Jean MALFRAYT1876 - 1931
- Status : Prêtre
- Identifier : 2633
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1902 - 1931 (Pondichéry)
Biography
[2633] MALFRAYT Jean, François, Régis naît le 30 juin 1876 à St Maurice de Régnier, paroisse de St Maurice de Roche dans le diocèse du Puy en Haute-Loire. Il passe les premières années de son enfance dans sa famille et entre vers ses seize ans au Petit séminaire de Monistrol. Il est appelé sous les drapeaux avant même la fin de sa rhétorique. A l'expiration de son service militaire, il entre au séminaire des Missions Étrangères le 15 septembre 1897 et est ordonné prêtre le 22 juin 1902. Destiné à la Mission de Kumbakonam (1), il part le 23 juillet suivant.
Missionnaires au milieu des Intouchables
Après avoir passé à l'évêché de Kumbakonam le temps d'apprendre, non sans peine à cause de sa mémoire ingrate et de son oreille peu musicale, les rudiments de la langue tamoule, il est nommé à la tête du district de Mettur (2), dont il garde la charge pendant dix-huit ans. Il vit là au milieu de pauvres Parias. Profitant d'un mouvement crée par le gouvernement pour le relèvement des Intouchables, il parvient à obtenir pour eux des terrains, des maisons, des écoles. Il a souvent à régler des différends de toutes sortes entre païens et chrétiens, mais ses décisions sont toujours respectées.
Il doit quitter ses chers Parias quand on l’envoie à Pullambadi (3) en 1921. Il y retrouve la rivalité des castes, ce qui lui cause bien des soucis.
Doit changer de diocèse
En 1930, l'exode (4) des missionnaires de Kumbakonam vers le nouveau diocèse de Salem le surprend au moment où il vient d'achever la construction de l'église de Vadagaray. Il est nommé à Pungavai où il passe les derniers mois de sa vie. Il tombe malade, va à l'hôpital Ste Marthe de Bangalore et rend son âme à Dieu le 27 décembre 1931.
Déjà de son vivant, on l'appelle le bon Père Malfrayt en raison de sa bonté compatissante, rayonnante et aimante, qui se reflète sur son visage toujours souriant. Aussi est-il aimé de tous. Chez lui, la bonté ne dégénère pas en faiblesse ni n'exclue la fermeté pour le maintien du bon ordre. Sa bonté s'allie à l'humilité : l'effacement lui semblant tout naturel, il ne se met jamais en avant et se montre toujours très discret.
1 – Évêché se situant à l’ouest de Karikal ville côtière sur le golfe du Bengale, l’un des cinq comptoirs français en Inde.
2 – Au nord de Salem sur la Cauvery.
3 – Au nord-est de Tiruchirappalli.
4 – En 1930, le Saint-Siège nomme un évêque indien à la tête du diocèse de Kumbakonam. Conformément à la réglementation alors en vigueur, les missionnaires MEP doivent quitter ce diocèse pour un autre dirigé par un évêque issu de la Société des Missions Étrangères.
Obituary
M. MALFRAYT
MISSIONNAIRE DE SALEM.
M. MALFRAYT (Jean-François-Régis), né le 30 juin 1876 à Saint-Maurice-de-Roche (Le Puy, Haute-Loire). Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 15 septembre 1897. Prêtre le 22 juin 1902. Parti le 23 juillet 1902 pour Kumbakonam. Mort à Bangalore le 27 décembre 1931.
M. Malfrayt naquit au sein d’une de ces familles patriarcales du Velay, vraies pépinières de vocations sacerdotales, apostoliques et religieuses, où se sont conservées les traditions ancestrales de l’attachement à la foi, de la fidélité au devoir et de l’esprit de sacrifice allant jusqu’au don total de soi-même.
Il fut le huitième de neuf enfants ; un de ses frères aînés, le « doux Théophile » comme on l’appelait au Séminaire de la rue du Bac, l’avait précédé dans la carrière apostolique et après quatre ans seulement de Mission au Kouytcheou avait été prématurément ravi à l’apostolat par la fièvre typhoïde. Une pareille attaque avait failli aussi emporter le jeune Jean-François-Régis au temps de son enfance, tandis qu’il gardait les troupeaux de ses parents ; cette forte secousse qui le mena au bord du tombeau eut une répercussion dans sa mémoire dont l’affaiblissement devait lui créer bien des difficultés au cours de sa vie, durant ses classes et en Mission, pour l’étude des langues.
Son enfance s’écoula paisiblement dans sa famille, sa belle âme s’épanouissant dans une atmosphère embaumée des parfums des vertus chrétiennes, et sa vocation germant sous l’influence des exemples de son frère missionnaire, de deux oncles prêtres et de huit tantes ou cousines religieuses qui s’étaient vouées au service du Divin Maître. A l’âge où l’on achève les humanités il commence l’étude du latin. Entré à 16 ans au petit Séminaire de Monistrol, il conserva toujours dans sa classe son droit d’aînesse ; sa bonté lui gagna tous les cœurs ; son bon esprit, l’estime de ses maîtres, et sa simplicité, la sympathie de ses camarades.
