Jacques BAILLOT1929 - 2004
- Status : Prêtre
- Identifier : 3978
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1955 - 2004 (Fukuoka)
Biography
[3978]. BAILLOT Jacques est né le 13 février 1929 à Nantes (Loire-Atlantique).
Ordonné prêtre aux MEP le 31 mai 1953, il part le 21 novembre 1955 pour la mission de Fukuoka (Japon).
Il étudie d’abord le japonais à Tokyo, puis est chargé des paroisses de Kokura, (1957-1963), de Tenjinmachi (1964-1977), de Kurosaki (1977-1994), et d’Hikari (à partir de 1994).
Il meurt à Kitakyushu le 23 septembre 2004.
Obituary
[3978]. BAILLOT Jacques (1929-2004)
Notice nécrologique
Jacques, Armand, Georges BAILLOT, fils de Georges et de Irène Bazireau, vint au monde à Nantes, le 13 février 1929. Il fut baptisé le 12 mars 1929, dans l'église paroissiale de la Châtaigneraie, dans le diocèse de Luçon. Il était l'aîné d'une famille ouvrière modeste mais très chrétienne installée à Angers qui comptait huit enfants, quatre garçons et quatre filles. Son père exerçait la profession de machiniste ouvrier en papeterie. L'un de ses oncles était curé dans le Poitou ; l'une de ses tantes avait embrassé la vie religieuse. En 1995, ayant appris le décès de sa maman, il écrira à sa famille : « Dans la messe des défunts que j'ai célébrée à la paroisse [ Hikari-ga-oka, au Japon], assisté de 23 prêtres venus concélébrer avec moi, j'ai dit dans mon petit mot que Maman était née pauvre, avait vécu pauvrement et était morte pauvre : ses seules richesses, ce furent sa Foi au Christ, sa dévotion à la Vierge et ses huit enfants dont bien sûr, son fils missionnaire. Ce fut pour elle un grand sacrifice de me voir partir au loin, il y a 40 ans… »
Jacques fit ses études primaires à l'école Saint-Maurice à Angers. En 1941, il se dirigea vers le petit séminaire diocésain de Beaupréau dans le Maine-et-Loire. Il y suivit les cours de l'enseignement secondaire, et en 1946 obtint son diplôme complet de bachelier. En octobre 1946, il passa au grand séminaire d'Angers pour y commencer sa première formation ecclésiastique. Il y resta jusqu'en juin 1949, y fut tonsuré et reçut les ordres mineurs. Ainsi, il se trouva rattaché au diocèse d'Angers.
Le 18 septembre 1950, M. Jacques Baillot, entra au séminaire des Missions étrangères. Un sérieux accident de santé le dispensa du service militaire. Mais, lors de son entrée au séminaire de Paris, la visite médicale révéla une infection pulmonaire qui nécessita un traitement à l'hôpital Pasteur, de novembre 1950 à février 1951. Dirigé ensuite vers le sanatorium du clergé à Thorenc (Alpes maritimes), il y séjourna de mars 1951 à février 1952 y laissant une excellente impression. De constitution robuste et très sportif, et la guérison suivant son cours normal, il lui fut possible de regagner le séminaire en avril 1952 et il fut définitivement agrégé à la Société des Missions étrangères, le 5 décembre 1952. Sous-diacre en décembre 1952, diacre le 12 avril 1953, il fut ordonné prêtre dans son diocèse, à Notre-Dame d'Angers, le 31 mai 1953. Au soir du 14 juin 1953, Mgr le supérieur général de la Société donnait leur destination à dix-huit nouveaux missionnaires parmi lesquels M. Jacques Baillot. Il était envoyé au Japon pour le service du diocèse de Fukuoka. Cependant, avant de partir en mission au Japon, il lui fut demandé de continuer des études supérieures en action catholique et action sociale à Lille.
