Paul LEROND1890 - 1981
- Status : Prêtre
- Identifier : 3202
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1920 - 1926 (Penang)
- Country :
- China
- Mission area :
- 1926 - 1927 (Hong Kong)
Biography
[3202] LEROND Paul, Jules, est né le 26 juin 1890 à Chanville, dans le diocèse de Metz (Moselle). Il fait ses études secondaires au Petit Séminaire de Montigny (1902-10) puis suit deux années de Philosophie au Grand Séminaire de Metz. Il entre au Séminaire des Missions Étrangères le 12 septembre 1912. Mobilisé comme sujet allemand, il est bientôt démobilisé. Ordonné prêtre le 30 octobre 1915, il est vicaire à Ars-sur-Moselle (octobre 1915-juillet 1918), puis à Boulay-sur-Moselle. Après la guerre, il revient au Séminaire des Missions Étrangères le 21 janvier 1919 et part pour le Collège Général de Penang le 27 juin 1920.
Vers la fin de 1926, il demande à changer de poste et part pour la maison de Nazareth à Hong Kong. Cette vie ne lui convient pas plus et il rentre en France le 28 octobre 1927. En 1928, il devient curé de Morville-lès-Vic, et il s'occupera beaucoup de ses neveux et nièces jusqu'en 1940. Le 21 novembre de cette année-là, il se réfugie avec sa famille" dans l'Aude, diocèse de Carcassonne, où l'évêque le nomme curé d'Aigues-Vives et de ses annexes. Plus tard, il est nommé curé de Puginier : il y restera jusqu'en mars 1945.
Après la guerre, il revient à Morville-lès-Vic et réinstalle sa "famille" à Chanville. Il obtient sa mutation pour Arriance où il restera jusqu'au 1er octobre 1971. Il prend alors sa retraite dans la vieille maison familiale de Chanville où il va mourir le 2 avril 1981. Ses obsèques eurent lieu le 5 avril dans l'église de Chanville et il repose au cimetière paroissial.
Obituary
Le Père Paul LEROND
Administration générale
1890 - 1981
LEROND Paul
Né le 26 juin 1890 à ChanviIle, en Moselle, au diocèse de Metz
Entré aux Missions Etrangères le 12 septembre 1912
Ordonné prêtre le 3 octobre 1915
Parti pour le Collège général de Penang le 27 juin 1920
Rentré en France le 28 octobre 1927
Ministère en France : 1927-1971
Retraite à Chanville : 1971
Décédé à Chanville le 2 avril 1981
Enfance et jeunesse
Paul Lerond naquit à Chanville, en Moselle, au diocèse de Metz, le 26 juin 1890. Après ses études primaires à Chanville, il fit ses études secondaires au petit séminaire de Montigny. Sentant l’appel de Dieu, il entra au grand séminaire de Metz en 1910 pour deux années de philosophie. A la fin de sa deuxième année de philosophie, il demanda à entrer aux Missions Etrangères. Comme les renseignements donnés par le supérieur du grand séminaire furent favorables, il fut admis le 8 juillet et entra, déjà tonsuré, le 12 septembre 1912. Il poursuivit normalement ses études jusqu’à la déclaration de la guerre, en août 1914. Rappelons-nous que l’Alsace et une partie de la Lorraine étaient sous régime allemand. Paul Lerond était sujet allemand. Il fut donc obligé de regagner son pays natal, Chanville. Mobilisé dans l’armée allemande, à une date que nous ne pouvons préciser, il fut démobilisé au bout d’un certain temps et cela grâce à la complicité d’un médecin allemand, frère d’un évêque, qui déclara ne pas pouvoir lui fournir les verres adaptés à sa vue ! Ordonné prêtre le 3 octobre 1915, il fut sans tarder employé dans le ministère comme vicaire, d’abord à Ars-sur-Moselle, d’octobre 1915 jusqu’en juillet 1918. A cette date, il fut transféré à la paroisse de Boulay-sur-Moselle. La guerre terminée, il revint aux Missions Etrangères le 21 janvier 1919. Il compléta ses études jusqu’à son départ pour le Collège général de Penang en Malaisie, le 27 juin 1920. Cet établissement, appelé traditionnellement « Collège général », était en fait un grand séminaire destiné à l’origine à recevoir des élèves de toutes les Missions d’Extrême-Orient, confiées à la Société des Missions Etrangères. Au moment où y arriva le P. Lerond, en juillet 1920, les élèves du Collège général étaient encore de nationalités très variées. C’est pourquoi on avait adopté le latin, comme langue, non seulement pour l’enseignement mais aussi comme langue usuelle dans les rapports avec les directeurs et la conversation des élèves entre eux. Quelle fut la raison déterminante pour laquelle on donna cette destination au P. Lerond ? Nous ne le savons pas au juste. Mais il est très vraisemblable qu’il manquait des professeurs au Collège pour assurer tout l’enseignement sans créer de surcharge pour chacun