Paul MATHEY1851 - 1927
- Status : Prêtre
- Identifier : 1191
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1874 - 1927 (Hué)
Biography
[1191] Paul-Emile MATHEY naquit le 14 Avril 1851, à SAINT-GEOSMES, Canton de LANGRES, diocèse de LANGRES, Département de la HAUTE-MARNE. L'un de ses frères devint religieux dans l'Institut des Frères des Ecoles Chrétiennes. Quant à lui,en 1863, il entra au Petit Séminaire de LANGRES, et en 1870 au Grand Séminaire de ce diocèse où il fut tonsuré le 30 Juillet 1870 par Mgr. GUERIN.
Le 20 Septembre 1871, il arriva au Séminaire des Missions Etrangères ; Minoré le 21 Décembre 1872, Sous-Diacre le 07 Juin 1873,Diacre le 20 Décembre 1873, il fut ordonné prêtre le 30 Mai 1874. Il reçut sa destination pour la COCHINCHINE SEPTENTRIONALE (HUE), et quitta PARIS, le 1er Juillet 1874.
Arrivé à HUE, le 20 Août 1874, il y resta pour l'étude de la langue viêtnamienne, jusqu'à sa nomination comme professeur au Collège-Séminaire d' AN-NINH, en 1875. En 1878, il s'installa avec M. GUILLOT à TRUNG-QUANG, centre chrétien privé de prêtre depuis 12 ans. et il exerça le ministère dans la Province de QUANG-BINH..
En 1884, il devint curé de C_-VUU, dans la province de QUANG-TRI où il séjourna jusqu'en 1887. C'est là qu'il eût la douleur de voir ses chrétientés ruinées, de nombreux chrétiens persécutés et mis à mort , lors de la évolte des lettrés ". Vers le 5 Septembre 1885, il écrivait à son Evêque Mgr. CASPAR : " La citadelle de QUANG-TRI est prise par les lettrés ; notre position est des plus critiques..." Ce jour là, dans la soirée, deux femmes non chrétiennes avertirent Mr. MATHEY de la décision arrêtée de massacrer les chrétiens. Il réunit à l'église ses huit cents chrétiens, les exhorta, leur suggéra de se grouper, de fuir par le sentier de la montagne, et d'atteindre la première chrétienté située sur la province voisine de THUA-THIEN. Les uns n'acceptèrent pas de tout quitter, d'autres estimèrent que la persécution ne les atteindrait pas. Ainsi obstination et illusion causèrent la mort de près de six cents chrétiens. Mr. MATHEY partit avec quelques compagnons. Son vicaire, le P. BUU qui devait le rejoindre avec un groupe de catholiques, fit demi-tour pour regrouper les retardataires, il fut capturé par le village de LONG-HUNG.
Le 7 Septembre 1885, sous la conduite d'un païen de LA-VANG, M. MATHEY se dirigea vers Hué presque seul, car les deux cents chrétiens qui l'avaient rejoint ne consentirent pas à aller plus loin. Le 8 Septembre 1885, bien que fatigués, tenaillés par la faim,la soif, M.MATHEY et ses compagnons atteignirent la petite chrétienté de BO-TRUC où ils trouvèrent aide ,secours et réconfort.. Le O9 Septembre 1885, ils arrivèrent à KIM-LONG (HUE) , chez Monseigneur.
Peu après, Mr.MATHEY accompagna les troupes qui sauvèrent missionnaires et chrétiens assiégés dans le Petit Séminaire d' AN-NINH et le village de BAI-SON.
En Mars 1887, M.MATHEY se rendit à HONG-KONG, en repos pendant trois ans, et en Juin 1890, il se mit au service du Vicariat de la COCHINCHINE ORIENTALE (QUINHON). De 1890 à début 1892, il fut curé de XOM-NAM, de Février 1892 à Juillet 1894, professeur au Grand Séminaire de LONG-S_NG, de juillet 1894 jusqu'en 1898, il reprit la charge de curé de XOM-NAM. Il fut alors nommé à GO-THI, en remplacement de M.VIVIER, récemment décédé. Il y resta jusqu'en 1904. Il fit alors un second séjour à HONG-KONG jusqu'en 1907.
