Marc CHATAGNON1839 - 1920
- Status : Vicaire apostolique
- Identifier : 0818
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Identity
Birth
Death
Episcopal consecration
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1863 - 1920 (Yibin [Suifu])
Biography
[0818] Marc CHATAGNON (ou Chataignon) naît le 14 février 1839, à Cellieu (Loire), alors dependant du diocèse de Lyon. Il fait ses études classiques au petit séminaire de l'Argentière.
Le 1 octobre 1859, il entre laïque, au séminaire des MEP. Tonsuré le 2 juin 1860, minoré le 22 décembre 1860, sous-diacre le 25 mai 1861, diacre le 21 décembre 1861, ordonné prêtre le 20 décembre 1862, il reçoit sa destination pour le vicariat apostolique du Se-tchoan Méridional (Soui-fou) qu'il part rejoindre le 16 mars 1863.
Chine (1863-1920)
Cette date marque le premier départ par les paquebots des Messageries Maritimes de la Mer Rouge.
Le P.Chatagnon fait ses premières armes à Kuin-lin-Hien où il reste de 1864 à 1868. Il passe à la paroisse de Soui-fou en 1868-69, puis de 1869 à 1872, il est chargé du poste missionnaire de Ho-ti-keou en même temps que du supériorat du séminaire situé dans ce territoire. Ce séminaire, installé dans une métairie achetée en 1862, regroupe alors petits et grands séminaristes; il est en pleine campagne, à vingt km environ à l'est de Sui-fu et également sur la rive gauche du Fleuve Bleu, à une distance de six km. En 1872, on y ajoute le probatorium. Le P. Chatagnon remet alors sa charge de supérieur entre les mains du P . M. Gourdin, et part à Min-Chan-Hien, dans la partie Nord Ouest de la mission, où il reste jusqu'en 1880 ; de là, il se rend à Ya-tcheou de 1880 à 1883, puis à Kia-tin de 1883 à 1887.
Il est nommé Provicaire en 1885, lors de la démission de Mgr Jules Lepley le 6 mars 1886, suivie de sa mort à Béthanie (Hong-kong), le 24 septembre de la même année. Il remplit la charge de supérieur de la mission. Par décret du 25 janvier 1887, il devient évêque de Chersonèse, et vicaire apostolique du Se-tchoan méridional (Soui-fou); préconisé le 17 mars 1887, il est sacré le 24 avril 1887 à Su-tcheou fou
(Soui fou), par Mgr. Fenouil, évêque de Ténédos et vicaire apostolique du Yunnan.
Le nouvel évêque prend comme devise: « De forti dulcedo ».(Jug.14,14) "Du fort est sortie la douceur".
Dès son premier compte-rendu, Mgr. Chatagnon souligne les principales difficultés de l'évangélisation dans son vicariat: un territoire vaste et montagneux, peu peuplé, comptant vers 1888, quelques vingt mille chrétiens très dispersés et à visiter deux fois par an, des prêtres autochtones peu nombreux, mais dont le nombre augmente petit à petit. En 1884, le conflit franco-chinois et l'installation de la France au Tonkin provoquent un réveil xénophobe ainsi que des persécutions plus ou moins violentes contre les chrétiens, les missionnaires et les établissements de la mission.
Les trente- trois années d'épiscopat de Mgr. Chatagnon sont marquées par des périodes de calme relatif, et des temps de persécution sournoise ou violente. Les comptes-rendus annuels, dans lesquels Mgr.Chatagnon cite largement et parfois intégralement les rapports écrits par les missionnaires en poste dans les districts, témoignent des multiples difficultés qu'il fallait affronter. Malgré cela, en 1890, il entreprend la construction d'une cathédrale à Sui-fou, et il peut assurer la visite pastorale des districts de son vicariat. Il passe plusieurs mois à Kia-tin, ville très bien placée pour les communications, et lieu de résidence du P. Jaïmes, second provicaire, supérieur et procureur de cette partie de la mission.
En 1891, lutter contre la famine, et aider les malheureux sont les grands soucis du vicaire apostolique ; cependant, il développe le séminaire; il réunit autour de lui tous les missionnaires pour une retraite annuelle au cours de laquelle s'exprime très fortement l'union et l'entente de tous. L'année suivante, au cours de sa visite pastorale, il encourage la fondation d'orphelinats, d'asiles pour vieillards, la création d'écoles; il rappelle l'importance du séminaire et de la formation des "vierges chinoises".
Le dernier dimanche après la Pentecôte, en 1893, à Sui-fou, il confert la consécration épiscopale à Mgr. Dunand, évêque de Caloé, nommé vicaire apostolique du Se-tchoan occidental (Tchen-tu). En 1894, il confie au P.Budes de Guébriant la charge de provicaire pour le Kien-tchang ravagé par la famine, les épidémies, les attaques des brigands et où la sécurité est très relative. Le 12 décembre 1897, à Sui-fu, Mgr.Pierre-Philippe Giraudeau, évêque de Tiniade, coadjuteur de Mgr. Biet et administrateur du Thibet, reçoit la consécration épiscopale des mains de Mgr. Chatagnon.