des directeurs. Mais l’expérience révéla bientôt que ce genre de vie ne convenait guère au P. Lerond qui aurait préféré une vie plus active. En fait, il ne s’habitua jamais bien à cette vie au séminaire, vie qui comportait pour lui trop de contraintes. Il demanda donc vers la fin de l’année 1926 à changer de « poste ». C’est alors qu’il fit un essai à la Maison de Nazareth à Hongkong. Cette maison était essentiellement une « maison de prière » où l’Office divin était assuré en communauté chaque jour. De plus la maison comportait une imprimerie, encore importante à l’époque, qui éditait des livres en de nombreuses langues d’Extrême-Orient. Cet essai ne fut pas plus heureux que celui du Collège de Penang, car les exigences de prière et de travail entraînaient des contraintes encore plus grandes et le P. Lerond ne put se faire à ce genre de vie. C’est pourquoi il demanda aux supérieurs de la Société de rentrer en France. Il y arriva le 28 octobre 1927. Après un temps de repos dans sa famille à Chanville, il fut accepté au diocèse de Metz, grâce, au moins en partie, à la demande adressée par Mgr de Guébriant à Mgr Pelt.
C’était en 1928. Il devint alors curé-administrateur de Morville-lès-Vic, non loin de Château-Salins.
Comme le raconte son neveu, M. Lerond, c’est alors qu’il commença à s’occuper de ses quatre neveux et nièce, car la situation de la famille était vraiment grave... La maman était décédée ; le père gravement malade ne pouvait pas assurer l’exploitation de la ferme. Tout fut vendu et les enfants dispersés. C’est alors que le P. Lerond rassembla ses neveux et nièce autour de lui à Morville-lès-Vic et les confia, en partie du moins, à une brave veuve du village. Il veillait avec soin sur ces enfants, mais sans pour cela négliger son ministère. Il retroussait volontiers sa soutane pour aider ceux qui en avaient besoin... Cette situation dura, semble-t-il, jusqu’en 1940.
A cette date, le 21 novembre 1940, toute la famille, c’est-à-dire le P. Lerond et les enfants évacuèrent dans l’Aude. La dame, ci-dessus nommée, suivit la famille pour tenir le ménage. L’évêque de Carcassonne qui manquait de prêtres du fait de la guerre attribua au P. Lerond la paroisse d’Aigues-Vives, avec deux autres paroisses annexes. C’était un pays de vignobles et le ravitaillement était très difficile. Le P. Lerond faisait des « virées » à bicyclette jusqu’à 50 km à la ronde pour rapporter dans son sac à dos de quoi nourrir son monde car il était à la fois curé et « père de famille ». Comme cette situation était pour lui très difficile, il demanda une autre paroisse. Il fut alors nommé curé de Puginier, à une certaine distance de Castelnaudary. Avec la paroisse principale il avait aussi plusieurs annexes à desservir. Mais dans cette région le ravitaillement était plus facile. Toute la famille resta là jusqu’au mois de mars 1945.
Ce fut alors le retour en Moselle. Le P. Lerond reprit sa paroisse de Morville-lès-Vic. Il réussit à réinstaller sa « famille » à Chanville, à récupérer la propriété familiale. Alors l’exploitation redémarra avec de petits moyens, car la famille ne put obtenir de dommages de guerre, vu qu’ils n’exploitaient pas auparavant... Quant au P. Lerond, il faisait plusieurs fois par semaine, soit à bicyclette puis ensuite à mobylette, le trajet de 40 km de Morville à Chanville pour aider la famille à reprendre pied. Etant donné cette situation et la distance de Morville à Chanville, il demanda sa mutation pour Arriance qui n’était qu’à 6 km de Chanville. C’est le 1er août qu’il s’installa dans sa nouvelle paroisse dans laquelle il devait rester jusqu’en 1971. Comme le remarque son neveu, « notre oncle ne connaissait pas très bien le métier de cultivateur, mais il y mit tellement d’ardeur qu’il réussit à nous réimplanter chez nous ». Et le neveu donne un exemple : « Il lui est arrivé d’acheter et de ramener à pied sur une distance de 50 km un jeune cheval à demi-sauvage et d’avoir besoin du secours des agents pour traverser Nancy. Il nous a aidés dans les travaux les plus simples allant jusqu’à passer pour le domestique aux yeux d’étrangers qui ne le connaissaient pas. Cela ne l’empêchait pas de faire son ministère et d’aller desservir ses annexes avec un bâton à la main quand le temps ne lui permettait pas de se servir de sa mobylette. Il a toujours dépanné ses confrères et il ne supportait pas l’idée que les paroissiens soient privés de messe le dimanche, surtout à Chanville.
