Gabriel MONNIN1928 - 1969
- Status : Prêtre
- Identifier : 4017
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Burma
- Mission area :
- 1957 - 1966 (Yangon [Rangoun])
- Country :
- Malaysia - Singapore
- Mission area :
- 1966 - 1969 (Malacca)
Biography
[4017] MONNIN Gabriel est né le 26 décembre 1928 à Combes, paroisse de Rémonot, diocèse de Besançon (Doubs).
Il fait ses études primaires à Rémonot et ses études secondaires à Notre Dame de Consolation.
Il entre aux Missions Étrangères le 26 février 1949. Il est ordonné prêtre le 29 mai 1955. Il est envoyé en Angleterre, où il apprend l'anglais en 1956 et 1957, puis il embarque à Rotterdam le 2 novembre 1957 pour la mission de Rangoon, en Birmanie.
Birmanie (1957-1966)
Arrivé à Rangoon, son évêque l'envoie apprendre le birman à Thonzé pendant un an.
Malheureusement il tombe malade et doit revenir en France où il reste jusqu'en octobre 1959.
À son retour en Birmanie, il est nommé vicaire dans la ville de Rangoon. Il exerçe son ministère missionnaire en y mettant tout son zèle et son savoir-faire. Il travaille ainsi jusqu'en 1966. À ce moment, le Gouvernement refuse de prolonger son visa et il est obligé de quitter la Birmanie. Il quitte le pays en novembre 1966.
Malaisie (1968-1969)
Revenu en France, il est affecté à la mission de Kuala Lumpur, en Malaisie, où il arrive en février 1968. Plein d'enthousiasme, il se met à apprendre la langue du pays. Il aurait bien voulu continuer sa vie missionnaire active, quand vers la fin de l'année 1968, il est victime d’attaques très violentes qui le font tomber dans le coma. Après quelques mois d'hôpital à Kuala Lumpur, on le rapatrie en France, en mars 1969, pour être hospitalisé à l'hôpital Ste Anne. Malgré les soins intensifs, le P. Monnin rend son âme à Dieu le 5 avril 1969. Il est inhumé dans sa paroisse natale.
Obituary
Le Père Gabriel MONNIN
1928 - 1969
Missionnaire en Birmanie et en Malaisie
Né le 26 décembre 1928 à Combes, paroisse de Remonot (Doubs), diocèse de Besançon.
Etudes primaires et secondaires à Remonot.
Entré aux Missions Etrangères de Paris le 26 février 1949. Or donné prêtre le 29 mai 1955. Parti pour la mission de Rangoon (Bir¬manie), le 2 novembre 1957.
Postes occupés
En Birmanie : 1957-1958, Thonzé. 1959, séjour en France pour raison de santé. Reparti pour Rangoon le 7 octobre 1959. 1959-1966. vicaire à la cathédrale de Rangoon. Contraint de quitter la Birmanie le 19 décembre 1966, son permis de séjour n’ayant pas été renouvelé.
Affecté au diocèse de Kuala Lumpur (Malaisie). Après un séjour en France, parti pour Kuala Lumpur, le 10 février 1968. Rapatrié ma¬lade le 4 mars 1969.
Décédé à l’hôpital Sainte-Anne à Paris le 4 avril 1969. Obsèques dans sa paroisse natale, à Remonot, le 7 avril 1969.
Témoignage
Extraits de l’allocution prononcé à ses à obsèques par M. l’abbé Gauthier, curé de Remonot (Diocèse de Besançon).
Le P. Gabriel MONNIN, des Missions Etrangères de Paris, baptisé en cette église, par le P. Dechaux le 28 décembre 1928, ordonné prêtre à Paris, le 29 mai 1955, y célébrait le 3 juillet suivant, sa première messe solennelle.
Beaucoup conservent encore son image-souvenir d’ordination qui porte d’un côté cette phrase : « Prêtre pour donner la Parole de Vie », et de l’autre, le verset de la Genèse : « Quitte ton pays et la maison de ton père, et va dans le pays que je t’indiquerai ».
Personnellement, j’ai peu connu le Père Gaby, sinon par ses lettres et par le congé qu’il a passé à Remonot, du 19 décembre 1968 au 5 février 1968, mais assez pour bénéficier de sa chaude amitié, assez aussi pour oser – ce que ses confrères auraient fait mieux que moi – vous aider à dégager les leçons de sa vie et de se mort : ses qualités humaines ; son amour de la Mission ; la Croix qui a marqué ces derniers mois pour lui et pour ceux qui l’aimaient.
