Camille ROHMER1896 - 1978
- Status : Prêtre
- Identifier : 3273
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1925 - 1945 (Qui Nhon)
- 1957 - 1972 (Qui Nhon)
- 1925 - 1927 (Kontum)
Biography
[3273] Camille, Joseph, Antoine ROHMER naquit le 18 août 1896 à Ebersheim, dans l'actuel département du Bas-Rhin, diocèse de Strasbourg. Ainé d'une famille de cinq enfants, il avait deux frères et deux soeurs. Ses parents exploitaient une modeste ferme. A l'âge de six ans, il commença ses études primaires à l'école paroissiale de son village; à douze ans, il fut envoyé chez les Pères Capucins à Strasbourg-Koenigshoffen où il resta trois ans; après quoi, ses parents l'envoyèrent au Collège St. Joseph à St. Rémy en Belgique. C'est en allemand qu'il fit ses études primaires et secondaires.
Ses études furent interrompues par la guerre de 1914. Le collège ayant été entièrement détruit par les troupes allemandes, en octobre 1914, Camille fut rapatrié à Ebersheim. Incorporé dans l'armée allemande en septembre 1915, il fut envoyé sur le front russe, puis à la frontière de l'Albanie. Il prit part à des combats près des lacs Okhrida et Presba, et fut décoré de la Croix de Fer.
Le 24 septembre 1919, il entra au séminaire des Missions Etrangères où bon latiniste, et travailleur acharné, il perfectionna son français. Le 16 septembre 1922, il eût la joie d'accueillir M. Joseph Clause, un lorrain, qui , sa vie durant, fut son meilleur ami. Sous-diacre le 25 mai 1924, diacre le 20 décembre 1924, il fut ordonné prêtre le 6 juin 1925, et reçut sa destination pour le vicariat apostolique de Quinhon qu'il partit rejoindre le 14 septembre 1925. Il embarqua à Marseille le 18 septembre 1925.
Arrivé à Quinhon le 23 octobre 1925, Mgr. Grangeon lui donna le nom viêtnamien de Rô, et le nom montagnard de Bok Mer", puis, le confiant à M. Bober, l'envoya sur les Hauts-Plateaux Jarai le 3 novembre 1925. Accueilli à Kontum par ses confrères et les catéchistes de l'école Cuénot, M. Nicolas l'installa dans la chrétienté de Thanh-binh et le mit sous la direction de M.Corompt pour l'étude du viêtnamien et du montagnard.
En septembre 1927, en raison de son mauvais état de santé, Mgr. Grangeon le nomma directeur au grand séminaire de Dai-An, situé dans une petite chrétienté à une quarantaine de kms au nord de Quinhon. En 1930, M.Clause vint l'y rejoindre. En 1932, le grand séminaire fut transféré sur la plage, aux portes de Quinhon. Il enseigna la théologie morale, le Droit Canon, l'Ecriture Sainte et la Liturgie. Il assista à l'ordination sacerdotale des trois premiers prêtres bahnars, le 29 juin 1932, à Dai-An, et les accompagna le 4 juillet 1932, à Ro-Hai, première paroisse de Kontum, où ils furent solennellement reçus et le lendemain célébrèrent leur première messe au pays bahnar. Le 12 mars 1939, il fut élu délégué suppléant, en vue de l'assemblée générale prévue pour 1940. En septembre 1941, il devint supérieur du Grand Séminaire, succédant à M.Guillaume David.
. Le 19 mai 1945, MM.Rohmer et Pierre-Jean Gauthier furent arrêtés au grand séminaire, emprisonnés trois jours à Quinhon et amenés à Nhatrang sous escorte japonaise. Leur crime était avant le 9 mars 1945, d'avoir regardé avec des jumelles un bâteau japonais croisant au large de Quinhon. Pendant les trois mois d'internement à Nhatrang, M.Rohmer accueillit de nombreux pénitents. En septembre 1945, les "Viêtminh" ayant pris le pouvoir, il s'employa à rendre service à la communauté des internés, jusqu'au jour où il fut atteint du typhus. Il en triompha après une longue hospitalisation.