« Il a pris sa retraite dans notre ancien logement à Chanville, le 1er octobre 1971, et a continué à servir tous ceux qui l’entouraient sans jamais se ménager. Malgré les infirmités de l’âge et surtout les rhumatismes, il a tenu à célébrer sa messe jusqu’au bout.
« Il a tout fait pour nous et nous n’avons pu que lui donner satisfaction par notre réussite dans notre métier.
« Pendant tout ce temps de retraite, cela a été une fête pour lui de recevoir la visite d’un confrère des Missions Etrangères, et à travers ce visiteur nous avons une haute idée des Missions Etrangères de Paris. »
De fait l’ancien délégué du Supérieur général, le P. Sylvestre, ainsi que le nouveau, le P. Rannou, sont allés plusieurs fois lui rendre visite à Chanville. Ainsi que vient de le dire son neveu, c’était pour le P. Lerond une grande joie, car malgré les circonstances de sa vie en Extrême-Orient, il restait très attaché à la Société. Lors de ses 65 ans de sacerdoce, il reçut une lettre du Supérieur général et en fut très touché. Voici la réponse qu’il y fait :
« Bien Cher et Vénéré Père Supérieur,
Très touché par l’attention que vous me témoignez, c’est de tout cœur que je vous remercie pour vos félicitations à l’occasion de mon 65e anniversaire sacerdotal. Je partage tous vos soucis, en particulier celui du recrutement d’aspirants ; la survie de la Société en dépend. Mon seul moyen de vous aider est la prière et je n’y manque pas. Mes infirmités, la paralysie presque totale des bras et des mains m’empêchent de vous écrire longuement; je vous quitte mais non sans vous assurer de mon profond attachement. »
La brève évocation de la vie sacerdotale et missionnaire du P. Lerond nous montre un prêtre attaché à son ministère, mais aussi, étant donné les circonstances exceptionnelles, très dévoué à sa famille. Il s’est considéré à juste raison comme chargé de ses neveux et nièce orphelins et il les a aidés de son mieux. Il serait difficile de lui en faire grief.
Son neveu est à la tête d’une belle exploitation agricole et en 1971 il voulait recevoir son oncle dans sa maison neuve, lorsque celui-ci prit sa retraite. Mais il n’y eut rien à faire. Le P. Lerond s’installa dans la vieille maison familiale plus ou moins délabrée. Lors d’une visite qu’il lui fit, le délégué du Supérieur général pour les Confrères de la « diaspora » fut frappé de l’état dans lequel se trouvait le P. Lerond. Il en fit rapport au Supérieur général qui s’empressa de s’informer auprès d’une personne capable de fournir des renseignements justes. La conclusion de cette petite enquête fut que « le P. Lerond n’était nullement dans le besoin mais qu’il voulait vivre ainsi. Le P. Lerond a choisi ce genre de vie ; c’est volontairement qu’il l’a fait ; il veut vivre ainsi. C’est sa façon à lui de vivre tout en étant un homme possédant un sens humain très grand ».
C’est donc dans cette vieille maison que le P. Lerond — connu dans tout le diocèse comme « prêtre-paysan » — mourut le 2 avril 1981. On le trouva mort dans sa chambre. Ses obsèques eurent lieu le 5 avril dans l’église de Chanville et il repose dans le petit cimetière de la paroisse. A la suite d’un malentendu téléphonique, aucun confrère des Missions Etrangères ne fut averti et donc personne ne participa à la cérémonie.
C’est pourquoi et pour réparer ce malentendu, un service fut célébré à Chanville le 1er juillet. 14 prêtres dont 10 confrères des Missions Etrangères s’unirent à la famille et prièrent tous ensemble pour le repos de l’âme du P. Lerond.
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References
[3202] LEROND Paul (1890-1981)
Références bibliographiques
AME 1919-20 p. 480. CR 1920 p. 85. 1926 p. 162. EC2 N° 8 p. 176. 112 p. 316. MEM 1981 p. 34-38.