Jean POUPON1926 - 1989
- Status : Prêtre
- Identifier : 3964
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Taiwan
- Mission area :
- 1953 - 1987
Missionaries from the same family
Biography
[3964] POUPON Jean-François naquit le 17 juin 1926, à Roudouallec, diocèse de Vannes, département du Morbihan. Fils d'agriculteur, il commença ses études secondaires au collège Saint Joseph de Lannion, en 1940. Un an plus tard, il les continua au petit séminaire Théophane Vénard, à Beaupréau.
Le 13 novembre 1945, M. Poupon entra au séminaire des Missions Etrangères. En 1947, il fit son service militaire au Maroc. Agrégé à la Société des Missions Etrangères le 30 mai 1952, il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1952. Une infection pulmonaire l'obligea à interrompre ses études pendant quelques mois; cependant, le 14 juin 1953, il reçut sa destination pour la préfecture apostolique de Hwalien, dont Mgr. Vérineux, évêque de Yingkow, expulsé de Chine, était administrateur apostolique, depuis le 7 août 1952. M.Poupon partit de Marseille le 15 septembre 1953, en compagnie de M. Etienne Zaldua, envoyé à la même mission.
Le 16 octobre 1953, M. Poupon arriva à Hwalien. Pendant dix mois, sur la colline de Milouen, dans le calme de l'évêché, il étudia la langue chinoise, sous la direction de son évêque. En septembre 1954, il se rendit à Futien, chez le P. Wang-pu-Rung pour étudier la langue du groupe "montagnard" des Amitsu, dans laquelle il devait devenir maitre. Il visita les villages amitsu de cette région.
Le 6 juillet 1955, M. Cornic curé de Tienpu, au nord de Hwalien, rentra à Kobé dans sa mission, pour refaire sa santé. M. Poupon prit sa succession à la tête de ce district qui comptait sept villages amitsu. En 1956, il inaugura un oratoire-catéchuménat dans les villages amitsu de Hoajen, et de Taichang, puis. sur la demande de Mgr. Vérineux, il fit une tournée dans le district de Ping-fong-Siang, en bordure de l'Océan. Le 8 mai 1956, eût lieu la bénédiction de l'église de Much'ang, village amitsu du district de Tienpu.
M. Poupon lança l'évangélisation chez les Taroko de Tungmen, et organisa des sessions de formation de catéchistes. Pendant un an, il forma à la vie missionnaire, M.Maillot auquel il confia l'organisation d'une chorale à Tienpu. En Novembre 1956, interessé par l'ethnologie, il passa deux semaines chez les tribus montagnardes des Philippines et assista à la clôture du Congrès Eucharistique de Manille.
Le dimanche 10 mars 1957, dans l'église du village amitsu de Tienpu se déroula l'ordination sacerdotale de deux prêtres chinois; M.Poupon en commenta le sens et le déroulement. Le 5 septembre 1957, eût lieu la bénédiction de l'église du village taroko de Wenlan, dans le district de Tienpu. Le dimanche 27 octobre 1957, dans sa chrétienté amitsu de Tienpu, il reçut Son Em. le cardinal T'ien, archevêque de Pékin.
Le 17 février 1958, M. Poupon quitta Tienpu, et se mit en route pour rejoindre le district de Fengpin qui venait de lui être confié. Ce district, situé le long de la côte sud-est de l'île, venait d'être détaché de celui de Futien; il se composait d'une dizaine de villages amitsu difficiles d'accès, echelonnés sur près de 50 kms. Ce fut le seul district où, en raison du manque de routes et de temps, Mgr. Lemaire ne put se rendre, lors de sa visite de la mission, en février 1960.
Pendant les trois ans qu'il passa dans ce district, M. Poupon, malgré certaines oppositions, augmenta le nombre des chrétiens, travailla à la formation spirituelle de ses sept catéchistes, fonda cinq jardins d'enfant; doué pour la médecine, il se dévoua auprès des malades, créa un dispensaire, forma plusieurs jeunes infirmières. Le 29 mars 1960, dans son district de Fengpin, fut bénite l'église de Ta-kang-keou, village qui fut lent à s'ouvrir à l'évangélisation.
En avril 1958, M. Poupon fut nommé consulteur de la région de Formose. Elu comme délégué des missionnaires à l'Assemblée Générale qui s'ouvrit à Bièvres le 2 août 1960, il prit l'avion à Hwalien, le 14 juin 1960; arrivé à Paris le 1er juillet 1960, il en repartit le 20 novembre 1960 pour rejoindre sa mission, via l'Amérique et le Japon. Vers le 1er février 1961, il retrouva son district de Fengpin. Au mois de mars 1961, Mgr. Vérineux l'ayant choisi comme pro-administrateur et vicaire délégué, il fit ses adieux à Fengpin, le 25 avril 1961, et gagna l'évêché de Hwalien.