En octobre 1946, il rentra en France; du mois d'avril au mois de novembre 1947, il fut nommé directeur intérimaire au séminaire de Bièvres, et ensuite, fut chargé de faire connaitre la Société et les missions dans l'Est de la France, tout en étant chapelain d'une communauté religieuse..
Le 3 avril 1957, à la demande de Mgr. Piquet, il s'embarqua à Marseille, à bord du "Viêtnam" pour devenir aumônier de la léproserie de Qui-Hoa, et missionnaire détaché dans le vicariat apostolique de Quinhon, qui fut confié à un évêque et au clergé viêtnamien, le 5 juillet 1957. Puis, ses forces déclinant, et l'insécurité grandissant du fait des incursions "viêtcông" dans la région, M.Rohmer quitta avec chagrin la léproserie, se rendit à Saigon et s'envola pour la France le 17 mai 1972.
Gros travailleur, doué d'une excellente mémoire, M.Rohmer se spécialisa en Droit Canon et en Liturgie; canoniste réputé au Sud Viêtnam, les évêques et même le Délégué Apostolique lui demandaient conseil. Tout le monde le tenait en haute estime pour sa science, sa discrétion, son dévouement. Soucieux de donner une solide formation spirituelle et intellectuelle aux séminaristes, il releva le niveau des études et prépara aux charges pastorales plusieurs évêques viêtnamiens et plus d'une centaine de prêtres pour les diocèses de Quinhon, Kontum, Nhatrang et DaNang.
Il se retira chez sa soeur à Ebersheim; mais, en 1975, son état de santé l'obligea à partir pour Montbeton. C'est là que le 28 décembre 1978 il rendit paisiblement son âme à Dieu. Ses obsèques eurent lieu le 30 décembre 1978. II repose dans le cimetière du sanatorium St. Raphaël à Montbeton..
Obituary
Le Père Camille ROHMER
Missionnaire au Viêt-Nam (Quinhon)
(1896 - 1978)
Né le 18 août 1896 à Ebersheim (Bas-Rhin), diocèse de Strasbourg
Entré aux Missions Etrangères le 24 septembre 1919
Prêtre le 6 juin 1925
En mission au diocèse de Quinhon de 1925 à 1972
Décédé à Montbeton le 28 décembre 1978
Enfance et jeunesse
Le Père Camille ROHMER naquit le 18 août 1896 à Ebersheim en Alsace, qui se trouvait alors sous la domination allemande. Il fit donc en allemand toutes ses études primaires et secondaires.
Nous ne savons que peu de choses sur sa famille de condition modeste et sur ses années de jeunesse, car notre confrère s’est toujours montré très discret sur tout ce qui le concernait, néanmoins à en juger par sa passion de s’instruire, il devait être un bon élève, très travailleur.
Voici cependant quelques renseignements complémentaires donnés par sa sœur. Le P. Rohmer était l’aîné d’une famille de cinq enfants. Il avait deux frères et deux sœurs. Ses parents avaient une modeste exploitation agricole. Camille Rohmer grandit au foyer paternel. A l’âge de six ans, il commença ses études primaires à l’école paroissiale. A douze ans, il fut envoyé au collège des Pères Capucins à Strasbourg — Koenigshoffen où il resta pendant trois ans. Après quoi, sur le conseil de son confesseur, ses parents l’envoyèrent au collège Saint-Joseph à Saint-Remy en Belgique. Mais ses études furent interrompues par la guerre. Ce collège fut entièrement détruit par les Allemands en octobre 1914. Le jeune Camille Rohmer fut rapatrié à Ebersheim par les Allemands. C’est là qu’il fut « cueilli » par la mobilisation dans l’armée allemande.
Pendant la guerre 1914-1918
Mobilisé en septembre 1915 pour la guerre entre la France et l’Allemagne, il est envoyé, en tant qu’Alsacien, sur le front russe, puis à la frontière de l’Albanie. Il participa à des combats près des grands lacs d’Okrida et de Presba et fut même décoré de la Croix de Fer. C’est là qu’il eut à combattre contre un de ses futurs confrères des Missions Etrangères : le P. Louis Valour, qui faisait partie d’un détachement de l’Armée d’Orient, mais ce n’est que plus tard au Séminaire de Bièvres qu’ils apprendront la chose.
