André CAROF1926 - 2005
- Status : Prêtre
- Identifier : 3862
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1949 - 2005 (Pondichéry)
Biography
[3862] CAROF André est né le 24 mai 1926 à Ploudalmézeau (Finistère).
Ordonné prêtre le 29 mai 1949, il part le 4 octobre suivant pour la mission de Pondichéry (Inde).
Après avoir consacré quelques mois à l’étude de la langue, il est nommé successivement vicaire dans les paroisses Saint-Joseph de Cuddalore (1949), et Sainte-Anne de Tindivanam (1950), directeur de Saint-Peter's à Bangalore (1951), vicaire à Karikal (1952) et à Sainte-Anne de Tindivanam (1953), directeur de l'école des catéchistes à Tindivanam (1961), curé de Michaelpuram (1963-1969), puis directeur spirituel de l’école catéchétique de Tindivanam (1969-1983). Il est ensuite rappelé à l'archevêché de Pondichéry, où il est chargé des archives et responsable de la catéchèse à l'école française de Pondichéry.
A partir de 1992, il est nommé promoteur diocésain des vocations, charge qu'il assume jusqu'à son décès le 30 mai 2005, à Pondichéry.
Obituary
[3862] CAROF André (1926-2005)
Notice nécrologique
Le mardi 31 mai 2005, dans la cathédrale de Pondichéry, étaient célébrées les funérailles du père André CAROF, en présence de deux archevêques (Madras & Pondichéry) deux Evêques (Tuticorin & Sivagangai) plus de 150 prêtres et une grande foule, y compris le consul de France.
Cette ‘perle’ de Bretagne pour reprendre le mot de la revue tamoule « Thojan » était née le 24 mai 1926 et baptisée le lendemain à Portsall, commune de Ploudalmézeau, dans le nord du Finistère ; en 1978, une marée noire rendra tristement célèbre Portsall et cette côte de la Manche.
André était très discret sur sa famille et sa vocation. Il était l’aîné de 7 frères et d’une sœur Marguerite qui a eu la gentillesse de partager ses souvenirs. Son grand père Auguste, ingénieur chimiste avait créé à Ploudalmézeau une entreprise industrielle qui transformait les algues marines en produits pour la pharmacie, l’alimentation et le textile. Il était très actif au sein de sa commune et de sa paroisse. Très pieux, il présidait, chaque matin à l’usine, la prière des ouvriers avant la mise au travail. Le soir, après la veillée, toute la famille et les serviteurs récitaient les prières ; au temps des vacances, les cousins petits et grands allaient visiter la chapelle de Kersaint, avant la promenade.
L’appel de l’Asie est sans doute venu de son grand père maternel, Elie qui dans les années 1890-1910, fut Gouverneur Général en Indochine. Dans ses « mémoires » le maréchal Lyautey parle de lui « protecteur des Missions Étrangères au Tonkin et en Annam ». L’origine de la vocation d’André ? Il disait parfois que le jour de sa 1° communion il s’était senti appelé mais l’exemple de ses aînés l’a certainement inspiré. Une de ses tantes étaient religieuses, un oncle maternel Jean, missionnaire « mep » au Laos où il mourut à 33 ans. Devenue veuve, sa grand mère maternelle, Marie entra au carmel de Morlaix et y prononça ses vœux perpétuels en 1938.
En 1933, André commence ses études secondaires au collège St Yves à Quimpe, ville où l’entreprise familiale avait été transférée. C’est un élève vif, actif, attentif à ceux qui l’entourent, petits ou grands. Sportif, il aime le football comme Pierre, son père. En 1939, il continue ses études à l’Ecole Apostolique de Beaupréau, dans la Maine & Loire ; c’est dans ce petit séminaire des Missions Etrangères qu’il passe avec succès l’examen du Baccalauréat en 1943 ; son plus jeune frère, Jean-Pierre étudiera dans le même séminaire où il mourra soudainement, pendant un match de football. André est admis comme aspirant à Bièvres, le 17 mars 1945 ; Bon Breton, il fait son service militaire dans la Marine Nationale, dans les années 1946-1947. Il y conservera des amitiés qu’il ravivait lors des escales des navires français à Pondichéry.
