Marcel LAOUÉNAN1933 - 2010
- Status : Prêtre
- Identifier : 4099
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Identity
Birth
Death
Biography
[4099] LAOUÉNAN Marcel est né le 8 décembre 1933 à Plonévez-Porzay (Finistère).
Ordonné prêtre le 29 juin 1960, il part le 6 octobre 1960 pour la mission de Bassein (Birmanie).
Il étudie l’anglais et le birman, puis il est nommé professeur au petit séminaire de Mayanchaung-Bassein (1962), avant d’être vicaire à la cathédrale de Bassein (1966).
Expulsé de Birmanie en 1966, il est affecté à la mission de Bangkok (Thaïlande). Après une brève initiation au thaï, il est professeur au petit séminaire de Thare (1969-1973, puis supérieur du petit séminaire de Na Kham à Ubon (1973-1978). Il est ensuite nommé curé de Nong Khu Noi (Ban Lao) (1978) et vicaire à la cathédrale d'Ubon (1979-1982), aumônier des Frères de Saint-Gabriel et professeur au Collège de l'Assomption à Ubon (1982-1988), secrétaire à l’évêché (1988-1997), et aumônier du Couvent St-Joseph avec résidence à la maison MEP (1997).
Il meurt le 29 juin 2010 à l’hôpital d’Ubon. Il est inhumé à Ubon.
Obituary
Marcel LAOUENAN
1933 – 2010
Marcel naquit le 8 décembre 1933 à Plonévez-Porzay, commune de 1600 habitants, proche de Douarnenez dans le département du Finistère. Son père était maçon, sa mère employée de maison. La famille se composait de 6 enfants : 4 garçons et 2 filles, Marcel était l’aîné. Il écrira : « Le jour de mon baptême, le 8 décembre 1933, je reçus quatre prénoms : Marcel, Jean, René et Marie ; j’étais doté d’une bonne équipe de saints protecteurs ».
Marcel était un breton pur et dur ; il ne fallait pas le chatouiller là-dessus sous peine de réaction violente, le poing dans la figure. Il aimait naturellement la Bretagne, sa province : la campagne, la mer, la langue, les chants et la danse bretonne. Sur le territoire de la commune, il y a un lieu de pèlerinage bien connu, Sainte Anne la Palud. Et pour Marcel ce n’était pas n’importe quelle Sainte Anne, mais Sainte Anne du Porzay, c’est-à-dire du lieu, qui est vénérée spécialement le dimanche le plus près du 26 juillet, et par un grand pardon le dernier dimanche du mois d’août.
Marcel fit ses études primaires à Plonévez-Porzay, d’abord à l’école publique, puis à l’école des Frères. Chaque année, des « recruteurs » passaient dans les écoles paroissiales pour des causeries ou pour projeter des films. Marcel fut marqué particulièrement par le jeune Père François Ledu. C’est ainsi qu’au mois de septembre 1945, il entra au petit séminaire Théophane Vénard à Beaupréau. Après avoir décroché le baccalauréat en juin 1951, il étudia à Bièvres jusque juin 1954.
Puis ce fut la période du service militaire. Il fut incorporé le 1er novembre 1954 dans un régiment du Génie à Angers. Plus tard, il fut muté dans un régiment d’artillerie anti-aérienne à Vannes. Il suivit des stages de formation dans les transmissions et d’opérateur-projectionniste de cinéma. Le 1er juillet 1956, ce fut le départ pour l’Algérie ; il fut en poste dans le Sud d’Alger où il fut un temps instructeur des jeunes appelés. Le 7 avril 1957, Marcel quitta sa compagnie en direction de la France, arriva à Paris le 9 avril et se rendit en Bretagne pour revoir sa famille. Il écrit : « J’étais en permission pour longtemps car il me restait encore des permissions à prendre de ma durée légale et il y avait toutes celles accumulées depuis. Je ne fus rayé des contrôles de l’unité que le 13 juin 1957, après 955 jours de présence sous les drapeaux au cours de mon trente-deuxième mois de service » … En somme, c’est à la Rue du Bac qu’il passa ses permissions libérables. Marcel rapportait souvent des souvenirs fort mêlés de son service militaire : l’imbécilité de certains cadres de l’armée, l’intelligence d’autres. Il n’appréciait pas l’esprit grégaire de l’armée ; mais il disait aussi avoir lié des amitiés fortes et durables avec des conscrits.