Il supervisa les travaux de traduction des textes liturgiques dans les langues aborigènes, et fut responsable des relations oecumméniques. Comme supérieur écclésiastique, et chapelain il s'occupa du jeune Institut Sainte Marthe, fondé par Mgr. Vérineux, vers 1960, pour les jeunes filles aborigènes. Il remplaça son évêque retenu à Rome pendant les sessions du 2ème Concile du Vatican. Durant l'année 1963, il dirigea le district de Sakura, village amitsu aux abords de la ville de Hwalien, puis, en 1965, celui de Futien pendant le congé de M.Pourrias, son titulaire. Le 15 juillet 1963, la préfecture apostolique de Hwalien fut érigée en diocèse confié à Mgr. Vérineux. En 1965, M. Poupon fut directeur de l'œuvre des catéchistes, et co-responsable de l'hôpital de la mission. Tous les ans, il se rendit aux Etats-Unis pour obtenir de l'aide pour la mission.
En 1973, Mgr. Vérineux ayant donné sa démission, M.Poupon devint pro-administrateur du diocèse, charge très difficile qu'il garda jusqu'à l'installation de Mgr. Chia, nouvel évêque de Hwalien, le 7 janvier 1975. Il demanda alors à être relevé de ses fonctions et prit un congé en France, du 17 avril au 25 octobre 1975.
A son retour, nommé d'abord chef du district de Sekho, il fut mis à la tête de la paroisse de Futien, en mars 1977. Il reprit son travail d'infirmier qui le rendit très populaire et lui permit de visiter les familles. Sa communauté chrétienne se monta à trois cent dix-sept familles. Spécialiste des fleurs, il apprit à un groupe de jeunes femmes l'art floral mis au service de la liturgie.
En 1980, après avoir surmonté un infarctus, sa santé commença à décliner; en 1982, la maladie de Parkinson commençant à se manifester, il rentra se soigner en France. En 1986, revenu à Hwalien, il reprit son ministère à Futien malgré de sérieux ennuis de santé. Le jour de Pâques 1987, il s'affaissa pendant la lecture de l'Evangile, et ne put continuer la messe. Le 13 mai 1987, il quitta Hwalien pour la France, et se retira à Lauris. Atteint de la maladie d'Alzeimher, c'est là qu' il décéda, le 7 août 1989.
Obituary
Le Père Jean POUPON
1926 - 1989
POUPON Jean, François
Né le 17 juin 1926 à Roudouallec, diocèse de Vannes, Morbihan
Entre aux Missions Étrangères le 13 novembre 1945
Prêtre le 20 décembre 1952
Parti le 15 septembre 1953 pour la préfecture apostolique de Hwalien (Taiwan)
Décédé à la maison d’accueil de Lauris le 7 août 1989
Né le 17 juin 1926 dans une excellente famille chrétienne d’agriculteurs à Roudouallec (Morbihan), Jean Poupon commença ses études secondaires au collège Saint-Joseph de Lannion en 1940. Un an plus tard, il les continuait au petit séminaire Théophane Vénard, à Beaupréau, où il donna toute satisfaction à son supérieur, M. Davias-Baudrit, qui le jugeait « pieux, travailleur et discipliné ».
Il entra au séminaire de la rue du Bac en 1945. Il fit son service militaire au Maroc en 1947. Jugé par ses supérieurs « pieux, régulier et soumis, et jouissant d’un esprit éveillé », il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1952, mais une infection pulmonaire l’ayant obligé à interrompre ses études pendant quelques mois, il ne reçut sa destination pour la préfecture de Hwalien que le 14 juin 1953, et il partit pour sa Mission le 15 septembre suivant, en compagnie d’un autre « jeune », Étienne Zaldua.
La préfecture apostolique de Hwalien était une nouvelle circonscription ecclésiastique que la Congrégation pour la Propagation de la Foi avait attribuée à la Société des Missions Étrangères l’année précédente, le 7 août 1952, nommant Mgr Vérineux, évêque de Yingkow, en Chine du Nord, et expulsé de Chine, administrateur apostolique. Cette mission, longue de 250 km et large d’environ 50 km, située sur la côte est de l’île de Taiwan, était idyllique par la beauté de ses paysages, mais dans un stade rudimentaire quant aux moyens de communications, les routes n’existant encore que dans l’esprit des ingénieurs. Elle était peuplée de Formosans, d’aborigènes et « gens de l’intérieur », des Chinois ayant quitté le continent pour fuir l’invasion communiste, population qu’on évaluait à trois cent mille âmes. L’évangélisation de ce territoire n’avait commencé qu’en 1950, et l’on comptait seulement à quelque huit cents chrétiens ; aussi le secrétaire de la Congrégation avait-il donné ce mot d’ordre à Mgr Vérineux : « Défrichement, travail de pionniers ». À l’arrivée de Jean Poupon, outre l’évêque, trois prêtres, deux missionnaires expulsés de Chine et un prêtre chinois, étaient en train de « défricher », aidés de quelques Sœurs chinoises réfugiées de Moukden.
MM. Poupon et Zaldua arrivèrent à Hwalien le 16 octobre 1953. Pendant dix mois les deux nouveaux étudièrent le chinois auprès de Mgr Vérineux, puis en septembre 1954, M. Poupon se rendit à Futien auprès du P. Wang Pu Rung étudier la langue amis dans laquelle il devait devenir maître.
