Charles JEANTET1792 - 1866

[331] Charles-Hubert Jeantet naît le 4 novembre 1792 à Saint-Claude (Jura). Il entre diacre au Séminaire des MEP en octobre 1818. Prêtre le 19 décembre suivant, il part le 10 janvier 1819 pour le Tonkin occidental, où il se rend en passant par la Cochinchine.
Il est d’abord chargé de la partie méridionale de la mission¬ ; le P. Masson l’y rejoint à la fin de l’année 1826 ou au commencement de 1827. Quelques semaines plus tard, tous les deux faillirent être arrêtés à Tho-ki. Cependant, peu après, le P.Jeantet donne une retraite à presque tous les prêtres du Nghe-an, du Ha-tinh et du Bo-chinh, et une autre à plus de 4 000 personnes réunies de diverses chrétientés. En 1829, il est au Bo-chinh, puis il se rend dans les provinces du Tonkin occidental.
Avant que la persécution ne commence en janvier 1833, il est recherché par les mandarins et obligé de se cacher. Vers 1836, sa vie est plus pénible encore¬ ; il court de graves dangers et s’enfuit dans les montagnes, avec le P.Gauthier. A cette époque, il habite tantôt Ke-non, tantôt But-son, province de Nam-dinh. En 1839, il est momentanément dans la province de Hanoï¬ ; en 1840, il est nommé provicaire et supérieur du séminaire de Ke-non, qui comprend de 50 à 60 élèves. Son évêque, Mgr Retord, l’appelle « son tailleur de pierres », par allusion aux prêtres qu’il forme, « véritables pierres du sanctuaire ». Des cent et quelques prêtres dont il achève l’éducation, environ 40 furent martyrs.
En vertu d’un bref du 27 mars 1846, il est nommé, en 1847, évêque de Pentacomie et coadjuteur de Mgr Retord. Malgré les périls que la persécution fait courir aux missionnaires et aux chrétiens, sa consécration épiscopale, qui a lieu à Ke-non le 31 janvier 1847, est solennelle. Il continue à diriger le séminaire¬ ; plusieurs fois, il faillit être pris, mais réussit toujours à s’enfuir. Quand le vicaire apostolique fonde ce qu’il appelle pompeusement une « académie », sorte de réunion qui a ses règlements, ses concours et ses prix de littérature annamite, Mgr Jeantet est le président du tribunal qui juge le mérite des concurrents. La grande persécution, qui commence en 1856, décime son séminaire qui, le 15 juin 1858, est livré au pillage ; plusieurs élèvesont emprisonnés. L’évêque se réfugie dans un souterrain où il faillit être asphyxié. Le 13 juillet de la même année, à Lan-mat, il est encore sur le point de tomber entre les mains de soldats qui le cherchent.
À la mort de Mgr Retord le 22 octobre 1858, il devient vicaire apostolique du Tonkin occidental. Le fardeau est au-dessus de ses forces¬ ; aussi se choisit-il presque immédiatement, avec le consentement de tous ses missionnaires, un coadjuteur jeune et vigoureux, le P. J. Theurel, et le sacre à Ketru le 6 mars 1859. Le 2 juin suivant, il adresse à la Propagande une lettre demandant la division du Tonkin occidental en trois vicariats apostoliques¬ ; son désir est définitivement exaucé en 1901. Ses dernières années sont un peu plus tranquilles, grâce au traité de 1862 conclu entre la France et l’Annam, qui spécifie la libre pratique du catholicisme.
Il meurt à Hoang-nguyen, province de Ha-dong, le 24 juillet 1866, au moment où ses infirmités et le désir de Rome allaient lui faire un devoir de donner sa démission.
Il est enterré à Ke-non.
C’était un homme pieux, de tempérament robuste, d’activité modérée, d’intelligence ordinaire et de calme bon sens.