Jacques DUSSAIGNE1927 - 2018
- Status : Prêtre
- Identifier : 3939
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Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1952 - ? (Pondichéry)
Biography
[3939] Jacques Jean DUSSAIGNE est né à Caen en Normandie le 17 juillet 1927, 3ème d’une fratrie de 5 enfants (trois garçons et deux filles). Son père, Camille Dussaigne, était employé à la SNCF. Il fut baptisé le 11 septembre 1928 en l’église Saint-Pierre de Caen, diocèse de Bayeux-Lisieux. Il fit ses études primaires et secondaires au collège Saint-Joseph de Caen. C’est là aussi qu’il fut confirmé le 12 juin 1938.
En 1945, il entra au grand séminaire de Bayeux où il fit son 1er cycle de philosophie (1945-1947). Ensuite il fit un an de service militaire avant de poursuivre ses études en théologie au grand séminaire des Missions Etrangères à la rue du Bac du 21 février 1948 à décembre 1951. Il fut ordonné prêtre au collège Saint-Joseph de Caen le 22 décembre 1951 par Mgr Vérineux. Il reçut sa destination pour Mysore en Inde le 2 février 1952 et partit pour l’Inde le 6 mai 1952.
De juin 1952 à juin 1953 il fit des études de l’Anglais à Yercaud puis, de juin 1953 à janvier 1955, il s’attela à l’étude du Tamoul au Centre Catholique de Tindivanam.
De janvier à juin 1955 il est assistant à la paroisse de Eraiyur. Puis, de juillet 1955 à février 1957, il est assistant à la paroisse de Anilady. De février 1957 à février 1962, il est curé à Vridhachalam. Puis du 16 mars 1962 au 9 juillet 1963 il prend un temps de congé en France où il doit recevoir des soins médicaux. De retour en Inde, il est curé à la paroisse de Sathyamangalam du 9 août 1963 à juillet 1965. Puis, de Juillet 1965 à 1978, il est curé à Villiamur. En 1978 il prend un temps de congé en France et, à son retour, il remplace le Père Pennel à ‘Notre-Dame des Anges’ à Pondichery de février à juillet 1979. Du 3 juillet 1979 à mai 1984 il est curé à Kurumbagaram. Puis, de décembre 1984 au 21 juillet 2007, il est curé à la paroisse ‘Notre-Dame des Anges’ à Pondichéry.
En septembre 2007 il rentre définitivement en France. Il se retire à la Maison de Lauris le 4 février 2008. Pendant quelque temps il rend divers services à l’aumônerie tamoule et il est très apprécié des diverses communautés tamoules de France. A la demande de l’aumônier en titre de la communauté tamoule de France, il retourne même à Paris le 21 février pour se mettre au service de cette communauté; mais ce ne sera qu’un service temporaire jusqu’à ce que ses forces l’abandonnent. Il doit assez rapidement retourner se reposer à Lauris où il décède le 15 octobre 2018.
Obituary
Jacques DUSSAIGNE
1927-2018
Jacques DUSSAIGNE est né le 16 juillet 1927 à Caen, dans le diocèse de Bayeux-Lisieux. Son père était employé à la SNCF. Jacques était le troisième d’une fratrie de 5 (trois garçons et deux filles). Il fit ses études primaires et secondaires au collège Saint-Joseph de Caen. C’est là aussi qu’il fut confirmé le 12 juin 1938.
En 1945, il est admis au grand séminaire de Bayeux, comme étudiant du 1er cycle (philosophie). En 1947, il fait une année de service militaire et, en 1948 il va poursuivre ses études de théologie au grand séminaire des Missions Étrangères, à la rue du Bac. Il est ordonné prêtre le 22 décembre 1951 au collège Saint-Joseph de Caen par Mgr Vérineux. Il reçoit sa destination pour l’Inde au mois de février 1952 et part pour Pondichéry au début du mois de juin de la même année.
Destiné à la mission de l’Inde
Comme d’autres jeunes missionnaires avant lui, il est d’abord envoyé à Yercaud pour améliorer ses connaissances de l’anglais chez les frères de Saint-Gabriel de Montfort. L’année suivante, il étudie le tamoul à Tindivanam, à une trentaine de km de Pondichéry. C’est là qu’en 1919, l’un de nos confrères, le Père Gavan Duffy, avait fondé un Centre de formation pour les catéchistes, un centre très connu qui a rendu de très précieux services à l’Église en Tamil Nadu… Jacques y passe deux ans, en compagnie d’ailleurs de l’un de ses amis qu’il remplacera plus tard à la paroisse Notre-Dame des Anges à Pondichéry, le Père Gérard Pennel.