Après un parcours classique au séminaire de la rue du Bac, André est ordonné prêtre par Mgr Charles Lemaire, Supérieur Général, le 29 mai 1949 : 18 prêtres étaient ordonnés ce jour-là dont Georges Pentecoste et Jean-Baptiste Vérinaud, destinés aussi à la mission de Pondichéry. André était le plus jeune du bateau 1949. Quelques années plus tard, Augustin Roland du même bateau, rejoindra Pondichéry après son expulsion du Tibet, par les Communistes Chinois. Après la traditionnelle cérémonie le départ du bateau eut lieu le 4 octobre. « Les Anciens appareillaient pour toujours » sans esprit de retour, dira plus tard André, lors de l’un de ses 8 congés au port natal de Portsall ! Proche des gens de la mer, il leur consacrera une part de ses vacances et le jour du Pardon, la bénédiction du canot de sauvetage, lui était réservée par ses confrères du clergé.
Arrivée en Inde, André est envoyé à l’école secondaire St Joseph de Cuddalore par Mgr Augustin Coals, archevêque de Pondichéry ; c’était l’endroit idéal pour apprendre les rudiments de la langue tamoule. Tout près de là, un vétéran, le père Henri Viallet, supérieur du Petit séminaire, pouvait le guider et l’encourager dans ce difficile apprentissage ! Après quelques mois, en 1950, André est envoyé à Tindivanam où se trouvait l’école des Catéchistes, fondée par le célèbre père Gavan Duffy ; il y retrouve son aîné, Edmond Becker, arrivé en 1947. Une longue amitié, sans faille naît entre lui et Edmond, personnalité dynamique, ouverte au renouveau catéchétique, aux moyens audio-visuels, desservis par le don des langues.
En 1951, le père Jacquemard, supérieur régional, l’envoie à Yercaud pour se perfectionner en anglais à l’école des frères de Saint Gabriel. Ensuite, il est nommé vicaire du père Peyroutet à Karikal, pour se perfectionner en tamoul ; après une année, nouveau changement : professeur au Grand Séminaire St Pierre, à Bangalore. Ce n’est pas une tâche facile ; parmi ses élèves se trouvent le futur cardinal Simon Lourdusamy et son frère Amalorpavadas, fondateur du Centre National catéchétique et liturgique. André se trouve plus à l’aise parmi les futurs catéchistes et après une année, il demande à revenir à Tindivanam où il passera la plupart de sa vie missionnaire (1953-63 ; 1969-75 ; 1976-83).
En 1963, sur sa demande d’aller en paroisse, Mgr R. Ambrose, nouvel archevêque de Pondichéry le nomme curé de Michaelpuram-Elanganny, paroisse à l’ouest du diocèse, en bordure de celui de Vellore. Il y trouve une école qu’il développera en école secondaire pendant les 6 ans où il y sera curé et doyen du district pendant 2 ans. Son cœur cependant est resté à Tindivanam ; il y revient en 1969, pour un second séjour de 6 ans.
En 1975, Mgr Selvanather, successeur de Mgr Ambroise l’envoie à Karikal, ex-comptoir français, comme curé de la paroisse Notre Dame des Anges, paroisse qu’il connaissait comme vicaire. Au bout d’un an, André revient à Tindivanam, mais son ami, le père Becker n’y est plus ! Cependant il collabore bien avec un autre ami, le père Edward Francis, futur Evêque du diocèse de Sivagangai ; il est heureux parmi les élèves, les catéchistes, les frères qui dirigent l’école industrielle. Lyonnais toujours calme, le père Charles Massot, économe de toutes ces institutions lui apporte aussi sa fidèle amitié. De 1976 à 82, il est le supérieur local des confrères ‘mep’ du diocèse de Pondichéry.
