Louis DANGELZER1839 - 1904
- Status : Prêtre
- Identifier : 0827
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1864 - 1904 (Hué)
Biography
[827]. DANGELZER, Louis-Etienne, né le 25 février 1839 à Obernai (Bas-Rhin), fit ses études classiques dans sa ville natale, et passa au grand séminaire de Strasbourg. Après avoir reçu les ordres mineurs, il se rendit au Séminaire des M.-E. le 18 septembre 1861. Prêtre le 30 mai 1863, il partit le 16 juillet suivant pour la Cochinchine septentrionale. Ses postes furent : le séminaire, puis les paroisses d'An-ninh, Kim-long, Di-loan, et de nouveau Kim-long où il passa la plus grande partie de sa carrière apostolique. Nommé provicaire en 1866, il le resta jusqu'à sa mort, par conséquent sous trois évêques.
Lors des négociations qui eurent lieu à la suite de l'expédition de F. Garnier, 1873, il accompagna Mgr Sohier au Tonkin. Sa vie s'écoula très calme jusqu'à la persécution de 1885. A cette époque, il se réfugia au petit séminaire d'An-ninh, contribua à en organiser la défense qui fut extraordinairement courageuse, et reprit ensuite la direction de la paroisse de Kim-long. Le 11 septembre 1904, un ouragan ayant renversé son presbytère, il fut enseveli sous les décombres, et mourut le même jour des suites de ses blessures. Il fut enterré dans l'église. Il avait été trois fois supérieur intérimaire de la mission ; en 1869-1871, pendant le séjour de Mgr Sohier en Europe pour le concile du Vatican ; en 1876-1877, à la mort de ce même vicaire apostolique ; en 1879-1880, après la mort de Mgr Pontvianne. Il était remarquable par son habileté à diriger les procès, par la promptitude et la justesse de son jugement dans les cas les plus difficiles de la théologie.
Obituary
M. DANGELZER
PROVICAIRE APOSTOLIQUE DE LA COCHINCHINE SEPTENTRIONALE
Né le 25 février 1839
Parti le 16 juillet 1863
Mort le 11 septembre 1904
Mgr Caspar, vicaire apostolique de la Cochinchine septentrionale, écrivait le 14 septembre dernier :
« Dans la matinée du 11 septembre, le vent se mit à souffler en bourrasque, sans toutefois « faire présager un typhon. Vers midi, la tempête augmentait de violence et, à 2 heures, elle se « déchaînait avec une rage effroyable. Les vieillards assurent que, depuis quarante-huit ans, « on n’avait vu pareille tourmente.
« M. Dangelzer, isolé comme nous tous dans sa résidence, sans communication possible avec l’extérieur, travaillait, en compagnie de son vicaire indigène, à étayer les parties moins solides de sa maison. La chambre de notre confrère se trouvant trop exposée à la poussée du vent, il avait pris la précaution de s’en éloigner. Mais, à un certain moment, soit pour se rendre compte des dégâts causés par le typhon, soit pour sauver quelque objet plus précieux pour lui, il rentra dans sa chambre. Hélas ! il n’avait pas fait trois pas qu’un des murs céda sous l’effort de la tempête, et le cher provicaire fut pris sous les décombres. Le prêtre indigène, averti du malheur, se précipita à son tour dans la chambre, où, n’apercevant qu’un amas de ruines, il s’empressa de donner au vénéré missionnaire une dernière absolu¬tion.
« Les décombres écartés, on trouva M. Dangelzer blessé à la tête, mais encore vivant ; on « le transporta en un lieu plus sûr. Il ne semblait pas trop souffrir de ses blessures. Il « s’entretint même assez, longtemps avec son vicaire, ce qui donnait à croire qu’il n’avait subi « aucune lésion grave. Mais, au bout de quatre heures, il perdit soudain connaissance. Le « prêtre indigène lui administra l’extrême-onction. L’agonie dura dix minutes. Ses dernières « paroles furent un acte de résignation et de complet abandon à la volonté divine.
« Telle est la victime que Dieu s’est choisie dans les rangs du clergé. »
Louis-Étienne Dangelzer naquit à Obernay (Strasbourg, Bas-Rhin) le 25 février 1839. Il fit ses premières études de latin dans sa ville natale, et conçut de bonne heure le dessein de se consacrer au service des autels. Son âge, plus avancé que celui de ses condisciples, lui fai-sant craindre de ne pas atteindre assez tôt les degrés du sanctuaire pour échapper à la conscription militaire, il travailla avec tant d’ardeur qu’en un an il vit toutes les matières de la cinquième et de la quatrième. Il put ainsi gagner le grand séminaire à temps pour n’avoir pas à redouter la caserne et le danger de perdre sa vocation.