Parmi les maîtres d’écoles de Futien, deux étaient originaires de la région de Fengpin et s’étaient convertis. Ils poussaient le P. Wang à commencer l’évangélisation de cette région. Celui-ci, directeur d’école, ne pouvait quitter Futien, aussi demanda-t-il à M. Poupon de s’y rendre accompagné d’un catéchiste. Au début de février 1956, M. Poupon partit donc à pied avec son catéchiste pour le village de Hsin She. Ils furent bien accueillis et le catéchiste put prêcher dans la maison d’un parent d’un maître d’école de Futien. Le lendemain, ils passèrent à Fengpin où ils purent aussi annoncer l’évangile, et ils continuèrent jusqu’au gros village de Makota. Là, l’accueil fut moins bon, mais le soir le catéchiste put parler à quelques anciens qui posèrent des questions. Ils continuèrent leur route le long de la mer, sans trouver d’auditoire. À Chengkung ils trouvèrent le P. de Boer, SMB, qui s’installait et avait une dizaine de catéchumènes. Rentrés à Futien, M. Poupon et le catéchiste dirent qu’ils avaient eu l’impression qu’il suffirait de peu de chose pour lancer un mouvement de conversions le long de la mer, aussi le P. Wang s’empressa-t-il d’envoyer un catéchiste résider à Futien, et ce dernier eut immédiatement des catéchumènes.
Les progrès de M. Poupon en langue amis furent rapides et au bout de six mois il prêchait déjà. Mgr Vérineux lui confia la chrétienté naissante de Tienpu qui comprenait sept villages amis. Partout dans la mission le nombre de conversions était considérable, et en 1955, celle-ci comptait déjà 5.621 chrétiens. À la tête d’un district, M. Poupon, travailleur acharné, se jeta à corps perdu dans l’apostolat missionnaire. Tous les soirs, il enseignait le catéchisme aux catéchumènes. Il lança l’évangélisation chez les Taroko de Tungmen, il organisa des sessions de formation pour les catéchistes. Pendant un an, M. Maillot vint résider à Tienpu pour apprendre la langue amis. M. Poupon lui fit créer une chorale, et la paroisse de Tienpu devint la paroisse modèle du diocèse. À la demande du P. Wang, M. Poupon se rendit à Fengpin où il conféra le baptême aux premiers convertis de cette région. Intéressé par l’ethnologie, M. Poupon alla avec M. Boyer visiter les Philippines pour étudier les ethnies primitives de ce pays, en 1956.
Les nouveaux convertis de la région de Fengpin demandèrent à Mgr Vérineux un prêtre qui pourrait aussi soigner les malades, car cette région était dépourvue de médecin. M. Poupon faisait merveille à Tienpu, mais généreux et soumis comme il l’était, il accepta sans hésitation de quitter un poste au confort relatif mais réel, où il avait fait mille baptêmes en deux ans et demi, et qui commençait à devenir une véritable chrétienté. Le 19 février 1958 il quitta donc Tienpu. Après un voyage en chemin de fer, il fit une marche de quatre heures pour atteindre le village de Tigalaw. Comme la maison achetée à Fengpin n’était pas encore libre, il résida le premier mois dans la sacristie de l’église de Tigalaw, église bâtie en dur par les convertis de ce village. Il put s’installer à Fengpin le 20 mars.
Dans ce nouveau district, il n’y avait pas de route et on ne trouvait qu’une seule boutique, ce qui ne permettait pas de faire souvent bonne chère, et souvent son cuisinier, un jeune homme, allait chercher des herbes sauvages pour faire une soupe accompagnant le riz. La frugalité de M. Poupon devint légendaire. Mais cela ne l’empêcha pas de se donner entièrement à son apostolat. Quand il arriva, il y avait déjà trois cents baptisés et huit cents catéchumènes, mais aussi des opposants en grand nombre. Homme de foi et aussi très volontaire, l’opposition ne le découragea pas, mais redoubla son ardeur. Les trois années qu’il passa à Fengpin furent certainement les plus belles de sa vie missionnaire.
Très doué pour la médecine, il fonda un dispensaire et forma plusieurs jeunes infirmières. Tous les jours des gens venaient le voir, et de sept heures et demie à treize heures, il soignait les malades. Il en guérit beaucoup qui, ne pouvant aller à l’hôpital trop lointain, seraient morts faute de soins. Il allait aussi soigner les malades qui ne pouvaient se déplacer. Grâce à ses dons de médecin il fit connaissance avec un grand nombre de personnes, et cela l’aida dans l’apostolat.
Les jours de semaine, il partait souvent vers quinze heures pour aller prêcher dans un village. Il passait la nuit sur place et rentrait à pied le lendemain matin pour soigner les malades. Il essaya d’utiliser une bicyclette, mais sans succès, car les sentiers boueux ou glissants n’étaient pas propices à un tel engin. Toutes les semaines il réunissait ses sept catéchistes et leur faisait un cours de doctrine pour préparer la prédication hebdomadaire. Souvent il était si fatigué qu’il s’endormait avant la fin de la réunion. Il fonda aussi cinq jardins d’enfants, ce qui augmenta ses soucis.
