Clément BONNAND1796 - 1861
- Status : Vicaire apostolique
- Identifier : 0353
- Bibliography : Consult the catalog
Identity
Birth
Death
Episcopal consecration
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1824 - 1850
- 1850 - 1861 (Pondichéry)
Biography
[0353] BONNAND, Clément est l’un des plus remarquables vicaires apostoliques qu’ait compté la Société des MEP dans son action missionnaire en Inde. Il y joue pendant plus de 20 ans un rôle très important.
Né à Saint-Maurice-sur-Dargoire dans le Rhône le 20 mai 1796, prêtre le 17 juin 1821, il est vicaire à Ambérieux jusqu’à ce qu’il se présente au Séminaire des MEP le 14 novembre 1823. Il part pour la mission Malabar (Pondichéry) le 4 février 1824.
Débuts missionnaires
Il commence ses travaux dans le district de Piranguipouram où il construit plusieurs chapelles. Transféré ensuite dans la région de Punganour, il y fonde plusieurs petites écoles en vue de former de bons catéchistes. Ces deux districts dépendent actuellement du diocèse de Madras. Choisi pour coadjuteur par Mgr Hébert dès 1831, il hésite longtemps avant d’accepter. Il y consent enfin et est sacré évêque de Drusipare à Oulgaret le 8 novembre 1833. Il commence par visiter à peu près toute la mission pour se rendre compte de ses besoins.
A la tête de la mission Pondichéry
A la mort de Mgr Hébert, le 3 octobre 1836, il prend la direction de la mission qui, depuis le 8 juillet précédent, est devenue le vicariat apostolique de la Côte de Coromandel. Cette même année, il doit traiter, face au préfet apostolique, Calmels, la question de la juridiction des vicaires apostoliques sur les Indiens habitant la colonie française. Après avoir exposé à Rome les motifs qui l’obligent à réclamer cette juridiction, il déclare nettement qu’en cas de refus, lui et ses missionnaires quitteraient le territoire français. Il obtient gain de cause par décret du 28 février 1841de la Sacrée Congrégation pour la Propagation de la Foi (désignée Propaganda Fide ci-après).
Le 2 mai 1837, il reçoit juridiction sur les Maldives qu’il ne conserve que peu de temps. En 1837 également, il aide les Jésuites à s’établir dans leur ancienne mission du Madurai, qui leur avait été rendue en 1836. Il les y accompagne lui-même et met plusieurs prêtres à leur disposition pour guider leurs premiers pas.
Premières difficultés avec l’emprise portugaise
A la même époque les missionnaires se heurtent aux Portugais et Goanais. Ces difficultés proviennent du patronage portugais, c’est-à-dire l’ensemble des privilèges concédés par les les Souverains Pontifes au Portugal. Certes, Rome essaye et réessaie de rogner ces privilèges qui ne répondent plus aux nécessités, le Portugal ne pouvant plus remplir les conditions. Mais le Saint-Siège se heurte à la Cour de Lisbonne, intéressée à la préservation de ses droits et affirmant qu’ils conservent leur valeur.
Tant que les missionnaires se présentent peu nombreux, les escarmouches sont de peu d’importance. Mais la situation évolue. Le nombre de ces missionnaires augmentant d’année en année, Rome crée des vicariats apostoliques dont les limites englobent une partie des anciens diocèses portugais délaissés par leurs titulaires. En réaction, les tenants du Portugal ou, comme on les appelle, les Goanais, s’insurgent et refusent de reconnaître les délimitations nouvelles et les droits dévolus aux vicaires apostoliques. Ils excitent les chrétiens contre les missionnaires que, par dérision, ils surnomment « les Propagandistes » par référence au du mot français ‘‘la propagande’’ traduction du portugais ‘‘padroado’’, privilège s’appliquant à l’ensemble des diocèses établis dans les possessions portugaises.
