Armand POISSON1878 - 1970
- Status : Prêtre
- Identifier : 2801
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1904 - 1951 (Chengdu)
Biography
[2801] POISSON Armand, Alphonse, est né le 14 octobre 1878 à Landéan, dans le diocèse de Rennes (Ille et Vil.). Il suit sa famille quand elle s'installe à Saint-Ellier-du-Maine en Mayenne, au diocèse de Laval. Il fait ses études au Petit Séminaire de Mayenne, à l'âge de 17 ans (1895-1899). Après son service militaire, il entre au Grand Séminaire de Laval (1900-1902). Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 11 septembre 1902. Ordonné prêtre le 26 juin 1904, il part le 17 août suivant pour la mission du Setchoan occidental.
Il est accueilli par Mgr. Dunand qui l'envoie à Tchefang, à 60 km au nord de Chengtu, où il s'initie au chinois. À la rentrée scolaire de 1907, il est nommé supérieur du probatorium : il y resta quinze ans. Mgr. Rouchouse l'appelle alors à la paroisse cathédrale : il sera en même temps confesseur ordinaire des grands séminaristes. En 1929, il est libéré de sa fonction de curé pour mieux s'occuper de la formation de ces séminaristes : il se fixe au séminaire avec le titre de professeur de philosophie et de directeur spirituel.
En 1932, le Père Poisson est nommé vicaire délégué et provicaire. C'est l'époque de la longue marche des partisans communistes et le Setchoan subira des dégâts matériels importants et des milliers de victimes seront à déplorer. Le brigandage sévit partout. Ceci est à peine passé que les Japonais commencent leurs bombardements à partir de novembre 1938; les bâtiments de la mission seront atteints. À l'instauration de la hiérarchie en 1946, le Père Poisson devient vicaire général. À la mort de Mgr. Rouchouse, en décembre 1948, le Père Poisson dirige le diocèse par intérim. Mgr. Pinault, sacré le 17 septembre 1949, choisira le Père Poisson comme vicaire général. Mais deux ans plus tard, c'est la sortie de Chine, le 4 décembre 1951 et le retour en France, le 20 février 1952. Il sera alors aumônier à Chateau-Gonthier, au diocèse de Laval. Il est décoré de l'Ordre National du Mérite, le 14 janvier 1967. C'est à Chateau-Gonthier qu'il meurt le 14 janvier 1970.
Obituary
Le Père Amand POISSON
Missionnaire en Chine
1878 - 1970
Né le 14 octobre 1878 à Landéan (diocèse de Rennes).
Entré aux Missions Etrangères en septembre 1902
Prêtre le 28 juin 1904.
En Mission à Cheng-tu de 1904 à 1952.
Ministère en France de 1952 à 1970.
Décédé à Château-Gontier le 4 janvier 1970.
Amand Alphonse POISSON est né le 14 octobre 1878 à Landéan, au diocèse de Rennes. Sa famille alla s’installer à Saint-Ellier à quelques kilomètres plus à l’est, passant ainsi de Bretagne en Mayenne et du diocèse de Rennes à celui de Laval. Il fit ses études au petit séminaire de ce diocèse de la quatrième à la rhétorique (1895-1899). Après une année de service militaire, il entra au grand séminaire de Laval en 1900. En 1902, il demande son admission au séminaire des Missions Etrangères où il entre en septembre de la même année. Ordonné prêtre le 28 juin 1904, il est destiné pour la Chine : la Mission du Sseu-tchoan occidental.
La carrière missionnaire
Dans le roman bien connu de A. J. Cronin intitulé « Les clés du Royaume », on suit la difficile carrière d’un missionnaire travaillant en Chine dans le plus complet isolement. Ou l’auteur ignorait la réalité, ou il a cru devoir la déformer pour rendre la situation plus dramatique. Mais en 1904, la Chine comportait 41 évêchés ou vicariats apostoliques se partageant l’étendue entière du pays, en sorte que tout missionnaire envoyé en Chine rejoignait nécessairement une équipe dirigée par un évêque (aidé parfois d’un coadjuteur). Celle de Sseu-tchoan occidental était sous la direction de Mgr Julien Dunand, alors âgé de 63 ans. Elle comportait 38 missionnaires européens, 43 prêtres chinois, 105 séminaristes répartis entre le grand et le petit séminaire, 65 catéchistes, 3 frères maristes, 838 religieuses, chinoises pour la plupart, se chargeant de 256 écoles, 5 orphelinats, un dispensaire principal, une cinquantaine de dispensaires secondaires et surtout 2 hôpitaux dont un dirigé par un médecin français.