Il essayait d’assurer une messe par mois dans chacun des dix postes de son district. Les jours de fête, messes et baptêmes l’exténuaient. Un jour de Noël, il célébra une première messe à minuit au village de Tigalaw, puis, vers deux heures du matin, sans prendre de repos, il fit une marche de quatre heures pour arriver au village de Makota, où il se reposa pendant une heure. Toujours à jeun, il se mit au confessionnal puis célébra la messe, après laquelle il mangea un peu et partit faire une nouvelle marche de quatre heures pour fêter Noël dans un autre village.
Une fois, rentré un lundi matin d’une tournée dans le sud de son district, il trouva une lettre de M. Boyer lui demandant un renseignement important. Il partit aussitôt pour Futien où il arriva vers quinze heures. L’affaire fut vite réglée avec M. Boyer et une heure plus tard il repartit pour Fengpin où il arriva à la nuit. Il avait parcouru à pied 55 km dans la journée, mais son catéchiste étant absent et les jeunes arrivant pour l’instruction à la chapelle, il commença les prières. Il ne tarda pas à s’affaler sur le bas-flanc. Les jeunes rentrèrent chez eux, et le lendemain M. Poupon se réveilla se demandant où il était.
Pendant les trois années où il fut en charge de ce district, il baptisa sept cents chrétiens et il forma huit cents catéchumènes, mais il rencontrait de l’opposition au village de Fengpin ainsi qu’au village de Chingpu où il n’y avait que quatre familles converties. Un jour qu’il se rendait dans ce dernier village, il vit des gens qui l’attendaient sur le chemin pour lui conseiller de ne pas continuer la route, car les chefs rituels avaient organisé un rite pour l’abattre. Les néophytes tremblaient de peur ; M. Poupon dit que le Christ le protégerait et qu’il franchirait l’obstacle rituel, qui était une corde de lianes accrochée à deux arbres au-dessus du sentier, et qu’il ne mourrait pas. C’est ce qu’il fit, mais à sa grande surprise, le soir venu, les néophytes étaient encore si terrifiés qu’il dut abréger prières et instruction.
M. Poupon avait vécu deux ans à Fengpin quand ses confrères l’élurent pour les représenter à l’Assemblée générale de la Société à Paris. Il s’absenta donc du 16 juin 1960 au début de février 1961. Il conservait un souvenir inoubliable, de cette Assemblée où, encore très jeune, il avait côtoyé les nombreux évêques, certains très âgés, de la Société.
Rentré à Fengpin, il reprit son rude labeur, mais au mois de mars Mgr Vérineux le nomma son Vicaire général. Il fit ses adieux aux chrétiens, le 25 avril, et commença une nouvelle vie.
M. Poupon resta Vicaire général pendant douze ans, et il fit de son mieux pour être à la hauteur de sa tâche. Il fut chargé de superviser les travaux de traductions des textes liturgiques dans les langues aborigènes, et le 22 octobre 1964, lors de la bénédiction de l’église de Tunghe, cérémonie qu’il présidait, une messe fut chantée pour la première fois en langue amis. Chargé de l’œcuménisme, il étudia à fond les problèmes qui se posaient et il fut plusieurs fois invité par les presbytériens à donner des conférences sur ce sujet. Tous les ans, il devait se rendre aux États-Unis pour obtenir de l’aide financière pour la mission. Ce travail était épuisant, car, par esprit d’économie, il ne voyageait qu’en autobus à travers cet immense pays.
En 1973 Mgr Vénineux donna sa démission ; M. Poupon devint alors pro-administrateur apostolique, charge qu’il conserva dix-sept mois. Il s’en acquitta pour le mieux, participant à toutes les réunions de la conférence épiscopale, et dirigeant un diocèse dont la caisse était vide. Il eut aussi à s’occuper très activement de la congrégation diocésaine des Sœurs de Sainte-Marthe. Le 7 janvier 1975, Mgr Chia fut installé évêque de Hwalien, M. Poupon lui fit part de son désir d’être démis de sa haute fonction. En juin de cette année, M. Poupon put partir en congé en France, il revint à Hwalien en novembre.
À son retour de congé M. Poupon fut nommé chef du district de Sekho, mais à peine eut-il le temps de connaître son nouveau district qu’il fut nommé curé de Futien, en mars 1977. Il y avait alors à Futien deux cent quatre-vingts familles catholiques, cent cinquante presbytériennes, dix adventistes et dix témoins de Jéhovah, ainsi que quatre-vingts autres païennes. Parmi ces Amis, M. Poupon se sentit revivre, aussi se lança-t-il à fond dans l’apostolat, aidé par des groupes de chrétiens créés par ses prédécesseurs. Il s’appuya particulièrement sur le groupe dit des « Kitokay », dames et hommes d’un âge certain, mais qui avaient une grosse influence sur les habitants des villages. Il devint vite très populaire, d’autant plus qu’il reprit son travail d’infirmier. Grâce à son zèle, à la visite des familles, trente familles païennes ou apostates vinrent augmenter le troupeau des fidèles, la communauté se monta à trois cent dix-sept familles. Il était très souvent invité par ses paroissiens et ne refusait jamais d’y aller soit pour un repas, soit pour une bénédiction de maison, de buffle ou de tracteur.