En 1838, le 24 avril, Grégoire XVI doit publier le bref "Multa præclare" (Jus Pont. de Prop. Fid., v, p. 195), qui prescrit aux Goanais d’obéir aux vicaires apostoliques. Mgr Bonnand se préoccupe aussitôt d’en assurer l’exécution. Le 24 septembre 1838, il publie une longue et importante pastorale à ce sujet, donne des ordres en conséquence à ses missionnaires et visite en 1839 le Marava et Madurai où la lutte reste vive. A la fin de 1841, il parcourt une partie du Mysore et en 1842 le district de Coimbatore. Cependant, les agissements de Mgr Silva y Torrès, archevêque de Goa, compliquent la situation. Elle ne s’éclaircira que beaucoup plus tard (Voir notice P. Laouëan).
Autres actions à partir de Pondichéry
À la même époque, la délimitation du vicariat de la Côte de Coromandel requiert toute l’attention de l’évêque. Elle est difficile et longue à fixer, par suite des réclamations des Jésuites du Madurai qui prétendent tantôt au Mysore, tantôt au district de Coimbatore, avec un changement de limites du côté du fleuve Vettar. Cette question, que l’on peut croire réglée dès 1843, ne l’est de fait qu’en 1845. Les Lettres de la Propaganda Fide des 12 mai et 2 octobre statuent dans le sens recommandé par l’évêque.
Tout en devant s’impliquer dans la progression de ces dossiers, Mgr Bonnand prépare le synode qui se tient à Pondichéry du 18 janvier au 13 février 1844 et dont l’importance évidente se mesure aux questions traitées et à son influence sur les missions de l’Inde. A la clôture de ce synode, un missionnaire, le P. J. Luquet, est envoyé à Rome avec mission de recommander la conversion des vicariats indiens en évêchés. La question, mise à l’étude, mûrit lentement et n’aboutira qu’en 1886. Entre temps, plusieurs vicariats apostoliques sont institués : ainsi, le 16 mars 1845, le vicariat apostolique de la Côte de Coromandel est divisé en trois missions : Pondichéry, Mysore et Coimbatore, Mgr Bonnand restant à la tête de la première. Celle-ci compte vingt missionnaires français, quatre prêtres indigènes, cent deux catéchistes, 82 000 à 83 000 catholiques, les autres religions regroupant environ huit millions d’adeptes. Chaque année, la mission baptise de 350 à 450 adultes et ce sont quelque 30 000 fidèles qui communient à Pâques.
Le développement de cette mission est relativement rapide, grâce à l’exécution des mesures décrétées par le synode : construction d’un nouveau séminaire ; progrès dans le recrutement du clergé indigène et dans son éducation ; fondation de Congrégations de Religieuses enseignantes ; multiplication des écoles ; établissement d’un petit séminaire à Karikal. L’imprimerie installée à Pondichéry en 1841 rend possible la diffusion de livres de prières et de doctrine parmi les chrétiens. Enfin, quand le gouvernement français propose de confier le collège royal à la mission, l’évêque accepte (1845-1846) et, pour supprimer toute cause de conflit avec le préfet apostolique de qui dépend la ville blanche où est situé le collège, il demande et obtient, par décret de Rome du 2 mai 1847, la juridiction directe et exclusive sur cet établissement.
En janvier 1849, il tient un second synode qui complète l’œuvre commencée en 1844. A cette occasion, il élabore un plan général d’administration qui tient compte des évolutions récentes et prônent de nouvelles dispositions. Ce plan n’est qu’incomplètement appliqué. Le 3 avril 1850 cependant, par le bref "Pastorale ministerium" (Jus Pont. de Prop. Fid., vi, 1re part., p. 89), il obtient l’érection en vicariats apostoliques des trois missions de Pondichéry, Mysore et Coimbatore.
Vicaire apostolique
Le titre de vicaire apostolique de Pondichéry lui est alors décerné. Il procède à une nouvelle division des districts, donne à ses missionnaires des ordres précis sur l’attitude à adopter vis-à-vis des rites indiens dont Mgr de Marion-Brésillac attaque la licéité. Il adresse à ce sujet un mémoire à la Propaganda Fide, ce qui termine des discussions troublantes. Toutes ces activités exigent un engagement constant, mais, grand travailleur, Mgr Bonnand sait faire face et s’entourer de plusieurs missionnaires fort compétents dont les initiatives et la persévérance lui sont d’une grande aide.