Après un séjour studieux de deux années scolaires à Lille, et ayant obtenu son diplôme couronnant ses études supérieures spéciales, il s'en alla rejoindre son diocèse et sa communauté missionnaire, au Nord Kyushu. Le 21 novembre 1955, il s'embarquait à Marseille, à bord du paquebot "Viêtnam". Dans une lettre circulaire du 27 décembre 1995, adressée à sa famille, à sa parenté et à ses amis, évoquant son premier départ, il écrivait : « Ce Noël 1995 est pour moi un anniversaire important. En effet, il y a juste 40 ans que je débarquais à Yokohama, le 24 décembre 1955, du paquebot "Viêtnam", après 33 jours de traversée, en compagnie de mon fidèle compagnon le P. Eugène Juguet. Ma première messe au Japon, fut la messe de Noël, célébrée dans une paroisse de Tokyô ; à cette époque-là, on célébrait encore la messe en latin, ce qui ne me posait pas de problèmes pour la dire avec les chrétiens japonais ; désormais, il faut d'abord apprendre un peu de japonais pour officier publiquement. Deux jours après mon arrivée, je descendais dans ma mission du Kyûshû. Il n'y avait pas de train direct pour s'y rendre ; il fallait changer à Kobé, ce qui nécessitait deux jours de voyage ; actuellement, de Fukuoka à Tôkyô, il faut à peine six heures de « shinkansen », le TGV japonais, ou une heure et demie d'avion : comme les temps ont changé ! Retourné à Tôkyô, ce fut, pendant deux ans, l'étude de la langue, période ardue au possible …"
Grand travailleur, il se plongea courageusement dans l'étude de la langue japonaise et fit une première connaissance de la culture et de l'histoire de ce pays. En décembre 1957, son stage en école terminé, il rentra dans sa mission. Le moment était venu de commencer sa vie apostolique. Il reçut sa première nomination comme second vicaire à Kokura. Dans cette même lettre circulaire de Noël 1995, citée plus haut, il raconte : " ..Revenu à Kita Kyûshû, j'ai été d'abord vicaire à Kokura, la plus grosse paroisse du diocèse puis curé pendant six ans…" A Kokura, une ville de plus de 325.000 habitants, il y avait une paroisse fort ancienne et bien vivante dirigée alors par M. François Toqueboeuf, son curé. Le compte-rendu des travaux de 1958 nous rapporte que durant cet exercice « 41 baptêmes d'adultes y ont été administrés cette année, portant le nombre de chrétiens à 1.526. Deux sections jocistes (garçons et filles) florissantes forment l'élément moteur de l'Action catholique paroissiale. Si les assises spirituelles de la paroisse sont solidement établies, les assises matérielles le seront bientôt aussi : le curé, le P. Toqueboeuf peut déjà montrer un presbytère pratique, simple et coquet ; sous peu une grande église en ciment, conçue par le P. Artus, verra le jour ». Celle-ci fut bénite par Mgr Fukahori le 30 novembre 1959. Peu après ce jour de fête, son curé partait en congé en France, remettant pour quelques temps sa paroisse entre les mains de son vicaire dont les activités pastorales étaient déjà bien nombreuses : Aumônier de la JOC paroissiale, chargé des réunions d'étudiants et de jeunes foyers, responsable du catéchisme des enfants, organisateur d'une exposition jociste dénommée "Saint-Étienne-Kokura", laquelle connut un très grand succès.
En 1961, appelé à succéder à M. François Toqueboeuf, lequel était affecté à Kurosaki, M. Jacques Baillot fut nommé curé de Kokura, cette paroisse qu'il connaissait fort bien pour y avoir été vicaire. Un prêtre japonais, et son confrère M. André Bertrand furent ses auxiliaires pour le travail pastoral. En 1963, au dire du compte-rendu, son immense territoire comptait 1636 catholiques, 45 catéchumènes, avec deux sections jocistes très vivantes. Il y avait donc beaucoup à faire. Devenu aumônier fédéral du mouvement jociste en plus de son travail pastoral ordinaire, la santé du curé du lieu laissait à désirer. Aussi, le 11 janvier 1964, celui-ci partait en congé en France pour quelques mois. Le 6 octobre 1964, il regagnait le diocèse de Fukuoka au Japon.