En 1955, Jacques connait suffisamment bien le tamoul pour assumer des responsabilités pastorales, d’abord comme assistant à Eraiyur, pendant 6 mois, puis à Anilady où il a comme curé le Père Pierre Martin, lequel deviendra un peu plus tard supérieur régional des confrères MEP en Inde. En 1957, Jacques est nommé curé de Vridhachalam, dans cette même région.
En 1963, il prend un premier congé de 6 mois en France. Ce sera pour lui l’occasion de faire un bilan de santé. Il avait en effet quelques ennuis de santé, en particulier des problèmes intestinaux. Il en parlait parfois, et je me souviens l’avoir entendu dire : « Je sens que je ne ferai pas de vieux os dans ce pays. Pour autant, je ne regrette absolument pas d’être venu en Inde et je n’ai certainement pas l’intention de repartir m’installer en France … ». En fait, il semble bien qu’il ait bénéficié en France d’un traitement efficace, car, de retour en Inde, il a eu beaucoup moins de problèmes de santé et par la suite on a pu considérer qu’il jouissait d’une santé relativement robuste. Jacques avait certes rencontré des difficultés pendant ses dix premières années de vie missionnaire en Inde, mais, tout compte fait, il avait été heureux, comme lui-même le disait.
De retour en Inde, il est nommé curé à Sathyamangalam. Mais il n’y reste que peu de temps. En effet, en juillet 1965, on lui propose de devenir curé de Vilianur sur le territoire de l’ancien comptoir français de Pondichéry, devenu entretemps, soit depuis le 1er novembre 1954, terre indienne. Dans cette banlieue de Pondichéry, il y avait un sanctuaire à la Vierge qui attirait de nombreux pèlerins. Jacques y restera 13 ans, jusqu’en 1978, date de son départ pour un nouveau congé en France.
A son retour, pendant quelques mois il remplace le Père Pennel à Notre-Dame des Anges, avant d’être nommé curé de Kumbagaram, non loin de Karaikal, un autre comptoir français devenu partie intégrante de l’Inde, comme Pondichéry. Il y restera jusqu’en 1984, date à laquelle il devient curé de Notre-Dame des Anges à Pondichéry. Il y restera 23 ans, jusqu’au mois de juillet 2007 et son retour définitif en France.
Notre-Dame des Anges
La paroisse de Notre-Dame des Anges était la « paroisse française » du diocèse de Pondichéry, celle que fréquentaient les francophones relativement nombreux, même après le départ de l’administration française. Une paroisse à part entière avec des écoles, un orphelinat, des cours de catéchisme, un petit hôpital tenu par des religieuses, etc. Jacques s’est beaucoup investi dans la vie de cette paroisse. Il a certes maintenu les messes en français, mais il y a aussi introduit des messes en anglais et en tamoul. Il était très disponible, très attentif aux besoins et attentes des paroissiens ; on seulement ses paroissiens habituels, mais aussi les visiteurs et les gens de passages appréciaient sa présence et son accueil chaleureux. De plus, dans une petite ville comme Pondichéry, il était naturellement très connu. Il faisait partie du paysage…
Depuis fort longtemps il existe à Pondichéry un périodique en langue française, appelé Le Trait d’Union, Il est lu très régulièrement par de nombreux Pondichériens francophones qui aiment être tenus au courant de ce qui se passe dans leur communauté. Lors du départ définitif de l’Inde du Père Dussaigne, en 2007, Le Trait d‘Union lui a consacré une grande page, très élogieuse.
Après avoir brièvement rappelé ses origines et sa formation en France, le rédacteur évoque son arrivée en Inde, sa découverte du pays, son étude de la langue tamoul et ses premières activités missionnaires : « Découvrant le pays, où le dénuement qui accablait une grande partie de la population est difficile à imaginer aujourd’hui, il se met spontanément au service des plus humbles parmi les pauvres. Il vit avec eux et partage leur dénuement, leur détresse, mais aussi leurs joies et leurs espoirs ». Suit une énumération des diverses paroisses qui lui furent confiées ; mais tout naturellement c’est surtout le ministère de Jacques dans la paroisse Notre-Dame des Anges à Pondichéry pendant 23 ans qui suscite l’intérêt et la reconnaissance du Trait d’Union et de ses lecteurs.
