François LE MAHEC1875 - 1927
- Statut : Prêtre
- Identifiant : 2335
Identité
Naissance
Décès
Missions
- Pays :
- Malaisie - Singapour
- Région missionnaire :
- 1897 - 1927 (Malacca)
Biographie
[2335] LE MAHEC François, Corentin, est né le 10 mars 1875 à Gouesnarc'h, dans le diocèse de Quimper (Finistère). Il fait de brillantes études à l'école apostolique de Poitiers. Il entre laïc au Séminaire des Missions Étrangères, le 7 septembre 1892. Ordonné prêtre le 26 septembre 1897, il part pour la mission de Malacca le 17 novembre 1897.
Il est tout de suite affecté à la paroisse indienne de Penang, sous la direction du Père Renard. En juillet 1898, il succède au Père Diridollou au poste de Bagan-Serai dont il va construire l'église, tout en encourageant les chrétiens à cultiver leurs rizières, en leur donnant le même exemple. Son église est bénite le 10 septembre 1905 par Mgr. Barillon. En 1910, on lui demande de fonder le poste indien de Kuala Lumpur. En 1913, la nouvelle église est achevée. Le Père s'occupe aussi des Indiens des plantations de caoutchouc. En 1920, il prend un congé en France pour se refaire une santé.
En 1923, il a un nouveau presbytère et en 1924, c'est l'ouverture d'une école de filles par les Dames de Saint-Maur à deux milles de Kuala Lumpur. Et le Père prépare les plans d'une véritable église pour cette localité. Le Père Le Mahec est hélas atteint d'un cancer du palais. Malgré une opération à Singapore en septembre 1926, il ne s'en remet pas : il meurt le 10 mai 1927 après six mois de souffrances continuelles.
Nécrologie
M. LE MAHEC
MISSIONNAIRE DE MALACCA.
M. LE MAHEC (François-Corentin), né à Gouesnach (Quimper, Finistère) le 10 mars 1875. Entré laïque au Séminaire des Missions-Etrangères le 7 septembre 1892. Prêtre le 26 septembre 1897. Parti pour Malacca le 17 novembre 1897. Mort à Kuala-Lumpur le 10 mai 1927.
Le 10 mai 1927, à deux heures du matin, mourait à Kuala-Lumpur, après huit mois de souffrances supportées avec une patience héroïque, un excellent missionnaire du diocèse de Malacca, M. François-Corentin Le Mahec.
Il était né le 10 mars 1875, à Gouesnach, au diocèse de Quimper. Nous ne possédons que peu de renseignements sur son enfance. Né en Bretagne bretonnante de pieux parents qui le laissèrent orphelin de bonne heure, il entra assez jeune à l’école apostolique de Poitiers, ne connaissant que la langue du pays natal ; quand il en sortit en 1892, après de brillantes études, il avait oublié le breton et ne parlait plus que le français.
La rhétorique terminée, il entra directement au séminaire de l’Immaculée-Conception à Bièvres en septembre 1892. Ses études furent interrompues par le service militaire qu’il fit par devancement d’appel, à l’âge de dix-neuf ans. A Paris comme à Bièvres, il fut un séminariste pieux et studieux : grâce à sa belle intelligence, il trouva facile et pleine d’attraits l’étude des Dupeyrat, Gury et Hurter.
Ordonné prêtre le 26 septembre 1897 — un des plus jeunes de son cours — après une courte visite d’adieux à sa Bretagne, il quittait Marseille le 21 novembre de la même année et nous arrivait à Singapore quelques jours avant Noël.
Il n’eut guère le temps de visiter la ville. La grande et populeuse paroisse indienne de Penang n’avait pas de prêtre en résidence depuis plus de trois mois ; le surlendemain de l’arrivée de notre confrère, Mgr Fée l’y conduisit lui-même, le laissant sous la direction de M. Renard qui dirigeait à deux milles de là la paroisse de Poulo-Tikus.
M. Le Mahec se mit de suite à l’étude du tamoul, allant tous les matins prendre une leçon auprès de M. Renard. Celui-ci, quand il était content de son élève le retenait à déjeuner et, bien que M. Renard essayât de se montrer sévère, l’élève prenait le plus grand nombre de ses repas avec son maître. Ce provisoire dura un plus de deux années. La rentrée de confrères absents pour raison de santé amena la nomination de M. Renard à la paroisse Saint-François-Xavier de Penang : maître et élève furent heureux de se trouver réunis sous le même toit. Ce ne fut pas pour longtemps.
En juillet 1898, M. Diridollou, compatriote de M. Le Mahec, mourait, après avoir passé sa vie de missionnaire avec les Indiens de Bagan-Serai et, malgré la jeunesse de notre nouveau confrère, Mgr Fée n’hésita pas à lui confier la succession du défunt.