Le P. Gaby – c’est l’avis unanime – était « gentil », était bon, affable. Bonté qu’il traduisait par une délicatesse simple, humble, si rare de nos jours.
De Birmanie, je recevais une lettre – la première d’une longue série – au jour même de mon installation ici. Nous ne nous connaissions pas, mais j’étais devenu son curé et il voulait me dire, dès mon arrivée, son affection et se prière.
Dès son arrivée, il remettait à beaucoup d’entre nous des petits cadeaux birmans : « Vous direz une petite prière pour eux » ajoutait-il.
Il aimait rendre service : à ses frères, à sa paroisse, à de nombreux prêtres, sans jamais s’imposer, avec une discrétion qui paraissait timidité.
Nous le voyions prendre rang parmi les pénitents et venir se confesser tout « bonnement », se mettre au milieu des chantres quand il n’officiait pas, participer, crayon en main, aux réunions de mission, raconter simplement, ici même ou dans quelques veillées, se vie de missionnaire et celle de ses chers Birmans.
*
* *
La Birmanie ! Quand il en parlait, on le sentait vibrer.
Comme il aurait voulu y retourner !
Comme il aurait tout donné pour sacrifier son congé, qui était d’abord une expulsion, afin de s’occuper là-bas de se J.O.C. et de ses foyers.
Missionnaire, à peine reposé, il s’est remis au travail pour s’informer, s’enrichir en vue de la future obédience. Il a étudié tous les textes conciliaires, dévoré, en un an, des dizaines de livres. Il s’inquiétait des dates et lieux de toutes les sessions auxquelles il pourrait participer utilement ; en fait, il en a suivi au moins six. Il m’accompagnait à des réunions de loyers ou d’action catholique...
Missionnaire, il avait le sens de l’Eglise, l’estime de l’Eglise, l’obéissance à l’Eglise.
Jamais nous ne l’avons entendu critiquer ni ses supérieurs, ni un confrère, ni l’autorité. Quelques boutades pleines d’humour, jamais plus.
Son bref séjour à Rome, sur le chemin du retour, l’avait profondément marqué. Ce fut un vrai pèlerinage ! Les fastes du Vatican l’offusquaient, mais il trouva le temps de voir le Pape, d’assister à une conférence universitaire, d’aller prier dans les grands sanctuaires, de passer de longues heures devant le tombeau de Jean XXIII.
A peine débarqué à Besançon, il a tenu à se présenter à Mgr l’archevêque qui le retint longuement.
Ici, il a parlé sans cesse de la Mission. A toutes ses messes, il avait l’habitude de prononcer une courte homélie : la mission, l’union et, chose étonnante, la mort revenaient souvent, sur ses lèvres.
Missionnaire, il était d’abord prêtre et homme de prière : nous l’avons vu, soit à l’église ou à la grotte, soit dans la côte de Remonot, réciter son bréviaire ou son rosaire. « Il faut bien aider un peu ceux qui en bavent », disait-il.
Missionnaire, il était plein de zèle. Tandis que son congé touchait à se fin et qu’il savait que la Malaisie serait le « pays lointain que Dieu lui indiquait », il ne tenait plus en place. En a-t-il fait des démarches, passé des coups de téléphone à la Rue du Bac, entrepris des voyages à Paris, par des chemins impossibles, pour savoir où en était son visa, pour connaître la date du départ.
Parents, paroissiens, nous nous souvenons tous de ce dimanche de février où, pour la dernière fois, il a chanté la grand-messe. Après nous avoir remerciés, il a eu cette parole : « Je pars comme votre délégué à la Mission. Envoyé par vous, je compte sur vous, sur votre prière ». Et, après un instant de silence, pendant lequel il maîtrisait son émotion, il a conclu : « Faut-il se dire adieu ou au revoir ? C’est comme le Bon Dieu voudra. Je ferai tout ce que je pourrai et, s’il le faut, je pense que je saurai donner ma vie pour la Mission ». Et il quitta l’autel.