Dans sa circulaire de Noël 1995, dont il a été fait mention plus haut, il écrit : « Au retour de mon premier congé, j'ai été muté dans une paroisse moins importante du centre de la ville, Tenjin-machi, où je suis resté douze ans…" En effet, en 1965, son évêque le nommait curé à Yahata, (Kita Kyushushi) et le voilà tiraillé entre ses activités pastorales ordinaires, la mise en application des directives liturgiques nouvelles du Concile Vatican II, et ses fonctions d'aumônier fédéral jociste. Il lui revenait, en effet, d'animer les onze groupes de JOC-JOCF dont il avait la charge, tout en essayant de mettre sur pied et d'organiser des groupes de foyers, dans le style de l'ACO française. En août 1965, se tint à Kobé, un congrès national JOC au cours duquel il exposa les conditions, les buts, les moyens et les résultats de l'action jociste au Japon. La presse locale japonaise et d'autres revues publièrent son intervention. Ensuite, lors des fêtes de Noël 1965, dans un esprit œcuménique, et en collaboration avec divers groupes protestants, les militants jocistes organisèrent une soirée récréative ; c'était un début pour de nouvelles rencontres.
En 1966, pour son ministère pastoral, M. Jacques Baillot est installé à Tenjincho dans l'arrondissement de Yahata. Ses activités sont nombreuses et diverses : jardin d'enfants, étudiants chrétiens, catéchuménat, projet de construction d'une maison pour les jeunes. Mais le compte-rendu de cette année-là retient principalement son travail d'aumônier fédéral jociste. « Sous sa direction vigoureuse, la Fédération avec 13 groupes, vise plus qu' au nombre, à la formation d'une élite. Dans ce but, le Père rassemble fréquemment les responsables autour de lui pour des sessions de formation intensive, récollections annuelles et cercles d'études hebdomadaires. Dans le prolongement de la JOC, il poursuit son effort d'animation de foyers ouvriers, en vue de former une section d'ACO. »
Au début de 1969, en plus de ces nombreuses charges pastorales, et de ses activités d'aumônier jociste, M. Jacques Baillot accepta de diriger et d'animer un comité composé de cinq membres. Dans le cadre de la formation permanente, ceux-ci étaient chargés d'organiser des réunions d'études profitables à tous les prêtres. A cette époque, quinze missionnaires français et cinq prêtres japonais travaillaient ensemble dans le district confié aux Missions étrangères. La tâche n'était pas facile en raison des difficultés linguistiques, des conférenciers à inviter ; des thèmes de réflexion à choisir, des différences d'âge et de formation des participants, ainsi que d'un certain esprit individualiste chez chacun
Mais, l'évènement marquant du second semestre de l'année 1969 fut la nomination de Mgr Pierre Saburô Hirata, à la tête du diocèse de Fukuoka érigé en 1927 et qui, à présent, comptait plus de quarante prêtres japonais, et soixante-dix missionnaires ou religieux étrangers pour une population approchant les sept millions d'habitants dont seulement vingt-quatre mille catholiques. Le nouvel évêque nommé n'était pas un inconnu. En effet, originaire de la préfecture de Fukuoka, professeur durant de longues années au grand séminaire de cette ville, il était, depuis 1961, le premier évêque du diocèse de Oïta, voisin.
Son programme prioritaire était de mettre en place des structures diocésaines conformes aux directives du Concile Vatican II. Pour la communauté missionnaire de Kitakyushu, ce fut l'occasion de faire un certain "aggiornamento". Voilà pourquoi, du 9 au 11 novembre de cette année-là, les confrères organisèrent un petit synode au terme duquel se dégagèrent deux décisions : réorganisation du conseil de la mission –"travailler avec les Japonais"- et la mise sur pied pour le district d'un comité de l'apostolat des laïcs. Ainsi, M. Jacques Baillot, curé de Yahata et aumônier de la fédération jociste du Nord Kyushu, associait une équipe de prêtres japonais, à son travail d'évangélisation du monde ouvrier. Il encourageait par ses visites fréquentes et aidait spirituellement par son enseignement solide quelques jeunes jocistes à faire une expérience de vie commune fraternelle. Le lieu de travail de chacun de ces jeunes était différent, mais tous se retrouvaient pour le repas du soir, la prière, les loisirs, dans un petit appartement, un « garni » qu'ils avaient loué. Après avoir mis en route ce projet, M. Jacques Baillot remettait sa paroisse de Yahata et sa fédération jociste entre les mains de M. Henri Quiniou. Quant à lui, le 2 juillet 1970, il partait en congé en France. Le 18 février 1971, il se remettait en route pour Yahata.