Aux Missions Etrangères
La guerre terminée, le P. Rohmer rentra chez lui tout heureux de voir sa chère Alsace restituée à la France, car il était très patriote pro-français. Je me souviendrai toujours combien en 1943 ou 1944 il avait été ulcéré pendant plusieurs jours par une question irréfléchie d’un confrère lui demandant s’il était de la rive droite ou de la rive gauche du Rhin !
Depuis longtemps il avait songé à se faire missionnaire, il se trouvait donc libre maintenant. Aussi sans attendre plus longtemps pour réaliser son plus cher désir il opta pour la Société des Missions Etrangères de Paris, sachant que chez elle il était assuré d’être envoyé un jour en pays de mission.
Dès le 24 décembre 1919 il entrait au Séminaire de Bièvres, où malgré sa timidité il ne se trouva nullement dépaysé au milieu de ces aspirants de l’après-guerre. Il s’employa courageusement à approfondir son français tout en étudiant de son mieux les sciences sacrées. Travailleur acharné et bon latiniste il rivalisa bien vite avec les meilleurs aspirants. A la rentrée de 1922 il vit arriver au Séminaire de Paris un Lorrain : Joseph Clause, qui, en 1926, irait le rejoindre en sa mission de Quinhon et qui sa vie durant allait être son meilleur ami.
Prêtre le 6 juin 1925, il eut la consolation d’avoir près de lui sa sœur, qui, ne voulant pas que son cher Camille soit « orphelin » au milieu de ses confrères en ce grand jour de fête, avait tenu à venir de sa lointaine Alsace au 128 de la rue du Bac, pour assister à son ordination et lui offrir son calice de jeune prêtre. Pour arriver à ses fins combien d’heures supplémentaires de travail s’était-elle imposée et de combien de choses s’était-elle privée, tant elle était heureuse de voir son frère parvenir au sacerdoce ?
Carrière missionnaire
En brousse
Destiné à la mission de la Cochinchine Orientale, le P. Rohmer quitta la France le 24 septembre 1925 et arriva à Quinhon le 20 octobre suivant. A cette époque le territoire des Grands Plateaux, qui en 1932 allait devenir la Mission de Kontum, faisait encore partie de cette vaste mission de Cochinchine Orientale, s’étendant alors du col des Nuages à la baie de Cana sur plus de 700 km de longueur. Pour répondre au désir des Supérieurs de Paris, Mgr Grangeon, Vicaire apostolique, envoya le P. Rohmer sur le Plateau de Pleiku dans la chrétienté de Thanh-binh pour y apprendre le vietnamien et un dialecte montagnard.
Plein d’ardeur et d’enthousiasme notre confrère tout heureux d’avoir à évangéliser ces peuplades primitives se mit courageusement à l’étude de ces deux langues. Mais le paludisme, qui régnait alors un peu partout en Indochine, et principalement au Laos et sur les Hauts-Plateaux du Viêt-Nam, ne tarda guère à venir le visiter et à le clouer sur son lit. Ses forces physiques étant loin d’égaler sa générosité et son esprit de sacrifice, il s’en trouva très anémié, d’autant plus que, peu pratique pour le matériel, il ne savait guère se nourrir comme il aurait fallu. Ne se contentait-il pas, au dire d’un confrère, de boîtes de lait condensé pour toute alimentation ?
Au Séminaire
Le P. Corompt, son voisin, à qui il avait été confié, signala la chose à Mgr Grangeon, qui s’empressa de rappeler le P. Rohmer comme directeur au grand séminaire de Dai-an pour la rentrée des élèves de septembre 1927. Toute sa vie notre confrère garda un excellent souvenir de ces cinq années (1927 à 1932) passées en ce séminaire, situé dans une petite chrétienté à une quarantaine de km au nord de Quinhon, où en 1930 le P. Clause devait venir le rejoindre.