En 1854, à la demande de la Propaganda Fide, il se rend à Ceylan, pour mettre un terme aux différends survenus entre deux vicaires apostoliques, Bravi et Bettachini. La solution qu’il propose est adoptée. En 1855, soucieux de faciliter l’enseignement du catéchisme, il fait à cet effet aménager un lieu à Ariancoupam. Il fait aussi construire un orphelinat à Karikal, un autre à Vellore et en 1858 un hôpital à Pondichéry. De plus, du 10 juillet 1855 au 3 avril 1857, il remplit les fonctions d’administrateur du district de Coimbatore.
Visiteur apostolique dans l’empire des Indes
Cependant le différend opposant les missionnaires aux Goanais se perpétue. Les ordres et consignes envoyés de Rome dont les plus importants sont contenus dans le nouveau bref "Probè nostis" (Jus Pont. de Prop. Fid., vi, 1re part., p. 167) du 9 mai 1853, restent lettre morte pour les partisans du patronage. De même, le concordat du 21 février 1857 entre le Saint-Siège et le Portugal ne règle pas davantage le conflit. Ces troubles, la diversité des prescriptions sur le jeûne et l’abstinence, le besoin d’étendre les dispenses de mariage, la rareté des conversions dans plusieurs vicariats apostoliques déterminent Pie IX à prescrire une visite apostolique qu’il confie expressément à Mgr Bonnand. Par le bref "Apostolicæ servitutis" (Jus Pont. de Prop. Fid., vi, 1re part., p. 292), du 13 août 1858, il le nomme visiteur apostolique de toutes les missions de l’Inde. L’évêque quitte Pondichéry le 29 novembre de l’année suivante, visite Coïmbatore, Madurai, Ceylan, Quilon, Verapoly, Mangalore, Mysore, etc. Il tombe malade à Bénarès et comme on lui demande, le jour de la fête de saint Joseph, quelle grâce spéciale il faut solliciter pour lui, par l’intercession du saint, il répond : « Une complète résignation à la volonté de Dieu. » Il meurt deux jours plus tard, le 21 mars 1861. Ses restes, inhumés dans l’église de Bénarès, sont ramenés en 1896 à Pondichéry et déposés dans le cimetière des missionnaires.
Éloge funèbre
Avec lui disparaît un grand évêque, doué d’un bon sens supérieur, riche de solides vertus, très judicieux et pénétré de ses devoirs, toujours calme et digne. Tout au long de sa vie, il se montre d’une grande bonté, tout en faisant preuve de fermeté. Il ne néglige rien pour maintenir la discipline parmi ses missionnaires. Il inspire le respect à ses chrétiens, tout en les traitant paternellement. Dans ses rapports avec les autorités, il sait préserver les droits de l’Eglise, sans jamais se départir d’une parfaite urbanité. C’est grâce à ses réclamations que les cipayes chrétiens ne sont plus forcés d’assister aux fêtes païennes et que l’administration cesse d’employer les soldats du génie à la construction et à la réparation des pagodes. Par son œuvre administrative, par ses travaux de tout ordre, par son action contre les Goanais, par son influence, il a rendu d’insignes services à l’Eglise des Indes si bien que l’un de ses successeurs, Mgr Laouënan, peut écrire en vérité : « C’est lui qui a jeté l’Inde dans le mouvement catholique. »
References
Bibliographie
— Quoique les opuscules, dont l’indication suit, ne soient pas, excepté l’Allocution, l’œuvre particulière de Mgr Bonnand, nous les insérons ici, parce que l’évêque y eut une part importante et qu’ils furent publiés sous son administration.
Synode de Pondichéry (1844) et Instruction de la S. C. de la Propagande sur la formation du clergé indigène. Acta synodi Pudicherianæ. [Traduction latine faite par M. Voisin, directeur du Séminaire des M.-E.] — Imprimé par les soins du Séminaire des M.-E., in-8, pp. 32.
Règlement particulier des missionnaires. Coutumier du vicariat apostolique de Pondichéry, et renseignements à l’usage des missionnaires et des prêtres indigènes qui y sont employés, principalement de ceux qui sont dans l’intérieur du pays. — Imprimerie de la mission, Pondichéry, 1852, in-8, pp. 40.
