François MAIGRET1880 - 1918
- Status : Prêtre
- Identifier : 2757
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1904 - 1912 (Phat Diêm)
- 1915 - 1918 (Phat Diêm)
Biography
[2757] François, Joseph MAIGRET naquit le 9 avril 1880, à Rochefort, département de la Savoie, diocèse de Chambéry. Sa famille comptait six frères et une soeur. Après ses études primaires à Rochefort, François fit son cycle secondaire au collège de Le Pont-de-Beauvoisin.
Le 6 septembre 1898, après sa réthorique, il entra au séminaire des Missions Etrangères, où il se montra aspirant à l'esprit ouvert, au caractère droit, gai et au jugement sûr. Tonsuré le 22 septembre 1899, minoré le 22 septembre 1900, sous-diacre le 7 mars 1903, diacre le 21 juin 1903, il fut ordonné prêtre le 27 septembre 1903, par Mgr.Chatron, évêque d'Osaka, et reçut sa destination pour le vicariat apostolique du Tonkin Maritime (Phat-Diêm), qu'il partit rejoindre le 11 novembre 1903.
Arrivé en mission, il fit ses premiers débuts à Cua-Bang, important centre de trois mille âmes, la première chrétienté, dit on, fondée par le P. Alexandre de Rhodes, dans la première moitié du XVIIème siècle. Au commencement de 1905, il fut désigné pour aller à Yên-Khuong, (Muong-Deng), chrétienté Tay de 300 âmes, dans les montagnes, à l'ouest de la province de Thanh-Hoa, proche du Laos. Sous la direction de M.Degeorge, il se mit avec ardeur à l'étude de la langue Tay, visitant chrétiens et catéchumènes dispersés dans six villages, célébrant 27 baptêmes à Noël 1905. En 1906, il fonda la chrétienté de Muong-Nhân, à deux jours de marche de Yên-Khuong, et il y construisit une petite chapelle. En 1908, pris d'une fièvre bilieuse hématurique, il alla se reposer à Yên-Khuong, durant quelques mois. De retour à son poste, il travailla à la formation spirituelle de ses nouveaux chrétiens, tout en faisant le projet de fonder un poste dans la tribu voisine, à Muong-Môt. Mais en 1912, atteint d'une myélite d'origine paludéenne, il alla se faire soigner à Hanoï d'abord, puis au sanatorium de la Société à Hong-Kong, et dût enfin rentrer en France.
De retour en septembre 1915, en raison des vides causés par la mobilisation, M. Maigret, se rendant compte des difficultés de la situation, s'offrit à son évêque, contre l'avis des médecins, pour s'occuper des chrétientés de Muong-Nhân et Muong-Môt. Mgr. Marcou accepta mais il lui enjoignit de redescendre dans la plaine, au moindre malaise. En mars 1916, Mgr. Marcou rappela M.Maigret à Huu-Lê, poste plus sain, et plus confortable, aux confins de la région montagneuse.et de la plaine. M.Maigret s'occupa d'un hôpital fondé par M. Patuel, créa un nouveau village, dans une plaine abandonnée, et administra son vaste district. Il fit des recherches pour retrouver l'emplacement d'un monastère de religieuses viêtnamiennes, fondé il y a plus de 300 ans, non loin de Huu-Lê, par la princesse Marie, fille des rois Lê,
Le 5-6 mai 1918,M.Maigret se sentit indisposé; le 10 mai, ses membres inférieurs se raidissant, il alla consulter le docteur à Thanh-Hoa, qui le fit évacuer sur l'hôpital de Hanoï. Les médecins diagnostiquèrent une rechute de myélite. Peu à peu, la paralysie devint générale. Le 8 juin 1918, à 22 heures, il rendit son âme à Dieu, assisté par M.Petit, aumônier de l'hôpital de Hanoï.
Obituary
M. MAIGRET
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MARITIME
M. MAIGRET ( François-Joseph ), né à Rochefort ( Chambéry, Savoie ), le 9 avril 1880. Entré laïque au séminaire des Missions-Étrangères le 6 septembre 1898. Prêtre le 27 septembre 1903. Parti pour le Tonkin maritime le 11 novembre 1903. Mort à Hanoi le 8 juin 1918.
