Albert PÉLU1848 - 1918
- Status : Prêtre
- Identifier : 1111
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1872 - ? (Tokyo)
- ? - 1875 (Osaka)
Biography
[1111]. PÉLU Albert, Charles, Arsène, naquit le 30 mars 1848 à Fresnay-sur-Sarthe, dans le diocèse du Mans (Sarthe). Il fit toutes ses études dans son diocèse et y fut ordonné prêtre le 23 septembre 1870. Le 5 juin 1871, il entrait aux Missions Étrangères de Paris. L'année de probation terminée, il reçut sa destination pour la mission du Japon méridional. Il y partit le 5 juin 1872.
Arrivé à Yokohama, il est envoyé à Niigata pour apprendre la langue japonaise. Un peu plus tard, il devient à Kobé vicaire du Père Villion. En 1875, il est appelé à Nagasaki. En plus du travail missionnaire proprement dit, il est chargé d'un très modeste établissement dit séminaire". Il composa pour ses élèves et imprima lui-même une grammaire latine en deux volumes. En 1878, par l'entremise de l'ambassade de France, il obtint un passeport qui lui permettait de voyager à l'intérieur du Japon. Mgr. Petitjean en profita pour lui confier l'administration d'un immense district qui comprenait Sotome, Kuroshima, Hirado et Madarajima. Le Père Pelu établit deux résidences principales, l'une dans l'île de Kuroshima et l'autre dans l'île de Hirado. Aidé de catéchistes, hommes et femmes, devenu intrépide marin, il passait d'une île à l'autre. Pour les catéchistes femmes, il fonda une communauté des "Amantes de la Croix". Il construisit aussi de modestes églises dont la sacristie lui servait de résidence provisoire lors de son passage.
En 1882, son évêque le nomma à Urakami. Mgr. Cousin, qui avait succédé à Mgr. Petitjean, appréciant son talent d'organisateur l'envoya en 1888 à Shimagoto. En 1892, il est nommé responsable de toutes les "îles Gôtô" avec autorité sur tous les missionnaires et prêtres japonais : en tout, 35 chrétientés. Ceci en vue d'unifier l'apostolat et l'administration : registres paroissiaux, administration temporelle, collecte d'argent pour la construction des églises et cimetières. Il lui fallut aussi réglementer l'emploi des barques qui transportaient les missionnaires d'une île à l'autre -un missionnaire ayant parfois cinq ou six îles à desservir- il fallait établir équitablement les charges entre les paroisses, fixer le salaire des bateliers et des porteurs. Le Père Pelu y réussit au grand contentement de la plupart.
En 1899, Mgr. Cousin vint bénir une grotte de Lourdes en présence d'un bon millier de fidèles; chaque année, le Père Pelu ne manquait pas d'y verser une bouteille d'eau en provenance de Lourdes. Grâce à un don généreux d'une bienfaitrice, il eut la joie de créer le poste de Fukue, capitale des Gôtô. Vers les années 1914-15, des douleurs dans les genoux lui rendirent la marche difficile. Il dut revenir se reposer à Nagasaki. Mais souffrant d'albumine et d'une hypertrophie du coeur, il rendit son âme à Dieu le 3 mars 1918. Il est inhumé à Urakami.
Obituary
M. PÉLU
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE NAGASAKI
M. PÉLU (Albert-Charles-Arsène), né à Fresnay-sur-Sarthe (Le Mans, Sarthe ), le 30 mars 1848. Prêtre le 23 septembre 1870. Entré au séminaire des Missions-Etrangères le 13 septembre 1871. Parti pour le Japon le 5 juin 1872. Au Japon méridional (Nagasaki) en 1876. Mort à Nagasaki le 3 mars 1918.
M. Pélu, né à Fresnay-sur-Sarthe en 1848, est mort en 1918 après un apostolat bien rempli de 46 ans. Nous ne savons rien sur ses premières années sinon l’anecdote suivante qu’il aimait à raconter : Un jour, je ne sais à propos de quelle espièglerie, son père l’avait attaché par un fil au pied de sa chaise, avec défense de le briser : « Je suis resté ainsi au bout du fil pendant plus d’une demi-heure, disait-il , évitant tout mouvement brusque. » Pour qui connaissait la force et l’exubérance de notre confrère, il avait là une preuve de plus que la crainte est le commencement de la sagesse.
Quand M. Pélu arriva à Yokohama, peu d’années après la grande restauration, le Japon continuait à opérer des réformes dans toutes les branches de l’administration. Cependant les communications étaient encore à l’état rudimentaire. Le jeune missionnaire fut envoyé pour apprendre la langue à Niigata, où M. Evrard se trouvait depuis un an.