En 1932 ce séminaire fut transféré sur la plage aux portes de Quinhon en de nouveaux bâtiments plus spacieux et mieux adaptés. Le P. Rohmer allait y vivre jusqu’au 25 mai 1945 pour y enseigner la théologie morale, le Droit Canon, l’Ecriture Sainte et la Liturgie, puis à partir de 1941 comme supérieur de cet établissement. Une grande joie qu’il éprouva alors fut d’y accueillir les séminaristes de Kontum, que lui confia Mgr Sion dès sa nomination comme évêque de cette mission. Il voulut que son séminaire soit par le niveau de ses études et le bon esprit de ses élèves digne d’une telle confiance ; aussi il eut toujours le souci de la formation intellectuelle et spirituelle des séminaristes et il se spécialisa lui-même dans une étude plus approfondie du Droit Canon et de la Liturgie.
Abonné à diverses revues théologiques, il les lisait assidûment, un crayon à la main, pour en noter certaines références sur ses manuels (Noldin, Vermersch ou Haegy), il était ainsi toujours à même de fonder ses réponses sur la dernière interprétation en date du Saint-Siège. Il était, en effet, devenu un des canonistes les plus réputés du Sud-Viêtnam. Les évêques tant vietnamiens que français et même parfois le Délégué apostolique en Indochine n’hésitaient pas à le consulter, car il excellait à trouver des solutions aux cas épineux les plus compliqués. De prime abord il se montrait ferme et rigide, mais son bon cœur, qui ne voulait jamais laisser quelqu’un dans l’embarras, ne tardait guère à l’emporter et à lui faire découvrir une interprétation plus large, mais sans excès toutefois, aussi ses réponses faisaient autorité et étaient en général fort appréciées de leurs solliciteurs.
En concentration à Nhatrang
A partir du 25 mai 1945 il allait commencer à vivre les diverses péripéties et aventures de la guerre en Indochine. Ce jour-là la Gendarmerie Japonaise, la fameuse « Kempetai » de sinistre mémoire, vint l’enlever du séminaire ainsi que le Père Gauthier, pour les enfermer trois jours durant à Quinhon avant de les conduire tous deux à Nhatrang, où se trouvaient déjà internés Mgr Sion et ses missionnaires de Kontum avec 1.200 de nos compatriotes français. Ces derniers rongés par l’inaction et par l’incertitude de l’avenir surtout après un sévère bombardement de la ville par l’aviation anglo-américaine avaient retrouvé en grand nombre le chemin de l’église. Aussi trois mois durant nous eûmes à remplir auprès d’eux un ministère des plus féconds, et les Pères Alberty et Rohmer allaient se tenir de longues heures au confessionnal pour accueillir de nombreux pénitents.
Au mois de septembre avec la prise du pouvoir par les Viêt-minh après la capitulation du Japon, ce ministère spirituel allait se transformer pour nous tous en une action sociale plus terre à terre, car il nous fallait trouver avant tout de quoi vivre, afin de subvenir aux besoins de notre groupe clérical comprenant une vingtaine de personnes : missionnaires M.E.P., franciscains, frères des Ecoles Chrétiennes. Le P. Rohmer toujours prêt à rendre service s’employa à nous torréfier du café et à cueillir dans un étang les liserons d’eau jusqu’au jour où atteint du typhus il dut s’aliter. Grâce à sa forte constitution il arriva à triompher du mal après plusieurs semaines d’hospitalisation, au cours desquelles se trouvant aux portes du tombeau il reçut avec son grand esprit de foi les derniers sacrements.
Séjour en France
Néanmoins un congé s’avérait indispensable pour refaire sa santé bien ébranlée par cette maladie et par une nourriture insuffisante. Aussi dès la reprise des communications maritimes avec la France en octobre 1946 il s’embarqua pour retrouver sa famille et sa chère Alsace après vingt et un ans d’absence. Il pensait bien nous revenir six mois plus tard, mais en avril 47 un professeur faisant défaut au séminaire de Bièvres on fit appel à lui et il assura cet intérim jusqu’au mois de novembre de cette même année. Voici une anecdote qui se passa pendant son séjour à Bièvres. Certains aspirants voulant un jour voir jusqu’où irait sa patience, lui rognèrent de 10 cm les pieds de sa chaise, mais notre P. Rohmer disparaissant derrière sa chaire resta imperturbable pour donner son cours de théologie comme à l’habitude. Les aspirants s’avouèrent désarmés et n’en estimèrent que davantage leur professeur intérimaire.