Dans ce village de Futien qui est le plus gros village amis, beaucoup de gens avaient donné leur nom à l’église catholique sans se soucier de connaître la religion. M. Poupon allait visiter ces chrétiens de nom tous les ans avant Noël et avant Pâques, pour les amener à se préparer au baptême, et il réussit souvent.
N’ayant qu’un poste à desservir hors du village principal, il avait du temps libre, aussi était-il toujours prêt à aller prêcher chez un confrère. Il aimait recevoir les confrères chez lui et il les traitait fort bien. Il avait appris de son père, qui était un spécialiste des fleurs, l’art de cultiver celles-ci. À Futien il cultiva autour de l’église et du presbytère un nombre impressionnant de fleurs dont il connaissait les noms et les particularités. Le dimanche, il voulait une église bien ornée, aussi tous les samedis matin panait-il en motocyclette chercher des fleurs sauvages qui ne poussaient pas à Futien, et l’après-midi un groupe de jeunes femmes venaient décorer l’église.
Malheureusement, la santé de M. Poupon commença à fléchir dès 1980. Il était souvent oppressé, obligé de se coucher. Il allait déjà mieux quand les docteurs lui dirent qu’il avait surmonté un infarctus. Mais à partir de 1982 la maladie de Parkinson commença à se manifester, et il dut aller se soigner en France. Un traitement permit une amélioration des tremblements, et il put rentrer à Hwalien en 1986. C’est alors qu’on s’aperçut qu’il oubliait beaucoup de choses et que son corps se voûtait. Il était très attaché à son poste de Futien, et les habitants de ce village l’aimaient beaucoup, aussi continuait-il son ministère malgré tous ces ennuis de santé.
Le jour de Pâques 1987, alors qu’il célébrait sa troisième messe dans l’église du village de Kalotogan, il s’affaissa pendant la lecture de l’Évangile. Des jeunes l’assirent aussitôt sur un banc. Quand il se réveilla, il dut avouer qu’il n’était pas en état de continuer la messe ; il put cependant, accompagné de jeunes gens, rentrer à Futien en motocyclette. Le lendemain, il alla consulter un médecin à Hwalien, celui-ci déclara qu’il devait retourner se faire soigner en France. Il quitta donc Hwalien le 13 mai 1987. En France, les médecins diagnostiquèrent la maladie d’Alzeimher. Il se retira à la maison d’accueil de Lauris, son état devenant de plus en plus pénible pour lui et pour son entourage. Il mourut le 7 août 1989.
Comme tous les hommes, M. Poupon avait quelques défauts, par exemple un peu de vivacité, que ses qualités faisaient oublier. Il était très doué pour les langues, aussi apprit-il très bien le chinois et l’amis, et il pouvait aussi parler le taroko. Toujours très travailleur, son zèle le poussait à se tuer à la tâche, faisant des marches forcées, des courses très longues et épuisantes en motocyclette. Il aimait beaucoup rendre service, soigner les malades, courir les pharmacies pour trouver un remède approprié à un de ses protégés. Il avait une mémoire extraordinaire et était passionné de géographie ; sa librairie contenait toute une collection de livres et de revues géographiques, et il pouvait parler de tous les pays du monde. Il resta toujours aussi pieux qu’il l’était au séminaire. Abruti par des heures de marche et par des réunions avec des chrétiens, à 23 heures, il voulait à tout prix terminer son bréviaire, et souvent s’endormait en priant. En un mot, M. Poupon fut un grand missionnaire.
André BAREIGTS
~~~Le Père Jean POUPON
1926 - 1989
POUPON Jean, François
Né le 17 juin 1926 à Roudouallec, diocèse de Vannes, Morbihan
Entre aux Missions Étrangères le 13 novembre 1945
Prêtre le 20 décembre 1952
Parti le 15 septembre 1953 pour la préfecture apostolique de Hwalien (Taiwan)
Décédé à la maison d’accueil de Lauris le 7 août 1989
Né le 17 juin 1926 dans une excellente famille chrétienne d’agriculteurs à Roudouallec (Morbihan), Jean Poupon commença ses études secondaires au collège Saint-Joseph de Lannion en 1940. Un an plus tard, il les continuait au petit séminaire Théophane Vénard, à Beaupréau, où il donna toute satisfaction à son supérieur, M. Davias-Baudrit, qui le jugeait « pieux, travailleur et discipliné ».
Il entra au séminaire de la rue du Bac en 1945. Il fit son service militaire au Maroc en 1947. Jugé par ses supérieurs « pieux, régulier et soumis, et jouissant d’un esprit éveillé », il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1952, mais une infection pulmonaire l’ayant obligé à interrompre ses études pendant quelques mois, il ne reçut sa destination pour la préfecture de Hwalien que le 14 juin 1953, et il partit pour sa Mission le 15 septembre suivant, en compagnie d’un autre « jeune », Étienne Zaldua.