Cependant, avec les années, l’apport du clergé Indien, l’atmosphère de Tindivanam change ; l’école des Catéchistes est devenue un grand arbre, avec de nouvelles branches ; Centre régional catéchétique et liturgique, centre de formation pour les religieuses etc. Peu à peu, l’esprit des fondateurs s’est transformé. André en souffre beaucoup ; il fait les remarques nécessaires, tout en essayant de garder son calme. En novembre 1981, la mort d’Edmond Becker, suite à un cancer de la face, est une terrible épreuve morale pour lui. André fait de la dépression ; sa santé s’en ressent (cœur, estomac). Ce sont d’incessantes visites chez les médecins de Pondichéry, l’hôpital de Vellore ; sa foi profonde, son attachement à la personne du Christ l’aideront à remonter la pente, peu à peu.
En 1983, avec la permission de Mgr Selvanather, André s’installe dans une chambre de l’archevêché et y restera 22 ans, autre longue étape. Retraite où il rend mille services : messes et confessions au couvent des sœurs de St Joseph de Cluny, direction spirituelle des élèves de l’école secondaire, dite ‘Petit séminaire’. On peut le déranger à n’importe quelle heure pour une confession, un conseil spirituel. En cas d’absence, un petit papier fixé sur sa porte, indique l’heure de son retour. Son zèle le porte à aider son confrère, Jacques Dussaigne à la paroisse voisine de N. Dame des Anges ; de mai 1975 à mars 1976,il y avait été curé intérimaire pendant le congé du père Gérard Pennel. Il répond aux appels, au delà de Pondichéry, donnant retraites et conférences en tamoul aux petits séminaristes de Vellore et du lointain Sivagangai. Il est en relations épistolaires avec beaucoup de prêtres, séminaristes : une écriture serrée, d’un style télégraphique, parfois difficile à déchiffrer !
Son titre officiel est ‘archiviste’ de l’archidiocèse. Grand mot car il en est le premier ! Il trie, trouve parfois des précieux documents en piteux état, abîmés par les termites, classifie ses découvertes pour les futurs historiens. Peu à peu, il devient le meilleur connaisseur de l’épopée des Missions Etrangères en Inde ; en cas de doute, on fait appel à lui et il trouve la référence désirée. Il est plein d’admiration pour le zèle et l’apostolat des confrères depuis 1776. Lors d’une visite de la nouvelle salle des martyrs, rue du Bac, il s’exclame : « Théo Bonnet, j’étais au séminaire avec lui….. Pierre Rapin, on a joué ensemble au basket ». Ses découvertes sont partagées dans la revue de la Société mais également dans le mensuel local ‘Le Trait d’Union’ publié à Pondichéry.
L’hebdomadaire catholique en langue tamoule ‘Sarvaviabi’ faisant l’éloge de notre confrère, signalait qu’André était né au mois de mai, avait été ordonné prêtre un 29 mai et était décédé subitement le 30 mai. Un signe de sa grande dévotion envers la Vierge Marie : « c’est le mois de Marie, c’est le mois le plus beau ». Le même article signalait qu’il ne possédait pas de voiture, qu’il n’avait ni climatisation, ni frigo dans sa chambre. Autre signe de sa pauvreté : tout ce qu’il recevait comme dons, servait à aider les étudiants pauvres, les familles en difficulté ; tout cela il le faisait discrètement car il avait horreur de la flagornerie. En mai 1999,il avait célébré ses 50 ans de sacerdoce dans le calme et la solitude des ‘Yellagiri hills’ chez son compatriote et ami salésien, le père François Guézou. Pas de cérémonie officielle mais en souvenir, il avait fait imprimer des livrets de prière, pour être distribués gratuitement aux étudiants.
André lisait beaucoup, revues et livres en français, anglais et tamoul. Il aimait souligner les passages qui l’avaient frappé, crayonner ses remarques dans lees marges ! Ses lectures, ses méditations, sa prière étaient la source de ses entretiens spirituels avec les étudiants, les prêtres et les Evêques. Il avait son franc-parler et ne cachait jamais ce qu’il pensait devoir dire.