A son départ de Bièvres il comptait bien regagner le Viêt-Nam, mais il n’en fut rien, car on lui demanda de faire mieux connaître dans l’Est de la France notre Société des Missions Etrangères afin de lui procurer si possible des aspirants. Il accepta cette mission de recruteur, qu’il trouva à certains jours bien difficile et bien ingrate, mais chapelain en même temps d’une petite communauté de religieuses, où il était choyé de toutes, il reprit goût à la vie en France, tant et si bien qu’en 1957 ce fut pour lui un bien dur sacrifice d’y renoncer pour retourner au Viêt-Nam.
De retour au Viêt-Nam
Mgr Piquet, Vicaire apostolique, prévoyant que sa Mission de Quinhon allait être incessamment divisée pour former celle de Nhatrang voulut procurer avant son départ un missionnaire aux Franciscaines Missionnaires de Marie comme aumônier de leur Léproserie de Qui-Hòa. Il songea aussitôt au P. Rohmer, qui vers 1944 s’était porté volontaire pour ce poste de tout dévouement. Il fit donc appel à lui, et le 3 avril 1957 le P. Rohmer faisant taire ses préférences reprenait courageusement le chemin du Viêt-Nam pour aller s’installer à la Léproserie de Qui-Hòa, restant seul missionnaire français en cette Mission de Quinhon, qui le 5 juillet 1957 allait être confiée à un évêque et au clergé vietnamiens. Il ne le regretta pas, car il se trouvait bien entouré par les Sœurs Franciscaines reconnaissantes d’avoir pu obtenir comme aumônier le missionnaire, qui avant 1945 venait chaque mois leur donner une conférence spirituelle. De plus, en cette léproserie admirablement bien située au bord de la mer et dans un cirque de montagnes il recevait fréquemment la visite de ses confrères de Kontum ou de Nhatrang, qu’il aimait à accueillir, et chose exceptionnelle à cette époque on prenait plaisir à l’appeler par son prénom, signe des sentiments amicaux et familiers dont il était l’objet. Il était tout heureux de montrer à ses hôtes de passage son grand village comptant près d’un millier de lépreux, répartis famille par famille dans des villas presque luxueuses, toutes d’un style différent, ornées de fleurs ou artistement décorées. Il en profitait pour rendre visite aux uns ou aux autres, on pouvait alors constater à quel point il était aimé de ces pauvres gens. Pendant quinze ans il allait s’occuper de l’administration des sacrements aux religieuses et à leurs lépreux ainsi que de leur formation spirituelle, se montrant accueillant pour tous comme il l’était pour ses confrères.
Avec les années ses forces allaient en diminuant de plus en plus, ses jambes avaient de la peine à le porter. Par ailleurs vers 1970 les guérilleros communistes recommencèrent à faire des incursions à la léproserie. Le retour en France de notre confrère fut donc décidé, provisoire soi-disant pour le mettre à l’abri en cas d’une attaque de grande envergure des Viêtcong comme au Têt 1968. Mais à notre Maison régionale de Saïgon quand le pauvre Père découvrit son calice, glissé dans une de ses valises par les religieuses Franciscaines de Qui-hòa, il comprit qu’il s’agissait pour lui d’un départ définitif du Viêt-Nam. Il en eut un profond chagrin. C’est ainsi qu’il quitta Saïgon le 17 mai 1972.
Retraite en France
Il se retira d’abord à Ebersheim auprès de sa sœur, qui l’entoura de toute son affection, mais devenant impotent à la suite d’une grave intervention chirurgicale, il fut transporté à notre Maison de retraite de Montbeton, où il lui fallut de longs mois pour réaliser qu’il s’y trouvait effectivement, alors qu’il se croyait encore à la Léproserie de Qui-hòa ou en son Alsace natale. C’est donc bien diminué physiquement et mentalement qu’il arriva en 1975 à Montbeton. Il sut néanmoins gagner la sympathie de tous, car il manifesta toujours une grande reconnaissance à l’égard de ceux qui s’occupaient de lui. Ne pouvant plus célébrer l’Eucharistie, il recevait presque chaque jour la Sainte Communion. Le recueillement qu’il témoignait alors prouvait bien qu’il avait gardé pleinement conscience de recevoir le Christ à qui il avait consacré toute sa vie. C’est le 28 décembre 1978 qu’il rendit paisiblement son âme à Dieu. Ses obsèques eurent lieu le 30 décembre en présence de quelques membres de sa famille, dont sa chère sœur si dévouée, de tous les confrères de notre maison de retraite et du P. Gauthier son collaborateur sept ans durant au Grand Séminaire de Quinhon et son compagnon d’internement à Nhatrang. Dans son homélie le P. Faugère retraça la vie de ce grand missionnaire, que n’avaient pu soupçonner ceux qui ne l’avaient connu que pendant ses dernières années à Montbeton.