La préfecture apostolique de Hwalien était une nouvelle circonscription ecclésiastique que la Congrégation pour la Propagation de la Foi avait attribuée à la Société des Missions Étrangères l’année précédente, le 7 août 1952, nommant Mgr Vérineux, évêque de Yingkow, en Chine du Nord, et expulsé de Chine, administrateur apostolique. Cette mission, longue de 250 km et large d’environ 50 km, située sur la côte est de l’île de Taiwan, était idyllique par la beauté de ses paysages, mais dans un stade rudimentaire quant aux moyens de communications, les routes n’existant encore que dans l’esprit des ingénieurs. Elle était peuplée de Formosans, d’aborigènes et « gens de l’intérieur », des Chinois ayant quitté le continent pour fuir l’invasion communiste, population qu’on évaluait à trois cent mille âmes. L’évangélisation de ce territoire n’avait commencé qu’en 1950, et l’on comptait seulement à quelque huit cents chrétiens ; aussi le secrétaire de la Congrégation avait-il donné ce mot d’ordre à Mgr Vérineux : « Défrichement, travail de pionniers ». À l’arrivée de Jean Poupon, outre l’évêque, trois prêtres, deux missionnaires expulsés de Chine et un prêtre chinois, étaient en train de « défricher », aidés de quelques Sœurs chinoises réfugiées de Moukden.
MM. Poupon et Zaldua arrivèrent à Hwalien le 16 octobre 1953. Pendant dix mois les deux nouveaux étudièrent le chinois auprès de Mgr Vérineux, puis en septembre 1954, M. Poupon se rendit à Futien auprès du P. Wang Pu Rung étudier la langue amis dans laquelle il devait devenir maître.
Parmi les maîtres d’écoles de Futien, deux étaient originaires de la région de Fengpin et s’étaient convertis. Ils poussaient le P. Wang à commencer l’évangélisation de cette région. Celui-ci, directeur d’école, ne pouvait quitter Futien, aussi demanda-t-il à M. Poupon de s’y rendre accompagné d’un catéchiste. Au début de février 1956, M. Poupon partit donc à pied avec son catéchiste pour le village de Hsin She. Ils furent bien accueillis et le catéchiste put prêcher dans la maison d’un parent d’un maître d’école de Futien. Le lendemain, ils passèrent à Fengpin où ils purent aussi annoncer l’évangile, et ils continuèrent jusqu’au gros village de Makota. Là, l’accueil fut moins bon, mais le soir le catéchiste put parler à quelques anciens qui posèrent des questions. Ils continuèrent leur route le long de la mer, sans trouver d’auditoire. À Chengkung ils trouvèrent le P. de Boer, SMB, qui s’installait et avait une dizaine de catéchumènes. Rentrés à Futien, M. Poupon et le catéchiste dirent qu’ils avaient eu l’impression qu’il suffirait de peu de chose pour lancer un mouvement de conversions le long de la mer, aussi le P. Wang s’empressa-t-il d’envoyer un catéchiste résider à Futien, et ce dernier eut immédiatement des catéchumènes.
Les progrès de M. Poupon en langue amis furent rapides et au bout de six mois il prêchait déjà. Mgr Vérineux lui confia la chrétienté naissante de Tienpu qui comprenait sept villages amis. Partout dans la mission le nombre de conversions était considérable, et en 1955, celle-ci comptait déjà 5.621 chrétiens. À la tête d’un district, M. Poupon, travailleur acharné, se jeta à corps perdu dans l’apostolat missionnaire. Tous les soirs, il enseignait le catéchisme aux catéchumènes. Il lança l’évangélisation chez les Taroko de Tungmen, il organisa des sessions de formation pour les catéchistes. Pendant un an, M. Maillot vint résider à Tienpu pour apprendre la langue amis. M. Poupon lui fit créer une chorale, et la paroisse de Tienpu devint la paroisse modèle du diocèse. À la demande du P. Wang, M. Poupon se rendit à Fengpin où il conféra le baptême aux premiers convertis de cette région. Intéressé par l’ethnologie, M. Poupon alla avec M. Boyer visiter les Philippines pour étudier les ethnies primitives de ce pays, en 1956.
Les nouveaux convertis de la région de Fengpin demandèrent à Mgr Vérineux un prêtre qui pourrait aussi soigner les malades, car cette région était dépourvue de médecin. M. Poupon faisait merveille à Tienpu, mais généreux et soumis comme il l’était, il accepta sans hésitation de quitter un poste au confort relatif mais réel, où il avait fait mille baptêmes en deux ans et demi, et qui commençait à devenir une véritable chrétienté. Le 19 février 1958 il quitta donc Tienpu. Après un voyage en chemin de fer, il fit une marche de quatre heures pour atteindre le village de Tigalaw. Comme la maison achetée à Fengpin n’était pas encore libre, il résida le premier mois dans la sacristie de l’église de Tigalaw, église bâtie en dur par les convertis de ce village. Il put s’installer à Fengpin le 20 mars.