Marcel écrit : « En retrouvant le séminaire Rue du Bac le 28 avril 1957, j’ai eu l’impression de changer de caserne, mais de trouver des adjudants-chefs ! Tout semblait à nouveau tatillon et mesquin, étriqué à la limite du ridicule » ! La réadaptation fut difficile et lente. D’autre part, le planning des cours était complètement désorganisé du fait de l’étalement du retour des aspirants de l’armée. Malgré tout, il pense avoir suivi les cours assez honorablement. Au fil des années, il reçut les ordres mineurs, le sous-diaconat et avant l’appel au diaconat il y eut les destinations. Marcel espérait partir pour la Malaisie, pays qu’il avait potassé pas mal. Déception ! Les candidats au diaconat étaient au nombre de neuf ; six furent affectés à la Birmanie, dont Marcel pour la mission de Bassein. Marcel fut ordonné prêtre le 29 juin 1960 en la cathédrale Saint Corentin à Quimper, en même temps que deux autres finistériens, Joseph Guillou et Yves Maguet, destinés également à la Birmanie. Les dernières vacances en France passèrent vite. Les partants embarquèrent sur le paquebot « Vietnam » qui leva l’ancre à Marseille le 6 octobre 1960. Arrivé à Singapour, le groupe poursuivit le voyage par train pour Kuala-Lumpur puis Penang, d’où un cargo le transporta jusqu’à Rangoon. Les jeunes missionnaires y arrivèrent le 6 novembre, exactement un mois jour pour jour après le départ de Marseille.
En Birmanie : 1960 – 1966
Après les visites des paroisses, des écoles et des couvents, Marcel fut placé dans la paroisse Saint François-d’Assise à Tamwé, banlieue Nord de Rangoon, pour y étudier l’anglais. Il avait une bonne connaissance de l’anglais car, à la Rue Bac, il s’était efforcé de faire une demi-heure d’anglais par jour. Il comprenait pratiquement tout, il lui restait à pratiquer la langue. Ce fut facile, la paroisse était composée de nombreux anglo-indiens.
Le mois d’avril 1961, il quittait Tamwé pour s’installer à Bassein pour l’étude du birman avec l’aide d’une religieuse locale. Il n’y avait pas alors d’école de langue. Il avait plaisir à baragouiner son birman avec les enfants de l’orphelinat. De plus, il donnait quelques cours d’anglais ici ou là, et des cours de liturgie et de Bible au noviciat des Sœurs.
Au cours de l’année 1962, le Père Maurice Duhart étant rentré en France, Marcel fut nommé à Mayanchaung, près de Bassein, au petit séminaire du Sacré-Cœur. Ce qui devait n’être qu’un intérim de deux ou trois mois se transforma en quatre années de professorat et puis de supériorat. À l’époque, cette institution était un collège de 124 élèves ; le staff enseignant était composé de deux prêtres, deux Frères et une équipe de professeurs laïcs. Puis ce collège devint un petit séminaire. Marcel assurait les cours de catéchisme, d’anglais et même un peu le latin pour les classes terminales, avant l’entrée des élèves au grand séminaire de Rangoon, dirigé par les Jésuites américains. Il a écrit plus tard : « je ne vois pas pourquoi revenir au latin, alors qu’il y a le Pali et le Sanscrit à approfondir, si on veut un jour arriver à une philosophie et une théologie orientales ».
Les premiers temps en Birmanie, la vie était calme et agréable, les gens accueillants et hospitaliers. On trouvait ce dont on avait besoin presque partout. La monnaie birmane, le kyat, était pratiquement à parité avec le franc, mais la vie était bien moins chère qu’en France. Le 4 mars 1962, un coup d’État renversait le gouvernement de U Nu, et le général Ne Win lançait sa politique du socialisme à la birmane. Politique qui a la longue s’avèrera désastreuse du point de vue économique. Le pays se coupera du reste du monde. Dès 1963 des dizaines de milliers de gens doués de capacités professionnelles, tels les Chinois, les Indiens, les Européens ou les Eurasiens, ont été spoliés et expulsés, d’où paralysie des initiatives dans la vie publique. Le marché noir devenait l’institution la plus florissante du pays. Et puis vint la nationalisation des écoles.