Le développement du mouvement jociste et de l'Action catholique ouvrière obligeait souvent M. Jacques Baillot à des déplacements fréquents. Il devait assurer des sessions de formation spirituelle pour les militants et participer à des réunions d'aumôniers sur le plan national. Mais il était aussi très heureux d'accueillir chez lui à Tenjinmachi, tel ou tel jeune confrère pour son stage de troisième année d'étude de langue, et son commencement dans l'apostolat missionnaire.
M. Jacques Baillot avait débuté comme vicaire puis curé à Kokura, pendant six ans. Ensuite, il avait été placé à la tête de la paroisse de Tenjin-machi pendant douze ans ; dans sa circulaire de Noël 1995 adressée à sa famille, il nous fait entrer dans une nouvelle étape de sa vie missionnaire. Il écrit : « Puis, ce fut la paroisse de Kurosaki où j'ai été pendant 18 ans avec le P Quiniou. »
Travaillant en équipe, ils y arrivèrent ensemble, en janvier 1977. Cette paroisse comptait alors 1.100 baptisés, et était située à l'une des extrémités de la ville ouvrière et industrielle de Kitakyushu dont la population dépassait le million d'habitants. Nos deux missionnaires se partagèrent les responsabilités dans le travail paroissial. Ils durent d'abord faire face à un accroissement sensible de la population chrétienne à cause de la nouvelle université de médecine qui venait de s'installer à proximité. Celle-ci avait été créée en raison des maladies dues à l'extension industrielle de la région. Mais, Kurosaki, grande ville industrielle, restait aussi le centre de l'Action catholique ouvrière et de la Légion de Marie pour tout le secteur du Kitakyushu. Près de l'église paroissiale et de la résidence des deux confrères, des religieuses auxiliatrices dirigeaient une école maternelle et elles avaient en charge une maison de retraite pour personnes âgées. Elles travaillaient en accord avec nos deux missionnaires.
Dès son arrivée en ce nouveau poste, tout en consacrant une bonne partie de son temps à l'ACO, M. Jacques Baillot entreprit la visite des foyers ouvriers établis sur sa paroisse. Il organisa des réunions de partage et d'échange à partir de la lecture de textes bibliques, cherchant à faire le lien entre le passage proposé, lu, commenté et la vie quotidienne de chacun. Il y avait matière. En effet, dans les grandes usines implantées en cette ville, et dans les chantiers navals, la vie des ouvriers était dure et parfois l'ambiance étouffante : difficultés pour obtenir un emploi stable, mutations dans des filiales industrielles disséminées dans le pays, réduction des effectifs, travail le dimanche, congés et loisirs rares, "rééducation" au sein de l'entreprise…Autant de sujets de discussion et de réflexion pour l'Action catholique : "Voir, juger, agir" .
Le 15 décembre 1985, M. Jacques Baillot était nommé responsable du groupe missionnaire de Kitakyushu. Il prenait la succession de M. André Bertrand. En plus de ses nombreuses occupations habituelles et extraordinaires, il se mettait au service de ses confrères. En décembre 1991, il termina son mandat et M. Julien Gayard lui succéda.