Toutefois cet effectif impressionnant était minime par rapport à l’immensité de l’œuvre à accomplir. Le vicariat comptait à lui seul 25 millions d’habitants, dont 600.000 à Chengtu la capitale. A la même époque, la population de la France n’atteignait pas 40 millions d’habitants. Ainsi, Mgr Dunand avait la responsabilité d’une population dépassant la moitié de celle de la France, mais ne comptait que 40.000 catholiques, dispersés sur 600 kilomètres de long et 400 de large, dans un pays au relief montagneux très marqué.
Durant son séjour de quarante-sept ans en Chine, le P. Poisson a travaillé sous trois évêques : Mgr Dunand, nommé en 1893, qui l’accueillit en 1904 et mourut en août 1915 ; Mgr Jacques Rouchouse, nommé en janvier 1916, sacré en octobre suivant, décédé à Chengtu le 20 décembre 1948 ; puis Mgr Henri Pinault, originaire du diocèse de Saint-Brieuc, qui succéda à Mgr Rouchouse en 1949.
Peu après son arrivée à Chengtu, vers la fin de 1904, le P. Poisson fut envoyé à Tche-fang, poste situé à 60 km environ au nord de la capitale. Il y resta deux ans moins quelques mois, et sa principale occupation y fut le dur apprentissage de la langue chinoise. A la rentrée scolaire de 1907, Mgr Dunand le nomma supérieur du probatorium, fonction qu’il exerça durant quinze ans. En 1922, Mgr Rouchouse l’appela à la capitale pour être curé de la paroisse-cathédrale qui comptait environ 1.200 fidèles.
Il était en même temps confesseur ordinaire des grands séminaristes. Pour qu’il puisse disposer de tout son temps pour la formation du futur clergé chinois, Mgr Rouchouse le libéra en 1929 de sa fonction de curé de la cathédrale. Il se fixa au grand séminaire avec le titre de professeur de philosophie et directeur spirituel. A la rentrée de 1931, le séminaire de Chengtu devenait séminaire régional pour l’ensemble de l’immense Sseu-tchoan, avec un corps professoral renouvelé.
Le P. Poisson y demeura, mais pour une seule année, car à la mort du P. Couderc, en 1932, il fut nommé vicaire délégué et provicaire ; il prit le titre de vicaire général en 1946, quand le vicariat apostolique de Chengtu devint diocèse. A la mort de Mgr Rouchouse, en décembre 1948, le P. Poisson dirigea le diocèse par intérim. Mais alors il était dans sa soixante-et-unième année, donc trop âgé pour prendre la responsabilité d’un diocèse si vaste et si difficile à visiter. Le Saint Siège nomma Mgr Pinault, alors âgé de 45 ans, c’est-à-dire en pleine maturité et encore en pleine force. Comme son prédécesseur, Mgr Pinault choisit le P. Poisson pour vicaire général. Mais, deux ans plus tard, la Chine se fermait pour l’un et l’autre.
Les travaux et les jours
En 1902, la Mission avait beaucoup souffert d’un mouvement néo-boxeur : de nombreux chrétiens furent massacrés, quantité d’églises brûlées ou saccagées. Par la suite, une paix relative s’instaura et, lors de la révolution en 1911, les établissements catholiques furent épargnés, alors que le vice-roi eut la tête tranchée.
Quand éclata la première guerre mondiale, le P. Poisson dirigeait le probatorium. Les missionnaires mobilisables durent faire le long voyage de Tien-tsin pour se présenter aux autorités françaises. La commission médicale de Tien-tsin semble avoir considéré que ces hommes étaient presque tous usés par le climat contrairement à d’autres centres qui déclarèrent à peu près tous les missionnaires aptes au service. Bref, le vicariat du Sseu-tchoan occidental fut relativement privilégié. Le P. Poisson, entre autres, ne quitta pas la Chine et put rejoindre son poste.
Après la guerre, les intellectuels et ouvriers revenus d’Europe, de France spécialement, fondèrent, en 1921, le Parti Communiste Chinois, qui devint, en 1922, la section chinoise du Komintern. En 1923, Moscou envoya Borodine aider le président Sun-Yat-sen à réorganiser son parti, le Kouo-min-tang, sur le modèle du parti communiste russe. Il resta quatre ans dans la région de Canton. Sun-Yat-sen mourut en 1925 et l’aile modérée du Kouo-min-tang se rallia au général Tchang Kai-chek, qui obligea Borodine à repartir en 1927. Mao Tsé-Tung et Chou En-lai constituèrent alors dans le Kiang-si, au nord-est de Canton, une République soviétique chinoise. Attaqués par les nationalistes de Tchang Kai-chek, ils entreprirent, au début de 1933, ce qu’on a appelé depuis la « Longue Marche » vers le Chen-si, qui dura un an et dévasta la Sseu-tchoan pendant de longs mois. Outre cette guerre civile endémique, le brigandage traditionnel s’instaura un peu partout, en sorte que la vie des missionnaires, même entre les deux guerres, a comporté une longue suite d’alertes.
