Jules RAPPART1833 - 1905
- Status : Prêtre
- Identifier : 0704
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1858 - 1905 (Mysore)
Biography
[704]. RAPPART, Jules-Eugène, né le 9 janvier 1833 à Villersexel (Haute-Saône), entra minoré au Séminaire des M.-E. le 25 septembre 1855. Il reçut l'onction sacerdotale le 6 juin 1857, et partit le 19 juillet suivant pour le Maïssour. Il débuta à Bangalore, dans la paroisse Sainte-Marie de Blackpally ; en 1859, Mgr Charbonnaux lui confia le Wynaad et plusieurs stations éloignées. En 1865, il fut placé au séminaire, trois ans plus tard à Mysore, et en 1873 il fut envoyé dans le Dharwar, provisoirement adjoint à la mission.
Il administra ensuite les districts dont les noms suivent : Ganjam, 1874 ; Shimoga, 1876 ; Chikka-Ballapour, 1877 ; Tomkour, 1879. En 1880, il retourna à Manantoddy dans le Wynaad ; en 1887, il est à Somanhally ; en 1891, à Mysore ; en 1892, à Withery. Sa santé étant devenue très chancelante, il passa au petit poste de Closepet, et ensuite à la chrétienté de French-Rochs. Il mourut à Bangalore le 11 novembre 1905.
Obituary
M. RAPPART
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU MAÏSSOUR
Né le 10 janvier 1833
Parti le 19 juillet 1857
Mort le 11 novembre 1905
M. Jules-Eugène Rappart naquit à Villersexel (Besançon, Haute-¬Saône) le 10 janvier 1833. Entré minoré au Séminaire des Missions-Étrangères le 25 septembre 1855, il fut ordonné prêtre le 6 juin 1857, et partit pour le Maïssour le 19 juillet suivant.
A son arrivée à Bangalore, il se mit de suite et avec ardeur à l’étude du tamoul, sous la direction de M. Aulagne, alors chargé de l’impor¬tante paroisse de Blackpally. Tout en faisant de l’étude des langues indigènes sa principale occupation, le jeune missionnaire fut bientôt à même de partager les travaux de ses confrères, en visitant les chrétientés voisines de Bangalore. Au mois de février 1859, Mgr Charbonnaux lui confia l’immense district du Wynaad et les stations les plus éloignées du district de Mysore. Un vaste champ s’ouvrait dès lors à son zèle et à son activité. On le vit prêchant, catéchisant et disposant aux sacrements les pauvres chrétiens dont il était chargé. Beaucoup, on le devine aisément, étaient endormis dans l’indifférence et avaient besoin d’être vigoureusement stimulés, pour se remettre à l’étude des prières et du catéchisme, comme aussi à la pratique des devoirs religieux.
Pendant cinq ans, M. Rappart dépensa ses forces, sans aucun ménagement, dans son vaste district, il était heureux de ranimer la foi et la ferveur parmi ses chrétiens et de procurer aux mourants les secours de la religion. Que de fois il dut entreprendre de longs et pénibles voyages à travers la région montagneuse de Wynaad ! Intrépide marcheur, infatigable cavalier, il n’hésitait pas à se rendre d’une extrémité à l’autre de son district, lorsqu’il était appelé pour remplir les devoirs du saint ministère. Mais les années comptent double, dans ce pays malsain. Le peu de soin que le missionnaire prenait de sa santé, la vie dure et mortifiée qu’il menait, furent probablement les causes du grave accident qui lui arriva au commencement de l’année 1865. Il faisait alors la visite des chrétiens, dans une plantation de café. Le directeur de la plantation lui avait offert l’hospitalité et avait mis sa maison à sa disposition. Soit par délicatesse, soit pour avoir plus de liberté, M. Rappart crut devoir refuser, et demanda seulement qu’on voulût bien lui permettre de s’installer dans un hangar spacieux, situé à quelque distance de la maison du directeur. Or, c’est en se rendant, un soir, à ce hangar, qu’il fut frappé d’apoplexie. Pendant le souper qui lui avait été servi à la table du planteur anglais, il avait pu à peine prendre quelque nourriture. Tout le monde avait remarqué son état de fatigue, mais une nuit de repos, pensait-on, allait le réconforter.
Hélas ! il n’eut pas le temps d’arriver à son hangar ; il tomba dans le sentier et roula sur la pente escarpée de la montagne. Un passant, qui entendit ses gémissements, alla réveiller quelques personnes du voisinage et revint avec elles à l’endroit où se trouvait le pauvre malade. On le transporta chez le planteur ; il était sans parole et sans connaissance. Vu l’impossibilité de lui procurer aucun soulagement immédiat, le planteur prit de suite les mesures nécessaires pour le faire conduire à Gudalur et à Ootacamund. M. Triquet, informé de l’accident qui venait d’arriver à M. Rappart, alla à sa rencontre. On prodigua au malade, qui n’avait pas repris ses sens depuis quatre jours, tous les soins que réclamait la gravité de son état. Le docteur anglais réussit à le sauver : cinq ou six semaines plus tard, M. Desaint ramenait à Bangalore le vaillant apôtre du Wynaad.