Le 21 septembre 1902, à Paris, dans l'église du séminaire, a lieu la consécration épiscopale de Mgr. Jean-Claude Bouchut, évêque de Panemotichus, vicaire apostolique du Cambodge. Le prélat consécrateur est Mgr. Chatagnon, momentanément en France. Le 24 octobre 1909, Mgr. Fayolle, évêque de Lampa, son coadjuteur, reçoit l'ordination épiscopale, en l'église du Si-men-ouai, érigée en l'honneur de N.D.des Martyrs.
En 1895, à la famine et aux épidémies, vient s'ajouter la persécution; elle se déclenche inopinément. Le vice-roi du Se-tchoan, Lieou-Pin-Tchang, froissé de son changement, pense se venger ainsi du pouvoir central de Pekin. Le 1 juin 1895, la résidence de Pen-chan est dévastée ; le 4, c’est le tour de la résidence épiscopale et de la procure à Kia-tin ainsi que de nombreux centres de mission. Le samedi 8 juin le séminaire de Ho-ty-keou est brûlé et les élèves dispersés. Mgr. Chatagnon, en tournée pastorale à Mey-tcheou n’a que le temps de se réfugier au prétoire avec trois missionnaires. Quelques autres, pour leur protection, se confient aux autorités locales, d'autres cherchent leur salut dans la fuite. Des familles chrétiennes se trouvent sans abri.
Grâce à une indemnité consentie par la Chine, l'année 1896 est surtout consacrée à réparer ce qui a été sacagé ou détruit. Durant sa tournée pastorale de 1897, Mgr. Chatagnon peut constater le relèvement de bien des ruines accumulées par la persécution, et un mouvement de sympathie pour le christianisme. Le dimanche 3 octobre 1897, il inaugure, à la mode du pays, joyeusement, les nouveaux bâtiments du séminaire reconstruit, et il en bénit la chapelle dédiée à Notre-Dame du Rosaire.
En juillet 1898, le fameux Yu-man-Tse ravage le Se-tchoan oriental, puis la persécution violente et continue touche pendant trois mois le Se-tchoan méridional ; comme dans les incendies mal éteints, le feu se rallume souvent.
"L'année qui vient de s'écouler », écrit Mgr.Chatagnon dans son rapport annuel, « comptera dans les annales de notre Mission comme une des plus terribles que nous ayons eu à traverser."
Le calme revenu pour quelques mois, au commencement de l’année 1900, Mgr.Chatagnon peut réunir autour de lui ses missionnaires pour la retraite annuelle. Mais, rapidement, les troubles politiques, les ravages causés par les brigands et les Boxers, la persécution contre les chrétiens et les oeuvres de la Mission reprennent au point qu' en juillet 1900, l'existence même de la mission semble menacée.
Mgr. Chatagnon, se rendant compte du danger, fait descendre à Shanghai un certain nombre de ses missionnaires. Avec l'approbation de tous, le vicaire apostolique promet d'élever une église sous le vocable de N.D. des Martyrs, si la Mission ne subit pas des pertes irréparables. Il termine ainsi son compte rendu de cette année là: "Sentinelles perdues au fond de la Chine, loin de tout secours humain, nous n'avons d'espoir qu'en Dieu et en l'intercession de nos bienheureux martyrs."
Un peu de sécurité apparente semble revenir en 1901. Le 14 septembre 1901, Mgr. Chatagnon, partant pour Hong-Kong, confie l'administration de son vicariat au P. Budes de Guébriant, son provicaire. Cet intérim dure dix-huit mois. Ce dernier s'occupe de l'installation à Sui-fou, à proximité de l'évêché, du collège des Frères Maristes, ouvert à tous. Plusieurs missionnaires fondent dans leurs postes des écoles où certains se font eux-mêmes enseignants.
En 1902, les actions des Boxers et de la secte de la Lanterne Rouge font de nombreux martyrs parmi les chrétiens, au Se-tchoan occidental et méridional.
En 1902, Mgr. Chatagnon se trouve en Europe. Il obtient l’envoi de six religieuses de l'Institut des Franciscaines Missionnaires de Marie pour diriger un hôpital important à cent pas du Yang-tse ; il rentre dans sa mission en mars 1903. Le 25 avril 1904, il pose la première pierre de "l'église votive" dédiée à N.D.des Martyrs, élevée à Sui-Fou, dans le faubourg de l'Ouest. Sa bénédiction a lieu le 30 janvier 1906. Au milieu de cette année, il envoie le P. Budes de Guébriant, provicaire, deux missionnaires et deux prêtres chinois au Kien-tchang, vaste région occupant en étendue un tiers du vicariat.