C’est au milieu de ces troubles que le P. Poisson et ses confrères ont travaillé. En 1922, sa dernière année au probatorium, il avait 60 élèves. Pendant les vacances d’été, il accompagna Mgr Rouchouse à une réunion d’évêques qui se tint à Sui-fu. Six ans plus tard, du temps où il était curé à Chengtu, il s’aventura jusqu’aux Marches tibétaines, à l’occasion du sacre de Mgr Valentin, à Tatsien-lu, en août 1928. L’année suivante, il fit installer des orgues dans la cathédrale de Cheng-tu. C’était faire preuve d’un bel optimisme, car cette même année, la Mission dut payer l’impôt foncier jusqu’en 1946, et l’on n’était encore qu’en 1929 !
Son travail à la paroisse-cathédrale, de 1922 à 1929, ressembla au ministère de tous ceux qui avaient une responsabilité pastorale : assurer l’Eucharistie et les réunions de prière, les confessions, l’aumônerie des religieuses, nombreuses à Cheng-tu, la prédication, la catéchèse des néophytes, l’accueil des chrétiens venant des campagnes à la capitale, etc... En 1926, par exemple, il baptisa 36 adultes, portant ainsi le chiffre de ses ouailles à 1.302.
L’année 1930 marqua un aboutissement important pour la Mission de Cheng-tu : treize sous-préfectures, comptant neuf millions d’habitants, furent détachées du vicariat pour constituer le vicariat de Tchouen-king, confié au clergé chinois, sous la direction de Mgr Ouang. Comme les deux autres Missions de Sseu-tchoan avaient elles-mêmes donné naissance, dans les mêmes conditions, au vicariat de Ouan-hien et à la préfecture apostolique de Yachow, le délégué apostolique en Chine, Mgr Costantini, jugea opportun d’ériger un séminaire régional pour les six vicariats de la province. On évitait ainsi aux trois nouvelles missions d’avoir à fonder le leur, on concentrait les efforts pour avoir un corps professoral qualifié. Le vicaire apostolique de Cheng-tu fut chargé de préparer les locaux. Tout fut prêt pour la rentrée de 1931. Chaque vicariat contribua à la constitution du personnel de direction et d’enseignement, composé de Chinois et d’Européens. Le supérieur vint de Chung-king, mais le P. Poisson fit partit de la nouvelle équipe, pour une seule année scolaire, il est vrai, car en 1932 il fut appelé aux fonctions de vicaire délégué, poste devenu vacant par la mort du titulaire. A cette date, Mgr Rouchouse, âgé de 63 ans, était encore valide. Avec l’âge, sa santé déclinera, en sorte que le vicaire général devra assumer de plus en plus de responsabilité dans des conditions de plus en plus difficiles.
En janvier 1931, le général Houang fit apposer les scellés sur les réserves de riz des établissements de la mission et, comme il fallait s’y attendre, les soldats vendirent entièrement ce riz. Vers la mi-mars, six bataillons de l’armée régulière arborèrent le drapeau rouge. Le commandant militaire de Cheng-tu envoya des troupes à leur poursuite, mais ils gagnèrent les montagnes où il devenait trop dangereux de les attaquer.
Deux ans plus tard, se déclenchent les troubles consécutifs à la « Longue Marche ». L’administration a besoin d’argent pour faire face au danger. On est en 1933. La Mission doit payer l’impôt foncier jusqu’en 1962 d’abord, et peu après jusqu’en 1967, soit avec 34 années d’avance. Le P. Pinault est contraint de quitter son district de Pa-chéou et de Lang-kiang. Quand il peut le réintégrer, il écrit que le chiffre des victimes, après le passage des Rouges, serait de dix à vingt mille personnes. L’église de Lang-kiang avait été transformée en écurie, celle Tang-kiang en salle de cinéma. Le sacristain avait subi des tortures, en fait des brûlures profondes sur la poitrine et sur le dos, pour lui faire avouer où étaient cachés les objets précieux de la Mission. Il n’avait pas parlé, mais plusieurs mois plus tard, il n’était pas encore guéri.