M. Maigret appartenait à une famille foncièrement chrétienne et nombreuse, car il avait six frères et une sœur. Son père était le bras droit du curé de la paroisse. Vers l’âge de 12 ans, François entra au collège de Pont-de-Beauvoisin, où il fit toutes ses études sous la ferme et paternelle direction de MM. Marin et Grumel, supérieurs. Pendant son séjour dans cette maison, qui a fourni d’excellents missionnaires à notre Société, il assista à la transformation matérielle et spirituelle du collège. Jusqu’alors, bien que recrutés dans les meilleures familles de la région, et se destinant presque tous à la carrière ecclésiastique, les élèves ne s’approchaient guère de la sainte table qu’une fois ou deux par mois ; c'est M. Grumel qui fit mettre en pratique et aimer la communion fréquente. Cette sage direction appuyée sur la vraie doctrine de l’Eglise laissa une forte empreinte dans l’âme de M. Maigret.
Ses études terminées, quand il fallut se décider pour le choix d’une carrière, le jeune homme n’eut aucune hésitation, il se dirigea vers le séminaire des Missions-Étrangères. Lui-même voulut apprendre ce choix à ses bons parents qui firent généreusement à Dieu et aux âmes ; le sacrifice de leur enfant.
A la rue du Bac, M. Maigret resta ce qu’il avait été à Pont-de-Beauvoisin et sera toute sa vie : esprit ouvert, jugement sûr, caractère droit, toujours égal, gai, ayant son franc parler et par-dessus tout foncièrement pieux. Quand il écrivait, sa phrase genre style télégraphique valait parfois toute une page.
Ordonné prêtre, en 1903, par Mgr Chatron, évêque d’Osaka, ce fut avec une joie très vive qu’il apprit sa destination pour le Tonkin maritime.
Arrivé en mission, il fit ses premiers débuts dans un des plus beaux postes de la mission, à Cuabang, important centre de 3.000 âmes, la première, dit-on, des chrétientés fondées par le P. de Rhodes, dans la première moitié du XVIIe siècle. Quelques mois après, au commencement de 1905, il fut désigné pour aller à Yenkhong, situé dans la partie montagneuse, à l’ouest de la province de Thanhhoa, et proche du Laos. Cette région, avec ses vallées étroites, encaissées au milieu d’une succession de montagnes boisées, est certainement la plus insalubre de tout le Tonkin et probablement le pays le plus fiévreux de toutes nos missions en Extrême-Orient. La population y est assez dispersée et toute différente de celle du delta. C’est dans ce pays sauvage, au milieu de populations grossières, que M. Maigret passera à peu près tout le reste de sa vie.
Connaissant l’annamite imparfaitement encore, il est obligé d’apprendre une nouvelle langue. Il s’y met avec ardeur et grâce à son travail, il est, au bout de peu de temps, capable de remplir les fonctions de son ministère. Désormais la fièvre peut le secouer, dès qu’elle lui laissera un moment de répit, il sera tout à ses sauvages dont il aura vite gagné la confiance.
Il était là en la fraternelle compagnie du bon P. Degeorge, depuis un an environ, lorsqu’une tribu voisine, Muong Nhan, demanda à embrasser la religion chrétienne. M. Maigret fut désigné pour aller fonder ce nouveau poste, à deux journées de Yenkhuong. Son premier soin est de construire une petite chapelle, dans laquelle il gardera le Saint-Sacrement. Et quand les difficultés et les ennuis pèseront un peu plus lourdement sur son cœur, c’est au pied de l’autel qu’il ira chercher des forces. Grâce à son zèle, à son savoir-faire et à sa charité, en quelques années toute la tribu est chrétienne. Il faut connaître le pays et ses habitants, pour comprendre la somme de travail et de dévouement nécessaire à un si beau résultat. Mais hélas ! ce n’est pas impunément. En 1908, notre cher confrère est pris d’une fièvre bilieuse hématurique qui l’oblige à aller à Yengkhuong. Après quelques mois de repos, il rejoint son poste animé d’une nouvelle ardeur pour parfaire l’instruction et la formation de ses nouveaux chrétiens. Il songe aussi à fonder un poste dans une tribu voisine à Muong Mot, quand en 1912 il tombe gravement malade, atteint d’un myélite d’origine paludéenne. Il fut soigné d’abord à l’hôpital de Hanoï, puis au sanatorium de la Société à HongKong, mais la guérison espérée ne vint pas et notre cher confrère partit pour la France, où l’air pur des montagnes de la Savoie et les soins maternels eurent enfin raison du mal. C’est du moins ce que nous pensions tous, en le voyant revenir parmi nous en septembre 1915 avec une santé, en apparence, plus florissante que jamais.