Plus tard, il devint le vicaire de M. Villion à Kobé. En 1875, il fut appelé à Nagasaki. Comme les missionnaires ne pouvaient pas encore pénétrer ouvertement dans l’intérieur du pays, il s’occupa à préparer aux sacrements les nouveaux chrétiens qui venaient successive-ment par petits groupes à l’église. Entre temps, il eut la direction de l’établissement fort modeste qu’on appelait le séminaire. Doué de forces qui avaient besoin de se dépenser, il s’arma de la pioche et de la pelle et tailla une cour pour les élèves. Il ne cessait ce travail que pour se rendre au confessionnal ou continuer la composition de sa grammaire latine, suivant la méthode Robertson, qu’il imprima lui-même en deux volumes. Souvent pendant la nuit, revêtu d’habits japonais, il allait au loin réconforter les malades et les préparer à la mort.
En 1878, par l’entremise de l’ambassade française à Tokio, il put obtenir un passeport pour l’intérieur, et son évêque Mgr Petitjean lui confia l’administration d’un immense district comprenant Sotomé qu’il laissa plus tard à M. de Rotz, Kuroshima, Hirado jusqu’à l’île lointaine de Madara inclusivement.
Agé de 30 ans, il était dans la plénitude de sa vigueur et de son zèle. Fortement charpenté, tenace dans ses idées, il allait droit au but, et les obstacles excitaient plutôt son énergie. Passant sans cesse d’une île à l’autre dans une frêle barque, même par les plus gros temps, il devint un intrépide marin. Plein de confiance en l’Etoile de la mer, il échappa par son intercession à plusieurs naufrages.
Il établit ses deux résidences principales, l’une dans l’île de Kuroshima, l’autre à Tagaki dans l’île de Hirado. Dès le commencement de son séjour dans les îles, de nombreux catéchistes hommes et femmes, déjà choisis parmi les meilleurs et les plus zélés fidèles du district, et formés à Nagasaki par Mgr Laucaigne, lui furent d’un précieux secours. Mais il s’aperçut bien vite que les catéchistes femmes, vivant dans leur famille, manquaient plus que les hommes, du temps et de la liberté nécessaires pour faire un travail régulier. Il résolut alors, avec la permission de son évêque, de réunir dans ses deux résidences centrales en communauté, sous le nom d’Amantes de la Croix, les plus instruites et les plus zélées. La première installation fut pauvre. Les membres de la nouvelle Communauté ne possédant aucune ressource, manquant même des principaux ustensiles de ménage, vécurent d’abord aux frais de leurs parents. Petit à petit, ces vierges louèrent des champs, se mirent à tisser de la soie ou du coton, et parcoururent les villages pour vendre leurs produits, baptisant en route les enfants moribonds. Cependant, leur principale occupation étant d’enseigner le catéchisme et de visiter les malades ; elles ne retiraient pas de leur tarvail ce qui leur était nécessaire pour vivre. Souvent elles se couchèrent sans souper, tout en se gardant bien d’en avertir le missionnaire. Enfin, grâce à quelques dons, leur position s’améliora. Aujourd’hui, par groupes de trois ou quatre, elles sont répandues dans les principales chrétientés de Hirado et accomplissent beaucoup de bien, instruisant les femmes et les enfants, s’occupant aussi de la Sainte Enfance, des vieillards abandonnés et de la préparation au baptême des nouvelles converties.
M. Pélu se mit ensuite à construire de modestes églises, dont la sacristie lui servait de presbytère. Il obtint de ses chrétiens, alors dans toute l’ardeur de leur foi, des travaux considérables, que très probablement la nouvelle génération refuserait de faire.
En 1882, il remplaça dans la chrétienté d’Urakami M. Puthod, appelé comme directeur du séminaire ; jusqu’en 1888 il administra seul cette nombreuse paroisse, et favorisa le développement de la Communauté des vierges de Motobari. Il désirait construire une église digne de la foi des habitants ; son projet fut mis à exécution par M. Fraineau.
Mgr Cousin, qui appréciait le talent d’organisation de M. Pélu, confia à son zèle et à son expérience tout le Shimagoto. Il obéit ; mais il eut le cœur gros en quittant ses chères ouailles d’Urakami. Quatre ans plus tard l’évêque le nommait supérieur de tous les Goto, et plaçait sous son autorité plusieurs prêtres français et japonais. Le motif de l’extension de ce pouvoir sur plus de 35 chrétientés était de procurer partout l’uniformité dans le ministère et l’administration générale.