Bien qu’il se trouvât parfaitement rétabli, après quelques mois de convalescence, la secousse que M. Rappart venait d’éprouver avait été trop forte pour qu’on pût songer à le renvoyer dans les montagnes du Wynaad. M. Bouteloup avait alors la direction du séminaire et de l’imprimerie de la mission ; c’était beaucoup pour une santé faible qui demandait des ménagements. M. Rappart fut appelé à par¬tager le travail de son confrère, qui n’eut plus qu’à s’occuper de l’impression de plusieurs ouvrages en canara, composés par lui et dont les missionnaires désiraient vivement la publication.
M. Rappart apporta le même zèle et le même dévouement qu’au Wynaad, à la formation des séminaristes indigènes. Sa direction ferme et vigilante leur inspira un profond sentiment du devoir. Pendant trois ans, il fut pour eux un modèle de piété et de régularité. Tous ont gardé le souvenir de sa vie mortifiée, humble et laborieuse.
En quittant la direction du séminaire, M. Rappart alla exercer le saint ministère à Mysore. M. Bonnétraine, qui, à cette époque, fut son voisin de district, a bien voulu transmettre à Mgr Baslé les notes intéressantes qui suivent :
« La vie de M. Rappart à Mysore était celle d’un saint missionnaire, uniquement préoccupé « de la gloire de Dieu. Aussi nos conversations roulaient-elles souvent sur les moyens à « prendre, ou du moins à tenter, pour convertir les païens qui nous entouraient. Beaux projets, « plans de campagne, qui n’ont pas été exécutés, à cause des difficultés humainement « insurmontables qui se dressent presque toujours devant le zèle du missionnaire, quand il « cherche à entrer en contact avec les païens. Ces conversations, en apparence stériles, nous « faisaient du bien à tous les deux, par leur tendance à maintenir notre zèle pour la conversion « des chers Indiens.
« M. Rappart ne se contentait pas de parler ; il priait et se mortifiait. Que de fois, après « nous être quittés pour prendre le repos de la nuit, je le surprenais priant à deux genoux « devant la grande porte de son église, ou bien encore sous la véranda de la maison, les bras « étendus en croix et la face tournée vers le tabernacle !
« Il suivait un régime très sévère : ni viande, ni vin, ni pain ; il se contentait de riz, avec du « lait ou de l’eau poivrée, de concombres, et de galettes de raghuy. Mon catéchiste me disait « parfois qu’il ne comprenait pas comment M. Rappart pouvait vivre avec un régime que « n’aurait pu suivre un Indien de condition ordinaire, sans altérer sa santé. Quand on lui faisait « une remarque à ce sujet, il répondait qu’on se faisait bien des illusions sur la valeur nutritive « des aliments, et que, du reste, il ne voulait pas d’un régime trop substantiel, de peur de « mourir d’apoplexie comme son frère aîné.
« Cette vie si pénible à la nature, M. Rappart l’a menée pendant plus de trente-cinq ans. Il « en relâcha la sévérité dans sa vieillesse, car ses jambes si longtemps vaillantes, refusaient les « longues courses d’autrefois, et son estomac délabré réclamait certains ménagements.
« L’austérité de sa vie privée l’inclinait peut-être à suivre une ligne de conduite et des « principes un peu rigides ; il avait conscience de cette tendance, mais on voyait qu’il avait « peine à s’en départir. En tout cas, sa grande piété, son esprit de mortification, la pureté de « sa vie lui ont toujours assuré la plus haute estime de la part de ses confrères, le respect et la « vénération de la part de tous ceux qui l’ont connu. Jamais il ne se permettait une légèreté « de parole qui pût blesser la charité. »
Au mois de janvier 1873, sur la demande de Mgr Meurin, vicaire apostolique de Bombay, la mission du Maïssour se chargea du district de Dharwar, situé au nord. Mgr Meurin avait jugé que les populations de ce pays, parlant le canara et le tamoul, seraient plus aisément administrées par les prêtres du Maïssour qui connaissent ces deux langues. Mgr Charbonnaux avait accepté, à titre d’essai d’envoyer un missionnaire dans ce district. Il choisit M. Rappart. Mais l’essai ne réussit point, à cause de difficultés que de loin on n’avait pas aperçues, et le missionnaire fut rappelé à Bangalore. Mgr Meurin fit la visite du Dharwar en mars 1874 et y rencontra M. Rappart. Sa grandeur, dans une lettre adressée le 26 mars à Mgr Chevalier, disait : « Je vous félicite d’avoir un missionnaire aussi zélé et intelligent que l’excellent M. « Rappart, qui m’a beaucoup plu sous tous les rapports. »
Revenu au Maïssour, M. Rappart administra successivement Ganjam, Shimoga et Tumkur, de 1874 à 1881. Il fut de nouveau chargé du Wynaad, de 1881 à 1886. Il dirigea ensuite la chrétienté d’Haroballé et celle de Mysore. Sur ces entrefaites, le Wynaad ayant été divisé, M. Rappart se vit placé à la tête du district de Withery. C’était en 1892. Il travailla dans cette région malsaine avec son zèle ordinaire jusqu’en 1895. A cette époque, comme sa santé était sérieusement ébranlée, on lui confia le petit poste de Closepett, à 30 milles de Bangalore. Il trouva bientôt que son champ d’action était trop restreint et demanda qu’on voulût bien le charger de la chrétienté de French Rocks ; ce qui lui fut accordé.
