1922 p. 40. 1924 p. 335. 1926 p. 385. 516. 1927 p. 574. 583. 644. 1928 p. 702. 1956 p. 692. 693. 1957 p. 692. 693. EC1 N° 1. 66. 136. 159.
Notice nécrologique
CR 1927 pp. 245-249.