Notre missionnaire se mit vigoureusement à l’ouvrage. Pendant des années, il parcourut une fois par mois toutes ses chrétientés, voyant ses vicaires, les catéchistes, les chefs de village, se faisant rendre un compte minutieux de tout ce qui regardait l’administration temporelle et spirituelle. Il tenait les registres paroissaux d’une manière irréprochable, et exigeait le même soin de ses auxiliaires, il voulait qu’on lui donnât, chaque trimestre, le compte rendu du travail au point de vue spirituel, et il le transmettait fidèlement à l’évêque.
Ces voyages si fréquents indisposèrent un peu contre lui les chrétiens de la partie du district qu’il s’était réservée ; car ils jouissaient plus rarement de leur père spirituel, et étaient soumis à des corvées de bateaux plus nombreuses. Il dut restreindre le nombre de ses expéditions.
Dès le principe, les chrétientés des Goto, loin d’unir entre elles leurs modestes ressources pour construire dans un village plus central un édifice solide, voulurent avoir chacune leur petite église. Au besoin, une vieille maison japonaise était convertie en oratoire. Mais toutes ces constructions ne résistaient ni aux vents, ni aux termites. M. Pélu parvint, non sans avoir lutter contre de fortes oppositions, à déterminer les chrétiens à s’unir, et à conserver pendant plusieurs années leurs collectes et une partie du gain de leur pêche, pour élever dans un endroit central une église plus vaste et plus solide. Armé de la règle et du compas ; il faisait les plans, et il a doté les Goto de plusieurs belles églises en briques et d’un presbytère convenable. Dans ces dix dernières années, il fut puissamment secondé par un prêtre japonais, le P. Osaki.
Ensuite il mit toute son ardeur à encourager les chrétientés à avoir chacune un cimetière bénit. Il fallut là encore de nombreuses corvées, des collectes d’argent, etc… qui soulevèrent plus d’une difficulté. La patience en eut peut-être eu raison plus vite que l’énergie ; mais notre cher confrère n’admettait guère les atermoiements ou les compromis. Il finit cependant par sortir victorieux de la lutte. Chaque église a maintenant son cimetière, bien entretenu et clos par un mur ou tout au moins par une haie vive.
Il restait à surmonter une difficulté très épineuse et spéciale aux Goto. M. Pélu travailla à la faire disparaître. Mais que d’ennuis et même d’avanies il eut à supporter. A plusieurs reprises, des députations de chrétiens vinrent demander à Mgr Cousin le changement du missionnaire. Quelques-uns de ses vicaires même, loin de le soutenir, lui faisaient secrètement opposition. Un homme moins énergique, moins persuadé de la justice de sa cause et du bien général aurait rendu les armes devant certaines obstinations.
Il s’agissait de l’emploi des barques pour transporter les prêtres d’une île à l’autre. Aux Goto, les chrétiens sont dispersés en une multitude de localités. Chaque prêtre a au moins 6 à 7 îles à desservir. Pour la célébration de la messe dans chaque village, pour les mariages, la visite des malades, les confessions annuelles ou de dévotion, le prêtre est sans cesse en voyage, ce qui exige des porteurs et des bateliers. M. Pélu voulut répartir équitablement ces charges entre tous, de manière qu’elles fussent moins onéreuses pour chacun. Il fixa le salaire des porteurs et des bateliers, et à la fin de l’année, dans une réunion de tous les chefs de village, on faisait les comptes afin de partager les dépenses. C’est une mesure juste et de grande importance, pour que les prêtres puissent librement remplir les devoirs de leur ministère sans froisser personne. La chose est désormais établie au grand contentement de la plupart. Grâces soient rendues au pasteur.
Outre ces trois choses principales, M. Pélu établit et organisa partout, en tenant compte de la pauvreté des chrétiens, l’œuvre de la Propagation de la foi, celles de la Sainte-Enfance et du Denier du clergé japonais. Il a fait si bien comprendre les avantages spirituels et les liens plus étroits de cette charité universelle entre les catholiques du monde entier, que ces œuvres semblent appelées à se perpétuer.
Plein d’amour envers la Sainte Vierge, il construisit dans le sud des Goto près de l’église de Tamanoura, une grotte sur le modèle de celle de l’apparition de Lourdes. Tous les chrétiens des Goto voulurent y participer, et se mirent à la recherche des pierres les plus curieuses, telles que les caprices de la nature ou le travail incessant des vagues peuvent les sculpter et les transportèrent à Tamanoura. En 1899, la bénédiction de la grotte ornée d’une belle statue de l’Immaculée Conception fut faite par Mgr Cousin, en présence de milliers de fidèles. Tout près de la grotte se trouve une piscine, où chaque année le 11 février, M. Pélu versait une bouteille d’eau venant de Lourdes.