A peine avait-on relevé les ruines de cette guerre civile que commencèrent les bombardements japonais, à partir de novembre 1938. Le 11 juin 1939, par exemple, 27 avions japonais (3 escadrilles de 9 appareils chacune) bombardèrent Cheng-tu. Une église fut détruite. Le P. Poisson retrouva le ciboire, contenant les hosties consacrées, sous les décombres. Le 12 octobre de la même année, les bombes japonaises atteignirent l’évêché, la cathédrale, le petit séminaire, l’hôpital et l’orphelinat. Le P. Poisson s’était réfugié avec un confrère et plusieurs Chinois dans le hangar à charbon. Ils se trouvèrent tous indemnes au milieu d’un amas de ruines.
Enfin la guerre se termina en 1945, et dès l’année suivante arrivait le précieux renfort de sept nouveaux confrères, pleins de jeunesse et de santé. Hélas ! Après la défaite japonaise, les troupes de Mao Tsé-toung se rendirent progressivement maîtresses de la situation. Le 8 décembre 1949, le Maréchal Tchang Kai-chek se retirait à Formose. Mgr Pinault venait d’être sacré deux mois et demi auparavant. Les espérances nées du fait de son élévation à l’épiscopat furent sans lendemain, par suite des circonstances.
Les Rouges, il est vrai, se montrèrent d’abord respectueux vis-à-vis de la religion. Cette politique de la main tendue fut pourtant de courte durée. La Mission fut taxée au-delà de toute possibilité et délibérément ruinée par ce biais ; plusieurs missionnaires furent arrêtés ou séquestrés, parfois jugés dans des conditions odieuses ; finalement toua furent expulsés.
Le P. Poisson quitta Cheng-tu le 24 novembre 1951. Il arrivait à Hongkong le 4 décembre suivant et débarquait à Marseille le 20 février 1952.
Une longue carrière l’attendait encore dans son diocèse de Laval. Il devint aumônier à Château-Gontier où il s’est endormi dans la paix du Seigneur le 4 janvier 1970. Il avait été décoré de l’Ordre national du Mérite, le 17 janvier 1967.
Ainsi apparaît dans son contexte historique la belle figure du P. Poisson dont la modestie cachait et les talents et la vie intérieure. Si celle-ci fut l’âme de ses activités, ceux-là, développés par un travail acharné, lui donnèrent accès aux plus hautes charges de la Mission.
Le P. Poisson ne connut pas d’ennemis. Les chrétiens le vénéraient. Le clergé l’aimait. Les persécuteurs le respectèrent. Esprit très équilibré, plein de bon sens, énergique par tempérament, il respirait la bonté, mais une bonté sans faiblesse. Son rôle fut particulièrement bénéfique dans la formation des jeunes candidats au sacerdoce et primordial dans la direction du clergé chinois à l’époque difficile qui précéda la Révolution : ses directives, ses conseils, ses ordres étaient acceptés.
Fidélité à Dieu et à l’Eglise, ce fut son programme : il n’y faillit jamais. Témoin du réveil de la Chine qui « fait trembler le monde », cet apôtre des temps modernes avait souhaité à son pays d’adoption une direction opposée.... Les épreuves de l’Eglise furent sa plus cruelle épreuve.
Jean GUENNOU
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References
[2801] POISSON Armand (1878-1970)
Références bibliographiques
AME 1904 p. 318. 1930 p. 163. 1932 p. 241. CR 1904 p. 293. 1926 p. 43. 1927 p. 52. 1928 p. 44. 1933 p. 329. 1936 p. 331. 332. 1939 p. 43. 1940 p. 25. 26. 1948 p. 24. 1949 p. 33. 35. 1951 p. 23. BME 1922 p. 434. 629. 1923 p. 117. 1928 p. 41. 43. photo p. 42. 1929 p. 362. 677. 1930 p. 172. 228. 1931 p. 59. 287. 1932 p. 614. 1933 p. 614. 727. 797. 798. 878 1937 p. 422. 485. 859. 1938 p. 327. 1940 p. 263. photo p. 778. 1941 p. 611. 1949 photo p. 745. 1950 p. 389. 558. 1952 p. 50. 59. 129. 1955 p. 7. 566. 1958 p. 289. ECO oct. 1941 p. 12-14. ECM 1945 p. 129. 130. EPI 1962 p. 90. EC1 N° 467. 509. 514. 578. 633. 740. 772. NS 1P4. 27/C2. MEM spécial p. 3-7 (de J. Guennou).