Le mois de juin 1966, Marcel quitta le séminaire de Mayanchaung pour devenir vicaire à la cathédrale de Rangoon. En effet le gouvernement avait décidé de ne plus renouveler les permis de séjour des missionnaires arrivés après l’indépendance, c’est-à-dire après le 4 janvier 1948. Cette décision touchait 262 missionnaires : prêtres, Frères et Sœurs. Chacun fut invité à remplir un tas de formulaires, promettant de quitter le pays définitivement et de son plein gré. Les départs des confrères s’échelonnèrent de mai à décembre. Marcel s’envola le 5 novembre 1966 pour Bangkok. « Quelle tristesse de quitter ce pays de ses premières amours missionnaires » ! Beaucoup de confrères firent étape à la maison régionale de Bangkok, à Kuala-Lumpur et à Singapour, où les uns et les autres firent des achats ; il convenait de recomposer son trousseau afin d’être présentable, après quelques années de dénuement. À Singapour, Marcel embarqua à nouveau sur le « Vietnam », mais cette fois dans le sens Singapour-Marseille. Arrivé à Paris, il demanda à être conduit à l’hôpital Pasteur pour soigner une amibiase qui s’était déclarée au départ de Singapour ; le traitement dura une quinzaine de jours. Après quoi il s’empressa de partir vers la Bretagne pour retrouver sa famille à Plonévez-Porzay.
Quelque temps plus tard, le Père Alazard lui notifia sa nouvelle destination : la Thaïlande, diocèse d’Ubon-Ratchathani, pour enseigner l’anglais au petit séminaire de Tharae. Plusieurs anciens missionnaires de Birmanie furent destinés à la Thaïlande – neuf si je ne me trompe – mais certains n’y résidèrent pas longtemps.
En Thaïlande : 1967 – 2010
Marcel arriva à Bangkok par avion le 26 août 1967. Les formalités administratives achevées, il fut placé au « Assumption Commercial College » tenu par les Frères de Saint Gabriel. Ce fut son pied à terre pendant qu’il suivait les cours de thaï à l’école de langue, toute proche. En même temps, il faisait fonction d’aumônier des Frères. En septembre 1967, il s’installa au presbytère de la paroisse Saint Louis, tout en poursuivant l’étude du thaï. Et il prit en charge la messe dominicale pour les francophones. Le presbytère de la paroisse était très fréquenté, favorable pour les contacts et la pratique de la langue.
En juillet 1969, Marcel quitta Bangkok, fit étape à Ubon et rejoignit Tharae où il allait rester quatre ans. Le séminaire Notre-Dame de Fatima était un petit séminaire interdiocésain pour les quatre diocèses du Nord-Est : Tharae, Ubon, Udorn et Khorat. Pendant des années, le staff avait été composé de prêtres MEP, quatre ou cinq confrères de la mission d’Ubon mais il commençait à se diversifier. Le Père Costet, supérieur, confia à Marcel les cours d’anglais et de Bible pour les plus grands.
En mars 1973, Mgr Berthold le nomma supérieur du petit séminaire d’Ubon qu’il avait ouvert en 1968. La première année fut difficile : Marcel connaissait les confrères, mais il avait l’impression d’être une pièce rapportée. Il dut aussi assurer temporairement la responsabilité de la paroisse de Nakham. Pendant que les jeunes séminaristes suivaient les cours au Collège de l’Assomption tenu par les Frères de Saint Gabriel, Marcel avait le temps de s’occuper de l’administration du séminaire et de la paroisse, il travailla également au centre catéchétique lors de sessions de formation pour les catéchistes du diocèse. Et pendant les vacances, il se montrait disponible pour animer des sessions de maturation de la foi dans les communautés chrétiennes ; ces sessions de 4-5 jours par villages s’adressaient aux pères et mères de famille, aux jeunes et aux enfants, et se terminaient par la messe dominicale en action de grâce.