Dans ce nouveau district, il n’y avait pas de route et on ne trouvait qu’une seule boutique, ce qui ne permettait pas de faire souvent bonne chère, et souvent son cuisinier, un jeune homme, allait chercher des herbes sauvages pour faire une soupe accompagnant le riz. La frugalité de M. Poupon devint légendaire. Mais cela ne l’empêcha pas de se donner entièrement à son apostolat. Quand il arriva, il y avait déjà trois cents baptisés et huit cents catéchumènes, mais aussi des opposants en grand nombre. Homme de foi et aussi très volontaire, l’opposition ne le découragea pas, mais redoubla son ardeur. Les trois années qu’il passa à Fengpin furent certainement les plus belles de sa vie missionnaire.
Très doué pour la médecine, il fonda un dispensaire et forma plusieurs jeunes infirmières. Tous les jours des gens venaient le voir, et de sept heures et demie à treize heures, il soignait les malades. Il en guérit beaucoup qui, ne pouvant aller à l’hôpital trop lointain, seraient morts faute de soins. Il allait aussi soigner les malades qui ne pouvaient se déplacer. Grâce à ses dons de médecin il fit connaissance avec un grand nombre de personnes, et cela l’aida dans l’apostolat.
Les jours de semaine, il partait souvent vers quinze heures pour aller prêcher dans un village. Il passait la nuit sur place et rentrait à pied le lendemain matin pour soigner les malades. Il essaya d’utiliser une bicyclette, mais sans succès, car les sentiers boueux ou glissants n’étaient pas propices à un tel engin. Toutes les semaines il réunissait ses sept catéchistes et leur faisait un cours de doctrine pour préparer la prédication hebdomadaire. Souvent il était si fatigué qu’il s’endormait avant la fin de la réunion. Il fonda aussi cinq jardins d’enfants, ce qui augmenta ses soucis.
Il essayait d’assurer une messe par mois dans chacun des dix postes de son district. Les jours de fête, messes et baptêmes l’exténuaient. Un jour de Noël, il célébra une première messe à minuit au village de Tigalaw, puis, vers deux heures du matin, sans prendre de repos, il fit une marche de quatre heures pour arriver au village de Makota, où il se reposa pendant une heure. Toujours à jeun, il se mit au confessionnal puis célébra la messe, après laquelle il mangea un peu et partit faire une nouvelle marche de quatre heures pour fêter Noël dans un autre village.
Une fois, rentré un lundi matin d’une tournée dans le sud de son district, il trouva une lettre de M. Boyer lui demandant un renseignement important. Il partit aussitôt pour Futien où il arriva vers quinze heures. L’affaire fut vite réglée avec M. Boyer et une heure plus tard il repartit pour Fengpin où il arriva à la nuit. Il avait parcouru à pied 55 km dans la journée, mais son catéchiste étant absent et les jeunes arrivant pour l’instruction à la chapelle, il commença les prières. Il ne tarda pas à s’affaler sur le bas-flanc. Les jeunes rentrèrent chez eux, et le lendemain M. Poupon se réveilla se demandant où il était.
Pendant les trois années où il fut en charge de ce district, il baptisa sept cents chrétiens et il forma huit cents catéchumènes, mais il rencontrait de l’opposition au village de Fengpin ainsi qu’au village de Chingpu où il n’y avait que quatre familles converties. Un jour qu’il se rendait dans ce dernier village, il vit des gens qui l’attendaient sur le chemin pour lui conseiller de ne pas continuer la route, car les chefs rituels avaient organisé un rite pour l’abattre. Les néophytes tremblaient de peur ; M. Poupon dit que le Christ le protégerait et qu’il franchirait l’obstacle rituel, qui était une corde de lianes accrochée à deux arbres au-dessus du sentier, et qu’il ne mourrait pas. C’est ce qu’il fit, mais à sa grande surprise, le soir venu, les néophytes étaient encore si terrifiés qu’il dut abréger prières et instruction.
M. Poupon avait vécu deux ans à Fengpin quand ses confrères l’élurent pour les représenter à l’Assemblée générale de la Société à Paris. Il s’absenta donc du 16 juin 1960 au début de février 1961. Il conservait un souvenir inoubliable, de cette Assemblée où, encore très jeune, il avait côtoyé les nombreux évêques, certains très âgés, de la Société.
Rentré à Fengpin, il reprit son rude labeur, mais au mois de mars Mgr Vérineux le nomma son Vicaire général. Il fit ses adieux aux chrétiens, le 25 avril, et commença une nouvelle vie.
M. Poupon resta Vicaire général pendant douze ans, et il fit de son mieux pour être à la hauteur de sa tâche. Il fut chargé de superviser les travaux de traductions des textes liturgiques dans les langues aborigènes, et le 22 octobre 1964, lors de la bénédiction de l’église de Tunghe, cérémonie qu’il présidait, une messe fut chantée pour la première fois en langue amis. Chargé de l’œcuménisme, il étudia à fond les problèmes qui se posaient et il fut plusieurs fois invité par les presbytériens à donner des conférences sur ce sujet. Tous les ans, il devait se rendre aux États-Unis pour obtenir de l’aide financière pour la mission. Ce travail était épuisant, car, par esprit d’économie, il ne voyageait qu’en autobus à travers cet immense pays.
