Marius BOUTARY1923 - 2020

[3851] BOUTARY Marius est né le 15 juin 1923 à Mayran (Aveyron).
Ordonné prêtre aux MEP le 29 juin 1948, il part le 12 novembre suivant pour la mission de Saigon (Vietnam).
Il étudie le vietnamien à Mytho, et la langue koho à Djiring. Il est ensuite nommé vicaire à la paroisse Saint-Nicolas de Dalat. En 1951 et 1952, il est professeur au grand séminaire de Saigon, puis il repart pour Dalat où il fonde le Centre montagnard du Camly. Assisté des PP. Desplanque et Kermarrec, il consacre son temps à l’instruction et la formation de grands garçons et de grandes filles de race montagnarde, destinés à devenir des éléments chrétiens solides dans leurs villages, et assure la visite périodique d’une vingtaine de villages, assez éloignés les uns des autres et dont l’un entièrement chrétien compte 500 personnes.
Parallèlement à ses activités au Centre montagnard du Camly, qu’il dirigera de 1953 jusqu’à son expulsion du Vietnam en 1975, le P. Boutary traduit le missel en langue montagnarde et réalise des enregistrements sonores inédits de musiques et de traditions orales, collectés dans la région centrale du Viet Nam entre 1958 et 1962 auprès des populations Cil et Laac.
En 1975, le P. Boutary part pour l’archidiocèse de Nouméa, en Nouvelle Calédonie, où il est curé de Thio (1977-1981) puis professeur au Collège F. Rougé de Thio ainsi que prêtre auxiliaire à Thio (1981-1984)
En 1985, il revient définitivement en France, où il est nommé aumônier des Clarisses de Mur-de-Barrez dans l’Aveyron jusqu’en septembre 2016. Durant cette période, il rend également de nombreux services aux archives des MEP.
Il décède le 2 juin 2020 à Montbeton.
Ses obsèques seront célébrées à Montbeton vendredi 5 juin 2020 à 15 heures.

[3851] BOUTARY Marius (1923-2020)
Notice nécrologique
Marius Justin Boutary est né le 15 juin 1923 à La Caurélie, lieu-dit de Mayran, dans le département de l’Aveyron et le diocèse de Rodez. Cette région rurale de Mayran s’est détachée de la commune de Belcastel pour devenir une commune indépendante en 1908. Marius est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants (trois garçons et une fille), dont les parents, Antoine Boutary et Alphonsine Raynal, étaient cultivateurs. Marius est baptisé en l’église de Mayran le 17 juin 1923 et confirmé en celle de Rignac, chef-lieu du can- ton, le 9 avril 1934. Il fréquente l’école primaire de son village de Mayran et fait ses études secondaires au petit séminaire Saint-Pierre de Rodez, puis au collège de Graves à Villefranche-de-Rouergue.
Ensuite, il est admis au grand séminaire de Rodez, où il entre en septembre 1940. Il fait là ses études de philosophie et ses trois premières années de théologie. C’est la période de la guerre. À la place du service militaire, il est mobilisé quelques mois sur des chantiers de jeunesse, puis s’engagea volontairement jusqu’à la fin de la guerre (août 1943 à août 1945). Le 10 juillet 1947, il fait sa demande pour entrer au séminaire des Missions Etrangères, et arrive à la rue du Bac le 30 septembre 1947. Il est déjà sous- diacre à l’époque. Il est ordonné prêtre aux Missions Etrangères le 29 juin 1948 et reçoit le jour même sa destination pour la mission de Saïgon au Vietnam. Il embarque le 12 novembre 1948.
Marius arrive à Saïgon le 28 décembre 1948. De janvier à octobre 1949, il se consacre à l’étude de la langue vietnamienne à Mytho chez un confrère MEP, le père René Détry. Puis d’octobre 1949 à fin janvier 1950, il s’initie à une langue montagnarde, le koho, à Djiring (Di Linh), dans la région de Dalat, chez un autre confrère MEP, le père Emile Grelier. De janvier 1950 à janvier 1951, il réside à la paroisse Saint-Nicolas à Dalat, où il travaille avec le curé du lieu, le père Fernand Parrel avec le père Octave Lefèvre de la mission de Vinh, aumônier du couvent des Oiseaux et chargé de la mission débutante chez les montagnards. De janvier 1951 à février 1952, nous retrouvons Marius au grand séminaire de Saïgon comme professeur de philosophie et d’histoire de l’Église. Ensuite, il rejoint à nouveau Dalat pour le centre montagnard du Camly, où il restera jusqu’à son expulsion du Vietnam en avril 1975.
Au centre de Camly, dont il devient directeur, il fait un énorme travail de traduction en langue lac, et aussi koho, de documents divers (sermons, prières, missel, Évangiles, divers textes bibliques, livres de chants, etc.), qui seront utiles au centre pour assurer la formation des jeunes, garçons et filles, montagnards. Un certain nombre de ces jeunes deviendront instituteurs ou catéchistes. Il travaille aussi en relation étroite avec le musée de l’Homme dans les domaines ethnologique et culturel concernant les minorités ethniques et tout spécialement les Lecs des hauts plateaux du centre du Vietnam.
À son retour en France en 1975, il avait envisagé de repartir en Indonésie. C’est ainsi qu’il passe une année à Paris pour étudier l’indonésien. Mais finalement il part en mission pour la Nouvelle- Calédonie, où il arrive en décembre 1976. Il est d’abord curé de Thio jusqu’en 1981; ensuite, il est enseignant au collège Rougé, et prêtre auxiliaire à Thio de 1981 à 1984.
En 1985, il décide de retourner définitivement en France et se met au service de la communauté des sœurs Clarisses de Mur-de-Barrez dans le nord de l’Aveyron à partir de juillet 1985. Il y passera une trentaine d’années, jusqu’en septembre 2016, où il se retire à Montbeton. Il était particulièrement apprécié des sœurs Clarisses et de tous ceux qui passaient à l’hôtellerie du couvent. Durant cette longue période passée à Mur-de-Barrez, il a aussi pour- suivi tout un travail intellectuel en lien avec son ancienne mission chez les montagnards du Vietnam et les archives des Missions Etrangères. Il a transcrit et révisé un certain nombre de traduc- tions utiles à son ancienne mission. Il a poursuivi sa collaboration avec le musée de l’Homme et collaboré à la publication d’un livre sur Mgr Cassaigne, ancien évêque MEP de Saïgon, mort lépreux. Ses dernières années à Mur-de-Barrez ont été plus difficiles car il sentait ses forces décliner; et surtout il était devenu sourd et sa vue avait fortement baissé, au point qu’il était obligé d’utiliser une loupe pour lire les textes liturgiques. C’est pourquoi il décida en 2016 de se retirer à Montbeton pour un repos bien mérité. C’est là qu’il décède le 2 juin 2020 dans sa 97e année.
Marius Boutary laisse le souvenir d’un homme simple et discret, dévoué et accueillant. Il ne se mettait jamais en avant et savait toujours se rendre disponible. Il s’était beaucoup attaché aux mon- tagnards du Vietnam, auprès desquels il a effectué un remarquable travail de formation humaine et spirituelle. Il a aussi beaucoup contribué à faire connaître leur culture. Son expulsion du Vietnam en 1975 a malheureusement brisé son élan missionnaire. Il a vécu cette épreuve dans la foi et a su se mettre généreusement au service du Seigneur et des hommes par d’autres voies.