A cette époque, le Tonkin était en pleine mobilisation. Trois confrères occupant les postes de la région montagneuse, à l’ouest de la province de Thanhhoa, avaient été appelés sous les drapeaux. Le supérieur de la mission ne pouvait se résigner à abandonner Muong Nhan et Muong Mot, où M. Maigret avait tant peiné et où un si beau succès avait couronné ses efforts. Se rendant compte des difficultés de la situation, notre cher confrère s’offrit de lui-même à son évêque, et cela malgré l’avis des médecins, qui lui avaient défendu de retourner dans un endroit fiévreux, sous peine de s’exposer à une rechute qui pourrait être mortelle. Forcé en quelque sorte par les circonstances, le supérieur de la mission accepta l’offre généreuse de l’apôtre, et le renvoya à Muong Nhan, mais à la condition expresse qu’il redescendrait dans le delta au moindre malaise.
Dans ces forêts, d’octobre à mai, le climat est relativement supportable. Mais dès qu’arrivent les fortes pluies et les grandes chaleurs, il faut une constitution spéciale pour résister. Aussi dès le mois de mars 1916, Mgr Marcou rappela M. Maigret sur les confins de la région montagneuse à Huule, poste plus sain et doté d’un logement relativement confortable. Là, non plus, les occupations, et des plus intéressantes, ne manquèrent pas à son zèle ; le soin d’un hôpital fondé par M. Patuel, la création d’un nouveau village dans une vaste plaine abandonnée, la direction d’un grand district, furent les principales. Il y joignit des recherches pour retrouver l’emplacement d’un monastère de religieuses annamites, qui, d’après M. Romanet du Caillaud, aurait été fondé il y a plus de 300 ans, par une fille des rois Le, la princesse Marie, dans une de leurs capitales qui se trouvait précisément non loin de Huule. Là, comme ailleurs, le succès semblait couronner ses efforts, quand la rechute tant redoutée vint nous enlever soudainement le vaillant missionnaire.
Les premiers jours de mai 1918, M. Maigret était descendu à Thanhhoa et en était reparti en parfaite santé. Le 5 ou le 6, il se sentit indisposé ; le 10, il fut obligé d’aller consulter le docteur à Thanhhoa. Déjà les membres inférieurs se raidissaient, la marche devenait pénible. Le 13, le mal ne diminuant pas, le docteur conseilla l’hôpital de Hanoï. A l’hôpital, les médecins diagnostiquèrent une rechute de myélite. La maladie alla en s’aggravant jusque vers la fin de mai ; la paralysie devint alors générale et dans une crise d’étouffement, notre cher confrère reçut les derniers sacrements. A partir de ce moment il ne restait plus d’espoir. M. Maigret s’en rendait parfaitement compte. Il s’y était d’ailleurs préparé. De bon cœur il offrit sa vie pour ses frères qui étaient encore sur le front, et dont deux sont morts au champ d’honneur, et pour son Laos qu’il avait tant aimé. Les crises d’étouffement se renouvelèrent plusieurs fois, et c’est dans l’une d’elles qu’il fut emporté, le 8 juin à 10 heures du soir, entouré des dévouées dames de la Croix Rouge et de M. Petit, aumônier de l’hôpital.
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References
[2757] MAIGRET François (1880-1918)
Références bibliographiques
AME 1904 p. 62. 189. 1913 p. 101 (art.). CR 1903 p. 307. 1906 p. 161. 1909 p. 171. 1911 p. 158. 1912 p. 195. 196. 1913 p. 207. 1914 p. 80. 1916 p. 118. 1918 p. 73. 178. 1920 p. 50. 1922 p. 192. BME 1923 p. 653.