Marcel LE DORZE1919 - 2015
- Status : Prêtre
- Identifier : 3747
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Identity
Birth
Death
Other informations
Biography
[3747] LE DORZE Marcel est né le 21 mai 1919 à Saint-Gérand (Morbihan).
Ordonné prêtre aux MEP le 29 juin 1946, il part le 16 janvier 1948 pour la mission d’Ipin (Chine). Après l’étude du chinois, il est nommé professeur au grand séminaire de Chengtu en 1949, puis il est chargé du district de Yunshien en 1951.
Expulsé de Chine en 1952, il est envoyé au Japon. Il étudie le japonais à Kiyose pendant dix-huit mois puis il est nommé aumônier de l'œuvre du Jiseikai à Nasu en 1954. Il est ensuite chargé de la paroisse de Ueno à Tokyo de 1955 à 1987, avant d’être affecté au Shinseikaikan jusqu’à son retour en France en 2000.
Il se retire alors à Sainte-Anne-d’Auray, où il meurt le 16 août 2015. Il est inhumé dans le cimetière de cette ville.
Obituary
Marcel LE DORZE
1919-2015
Jean Marie Marcel Le Dorze vit le jour le 21 mai 1919 à Saint-Gérand (56920), petite commune qui compte aujourd’hui un millier d’habitants située près de Pontivy, dans le Morbihan. Son prénom usuel sera toutefois Marcel.
Ses parents, Jean-Marie Le Dorze (1882-1950) et Marie Yvonne née Le Floch (1882-1952) étaient agriculteurs. Ils eurent neuf enfants, quatre fils et cinq filles. Une de leurs filles sera religieuse, deux de leurs fils seront prêtres, l’un dans le diocèse de Vannes, Jean, qui deviendra chanoine et qui accueillit en 1996 le saint pape Jean-Paul II dans la basilique de Sainte-Anne-d’Auray dont il était alors le recteur, et l’autre, Marcel, aux Missions Etrangères.
L’enfant fut baptisé dès le lendemain de sa naissance, le 22 mai 1919 en l’église paroissiale de Saint-Gérand, dans le diocèse de Vannes, et il y sera confirmé en 1929.
Après des études primaires à l’école publique de Saint-Gérand, le jeune Marcel fait ses études secondaires au petit séminaire de Sainte-Anne-d’Auray, de 1932 à 1937. Puis il étudie deux années la philosophie au grand séminaire de Vannes, de 1937 à 1939.
Appelé au service militaire en novembre 1939, Marcel Le Dorze reste mobilisé après la défaite dans les chantiers de jeunesse de septembre 1940 à septembre 1942. Pendant ces deux années il séjourne dans la Montagne Noire (Tarn). Juste après la fin de la guerre, il sera rappelé par l’armée de mai à octobre 1945.
A la rentrée de 1942 Marcel regagne le grand séminaire de Vannes et y suit la première année de théologie. Il reçoit la tonsure le 20 mars 1943 et devient alors clerc du diocèse de Vannes. Cependant le désir de la mission s’étant fortifié en lui au terme d’une longue réflexion, il décide de présenter sa candidature aux Missions Etrangères et il en fait part au Supérieur le 8 juillet 1943. Il est alors âgé de 24 ans.
Le supérieur du grand Séminaire de Vannes présente Marcel Le Dorze comme « un sujet en qui on peut avoir confiance : pieux, distingué, avec une certaine réserve, pondéré et grave, mûri par trois années de grand séminaire (2 de philosophie et 1 de théologie) et 3 autres de caserne et de chantiers de jeunesse, élève brillant dans ses études au séminaire ».
Il entre le 1er octobre 1943 au Séminaire des Missions Etrangères, rue du Bac et il y achève sa formation. Après avoir reçu le sous-diaconat, le 25 mars 1945, il est ordonné diacre le 16 mars 1946, puis prêtre le 29 juin 1946. Le jour même de son ordination sacerdotale, il est destiné par le supérieur général, Mgr Charles Lemaire (1900-1995), à la mission de Suifu, dans la province chinoise du Sichuan. En 1946 le vicariat apostolique de Suifu est érigé en diocèse, avec pour premier évêque Mgr René Boisguérin (1901-1998). Aujourd’hui il est connu sous le nom de diocèse de Yibin.
En attendant d’avoir la possibilité de se rendre en Chine, car les lignes de transport maritime civil ne sont pas encore rétablies en 1946, le jeune prêtre est délégué en Bretagne par les Missions Etrangères pour un service d’information missionnaire orienté vers la jeunesse.
Enfin, le 16 janvier 1948, le P. Le Dorze peut partir pour sa mission. Il approche de ses 29 ans. Il embarque à Marseille et arrive à Suifu en avril 1948.
Sa première tâche est bien sûr d’apprendre le chinois, ce qu’il fait chez le P. Pierre Corfmat (1887-1979), un compatriote du Morbihan, à Tzeliutsing (Tzekong) jusqu’à la rentrée de 1949. Pendant l’année scolaire 1949-1950 il est professeur au grand séminaire régional de Chengdu, la capitale provinciale.
Puis il retourne dans le diocèse de Suifu et il reçoit une première nomination : il est chargé du district de Yunshien. Mais le nouveau pouvoir communiste prend alors le contrôle du Sichuan et environ une année et demie plus tard, en janvier 1952, le P. Marcel Le Dorze est expulsé de Chine via Hongkong. Il y reçoit comme nouvelle destination le Japon, précisément l’archidiocèse de Tokyo.