Après deux années de grand séminaire, il entra minoré à la rue du Bac le 18 septembre 1861. Destiné en 1863 à la mission de Cochinchine septentrionale, il quitta sa chère Alsace et la France pour se rendre à l’appel de Notre-Seigneur, et donner à la terre d’Annam sinon son sang , quoi qu’il fût encore permis de l’espérer, du moins toutes les énergies de son âme et de son corps, qu’il entendait consacrer à l’extension du règne de Dieu. Ses quarante ans d’apostolat viennent d’être couronnés par le sacrifice suprême que Dieu lui a demandé en témoignage de son généreux abandon entre les mains de la Providence. Que de travaux accomplis pendant toute cette longue carrière ! Quelle gloire procurée à Dieu et à l’Église !
Les qualités de M. Dangelzer l’ont fait choisir successivement par trois vicaires apostoliques, pour être le conseiller intime de l’évêque et le représentant de son autorité. Sa droiture devait lui attirer des mécomptes, mais elle n’a pas fléchi un seul jour, et, à la fin, on a dû reconnaître que le cher provicaire avait poussé le désintéressement bien au delà des limites du devoir.
Les martyrs, pour lesquels il a travaillé en rédigeant les procès apostoliques, seront venus au-devant de lui à sa sortie de ce monde. Les nombreuses âmes qu’il a assistée à l’heure du grand passage de l’exil à la patrie, lui auront fait cortège jusqu’au trône d’honneur que Notre-Seigneur lui réservait. Il les a reconnues et les a appelées par leur nom, oves voco nominatim, comme il savait si bien faire, quand il rencontrait ses ouailles ou des chrétiens de sa connaissance. Que de fois il émerveillait ses confrères, en plaçant un nom sur cha¬cune des figures qui se présentaient à lui ! Et tous les néophytes témoignaient leur satisfaction d’avoir leur place dans la mémoire du vénéré provicaire.
M. Dangelzer faisait ses délices des études théologiques, et les anciens prêtres indigènes savent avec quelle lucidité il leur enseignait les traités de morale qu’ils devaient revoir, après leur retour de Pinang, pour se préparer aux ordres sacrés.
Sa régularité était devenue proverbiale : chacun savait à quelle occupation il le trouverait appliqué à telle heure de la journée. « Il était réglé, disait-on, comme papier de musique » ; et nous espérions que cette fidélité à son règlement particulier lui vaudrait encore des années de vie. Mais, dans les desseins insondables de la divine Pro¬vidence, son passage de ce monde à l’autre devait être court et exempt des langueurs de la maladie, qu’il avait toujours semblé redouter. Il a eu à peine un quart d’heure d’agonie ; toutefois, c’était assez pour remettre son âme, avec un filial abandon, entre les mains de Dieu. Ne l’avons-nous pas entendu répéter : fiat, quand il reçut les derniers sacrements ? Sans doute, elles sont lamentables les circonstances dans lesquelles le cher provicaire a été ravi à l’affection de ses confrères et de tous les chrétiens qui l’ont connu, mais sa vie, toute de dévouement et d’abnégation, ramène à la pensée exprimée par la sainte Écriture, quand elle proclame précieuse la mort de ceux qui se sont sanctifiés sur la terre : Pretiosa in conspectu Domini mors sanctorum ejus.
Nous sommes heureux de pouvoir ajouter à la courte notice qui pré¬cède, les renseignements suivants que nous fournit un confrère de la Cochinchine septentrionale.
M. Dangelzer fut un homme d’étude et de travail sérieux ; la théolo¬gie et la pastorale eurent toujours ses préférences. Il y consacrait la plus grande partie de son temps.
Il étudiait d’une manière suivie et approfondie, se servant des auteurs les plus estimés et les plus complets, et aussi de l’Ami du Clergé, ne se laissant rebuter ni par la longueur des questions traitées ni par leur plus ou moins d’intérêt. Il n’y a pas longtemps encore, il disait qu’il avait lu les six volumes de Palmieri d’un bout à l’autre, sans en omettre une seule ligne.
Cet amour de l’étude n’était pas chez lui l’effet d’une inclination naturelle : il s’imposait le travail pour le bien des âmes, afin d’exercer le saint ministère avec plus de fruit.
La préparation de ses sermons ne le préoccupait pas moins que la direction spirituelle de ses chrétiens. Malgré sa longue habitude de la prédication, et la facilité avec laquelle il parlait l’annamite, il n’impro¬visait presque jamais. Je l’ai vu passer la semaine à revoir tel ou tel point de doctrine, sur lequel il devait prêcher le dimanche suivant. Il consultait la théologie et les ouvrages du P. Schneider, et faisait ensuite de son sujet l’objet de ses méditations personnelles. Aussi ses instructions avaient-elles ce ton persuasif et édifiant que donne seule une doctrine vraiment claire et solide. Malgré son âge avancé, il prê¬chait tous les dimanches, ne laissant que rarement ce ministère à un autre. Le jour même de sa mort, il prêcha sur le jubilé, qui était commencé depuis deux jours.