Cependant la fièvre venait de temps en temps visiter le missionnaire. Comme il lui était facile de se rendre à Bangalore, il se transportait alors à l’hôpital Sainte-Marthe, où les soins des religieuses du Bon-Pasteur ne tardaient pas à le remettre sur pied. Il lui suffisait même parfois de passer quelques jours à la procure ; le changement d’air et de nourriture le débarrassait de la fièvre. A deux reprises différentes, en 1896 et en 1903, les médecins lui prescrivirent un séjour dans les montagnes des Nilgiris.
Le 19 avril 1905, M. Rappart arriva à Sainte-Marthe avec une pneumonie, bientôt reconnue double par le docteur. Le 26, son état parut s’aggraver et Mgr Baslé, alors vicaire général, jugea qu’il était prudent de proposer les derniers sacrements au cher malade. Il les reçut avec un grand esprit de foi, suivant sans peine les cérémonies et les prières. Son calme disait à tous ceux qui se trouvaient là que si la mort venait, elle trouverait en lui une victime bien résignée.
Mais sa dernière heure n’était pas encore sonnée, le bon Dieu lui réservait encore deux mois et demi d’existence sur la terre. S’il semblait, par intervalles, que la pneumonie pût être guérie, des troubles se manifestaient du côté du cœur et une fièvre lente, mais constante, épuisait peu à peu les forces du malade. Il se levait souvent, et quand il se sentail assez ferme sur ses jambes, il se hâtait d’aller à l’église pour y adorer le Saint Sacrement. Bien souvent aussi, le matin, il assistait à la messe dans la chapelle de l’hôpital. Il faisait fréquemment la sainte communion ; il s’y préparait avec soin et prolongeait son action de grâces. Dans les derniers jours de sa vie, il se plaignait d’être un peu trop somnolent et recommandait instamment qu’on vînt, le matin, lui suggérer des pensées pieuses sur la sainte eucharistie, avant l’arrivée du prêtre.
Lorsque le malade s’informait de son état, on ne lui cachait pas qu’il pouvait mourir subitement ; il répondait alors : « Mais il m’est bien difficile de croire que je puisse mourir « ainsi sans souffrance. Vraiment, le bon Dieu a bien des ménagements pour moi ; je ne « souffre pas ! » Il avait tellement habitué son corps à la souffrance volontaire, qu’il semblait ne pas sentir les souffrances que son divin Maître lui envoyait.
Le 11 novembre, à 5 heures du matin, le cher malade put encore se lever et regagner son lit sans le secours de personne, mais, comme il se couchait, la mort le frappa ; son cœur avait cessé de battre. C’est ainsi que M. Rappart s’endormait doucement dans le Seigneur, sans crise, sans agonie.
Le soir même, à 5 h. ½ , eurent lieu les funérailles, présidées par M. Baslé, vicaire général, entouré de tous les confrères de Banga¬lore.
Une mort précieuse devant le Seigneur, édifiante pour les missionnaires et les chrétiens, calme et douce pour le malade, est venue couronner une carrière apostolique de quarante-huit ans, toute faite de mortifications, de zèle, d’obéissance et de pénibles labeurs. Le vénéré défunt a observé toute sa vie le règlement austère qu’il s’était tracé ; il a poursuivi sans relâche le travail de sa sanctification personnelle et donné à ses confrères l’exemple de toutes les vertus sacerdotales.
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References
[0704] RAPPART Jules (1833-1905)
Bibliographie. - Compendium Syntaxis latinæ. - Imprimerie de la mission, Bangalore, 1868, in-8, pp. 28.
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1886, p. 138 ; 1890, p. 194 ; 1894, p. 282. - A. P. F., xlii, 1870, p. 462. - M. C., iii, 1870, pp. 268, 270.
Hist. miss. Inde, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1906, p. 307.