Dès lors, les pèlerins, à la grande joie et consolation du missionnaire, n’ont jamais cessé de venir implorer le secours de notre bonne Mère. Plusieurs y ont obtenu la paix de l’âme, beaucoup sont persuadés y avoir trouvé leur guérison. On raconte quelques faits vraiment extraordinaires.
Il fut toujours très respectueux et dévoué envers l’autorité, allant au-devant de ses désirs, quoiqu’il lui en coutât. Envers ses confrères, il était prêt à leur rendre service, quelquefois même gênant à force de prévenance. Un peu autoritaire, il était très sensible à la moindre marque de respect de la part de ses subordonnés et il aimait qu’on eût à son égard la même déférence dont il donnait l’exemple envers ses supérieurs.
Dans les dernières années de sa vie, le vaillant apôtre eut la consolation, grâce à une généreuse bienfaitrice et aux pressants encouragements du P. Compagnon, de réaliser un projet qu’il caressait depuis longtemps, celui de créer le poste de Fukue, capitale des Goto, ancienne résidence du daimyo, actuellement sous-préfecture. Le terrain acheté est vaste, la maison spacieuse, l’église se construira plus tard. Ce fut la dernière œuvre du cher Père, dont les forces commençaient à diminuer.
Se préoccupant encore de l’instruction chrétienne de la jeunesse, il essaya de fonder pour son district une école de catéchistes. Il y employa le reste de ses ressources, mais il eut de la peine à obtenir des chrétiens des secours pour l’entretenir. Il mourut sans voir la chose fermement établie. Après sa mort les chefs de village ont mieux compris la nécessité de l’institution et ont fini par s’y intéresser.
Depuis 1914 où 1915, des douleurs dans les genoux condamnaient parfois notre confrère au repos. Mais ni lui, ni les autres ne songeaient à une maladie sérieuse tant il paraissait fort et robuste encore. Il se contentait, tout en continuant son travail et en dirigeant ses nombreux auxiliaires, de soigner ses jambes. La racine du mal était plus profonde. Le médecin s’aperçut trop tard que le missionnaire souffrait de l’albuminerie et d’une hypertrophie du cœur.
A partir du 15 février, la marche du cœur fut de plus en plus irrégulière et par moments le cher malade éprouvait des étouffements et de vives douleurs. Quand il fut averti de la gravité de son état, il eut un mouvement de surprise. Cependant comme il était animé d’un grand esprit de foi, il ne tarda pas à faire le sacrifice de sa vie et des œuvres qu’il projetait, pour se préparer au grand voyage. Subitement le 3 mars, vers 11 heures du soir, il se sentit plus mal ; on lui donna aussitôt l’extrême-onction, et peu après il rendit son âme à Dieu.
Beaucoup de chrétiens accoururent des Goto pour voir encore une fois leur père spirituel et assister à ses obsèques. Les chrétiens de la vallée d’Urakami, dont il avait été le pasteur pendant 6 ans, l’accompagnèrent nombreux à sa dernière demeure. Ce cher confrère, qui laisse un vide très difficile à combler, repose maintenant près de Mgr Cousin, dans le cimetière de la mission, à Urakami.
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References
[1111] PÉLU Albert (1848-1918)
Références bibliographiques
AME 1900 p. 248 (art). 1904 p. 322. 324. 326. 1905 p. 54 (art). 1926-27 p. 326. 460. 1933 p. 12. CR 1872 p. 53. 1879 p. 15. 1882 p. 19. 1884 p. 35. 36. 1886 p. 26. 1887 p. 46. 47. 1888 p. 30. 1890 p. 31. 1891 p. 64. 72. 1892 p. 44. 1893 p. 64. 1894 p. 68. 69. 1895 p. 73. 405. 1896 p. 62. 1897 p 55. 1898 p. 51. 1899 p. 29. 1900 p. 21. 25. 1901 p. 23. 366. 367. 1902 p. 26. 27. 1903 p. 17. 1905 p. 13. 1906 p. 22. 23. 1907 p. 23. 1908 p. 12. 1909 p. 25. 26. 1910 p. 22. 1911 p. 23. 1912 p. 20. 25. 26. 356. 1913 p. 23. 1914 p. 5. 1915 p. 14. 1916 p. 10. 15. 1917 p. 11. 1918 p. 146. 159. 1924 p. 28. 1926 p. 8. 1947 p. 254. Hir n° 126. EC1 N° 178. 648. 649.