Très hospitalier envers ses confrères, il se montrait flatté des visites qu’il recevait, et insistait, chaque fois, pour qu’on vînt le voir plus souvent. Il faisait, dans ces occasions, tout ce qu’il pouvait pour nous être agréable et nous traitait avec la plus grande cordialité.
Comme il s’était procuré d’excellents ouvrages, il profitait de nos visites pour nous en proposer la lecture, nous recommandant surtout la vie des saints prêtres, et notamment de saint Vincent de Paul, de saint François-Xavier, de saint François de Sales. Bien souvent je l’ai entendu s’écrier : « Oh ! que de beaux exemples à imiter dans les vies de saint Vincent de Paul et de saint François de Sales ! »
La franchise fut un des côtés saillants de son caractère. Il savait, au besoin, dire la vérité sans craindre de froisser. La charge de pro-vicaire, qu’il exerça pendant trente-huit ans, le mit parfois dans des situations délicates, mais il alla toujours droit son chemin. C’est ce qu’il me disait un jour : « Je n’ai pas été politique ; on m’en a voulu plus d’une fois d’avoir fait mon « devoir, mais je puis dire que je n’ai jamais tenu compte des qu’en-dira-t-on, n’ayant en vue « que l’accom¬plissement de ma charge. »
Doué d’une belle intelligence et d’un bon jugement, il apporta dans l’administration une droiture de caractère et une sûreté de jugement qui révélaient en lui un homme supérieur ; aussi a-t-il été estimé dans tous les postes qu’il a occupés.
Il était assidu au saint tribunal, il aimait à instruire les enfants qui se préparaient à leur première communion et faisait tout ce qui dépendait de lui pour assurer leur persévérance. Dans ce but, il les réunis¬sait chaque mois, et, après leur avoir fait une instruction préparatoire à la confession, il les laissait s’examiner.
Charitable à l’égard de tous, et plein de sollicitude pour les malades, il ne quittait que rarement sa résidence, afin d’être prêt, disait-il, à aller où le devoir l’appellerait.
Sous des dehors un peu sévères, il cachait un cœur très sensible aux moindres égards, et il avait au plus haut degré le sentiment de la reconnaissance.
Si l’on excepte ses premières années de mission et l’époque des massacres en 1885, M. Dangelzer mena toujours une vie très calme. Il était d’ailleurs d’un grand sang-froid, et racontait sans la moindre émotion ses aventures pendant le soulèvement de 1885. Il n’avait eu
que le temps de se réfugier au collège d’An-ninh avec ses chrétiens pour échapper à la fureur des païens. « Ma maison venait d’être ter¬minée, disait-il ; je l’habitais depuis trois jours « seulement. Je dus l’abandonner. Elle fut livrée au pillage et incendiée. Je perdis ainsi ma « bibliothèque et tout ce que je possédais. Parmi les cadavres des chrétiens, on en trouva un, « qui était de grande taille ; les païens se réjouissaient déjà à la pensée que j’étais mort, mais « ils s’aperçurent bientôt que le corps en question était celui de Di-loan, très grand lui aussi. « Ma résolution était bien prise de ne pas abandonner mes pauvres chrétiens et de mourir avec « eux s’il le fallait : le bon Dieu n’a pas voulu de moi. »
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References
[0827] DANGELZER Louis (1839-1904)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1872, p. 19 ; 1875, p. 33 ; 1876, p. 27 ; 1877, p. 62 ; 1879, pp. 46, 78 ; 1880, p. 57 ; 1885, p. 99 ; 1887, p. 153 ; 1890, p. 135 ; 1893, p. 204 ; 1894, p. 222 ; 1895, p. 226 ; 1896, p. 232 ; 1897, pp. 186, 360 ; 1898, p. 178 ; 1900, p. 169.
A. P. F., xlix, 1877, p. 142 ; lxiii, 1891, p. 23. - A. S.-E., xxiii, 1872, p. 414 ; xxxii, 1881, p. 246. - M. C., ix, 1877, p. 450 ; xviii, 1886, p. 207 ; xxxvi, 1904, pp. 457, 530. - B. O. P., 1893, p. 632 ; 1895, p. 284. - Sem. rel. Laval, 1876-77, p. 97.
Le Tonk. de 1872 à 1886, pp. 193, 263. - Hist. de l'int. fr. au Tonk., p. 183.
Notice nécrologique. - C.-R., 1904, p. 406.