Jean-Baptiste RANFAING1808 - 1885
- Status : Prêtre
- Identifier : 0433
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Thailand
- Mission area :
- 1837 - 1885
Biography
[433]. RANFAING, Jean-Baptiste, né à Bruyères-en-Vosges (Vosges) le 9 janvier 1808, fit ses études au petit séminaire de Senaide et au grand séminaire de Saint-Dié, où il reçut le sacerdoce le 16 juin 1832. Il exerça le ministère, d'abord en qualité de vicaire à Mandray pendant un an environ, et ensuite comme curé à Savigny pendant deux ans.
Il entra au Séminaire des M.-E. le 25 août 1836, et partit pour le Siam le 20 février 1837.
Envoyé en 1839 dans la chrétienté annamite de Chantaboun où il devait passer toute sa carrière apostolique, il y débuta avec Claudet, et y souffrit de l'hostilité des païens qui, à cette époque, traitaient assez mal les chrétiens. En 1840, il obtint plusieurs conversions, entre autres celle d'une sorcière, ce qui fit beaucoup de bruit dans le pays. En même temps, il rendit ses chrétiens plus pieux ; il leur inculqua la dévotion du Chemin de la Croix, et établit une confrérie de la Sainte-Vierge. Il s'occupa également de la conversion des Chinois fixés à Chantaboun. En 1845, il commença à recueillir des fonds pour construire une église à la place de la pauvre paillotte qui en tenait lieu ; il entreprit cette construction vers 1855 et la termina en peu de temps. Il établit plus d'ordre et de piété dans le petit couvent des religieuses Amantes de la Croix, fondé depuis longtemps dans sa paroisse.
Les Européens qui passèrent à Chantaboun reçurent chez lui l'hospitalité la plus cordiale ; et l'explorateur Mouhot lui a, en toute justice, consacré quelques lignes de reconnaissant souvenir. Il s'éteignit dans cette paroisse, le 12 février 1885 ; son corps fut inhumé dans l'église qu'il avait construite, au pied de l'autel de la Sainte Vierge. Sa paroisse où il avait trouvé 500 chrétiens en comptait alors 1 500.
Obituary
M. RANFAING
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE SIAM
Né le 9 janvier 1808.
Parti le 26 février 1837.
Mort le 12 février 1885.
M. Jean-Baptiste Ranfaing naquit le 9 janvier 1808 à Bruyères, petite ville des Vosges, bâtie en amphithéâtre sur une colline que dominent les ruines d’un vieux château du VIe siècle et au pied de laquelle se déroule la gracieuse vallée de la Vologne. Ses parents, bourgeois de Bruyères, comme on disait alors, étaient d’excellents chrétiens ; ils élevèrent leur fils dans la crainte de Dieu et les pra¬tiques d’une piété qui n’était pas sans austérité.
M. Ranfaing commença ses études sous la direction de son curé et les acheva au Petit Séminaire de Senaide ; il entra ensuite au Grand Séminaire de Saint-Dié et fut ordonné prêtre en 1833. « Nommé vicaire à Mandray, il ne resta qu’une année dans cette paroisse et devint curé de Savigny en 1834. De là il partit pour le Séminaire des Missions-Étrangères, laissant dans le cœur de ses paroissiens les meilleurs souvenirs. »
En 1837 il s’embarquait pour Siam :
« Ce qu’était notre cher confrère avant de venir en mission, dit un des missionnaires qui l’ont le mieux connu, il l’a toujours été ici : le bon Père Ranfaing. » Mgr Miche, de glorieuse mémoire, qui était son compatriote et peut-être son condisciple, disait de lui qu’il le croyait, pour ainsi dire, confirmé en grâce, devant toujours sortir sain et sauf des circonstances les plus critiques où il pourrait se trouver. Ce juge¬ment est aussi celui de tous les missionnaires qui le pleurent aujourd’hui. « Que de fois nous avons dit pendant sa vie : « Le bon Père Ranfaing ! » Que de fois nous dirons encore après sa mort : « Le bon Père Ranfaing ! » Cet adjectif était inséparable de son nom propre.