Au début du mois de janvier 1986, présentant ses vœux à sa famille et à ses amis, il leur adressait une longue lettre circulaire, leur racontant son quotidien de missionnaire au Japon. Il les entretenait de son travail apostolique, et de ses activités en équipe, principalement durant l'année 1985 qui venait de se terminer. ‘Accompagnement, accompagner’ voilà des mots qui reviennent assez souvent dans sa lettre. Il leur disait : « Si je jette un regard sur 1985, qui vient de s'écouler, je m'aperçois vite qu'en fait, ma vie de missionnaire au Japon (j'entame ma 35ème année) , est tissée d'une foule de petites activités qui n'ont rien d'extraordinaire. Je suis toujours curé de la paroisse de Kurosaki, avec comme compagnon le P. Henri Quiniou : voici plus de 13 ans que nous sommes arrivés ici…Nous continuons donc d'être au service de cette communauté de 1.200 baptisés, pour la partie ouest de la ville de Kita Kyushu, partie qui compte 300.000 habitants. Nous essayons d'aider les chrétiens à approfondir leur foi en lien avec leur vie, d'abord bien sûr, par la liturgie, les fêtes qui jalonnent l'année, mais surtout par ‘les partages d'Evangile’ qui continuent à fonctionner au rythme d'une fois par mois, pour près de 20 groupes. »
Chaque année, il y a des baptêmes d'adultes ; ce sont des nouveaux chrétiens dont il faut continuer la formation spirituelle et affermir la foi. Il y a ceux qui viennent d'ailleurs, et aussi des chrétiens assez nombreux d'origine étrangère venus pour travailler. « Nous nous efforçons de faire rentrer les nouveaux baptisés dans un groupe pour leur permettre de poursuivre leur formation et aussi pour favoriser leur insertion dans la communauté, ce que l'on essaye aussi de faire pour les chrétiens qui nous arrivent d'autres paroisses…Les ‘partages d'Évangile’ facilitent ces contacts, la paroisse étant étendue, les gens ont de la peine à se connaître entre eux. »
Le pasteur doit prendre soin de ses catéchumènes, même s'ils sont peu nombreux. Sur la paroisse, il y a une maison de retraite pour les personnes âgées. Des religieuses dirigent cet établissement, mais il est très important d'accompagner les grands malades qui « continuent leur chemin de croix ». Il donne le nom de quelques-unes de ces personnes souffrantes, disant son admiration devant leur courage, leur foi. « Je ne suis pas seul à accompagner ces malades, car il y a tout un réseau de chrétiens qui les aide aussi, mais la visite du prêtre est très appréciée ; personnellement, j'en reçois plus que je ne donne. »
Il place beaucoup d'espoir sur un petit groupe de jeunes qui ont décidé d'aller continuer leurs études à l'école des salésiens, à côté de Tôkyô. Ils avaient connu cet établissement pour avoir participé à un camp de vacances dirigé et animé par les salésiens et leurs séminaristes. « J'ai toujours un ou deux enfants de chœur, alors qu'il n'y a en moyenne que cinq ou six assistants, pour me servir la messe. Combien arriveront au sacerdoce, c'est le secret du Seigneur, mais il y a certainement là un appel. »
Mais la JOC et l'ACO tiennent une grande place dans son cœur, et il leur consacre une bonne partie de son ministère sacerdotal. Il écrit : « Un autre accompagnement qui reste toujours pour moi une grande joie, c'est celui du groupe des jeunes travailleurs. A Pâques dernier [1985] trois d'entre eux (2 garçons et une fille) ont reçu le baptême, ce qui a porté le groupe à une quinzaine. Chaque samedi soir, ils sont au moins de 12 à 14 à se réunir dans leur salle…. Que ce soit au partage d'Évangile ou à la révision de vie mensuelles, à la récollection et aux journées d'étude de deux jours annuelles, au camp d'été, on essaie de faire le lien entre leur vie de travail et leur foi… dans cette société dite prospère, qui, en fait ne l'est pas pour tout le monde. » Il fait alors mention des difficultés et de la dureté de la vie ouvrière, des jours de congé très limités pour les travailleurs. Mais il met à profit ce temps précieux de détente donné aux jeunes, pour les conduire en pèlerinage au monastère des Trappistines d'Inari, situé en pleine nature à 150 km de Kurosaki. Alors les questions fusent à propos de la vie monastique, d'autant plus que, dans la communauté, se trouve une novice originaire de sa paroisse de Kurosaki.
Et il nous dit encore : « Je continue aussi d'accompagner deux équipes d'ACO et une autre équipe de travailleurs disons informelle. Avec beaucoup de ces militants, je chemine, depuis plus de 25 ans, c'est-à-dire, depuis leurs temps de la JOC. » Pour lui, cet ‘accompagnement’ est une manière de garder contact avec le monde ouvrier japonais qui fait beaucoup d'heures de travail chaque jour, de rester en lien avec les familles et leurs enfants « habitués dès leur premier âge à être des gens très occupés. »
Et il conclut cette longue lettre circulaire de 1986. Il voulait être bref, mais : « je m'aperçois que j'ai été très bavard. Cela compensera mes longs silences de l'an passé, dus au fait que pour faire face à mes responsabilités et pour conserver suffisamment de temps à la prière, mes journées sont bien remplies. »
Le 7 avril 1994, MM. Jacques Baillot et Henri Quiniou remettaient la paroisse de Kurosaki entre les mains de M. Louis Bellion. L'équipe prenait en charge celle de Hikari-gu-oka, dont le nom signifie ‘Colline de Lumière’. Ce centre paroissial est situé tout au sud de Fukuoka, à environ un quart d'heure de voiture de l'aéroport international. Le territoire de cette paroisse est assez étendu chevauchant sur une partie de trois villes voisines. La communauté chrétienne comptait quelques mille cent baptisés. Durant les premiers temps, nos deux confrères vécurent une vie de camping, car le presbytère était vétuste, inhabitable. Les chrétiens avaient fait le projet de le reconstruire et de bâtir des salles de réunion. En attendant, les deux équipiers louèrent une maison japonaise pour en faire leur résidence.