L’homme — Le Prêtre
Le P. Camille Rohmer était d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Gros travailleur, sachant s’isoler au besoin, même lors d’une fête ou d’une réception, pour approfondir quelque question de théologie ou pour préparer un sermon ou une conférence. Bon professeur mais parfois un peu diffus car se noyant dans trop de détails. Doué d’une excellente mémoire, il pouvait nous donner le contenu de tel ou tel canon du Code de Droit Canon. Connaissant à la perfection toutes les rubriques de la liturgie, il était néanmoins très gauche pour les mettre en application, car il se troublait souvent lors des cérémonies à l’église. Pendant toute sa vie il apporta une régularité de séminariste dans sa vie de prière, accomplissant toujours ses divers exercices de piété le plus tôt possible, car sa maxime était celle de Jeanne d’Arc : « Dieu premier servi. » Pour nous tous c’était un ami sûr, sur qui on pouvait compter en toute circonstance. Tous le savaient bien et après l’avoir expérimenté eux-mêmes ils le tenaient en haute considération pour sa science, sa discrétion et son dévouement à leur égard. Ayant une certaine tendance à la sévérité, le P. Rohmer tenait à rester fidèle à l’Eglise dans la ligne traditionnelle, aussi avait-il été choqué, pour ne pas dire scandalisé, par certaines innovations en matière de liturgie ou dans l’administration des sacrements, qu’il avait remarquées lors de son premier séjour en France de 1946 à 1957.
Pendant ses dix-huit ans de présence au grand séminaire de Quinhon, le P. Camille Rohmer contribua à la formation de plusieurs évêques vietnamiens et de plus d’une centaine de prêtres pour les diocèses de Quinhon, Nhatrang, Danang et Kontum. Tous lui gardèrent une grande reconnaissance pour la formation tant intellectuelle que spirituelle qu’ils avaient reçue de lui pendant leurs années de grand séminaire. Aussi nous pouvons espérer que du haut du Ciel le P. Rohmer continuera à intercéder pour tous ses anciens élèves aux prises à l’heure actuelle avec tant de difficultés, afin qu’ils restent fidèles au Christ et à son Eglise.
~~~~~~~
References
[3273] ROHMER Camille (1896-1978)
Références bibliographiques
AME 1933 p. 66. CR 1925 p. 110. 148. 1948 p. 89. 147. 1949 p. 51. 1957 p. 48. 1958 p. 49. 1961 p. 52. 1962 p. 64. 1963 p. 74. 1964 p. 40. 1965 p. 75. 1966 p. 88. 89. 1967 p. 71. 73. 1969 p. 69. BME 1925 p. 12. 714. 776. 1926 p. 55. 1929 photo p. 464. 1932 p. 790. 1935 p. 281. photo p. 297. 1937 photo p. 429. 1939 p. 284. 1940 p. 626. 1941 p. 729. 1948 p. 104. 1950 p. 568. 592. 1953 p. 295. 1957 p. 154. 562. 865. 1958 p. 69. 454. 855. 1960 p. 86. 361. 939. 1961 p. 232. EPI 1962 p. 595. 1966 p. 139. Enc. PdM. 14P4. ECM 46P61. R.MEP 121P47. 118P31. EC1 N° 88. 91. 449. 453. 458. 618. NS. 6/C3. 7P201. 9P273. 11P321. 15P13. 16P49. 21P213. 22P251. 28P85. 30P116. 36P296. 38P50. 45P265. 50P81. 52P147. 54/C2 p. 209. 62P121. 66P234. 67P276. 83P73. 126/C2. MEM 1978 p. 38.