Bagan-Serai est une colonie d’Indiens, parias et pallers, fondée par Mgr Fée avant son élévation à l’épiscopat. Les premières années furent très dures. Il fallut d’abord abattre la forêt. Le Père Fée restait au milieu des colons, stimulant leur courage, partageant leur maigre pitance, dévoré comme eux par les moustiques qui pullulent dans cette région. La fièvre les éprouvait tous et les premières années, la récolte fut nulle, mangée par les rats ou coupée en herbe par les éléphants. Quand M. Le Mahec prit possession de son nouveau poste, il y trouva deux écoles que son prédécesseur venait d’y bâtir, l’une pour les garçons et l’autre pour les filles ; il y avait un presbytère convenable, mais l’église n’était qu’un grand hangar en planches, couvert en feuilles. Le grand souci du nouveau curé fut la construction de son église et en même temps il lui fallait encourager ses chrétiens à cultiver leurs rizières et surveiller la culture du terrain de l’église.
La pauvreté des résultats obtenus portait les chrétiens à négliger leurs rizières ; la colonie indienne de Bagan-Serai fut longtemps aux prises avec les difficultés matérielles ; le grand et beau travail d’irrigation entrepris par le gouvernement ne fut terminé qu’en 1903. En attendant, les rats, les insectes, la sécheresse détruisaient chaque année une partie de la récolte et les gens découragés étaient tentés de laisser leurs champs en friche pour offrir leurs services soit au gouvernement soit aux planteurs qui payaient bien. La situation n’était guère favorable pour entreprendre la construction d’une église. M. Le Mahec lui ne se décourageait pas. Au moment du travail, on pouvait le voir tous les jours dans les champs, les pieds dans l’eau, la tête au soleil, au milieu de ses chrétiens dont sa présence arrêtait les découragements ou les défaillances. On peut dire que jamais propriétaire, pour la culture de son bien, ne prit plus de peine que n’en prenait notre confrère pour la culture des champs de ses paroissiens.
Pendant ce temps, il économisait sou par sou, et au mois de mai 1905, il posait la première pierre d’une église que Mgr Barillon bénissait le 10 septembre de cette même année. Parmi les dix confrères qui assistèrent à la bénédiction de la première pierre, plusieurs furent…stupéfaits quand ils entendirent, exécutés par la chorale du P. Le Mahec, du premier jusqu’au dernier, les chants du rituel marqués pour cette bénédiction. Certes, M. Le Mahec n’était pas musicien, sa voix n’était pas agréable et même il chantait faux ; les éléments qu’il avait formés étaient des enfants qui ne savaient pas lire le latin et n’avaient aucune idée du chant ecclésiastique ; les voix étaient bien un peu criardes, mais telle qu’elle était, la chorale de Bagan-Serai faisait honneur à la patiente et constante énergie de son organisateur.
M. Le Mahec resta encore à Bagan-Serai jusqu’en 1910. Il y jouissait d’un peu plus de confortable que les premières années : le chemin de fer avait été construit ; une gare était à cinq minutes de son presbytère ; l’irrigation des rizières était assurée ; il pouvait avoir de l’eau potable et n’était plus obligé, comme les premières années, de se contenter, pendant la saison sèche, d’un bain bi-mensuel, lors de sa visite à Penang. Ses supérieurs lui demandèrent de fonder le poste indien de Kuala-Lumpur. Il accepta aussitôt.
Kuala-Lumpur est une de ces villes qui ont poussé comme les cités américaines. En 1882, il n’y avait qu’une construction en briques, là où s’élève maintenant une grande et belle ville de 90.000 habitants. La communauté catholique a progressé de même : nous avons actuellement dans la ville trois église : la première pour les Européens et Eurasiens la deuxième pour les Chinois et la troisième en date pour les Indiens. L’école des Frères et le couvent comptent l’un et l’autre plus de 900 élèves.
Quand M. Le Mahec y fut envoyé, il s’agissait de fonder une paroisse exclusivement indienne, pour les Tamouls qui jusqu’alors avaient fait partie de la paroisse eurasienne. Cette séparation s’imposait et elle était envisagée depuis plusieurs années. MM. Renard et Louis Duvelle, de la paroisse eurasienne, avaient obtenu un terrain et commencé à ramasser des fonds pour la nouvelle église ; mais la tâche qui incombait à M. Le Mahec était encore des plus ardues : aux difficultés matérielles s’ajoutaient les difficultés de la part des chrétiens qui étaient divisés entre eux.