M. Jacques Baillot arrivait dans une nouvelle paroisse. Il en profitait pour jeter un regard en arrière. Dans un article écrit par lui et publié dans la revue Missions Étrangères de novembre 1994, il nous ouvre son cœur et nous fait part de ses sentiments : « Bien sûr, ce n'est pas sans une certaine déchirure que j'ai quitté la paroisse de Kurosaki où j'ai passé plus de dix-huit ans. En fait, il était temps que je bouge, car je m'y serais incrusté. Mais, je ne m'attendais pas à quitter la ville de Kitakyushu où j'ai été en poste pendant plus de trente-sept ans dans trois paroisses. J'avais quand même quelques racines assez fortes, surtout que j'ai été longtemps aumônier fédéral de la JOC qui était un mouvement inter paroissial. Pratiquement ici, il faut repartir de zéro. Fukuoka, c'est une autre ville et les habitants ont une mentalité différente. » Et c'est l'occasion pour lui de se remémorer le passé.
« Kurosaki, écrit-il, a été pour moi une paroisse intéressante ! Tout cela appartient désormais au passé, et il faut maintenant vivre le moment présent. » C'est d'abord le temps de l'investigation. Mais il est riche d'une longue expérience. Il instruit deux petits groupes de catéchumènes, essaye de lancer les partages d'Évangile, de rassembler les jeunes, de prendre contact avec des jeunes foyers. A son co-équipier qui va partir en congé dans quelques mois, il confie l'accompagnement de la Légion de Marie, et le service d'aumônerie du couvent de religieuses installé sur la paroisse. Celles-ci dirigent une garderie de 150 enfants et une école enfantine de 290 bambins. Elles apportent leur aide pour le catéchisme aux 80 enfants inscrits, et coopèrent pour différents services d'Église.
Vers 1998, M. Jacques Baillot connut de sérieux problèmes de santé. Le 21 janvier 1999, il rentra à l'hôpital de la Croix Rouge de Fukuoka, pour un séjour consacré à des examens médicaux, les reins étant assez fatigués. Durant quelques six années son état de santé va l'obliger à une présence fréquente dans les hôpitaux. En juillet 2000, un léger mieux lui permit de commencer une courte convalescence à la maison locale du Nord-Kyushu. Ce fut court. Le 28 août 2000, il fit un nouveau séjour à l'hôpital de Fukuoka. En mai 2002, le voilà conduit en urgence à l'hôpital de Shindenbaru. Son état de santé se dégradant exige alors une surveillance permanente dans un centre médicalisé. En2003, poursuivant sa vie missionnaire dans l'épreuve, il eut la joie de célébrer le cinquantième anniversaire de son ordination sacerdotale. Mais le 23 septembre 2004, à Kita kyushu, le Seigneur le rappelait à lui.
References
[3978]. BAILLOT Jacques (1929-2004)
Références bibliographiques
Missionnaires dAsie (1ère série) : 1966, La J.O.C dans le midi Japonais, p. 2-7.
Echos de la rue du Bac (2e série) : 1979, Action catholique ouvrière à Kita-Kyushu, p. 204-210; 1980, Kita-Kyushu : Kurosaki, p. 212-213 ; 1985, Lettre de Kurosaki (Kita-Kyushu), p. 67-70 ; 1991, Quelques parcours de catéchumènes à Kita-Kyushu, p. 229-233.
Echanges France-Asie : 1987, Burakumin : Les Parias du Japon.
Missionnaires dAsie (2e série) : 1992, Pâques à Kurosaki, p. 236-238 ; 1994, On déménage à Fukuoka, p. 259.