Au vin d’honneur qui suivit, assis à côté de se chère maman, contrairement à son habitude, il ne dit presque rien. Emotion du départ ? peut-être ! mais surtout ce sentiment que l’heure était venue de « reprendre les mancherons de la charrue ». C’était un fort qui ne voulait pas attrister les autres pour un départ qu’il avait tant attendu.
Un fort qui ne reculait pas devant le don de soi, devant la croix.
Le 5 novembre 1964, c’était la mort de son père. Quelques jours après, il avait écrit : « C’est dur d’être loin des siens, en de telles circonstances. Heureusement que nous avons la foi. Tous les jours à la messe, je prierai pour papa. Pour l’instant, j’offre me peine au Maître, plus spécialement pour trois de mes filles que je prenais pour de bonnes jocistes et qui ont tout lâché. » Plus tard, il apprendra, qu’en réalité, c’étaient des espionnes du gouvernement. Nouvelle souffrance.
Deux ans plus tard, après qu’il eut écouté la bande magnétique des obsèques de son papa que la censure nous empêcha de lui faire parvenir, il fit cette simple remarque : « J’aurais bien voulu revoir papa, mais de là-haut il sera mon protecteur ».
Quelques jours après son arrivée, une lettre de Rangoon qui avait réussi à passer [...] lui annonçait à la fois le décès d’un de ses confrères tué en moto et l’arrestation, puis l’emprisonnement d’un autre. Les larmes aux yeux, il a ajouté : « Pauvre Birmanie ! il faudra payer cher pour que les chrétiens puissent y rester fidèles et qu’un jour les missionnaires puissent y revenir. »
Toutes les fois que les journaux relataient les décisions du gouvernement birman [...] c’étaient de nouvelles échardes qui le faisaient souffrir terriblement.
*
* *
Au cours de l’automne – il n’y a plus de secret maintenant – cet homme qui ne voulait pas rester inactif, cet homme bon qui ne voulait inquiéter personne, devina une autre croix : sa santé. Apparemment, rien de grave. Il semblait en pleine forme. Et cependant, il avait certaines appréhensions. Au soir du dernier jour de se retraite – il en suivit deux en un an – il écrivait à un confrère : « Priez pour que je puisse supporter le climat de la Malaisie, on le dit traître ». A une autre personne, il dira : « Si ma santé ne me permet pas de tenir le coup, je demanderai à travailler dans un secteur déchristianisé de France... mais je veux d’abord essayer... »
Mais il voulait partir, il fallait partir.
Arrivé à Kuala-Lumpur, une autre difficulté l’attendait : à 40 ans, il fallait apprendre une nouvelle langue qui ne comprend pas moins de huit dialectes. « Je pense y arriver, ce sera dur, long. Pourvu que je tienne le coup... en fait de mission, il faut redevenir écolier à Borneo. Fiat. »
La suite, mes frères, vous la connaissez.
Le 16 juillet 1968, l’accident ? l’attaque? nous ne le saurons jamais. Mais ce que nous savons, c’est la Croix que noua avons essayé de porter à sa place – et peut-être avec lui, s’il a eu quelques instants de connaissance – durant presque neuf mois.
Que de fois, guettant le facteur, recevant des nouvelles ou en demandant, nous est revenue à la mémoire la parole du Seigneur en Isaïe : « Mes voies ne sont pas vos voies », et cette autre du cardinal Veuillot : « Ne pariez pas de la souffrance, nous ne savons pas ce que c’est » [...]
Son long chemin de Croix s’est terminé le Vendredi Saint, à l’heure où, dans l’église de son baptême et de se première messe, se terminait l’office.
Mais le Vendredi Saint est le prélude de Pâques.
Puisses-tu, Gaby, connaître très bientôt, la joie de la Résurrection.
~~~~~~~
References
[4017] MONNIN Gabriel (1928-1969)
Références bio-bibliographiques
CR 1955 p. 80. 1960 p. 72. 1961 p. 74. 1962 p. 90. 1963 p. 94. 1965 p. 127. BME 1949 p. 255. 1955 p. 809. 1957 p. 881. 1107. 1958 p. 271. 555. 1959 p. 277. 458. 1070. 1960 p. 178. 1021. 1022. 1961 p. 504. Enc. PdM 12P3. EC1 N° 467. 581. 628. 654. 666. 773. EC2 N° 1P5 - 6P161 - 18/C2 p. 97 - 19/C2. MEM 1961/69 p. 161.