Sur le terrain de la future église, notre confrère se bâtit une habitation provisoire, dont beaucoup de coolies n’auraient pas voulu se contenter ; une autre installation, provisoire encore mais un peu plus confortable, la remplaça bientôt. Il se mit à quêter un peu partout ; les choses allèrent assez vite, et en 1913 la nouvelle église était finie. Malheureusement les fonds recueillis ne permirent pas au missionnaire de la construire aussi grande qu’il aurait voulu et qu’il aurait fallu pour une population qui augmente sans cesse.
Son ministère n’était pas limité à la ville de Kuala-Lumpur. Il lui fallait encore s’occuper de plusieurs milliers d’Indiens travaillant dans les plantations de caoutchouc ; son vicaire lui fut enlevé par la mobilisation, et pendant la guerre il dut faire face à un travail épuisant et presque sans arrêt.
En 1920, il dut faire un voyage en France et revoir sa Bretagne. A son retour son poste fut divisé ; mais les 4.000 chrétiens et plus qu’il laisse aujourd’hui à son successeur donnent bien la mesure de l’activité qu’il dut encore déployer. En 1922, il faisait bénir trois belles cloches qui font l’ornement de l’église Saint-Antoine ; en 1923, il laissait son installation de fortune pour habiter un presbytère tout neuf et fort convenable ; l’année suivante, grâce au dévouement de la Supérieure des Dames de Saint-Maur, il voyait s’ouvrir une école tamoule pour les petites filles des « Central Workshops », à deux milles de Kuala-Lumpur ; et en 1926, il préparait les plants d’une véritable église pour remplacer la pauvre chapelle qui servait aux 600 chrétiens de cette localité. Mais l’heure de la souffrance précédant le repos avait sonné pour lui.
Depuis son arrivée en Mission, M. Le Mahec n’avait jamais été sérieusement malade. L’année dernière, à l’occasion de la fête patronale de saint Louis, il fut invité par son ami de cœur, M. Hermann, à prêcher le jubilé. Il accepta volontiers et après la clôture, se sentant fatigué, il consulta un médecin. Celui-ci l’avertit qu’il souffrait d’un cancer au palais et l’invita à se faire opérer au plus vite. L’opération eut lieu à l’hôpital de Singapore, au mois de septembre. Apparemment elle réussit, et après quelques semaines passées à l’hôpital ou à l’évêché, notre malade rejoignit son poste. Il lui restait bien une difficulté de parole, mais cela devait s’améliorer peu à peu, disait-on.
Hélas ! il devint bientôt évident que notre confrère n’avait plus que quelques mois à vivre. Pendant six mois, ce furent des souffrances continuelles ; l’alimentation devenait de plus en plus difficile ; il vint un moment où le patient eut de la peine à avaler un peu de lait et où il lui fut impossible de s’étendre sur son lit. Il passait ses journées et ses nuits sans sommeil assis sur un fauteuil.
Le malade nous édifiait par sa patience. Jamais un mot de plainte ne sortit de sa bouche…il accueillait ses visiteurs le sourire sur les lèvres. Une crise plus violente survint le 10 mai et il s’éteignit à deux heures du matin. Mgr le Coadjuteur et MM. Dérédec et Olçomandy étaient auprès de lui.
Les obsèques eurent lieu le lendemain matin et nous firent apprécier combien notre confrère était aimé. Vingt confrères, tous ceux qui avaient pu venir, étaient là ; ses paroissiens remplissaient l’église, cette église que le défunt avait lui-même édifiée.
M. Le Mahec, d’un tempérament timide et réservé, n’était toutefois jamais plus heureux que lorsqu’il se trouvait en compagnie de quelque confrère ; animé d’un grand esprit de foi, il ne négligeait aucun de ses exercices de piété. Nous l’aimions tous beaucoup, et tout en espérant que le bon Dieu l’a déjà accueilli dans son Paradis, nous nous souviendrons de lui et continuerons de prier pour lui.
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Références
[2335] LE MAHEC François (1875-1927)
Références bibliographiques
AME 1897 p. 772. 1898 p. 5. 1914 p. 81. 131. 135. 1926-27 p. 407. CR 1897 p. 278. 1898 p. 208. 1899 p. 243. 1902 p. 220. 1904 p. 217. 218. 1905 p. 211. 1912 p. 242. 243. 1913 p. 257. 1915 p. 152. 1921 p. 109. 1922 p. 127. 1923 p. 138. 1924 p. 105. 1924 p. 105. 1925 p. 116. 1926 p. 129. 1927 p. 124. 126. 225-228 (notice nécro.). 249. BME 1922 p. 641. 1926 p. 189. 713. 1927 p. 56. 188. 448. 1958 p. 626. EC1 N° 131.