Monseigneur Michael Augustine, ancien archevêque de Pondichéry lors de la messe du 13 juin, dans la chapelle des Missions Etrangères a bien exprimé les qualités de notre confrère : ‘J’ai eu le privilège de vivre à côté de lui, pendant 10 années et j’ai pu voir de tout près ce qu’il a été et ce qu’il a fait’.
Le père Carof a été un modèle pour les jeunes prêtres par sa vie de prière et son ministère pastoral. Homme silencieux, il ne parlait jamais de ses difficultés et problèmes de santé. Malgré cela,il ne manquait pas de vivre en communauté et de donner un coup de main à ceux qui demandaient son aide.
Comme son saint patron André, il a su rester en arrière, sans aucune prétention. Ses idées, ses projets si valables et importants qu’ils soient, passaient par les autres. Son humilité, son intelligence étaient à leur service.
Il avait le souci de discerner les vocations religieuses et sacerdotales. La plupart des prêtres de Pondichéry et des diocèses voisins doivent leur vocation à son aide spirituelle et matérielle.
A Tindivanam, les catéchistes n’étaient pas laissés de côté quand ils avaient besoin d’une aide. Il connaissait tous leurs noms comme ceux des séminaristes. Bon Pasteur, il connaissait ses brebis et elles le connaissaient.
Le même éloge est venu de Sœur Bernadette Pinto, ancienne provinciale des sœurs de St Joseph de Cluny : « J’ai connu le père Carof pendant 25 ans. Il était facile de travailler avec lui. C’était une joie de voir les jeunes enfants faire leur 1ère confession avec lui ; ils étaient toujours prêts à se confesser à lui. Notre fondation aux îles Andamans est son œuvre. Je me souviens du jour où il me montrait un magazine missionnaire et s’écriait : ‘Allez donc aux Andamans’.
J’appréciais son affection pour nous Indiens ; il ne nous dénigrait jamais. Il aimait le peuple, l’Eglise. Il nous aimait ».
André nous laisse l’exemple d’un bon Pasteur, soucieux de ses brebis, donnant sa vie pour elles.
R. Lefèvre
Quelques remarques à ajouter à la biographie de André Carof.
André Carof était aussi, à sa manière un historien compétent mais pas un écrivain. Erudit, il avait ses entrées à l’Ecole Française d’Extrême Orient de Pondichéry. Il y était consulté et, toujours curieux d’histoire, il s’y informait. De plus et depuis quelques années, à la demande répétée de ses confrères et surtout du Supérieur Général des Missions Etrangères, le Père Jean-Baptiste Etcharren, il fit ce qui pour lui, étant donné son tempérament, devait être une ascèse : s’obliger à mettre ses connaissances par écrit. Tout disparaîtra avec toi, lui disait-on. Voici la liste des notes disponibles soit à Pondichéry soit au séminaire Saint Pierre de Bangalore.
1) Notes on the tradition of the Pondicherry Mission on education and scientific researches, dated June 2003.
2) Notes on the Pondicherry Mission (Jesuits and particularly MEP fathers) and the Harijans ; 1675-1975, Mission Press, dated November 2003.
3) Catechists and teachers in the Pondicherrt Mission, 1675-1975 and particularly in the 20th Century, Tindivanam. (Two volumes)
4) Mary and the Pondicherry Mission ; three thousand years 1672-1973, volume 1 dated May 2004. (Ce fut son dernier écrit.)
André a donc fait un réel effort pour mettre ses connaissances par écrit malheureusement la mort ne lui a pas laissé le temps de terminer comme le montre le sous titre de ses notes sur Marie, à savoir « volume 1 ». Dommage de ne pas avoir le volume 2. André n’était pas écrivain et il le savait. Il commence l’introduction de ses notes sur les harijans par ces mots : « Cette collection de notes ne prétend pas être un livre mais veut simplement offrir un solide matériel à l’usage des érudits, des prêtres, des historiens qui se pencheront demain sur ce très intéressant sujet… Donc, ni scientifique ni prétendant être complètes ces notes ne prétendent pas être ce qu’elles ne sont pas, etc… »
Demain et après-demain, espérons-le, d’autres irons y chercher de précieux renseignements. Merci André.