En 1973 Mgr Vénineux donna sa démission ; M. Poupon devint alors pro-administrateur apostolique, charge qu’il conserva dix-sept mois. Il s’en acquitta pour le mieux, participant à toutes les réunions de la conférence épiscopale, et dirigeant un diocèse dont la caisse était vide. Il eut aussi à s’occuper très activement de la congrégation diocésaine des Sœurs de Sainte-Marthe. Le 7 janvier 1975, Mgr Chia fut installé évêque de Hwalien, M. Poupon lui fit part de son désir d’être démis de sa haute fonction. En juin de cette année, M. Poupon put partir en congé en France, il revint à Hwalien en novembre.
À son retour de congé M. Poupon fut nommé chef du district de Sekho, mais à peine eut-il le temps de connaître son nouveau district qu’il fut nommé curé de Futien, en mars 1977. Il y avait alors à Futien deux cent quatre-vingts familles catholiques, cent cinquante presbytériennes, dix adventistes et dix témoins de Jéhovah, ainsi que quatre-vingts autres païennes. Parmi ces Amis, M. Poupon se sentit revivre, aussi se lança-t-il à fond dans l’apostolat, aidé par des groupes de chrétiens créés par ses prédécesseurs. Il s’appuya particulièrement sur le groupe dit des « Kitokay », dames et hommes d’un âge certain, mais qui avaient une grosse influence sur les habitants des villages. Il devint vite très populaire, d’autant plus qu’il reprit son travail d’infirmier. Grâce à son zèle, à la visite des familles, trente familles païennes ou apostates vinrent augmenter le troupeau des fidèles, la communauté se monta à trois cent dix-sept familles. Il était très souvent invité par ses paroissiens et ne refusait jamais d’y aller soit pour un repas, soit pour une bénédiction de maison, de buffle ou de tracteur.
Dans ce village de Futien qui est le plus gros village amis, beaucoup de gens avaient donné leur nom à l’église catholique sans se soucier de connaître la religion. M. Poupon allait visiter ces chrétiens de nom tous les ans avant Noël et avant Pâques, pour les amener à se préparer au baptême, et il réussit souvent.
N’ayant qu’un poste à desservir hors du village principal, il avait du temps libre, aussi était-il toujours prêt à aller prêcher chez un confrère. Il aimait recevoir les confrères chez lui et il les traitait fort bien. Il avait appris de son père, qui était un spécialiste des fleurs, l’art de cultiver celles-ci. À Futien il cultiva autour de l’église et du presbytère un nombre impressionnant de fleurs dont il connaissait les noms et les particularités. Le dimanche, il voulait une église bien ornée, aussi tous les samedis matin panait-il en motocyclette chercher des fleurs sauvages qui ne poussaient pas à Futien, et l’après-midi un groupe de jeunes femmes venaient décorer l’église.
Malheureusement, la santé de M. Poupon commença à fléchir dès 1980. Il était souvent oppressé, obligé de se coucher. Il allait déjà mieux quand les docteurs lui dirent qu’il avait surmonté un infarctus. Mais à partir de 1982 la maladie de Parkinson commença à se manifester, et il dut aller se soigner en France. Un traitement permit une amélioration des tremblements, et il put rentrer à Hwalien en 1986. C’est alors qu’on s’aperçut qu’il oubliait beaucoup de choses et que son corps se voûtait. Il était très attaché à son poste de Futien, et les habitants de ce village l’aimaient beaucoup, aussi continuait-il son ministère malgré tous ces ennuis de santé.
Le jour de Pâques 1987, alors qu’il célébrait sa troisième messe dans l’église du village de Kalotogan, il s’affaissa pendant la lecture de l’Évangile. Des jeunes l’assirent aussitôt sur un banc. Quand il se réveilla, il dut avouer qu’il n’était pas en état de continuer la messe ; il put cependant, accompagné de jeunes gens, rentrer à Futien en motocyclette. Le lendemain, il alla consulter un médecin à Hwalien, celui-ci déclara qu’il devait retourner se faire soigner en France. Il quitta donc Hwalien le 13 mai 1987. En France, les médecins diagnostiquèrent la maladie d’Alzeimher. Il se retira à la maison d’accueil de Lauris, son état devenant de plus en plus pénible pour lui et pour son entourage. Il mourut le 7 août 1989.
Comme tous les hommes, M. Poupon avait quelques défauts, par exemple un peu de vivacité, que ses qualités faisaient oublier. Il était très doué pour les langues, aussi apprit-il très bien le chinois et l’amis, et il pouvait aussi parler le taroko. Toujours très travailleur, son zèle le poussait à se tuer à la tâche, faisant des marches forcées, des courses très longues et épuisantes en motocyclette. Il aimait beaucoup rendre service, soigner les malades, courir les pharmacies pour trouver un remède approprié à un de ses protégés. Il avait une mémoire extraordinaire et était passionné de géographie ; sa librairie contenait toute une collection de livres et de revues géographiques, et il pouvait parler de tous les pays du monde. Il resta toujours aussi pieux qu’il l’était au séminaire. Abruti par des heures de marche et par des réunions avec des chrétiens, à 23 heures, il voulait à tout prix terminer son bréviaire, et souvent s’endormait en priant. En un mot, M. Poupon fut un grand missionnaire.
André BAREIGTS
References
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