Malgré les difficultés politiques, l'insécurité causée par le brigandage, une certaine hostilité de la part des mandarins et des lettrés chinois, les maladies des missionnaires, Mgr. Chatagnon souligne en 1907 les beaux résultats du travail apostolique; les élèves du petit et du grand séminaire dépassent la centaine; hospices, hôpital, dispensaires, écoles redoublent d'activités. Au printemps de 1909, le feu détruit partiellement la résidence épiscopale et la procure de Kia-tin, centre pour les réunions et les retraites.
Le 24 octobre 1909, entouré de plusieurs vicaires apostoliques, Mgr. Fayolle est sacré évêque; le surlendemain, cinq évêques, dont Mgr Chatagnon, se rendent au synode de Tchong-King ; ils font naufrage, mais sont sauvés, leur embarcation s'étant brisée sur un rocher au milieu du fleuve. Au cours de ce synode, les vicaires apostoliques du Se-tchoan et des missions voisines demandent à Rome l'érection du Kien-tchang en vicariat apostolique.
Mgr.Chatagnon informe par lettre le P.Budes de Guébriant de ce projet, et fin août 1910, il lui adresse le télégramme suivant : "Guébriant est élu vicaire apostolique du Kien-tchang". Le 20 novembre 1910, ce dernier reçoit la consécration épiscopale dans l'église du Saint Sacrement à Sui-fou, des mains de Mgr. Chouvellon, évêque de Dansara, et vicaire apostolique du Se-tchoan oriental (Chung-king), à défaut de Mgr. Chatagnon pris d'une forte attaque d'influenza
En septembre 1911, la révolution chinoise atteint Sui-fou et le 13 septembre, devant le danger croissant, Mgr. Chatagnon, âgé, sourd et infirme, transmet le gouvernement de la mission à son coadjuteur; pour ne pas gêner ce dernier, il s'embarque avec quatre missionnaires invalides et infirmes et les religieuses de Sui-fou, pour Tchong-king, port ouvert aux Européens. Il revient à Sui-fou en février 1912.
Au matin du 26 novembre 1920, vers 8h45, Mgr. Chatagnon décède à Sui-fou. Sa dépouille mortelle reste exposée neuf jours à la vue de tous, sans présenter de signe d'altération.
Le cortège de ses funérailles se déroule sur une longueur d'environ un kilomètre.
References
[0818] CHATAGNON Marc (1839-1920)
Références biographiques
AME 1894 p. 139. 1895 p. 421. 422. 425. 1896 p. 468. 469. 497. 502. 506. 587. 596. 1898 p. 86. 220. 1901 p. 311. 1902 p. 277. 313. 1905 p. 315. 1909 p. 33 (art.). 34. 36. 38. 39. 1910 p. 43 (art.). 257. 1911 p. 98. 1912 p. 17 (art.). 131. 132. 137. 183. 1917-18 p. 273. 1921 p. 39. 68. 108. 1925 p. 210. 213. 1932 p. 183. 1936 p. 101. 200. CR 1876 p. 12. 1886 p. 44. 51. 1887 p. 75. 82. 252. 1889 p. 66. 1890 p. 66. 1891 p. 87. 327. 1892 p. 93. 1893 p. 107. 1894 p. 121. 1895 p. 127. 1896 p. 113. 1897 p. 90. 287. 289. 290. 293. 295. 318. 319. 320. 364. 365. 1898 p. 88. 1899 p. 112. 1900 p. 90. 334. 335. 337sq. 348. 1901 p. 97. 1902 p. 106. 112. 297. 1903 p. 91. 1904 p. 104. 1905 p. 67. 388. 1906 p. 84. 398. 399. 401. 1907 p. 112. 436. 437. 1908 p. 86. 360. 362. 1909 p. 2. 94. 356. 1910 p. 91sq. 95. 1911 p. 82. 83. 95. 351. 352. 1912 p. 386. 484. 1913 p. 113. 1914 p. 50. 51. 1915 p. 62. 1916 p. 69. 1917 p. 40. 43. 49. 183. 1920 p. VI. 153. 160. 1922 p. 45. 46. 1923 p. 61. 1925 p. 152. 163. 1926 p. 177. 178. 1928 p. 214. 1929 p. 285. 1930 p. 336. 1931 p. 294. 370. 1932 p. 352. 353. 1933 p. 317. 1935 p. 245. 247. 248. 353. 1936 p. 333. 334. 1939 p. 263. 1940 p. 133. 1949 p. 155. 156. BME 1932 p. 323. APF 1921 p. 190. MC 1916 p. 482. 483. 1921 p. 130. 1931 p. 899. 1932 p. 323. 538. 1933 p. 343. 1936 p. 28. 101. 1937 p. 118. 575.
Paris le 12 juin 2002
Bibliographie:
CHATAGNON Marc Mgr (1839-1920)
Dictionnaire chinois-français de la langue mandarine parlée dans l'ouest de la Chine avec un vocabulaire français-chinois / par plusieurs missionnaires du Sé-tch'ouan méridional [dir. Marc Chatagnon ; collab. de Louis Moreau, Edouard Gourdin, Paul Scherrier]. - Hongkong : Impr. de la Société des Missions Etrangères, 1893. - XVI-736 p. ; 25 cm.