Après le décès du Père Mabboux en 1979, Marcel fut nommé curé de Ban Nongkhu Noï ou Ban-Lao, une paroisse de 2000 chrétiens environ. Dès le début, il estima que le poste était un peu grand pour lui. Il faut se rappeler que jusque là il n’avait eu que des fonctions d’auxiliaire dans de petites communautés. Néanmoins, il se mit au travail très sérieusement. Mais au bout de quelques mois, il dit ressentir des signes de fatigue nerveuse : stress et insomnies. Pour ma part, je pense qu’il souffrit un peu de l’isolement. Surtout, il avait toujours été dans les séminaires où il avait connu un au rythme de vie bien réglée. Or à la campagne, il était dérangé à tout moment, quelques fois pour un rien, par des fidèles qui n’avaient pas de montres, et çà il le supportait mal. Craignant qu’il fasse une bonne déprime, je proposais à l’évêque de le prendre avec moi comme vicaire à la cathédrale d’Ubon, à compter de novembre 1979.
Marcel arriva à point pour préparer la célébration du centenaire de l’arrivée à Ubon des premiers missionnaires en 1881, les Pères Constant Prodhomme et François Guégo. L’équipe pastorale formée de trois prêtres, deux religieuses et deux catéchistes avait fixé un programme précis réparti sur près de deux ans. Avant tout, il importait de faire l’état des lieux, d’où visites systématiques de toutes les familles chrétiennes de la paroisse, qui comprend 3500 fidèles ; puis programme de formation des catéchumènes, réunions de préparation au mariage, régularisation des mariages qui n’avaient pas été célébrés à l’église etc. On insista sur le travail de conversion que ce centenaire demandait. Marcel qui avait un charisme d’enseignant fut d’un grand secours.
De Juin 1982 à mars 1988, il se trouva au Collège de l’Assomption à Ubon : il était aumônier des Frères de Saint Gabriel et professeur d’anglais pour les jeunes du niveau d’études secondaires. Puis il passa dans la propriété contigüe, l’évêché du diocèse d’Ubon. Mgr Bunluen le choisit comme secrétaire et il exerça cette fonction d’octobre 1988 à avril 1997.
À partir du mois d’avril 1997, Marcel s’installa définitivement à la maison MEP d’Ubon et devint aumônier des Sœurs de Saint Joseph de l’Apparition. Il assurait les messes de semaine au couvent et donnait le samedi des cours de formation chrétienne aux postulantes.
Le couvent lui laissait beaucoup de temps libre. Il en profitait pour lire les journaux de langue anglaise ou thaïlandaise, il collectait les articles intéressants sur des questions d’actualité et les classait soigneusement dans des dossiers. Quand il était en forme, il les traduisait ou les analysait et envoyait ses textes à l’agence Églises d’Asie ou à la Revue MEP. Il aimait aussi faire des statistiques. Pendant ses congés en France, il aidait volontiers le service des Archives en rédigeant les notices biographiques des confrères décédés. Il était un des rares confrères qui préparait soigneusement les réunions MEP ou diocésaines, et il était toujours disposé à écrire les comptes-rendus. Avec sa disparition, le groupe missionnaire de Thaïlande a perdu son secrétaire attitré. Mais je dois dire qu’il m’a bien aidé à écrire cette notice puisqu’il avait rédigé sa propre biographie qu’il avait intitulée « Des garennes du Porzay aux rizières du Sud-Est asiatique » (165 pages). Cécel avait une mémoire de cheval et le souci du détail, malheureusement le texte de ses «souvenirs» s’arrête en 1980.
Au cours de la dernière décade, Marcel était sujet à des crises d’asthme. Quand il commençait à en ressentir les symptômes, il demandait à être transporté à l’hôpital. Deux ou trois jours de soins et il rejoignait la maison ragaillardi, doté d’un second souffle. Le 28 juin 2010, il eut un malaise et fut conduit à l’hôpital comme d’habitude, dans la soirée il allait mieux. Le lendemain matin il était question de sa sortie de l’hôpital, mais vers la fin de la matinée on apprenait avec stupeur qu’il était mort dans sa chambre d’hôpital. Le 29 juin 2010, jour anniversaire de ses 50 ans d’ordination sacerdotale, Marcel est parti vers la maison du Père qu’il a servi toute sa vie. Son jubilé sacerdotal avait été fêté le 12 juin 2010 à l’occasion d’une ordination sacerdotale à Ubon.
Joseph Trébaol