Atteint par la conscription avant d’avoir fait la rhétorique, il doit tronquer ses études pour répondre à l’appel sous les drapeaux, mais avant de partir pour la caserne, il va passer deux mois au Séminaire de Bièvres où il revient à l’expiration de son service militaire faire sa philosophie et sa première année de théologie.
A la rue du Bac comme à Bièvres il ne fit pas grand bruit ; le seul, parce que très perceptible, fut celui de ses pas qui n’avaient guère la légèreté de ceux d’Achille, quand arpentant tous les matins les corridors du Séminaire pour allumer les becs de gaz, il réveillait avant la sonnerie de la cloche toute la communauté de Paris.
Comme au Séminaire, durant les 29 ans de sa carrière apostolique dans l’Inde il réalisa l’adage « le bien ne fait pas de bruit, et le bruit ne fait pas de bien » ; s’il évita toujours le bruit, il ne manqua aucune occasion de faire le bien autour de lui. Après avoir passé à l’évêché de Kumbakonam le temps d’apprendre, non sans peine, à cause de sa mémoire ingrate et de son oreille peu musicale, les rudiments de la langue tamoule, il est nommé à la tête du district de Mâttur dont il gardera la charge 18 ans. La majorité de ses chrétiens se recrute parmi les plus déshérités de la fortune et les plus abandonnés ; l’état de misère et d’abjection de ses pauvres parias émeut son cœur ; profitant d’un mouvement créé par le gouvernement pour le relèvement des basses castes il parvint, en suscitant des pétitions, en multipliant des réunions qui rassemblèrent des milliers de parias, à leur obtenir des terrains, des maisons, des écoles. Il devint vite l’arbitre et le maître de la situation dans la région, c’est à sa barre que sont apportés les différends de toutes sortes entre païens et chrétiens ; ses jugements dictés par le sentiment de la plus impartiale justice sont sans appel et acceptés sans discussion ni récrimination par tous. Aussi de quelle considération toujours grandissante ne jouit-il pas quand il reçoit son changement pour le poste de Pullambady ! Quoi qu’il lui en coûte de quitter ses chers parias, il accepte sans la moindre hésitation ce nouveau champ d’apostolat où son activité sera quelque peu gênée par la rivalité des castes parmi ses nouvelles ouailles qui, n’ayant pas bénéficié de ses services, seront moins empressées de se plier à ses décisions que ses anciens obligés de Mâttur ou ses futurs orphelins de Kumbakônam et de Salem dont il sera un jour le vrai père nourricier.
En 1930, l’exode des missionnaires de Kumbakônam vers le nouveau diocèse de Salem le surprend, au moment où il vient d’achever la construction de l’église de Vadagaray, comme la mort viendra deux ans plus tard lui apporter le repos éternel après avoir terminé la toiture de l’église de Pungavadi qui fut le couronnement de sa carrière apostolique. Ces deux événe-ments, l’exode et sa mort, ne le troublèrent pas le moins du monde ; il accepta le premier avec son calme habituel, bien que ce fut pour lui un déracinement total, et il envisagea l’autre avec toute sa tranquillité d’esprit comme une délivrance, comme la récompense d’une vie toute de bonté, sacrifiée à la gloire de Dieu et au salut des âmes.
En effet la bonté fut bien la vertu caractéristique de M. Malfrayt, Monseigneur Bottéro l’appelait « le Pétiot » et son Vicaire général, « le bon Père Malfrayt », bonté compatissante, bienfaisante, bienveillante, aimante, rayonnante, se reflétant sur son visage toujours souriant, toujours accueillant. Aussi fut-il aimé de tous. Il ne compta que des amis parmi ses confrères ; de la part des païens et des chrétiens qui l’approchèrent, il ne rencontra jamais la moindre hostilité. Mais chez lui la bonté ne dégénérait pas en faiblesse et n’excluait pas la fermeté pour le maintien du bon ordre. La bonté s’alliait aussi à l’humilité : l’effacement lui semblait tout naturel, il ne se mettait jamais en avant, écoutant de préférence et laissant parler les autres, ne causant lui-même que dans l’intimité d’un tête-à-tête avec son interlocuteur.
La rectitude de son jugement, sa discrétion à toute épreuve, son bon sens l’ayant fait désigner comme membre du Conseil épiscopal à Kumbakonam et plus tard à Salem, il déclina les deux fois cette offre, se jugeant indigne d’un tel honneur et incapable d’assumer une telle charge. Il s’estima toujours le dernier de ses confrères qu’il aimait tant et dont il fut très aimé, étant la bonté même. Excellemment il fut « mitis et humilis corde » et déjà il a reçu la récompense promise aux doux et aux pacifiques :
« Beati mites, quoniam possidebunt terram.…
« Beati pacifici, quoniam filii Dei vocabuntur. »
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References
[2633] MALFRAYT Jean (1876-1931)
Références bibliographiques
AME 1902 p. 386. 1925 p. 32. 1932 p. 48. CR 1902 p. 301. 1914 p. 134. 1918 p. 120. 1922 p. 155. 1931 p. 259. 276. 379. 1932 p. 286. 288. 324. BME 1922 p. 317. 1924 p. 542. 677. photo p. 360. 1930 p. 270. 591. photo p. 806. 1931 p. 850. 1932 p. 230. 880. MC 1925 p. 136. EC1 N° 235.