Dominique LEFEBVRE1810 - 1865

[0418] Dominique LEFEBVRE naît à Courtonne-la-Meurdrac (Calvados) le 1er août 1810 ; il fait ses études au petit séminaire de Lisieux et au grand séminaire de Bayeux. Il entre diacre au Séminaire des MEP début septembre 1833 et il est ordonné prêtre le 20 décembre 1834.

Il part pour la Cochinchine le 15 mars 1835. Il débarque au Tonkin, apprend la langue auprès du futur saint P. Borie, dans le Bo-chinh, et entre en Cochinchine au moment où la persécution bat son plein. Il commence par diriger le petit séminaire situé en Basse-Cochinchine, et séjourne ordinairement à Cai-nhum ou à Cai-mong, dans la province de Vinh-long ; cependant, il est souvent obligé de fuir pour échapper aux perquisitions.

Choisi en 1840 en tant que provicaire, puis pour coadjuteur par Mgr Cuenot, il est, en vertu d'un bref du 10 décembre 1839, sacré évêque d'Isauropolis à Go-thi le 1er août 1841. A cette époque de persécution, Rome ne pouvait être rapidement informé des événements dans les missions de l'Annam ; tenant à parer à toutes les éventualités, le bref Pastorale officium (Jus Pont. de Prop. Fid., v, p. 263), du 26 février 1841, nomme Mgr Lefebvre vicaire apostolique de la Cochinchine, en cas de mort de Mgr Cuenot.

Revenu en Basse-Cochinchine, l'évêque fonde, en 1844, le couvent des Amantes de la Croix à Cai-mong. Cette même année, le 3 octobre, il est arrêté près de Cai-nhum. Il est conduit à Hué, et condamné à mort par les mandarins ; toutefois, le roi Thieu-tri, craignant d'attirer sur lui la colère de l'Europe, ne se presse pas de ratifier la sentence, et, au printemps de 1845, le prisonnier est délivré par le contre-amiral français Cécille.

Il débarque à Singapour en avril, et y apprend que le Pape Grégoire XVI lui confie le vicariat de la Cochinchine occidentale, créé le 11 mars 1844, qui comprend aussi le Cambodge. Il s'embarque le 23 mai 1846, avec le père missionnaire Duclos et trois séminaristes, pour gagner sa mission ; mais des douaniers les arrêtent le 8 juin, au moment où ils remontent la rivière de Saïgon. Vainement, les proscrits tentent d'acheter leur libération ; ils sont livrés aux mandarins et conduits à Saïgon, d'où Mgr Lefebvre est transféré à Hué. On le condamne de nouveau à la peine capitale avec sursis ; puis, après l'avoir gardé quelque temps dans la maison des ambassadeurs, on l'emmène à Singapour, et on le remet aux autorités anglaises. Le gouverneur des Straits Settlements lui offre son yacht pour le reconduire dans sa mission, et demande au gouverneur de l'Inde d'envoyer des navires afin d'obtenir l'entrée des missionnaires en Annam ; l'évêque décline cette offre en déclarant « que, pour l'honneur de son pays, il avait toujours refusé l'assistance des autres nations ».
L'année suivante, il entre en Cochinchine par une des embouchures du Mékong, se cache tantôt à Thi-nghe, tantôt à Lai-thieu, et, du fond de sa retraite, administre son vicariat.

Le 13 juin 1847, il sacre évêque de Dansara son coadjuteur le P.J.-C. Miche. Peu après il demande et obtient la division de sa mission. Par le bref Quoties benedicente (Jus Pont. de Prop. Fid., vi, 1re part., p. 103) du 30 août 1850, Pie IX sépare le Cambodge de la Cochinchine occidentale, après avoir, le 27 août précédent, nommé Mgr Miche vicaire apostolique du Cambodge. Lorsqu'en 1858 la France conduit l'expédition de Cochinchine, la persécution redouble de violence. L'évêque, dont la tête a été mise à prix, se cache dans la plaine de Rach-bang, d'où un courageux annamite le conduit en barque jusqu'aux vaisseaux français embossés devant Saïgon. Après la prise de cette ville, en 1859, il s'installe sur le territoire qui forme aujourd'hui la chrétienté de Xom-chieu, et réunit autour de la ville de nombreux fidèles accourus des régions persécutées. Vers la fin de 1860, il se fixe à Saïgon. Il organise quelques oeuvres, particulièrement à Cho-quan, notamment un petit hôpital où se dévouent les religieuses de Saint-Paul de Chartres, déjà installées à Saïgon sur la demande du gouverneur de la Cochinchine. Il appelle des Carmélites dans son vicariat.

Fort affaibli, il donne sa démission en 1864, se rend à Rome, puis en France, et expire le 30 avril 1865, peu après son arrivée à la procure des MEP à Marseille ; il est enterré dans le cimetière de cette ville.

Il devait à son détachement de toutes choses une sérénité qui ne l'abandonnait jamais, même aux heures les plus critiques. Plein d'affection pour les Annamites, il se donnait réellement à tous, et aimait particulièrement les pauvres et les enfants. Son souvenir est demeuré vivant en Cochinchine occidentale, où l'on parle encore aujourd'hui de l'évêque Dominico ; à Saigon, une rue porte son nom.