« Tous les étrangers, catholiques, protestants de différentes natio¬nalités, qui avaient eu occasion de connaître le missionnaire, soit à Bang-Kok, soit à Chanthaboun, lieu de sa résidence, ne tarissaient pas d’éloges sur sa bonté. « Que voulez-vous qu’on vous apporte de « bon de Chanthaboun, où nous allons ? demandaient des confrères à un honorable négociant « de Bang-Kok. — Apportez-moi le P. Ran¬faing, répondit-il. »
Voici les lignes que le célèbre voyageur Mouhot, qui appartenait à la religion réformée, consacre au P. Ranfaing :
« Je descendis chez lui, dit-il dans le récit de son voyage à Chanthaboun, et j’eus le plaisir « de rencontrer un digne homme qui me reçut avec la plus grande cordialité et mit à ma « disposition une chambre de sa modeste habitation. Depuis plus de vingt ans ce bon Père se « trouve à Chanthaboun avec les Annamites qu’il a baptisés, content et heureux au milieu de « l’indigence et de la solitude. A mon arrivée, il était au comble du bonheur : il voyait s’élever « de jour en jour une modeste chapelle qu’il fait construire et pour laquelle il a trouvé moyen « d’économiser sur son modeste viatique. Construite en briques, elle remplacera bientôt la « chapelle de planches dans laquelle il officie. Je passai seize jours heureux à Chan¬thaboun et « pris congé de l’abbé Ranfaing, qui m’avait comblé de bontés et d’attentions. »
Une bonté si proverbiale, si universellement attrayante, dérivait de la source vraie, pure et unique qui est Dieu ; mais, pour se conserver et grandir, elle exigeait des actes de fidélité à correspondre aux mouvements de la grâce. C’est précisément dans cette application que consiste le mérite du vigilant serviteur. Au milieu des travaux inhérents à la charge d’administrateur de plus de quinze cents chré¬tiens, il savait trouver du temps pour nourrir son âme de pieuses lectures, de méditations salutaires, et si parfois le ministère lui prenait tous les moments du jour, plutôt que de manquer à ces saintes pratiques dont il s’était fait une règle, il aimait mieux sacrifier une partie de la nuit et retremper dans la prière les forces du cœur aux dépens de celles du corps.
Si on considère le P. Ranfaing dans l’exercice de ses devoirs pastoraux, on voit un missionnaire rempli de zèle et de l’amour le plus tendre pour son troupeau. Aussi, instructions particulières, pu¬bliques, douces, même au besoin fortes remontrances, il n’omettait rien de ce qu’il croyait utile au bien des âmes, soit pour les intro¬duire dans les sentiers de la vertu, soit pour les y maintenir, soit pour les y ramener si elles les avaient quittés.
Des larmes abondantes accompagnaient presque toujours sa pa¬role et touchaient le cœur des chrétiens. Désormais les fidèles de Chanthaboun n’entendront plus sa voix ; mais le souvenir de ses leçons, de ses fatigues, de sa vie sacerdotale, restera longtemps gravé dans l’esprit de tous, et sera comme une prédication prolongée et effi¬cace « Defunctus adhuc loquitur. »
C’est au pied de l’autel dédié à la sainte Vierge que les restes du P. Ranfaing ont été déposés, le samedi 28 février 1885, en présence de trois missionnaires, de plusieurs Européens et d’une escorte de nombreux soldats donnée par le gouverneur de la province, qui a bien voulu honorer aussi le défunt par son assistance.
References
[0433] RANFAING Jean-Baptiste (1808-1885)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1882, p. 82 ; 1904, p. 214 ; 1909, p. 198. - A. P. F., xiv, 1842, Description de Chantaboun, p. 295. - Sem. rel. Saint-Dié, 1882, Ses noces d'or, p. 279 ; 1885, Sa mort, p. 276. - Le Tour du Monde, 1863, 2e sem., pp. 258, 267.
Le sec. Emp. en Indo-Ch., pp. 329 et suiv., 438.
Notice nécrologique. - C.-R., 1885, p. 173.