Allocution de Mgr Bonnand à son clergé, après la retraite qui fut donnée à Pondichéry, par Mgr Godelle, en août 1859. — In-8, pp. 40. [Autographié].
Examen de quelques difficultés théologiques que rencontrent assez souvent les ouvriers évangéliques dans le vicariat de Pondichéry. — Imprimerie des missionnaires apostoliques de la Congrégation des M.-E., Pondichéry, 1859, in-8, pp. 85.
Notes bio-bibliographiques
C.-R., 1896, p. 305.
A. P. F., iii, 1828-29, pp. 71, 74, 80, 85, 87¬ ; iv, 1830-31, pp. 147, 149, 156¬ ; v, 1831-32, pp. 10, 18, 26, 725, 726¬ ; vii, 1834-35, p. 49¬ ; Ib., Célébration des fêtes par les Indiens, p. 52¬ ; Ib., p. 58¬ ; xii, 1840, p. 460¬ ; xiv, 1842, pp. 478, 479¬ ; xvi, 1844, p. 261¬ ; Ib., Admiration pour Mgr Imbert et ses compagnons martyrs, p. 283¬ ; xviii, 1846, p. 328¬ ; xxviii, 1856, pp. 259, 263 et suiv.¬ ; xxxiii, 1861, pp. 395 et suiv.
A.S.-E., i, 1843, p. 110.
M. C., xi, 1879, Sa mort à Bénarès en 1861, p. 147.
B. O. P., 1897, p. 670.
— Am. de la Rel., nouv. sér., ix, 1861, p. 197.
Hist. miss. Inde, Tab. alph. — Hist. gén. Soc. M.-E., Tab. alph. — Vie de la R. M. Javouhey, ii, p. 402. — Vie de Mgr de Marion-Brésillac, pp. 82 à 470 passim¬ ; Ib., Des extraits de ses Lettres, pp. 379, 409, 414, 427, 450, 458. — Lett. à l’év. de Langres, pp. 456 et suiv. — Les miss. cath. dans l’Inde, Tab. alph. — La Franc. pont., ii, p. 718. — Arm. des Prél. franç., p. 245.
Eloge historique de Mgr Clément Bonnand, vicaire apostolique de Pondichéry, prononcé le 30 juillet 1861 à la distribution solennelle des prix du petit séminaire, par M. A. Maury, m. a., supérieur de cet établissement. — P. E. M. Saligny, imprimeur, Pondichéry, 1861, in-8, pp. 16.
Collect., 9 avril 1837¬ : n° 1189¬ ; 18 mars 1838¬ : nos 1359, 1875¬ ; 3 avril 1838¬ : n° 1317¬ ; 13 mai 1838¬ : n° 635¬ ; 17 avril 1839¬ : nos 316, 1516¬ ; 9 mars 1841¬ : n° 1865¬ ; 20 nov. 1841¬ : n° 1866¬ ; 28 mai 1843¬ ; n° 2032¬ ; 3 juill. 1844¬ : n° 1808¬ ; 22 juill. 1845¬ : n° 128¬ ; 26 juill. 1845¬ : nos 106, 418, 597, 1809, 1877¬ ; 26 juill. 1846¬ : n° 478¬ ; 22 avril 1847¬ : n° 1810¬ ; 7 juin 1853¬ : nos 81, 1172, 1296, 1658¬ ; 17 juin 1853¬ : n° 286¬ ; 14 déc. 1853¬ : n° 1542¬ ; 1er avril 1854¬ : n° 2129¬ ; 22 nov. 1854¬ : n° 2101¬ ; 12 sept. 1855¬ : n° 1543¬ ; 9 déc. 1855¬ : n° 917¬ ; 28 avril 1857¬ : n° 1095¬ ; 12 juin 1858¬ : n° 287¬ ; 20 juin 1858¬ : n° 1412¬ ; 5 juill. 1860¬ : n° 2111.
Portrait
— Au Séminaire des M.-E.¬ : peint à l’huile, en 1872-73, par un aspirant du Séminaire, M. Suchet, né à Saint-Germain-au-Mont-d’Or (Rhône) le 11 mars 1843, et qui, en sortant du Séminaire des M.-E., entra au séminaire d’Orléans. — Hist. miss. Inde, v, p. vii.