Ils évoquent d’abord son ministère de prêtre et de pasteur : « Depuis 23 ans il accompagne dans les principales étapes de leur vie tous ceux qui ont gardé une attache avec le France, Pondichériens de souche, expatriés de passage, catholiques ou adeptes d’autres religions. Qui n’a pas assisté à une messe en français, en anglais ou en tamoul, célébrée par le père Dussaigne ou à un mariage ou à un enterrement, à un baptême ou à la fameuse messe de minuit en trois langues, où l’église devient beaucoup trop petite pour contenir la foule ? ».
Ils évoquent aussi les services très appréciés qu’il a rendus à de nombreuses personnes grâce à ses excellentes relations avec les autorités civiles : « Il savait aussi se faire l’avocat de ‘ses’ Pondichériens auprès des autorités locales ou auprès du consulat et de l’ambassade. Ceux-ci savaient en contrepartie le mettre à contribution, sa connaissance du terrain (comme on dit en langage administratif) valant toutes les études sociologiques et toutes les enquêtes qu’auraient pu mener les bureaucrates ».
Le rédacteur du Trait d’Union rappelle aussi la contribution manifeste du Père Dussaigne à une coexistence harmonieuse entre diverses communautés qui se côtoyaient à Pondichéry. « Il a en effet su conserver et développer cette harmonie, si rare de nos jours, qui prévaut encore dans notre ville entre les différentes religions, en entretenant des liens d’amitié sincère avec les responsables de toutes les communautés religieuses. » C’est aussi ce dont le remerciait l’ambassadeur de France en Inde, Jérome Bonnafont, dans une lettre très chaleureuse qu’il a éprouvé le besoin de lui écrire en apprenant son retour définitif en France : « Vous avez su tisser des liens d’amitié avec les représentants des autres religions présentes à Pondichéry et avec les autorités indiennes et françaises. Je garde le souvenir des témoignages émus que j’avais recueillis à cet égard lors de mes séjours à Pondichéry voici une vingtaine d’années (…) Vous y laissez de très nombreux amis français et indiens qui regretteront votre rayonnement et votre immense dévouement »
Retour en France
De retour en France en septembre 2007, Jacques passe quelques mois chez sa jeune sœur près de Caen avant de se retirer à Lauris. En février 2011, à la demande du père Germanus Muthu, responsable de l’aumônerie catholique tamoule indienne, il acceptera de revenir à Paris pour apporter sa contribution aux activités de cette aumônerie ; mais, très vite, il se rend compte qu’un tel travail demande en particulier qu’on se déplace beaucoup dans Paris et sa banlieue, y compris très tard dans la soirée. Vu son âge et son état de santé, il estime qu’il n’est pas capable de rendre de tels services et demande à rentrer à Lauris. A noter cependant que son court séjour à Paris avait été l’occasion de retrouver des Pondichériens, de faire connaissance avec d’autres, ce qui peut expliquer en partie le grand nombre de personnes qui n’hésitèrent pas à entreprendre, sept ans plus tard, un long déplacement pour assister à ses obsèques à Lauris.
Tous ceux qui ont connu Jacques Dussaigne garderont le souvenir d’un missionnaire qu’on aimait rencontrer. Tel était le cas en particulier de tous ses confrères MEP, mais aussi des prêtres indiens parmi lesquels il comptait de nombreux amis. Il peut être intéressant de rappeler qu’il pouvait parler du regretté Cardinal Lourdusamy comme d’un « frère de sang », car il avait eu l’occasion, peu après son arrivée en Inde, de lui donner son sang pour une transfusion, suite à un accident de santé - ce que le Cardinal n’avait jamais oublié…. Il était aussi le grand ami de l’archevêque Michael Augustine, lequel, jusqu’à sa mort relativement récente, avait le souci de veiller à ce que son ami Jacques, bien qu’ayant quitté l’Inde, ne soit pas à court de cigares indiens…
En dépit des difficultés et déconvenues inhérentes à toute aventure missionnaire, Jacques a toujours rayonné la joie de quelqu’un qui ne regrette absolument pas ses engagements au service du Maître de la Mission. Il a effectivement servi la Mission avec persévérance, avec bonté, avec générosité, avec amour. Nous avons bien des raisons de croire qu’il jouit déjà de la récompense promise aux « bons et fidèles serviteurs. »
Raymond Rossignol