Le 7 mai 1952, à quelques jours de son 33ème anniversaire, le P. Le Dorze arrive à Tokyo, et il est envoyé chez le P. Joseph Flaujac (1886-1959) à Kiyose. En 1934 le P. Flaujac y avait fondé « l’œuvre de Bethléem », comprenant un hôpital, une maison de retraite et une maison d’accueil pour enfants handicapés.
Marcel étudie le japonais à Kiyose pendant dix-huit mois, puis il reçoit une première nomination, à Nasu. Pendant dix-huit mois il y est l’aumônier de l’œuvre du Jiseikai (un centre de formation pour les handicapés mentaux, fondé en 1945 par le P. Flaujac).
En juin 1955 le P. Le Dorze devient curé de paroisse, à 36 ans. Jusqu’à fin avril 1987, soit pendant 32 ans, il est chargé de la paroisse Sainte Bernadette de Ueno, ville où le P. Flaujac avait fondé en 1937 l’Institut des Sœurs de Sainte-Bernadette.
Dix ans après avoir quitté la France, le P. Le Dorze y retourne en 1958 pour un premier congé de dix-huit mois, qu’il emploiera en prédications et quêtes pour la construction d’une église à Ueno, car le Japon est encore un pays pauvre à la fin des années 1950.
De 1968 à 1974 le P. Le Dorze est responsable de la Communauté MEP de Tokyo-Kawagoe, et c’est lui aussi qui est élu délégué du Japon au Synode de Hongkong qui se tient en novembre 1971.
De tout temps et en particulier pendant les années passées à Ueno le P. Le Dorze avait à cœur de bien accueillir chez lui des confrères en visite à Tôkyô. Il avait su de même établir de bonnes relations avec des Français travaillant à Tôkyô. Certains parmi ces derniers, qui n'étaient pas forcément des pratiquants très réguliers, lui faisaient des cadeaux dont il était fier de pouvoir faire profiter les hôtes qu'il recevait à sa table.
En juin 1974 il est opéré et on lui enlève l’œil droit. Une autre grande épreuve de sa vie au Japon fut le départ de son vicaire, très doué, qui épousa une paroissienne de Ueno.
Marcel Le Dorze est connu de beaucoup de chrétiens japonais pour sa méthode de lecture de la Bible en cent semaines. Il l’avait mise au point à une époque où le renouveau biblique était très peu développé au Japon chez les catholiques. Cette méthode s’adresse à des groupes d’une douzaine de personnes et leur propose de lire intégralement la Bible d’une manière suivie. Guidé par un animateur, le groupe se retrouve chaque semaine pour partager et prier après que chacun de ses membres a lu à la maison le même ensemble de chapitres. Des livrets aident dans leur progression lecteurs et animateur.
Plus tard, le P. Le Dorze apportera une aide spirituelle au lancement de la Communauté de l’Emmanuel au Japon.
Le 1er mai 1987 le P. Le Dorze, âgé de 68 ans, fut libéré de la charge de curé de la paroisse de Ueno qu'il avait assumée pendant plus de trente ans, pour pouvoir se consacrer à plein temps à son ministère d'apôtre de l'étude de la Bible en cent semaines. Il est alors venu loger à la maison régionale MEP de Mejirodai à Tôkyô. Et de là il se rendait chaque jour au Centre du Shinseikaikan où il disposait d'un bureau et de l'aide efficace d'une secrétaire dévouée. À partir de ce centre, conçu pour permettre toutes sortes d'activités et de rencontres inter-paroissiales, aumôneries d'étudiants et autres, il pouvait surveiller l'expédition des commentaires et guides de lecture de la Bible qu'il composait à l'intention des groupes de chrétiens pratiquant la lecture de la Bible en cent semaines un peu partout dans le pays.
Pendant quatorze années il consacra tout son temps à ce ministère, avec d'autant plus de mérite qu'il n'y avait pas été préparé par des études spécialisées. Recourant aux meilleures sources disponibles en français il se faisait aider pour rédiger en japonais des textes simples susceptibles d'aider les lecteurs à une bonne compréhension des livres de la Bible. Ce travail considérable répondait à un besoin, semble-t-il, puisque au fil des ans les groupes de fidèles des "cent semaines" se sont vite multipliés. Bientôt d'ailleurs le P. Le Dorze dut répondre à des appels venus de l'étranger et veiller à la diffusion de ses textes traduits en français, en anglais, ou en coréen.
Malheureusement sa santé se détériore soudainement en mai 2001, lorsqu’une attaque cérébrale le laisse durablement hémiplégique.
Le 23 juin 2002, Marcel Le Dorze quitte pour toujours le Japon, où il a vécu et travaillé pendant cinquante ans. Il a 83 ans.
Il choisit de retourner dans le Morbihan et il est accueilli à la maison diocésaine Saint-Joachim de Sainte-Anne-d’Auray, au lieu même du petit séminaire où il avait étudié lorsqu’il était adolescent. Il supporte patiemment le handicap de sa mobilité réduite et les autres maux de la vieillesse. Il reste jusqu’au bout un confrère agréable et plein de foi, qui réalise le programme évoqué par le nom chinois qui lui avait été donné (謝升賢) : rendre grâce, s’élever, vivre avec sagesse.
Au matin du 16 août 2015 le P. Le Dorze décède paisiblement dans sa chambre. Que le Seigneur l’accueille dans sa joie, sa paix et sa lumière.