De retour dans sa mission, il devint curé de QUINHON qu'il quitta en 1911, avec peine, pour prendre la direction de la chrétienté de CHO-MOI (NHATRANG). Il y demeura jusqu'en 1923. Déjà fatigué, et reconnu lépreux par la Faculté, il fut obligé d'abandonner le ministère. Il se retira dans une maison, construite pour lui à proximité de l' hôpital de KIM-CH+U, dirigé par les Soeurs de St. Paul de Chartres. Il y fut soigné avec un grand dévouement. C'est là que pendant quatre ans, il offrit à Dieu ses souffrances physiques et morales !
Le 16 décembre 1927, il recevait l'Extrême-Onction, des mains de M. LABIAUSSE, Provicaire, curé de KIM-CH+U, en présence de Mgr. le Vicaire Apostolique, de M. GAGNAIRE, et de quelques autres confrères. Le 19 Décembre 1927, Mr. MATHEY s'éteignit à trois heures du soir. Le lendemain, ses funérailles furent célébrées à l'église de KIM-CH+U. Il repose dans le cimetière de la chrétienté de KIM-CH+U.
Obituary
M. MATHEY
MISSIONNAIRE DE HUÉ.
M. MATHEY (Paul-Emile), né le 14 avril 1851 à Saint-Geosmes (Langres, Haute-Marne). Entré tonsuré au Séminaire des Missions-Etranrères le 20 septembre 1871. Prêtre le 30 avril 1874. Parti le 1er juillet pour la Cochinchine Septentrionale. Mort le 19 décembre 1927 à Kimchâu.
Le P. Paul-Emile Mathey naquit à Saint-Geosmes, canton de Langres (Haute-Marne), le 14 avril 1851 de parents profondément chrétiens qui donnèrent à 1’Eglise deux de leurs enfants : l’un, frère des Ecoles chrétiennes, mourut il y a quelques mois, et l’autre, prêtre des Missions-Etrangères, notre regretté défunt.
Le P. Mathey entra au Petit Séminaire de Langres en 1863, puis en 1870 au Grand Séminaire. C’est en cette année de la guerre qu’il fut pris pour un déserteur au moment où il se rendait au Bureau de recrutement pour s’engager.
Il fut tonsuré en 1870 par Mgr Guérin et ce n’est qu’en 1871 qu’il mit à exécution sa résolution d’être missionnaire. Il entra au Séminaire des Missions-Etrangères de Paris en septembre de cette année, fut ordonné prêtre le 30 avril 1874 et désigné pour la Mission de Hué.
Arrivé à Hué le 20 août, il y resta pour l’étude de la langue jusqu’à sa nomination en 1875 au collège d’An-ninh. De 1878 à 1884 il exerça le ministère dans la province de Quang-binh, pour venir ensuite dans la province de Quang-tri, où il séjourna de 1884 à 1887.
C’est là qu’il eut la douleur de voir ses chrétientés ruinées, ses chrétiens massacrés par les lettrés qui avaient décidé de supprimer toute la population catholique sous prétexte de chasser l’étranger du sol national. Huit mille chrétiens furent massacrés, brûlés vifs en l’espace de quelques jours dans cette province de Quang-tri.
Le P. Mathey avait été averti de ce mouvement contre les chrétiens et déclarait aux élèves du Séminaire qui étaient chez lui en vacances régulières : « Si vous voulez mourir martyrs de votre foi, restez chez moi, vous n’aurez pas longtemps à attendre. »
Le P. Mathey se rendit à la citadelle pour avertir les mandarins de ce mouvement insolite et revint de suite dans sa paroisse de Cô-vuu, où, après son arrivée, il entendit une forte détonation ; c’était le signal convenu annonçant la facile victoire des prétendus rebelles sur les mandarins et la proclamation de l’état de siège. Il s’empressa d’écrire à Mgr Caspar le billet suivant : « La citadelle de Quang-Tri est prise par les lettrés ; notre position est des plus critiques. Pouvez-vous faire quelque chose pour nous ? Si nous ne devons plus nous rencon-trer en ce monde, adieu ! j’ai fait mon sacrifice. »
Puis, dans la soirée, averti par deux femmes païennes de la résolution prise de massacrer les chrétiens, il convoqua ses fidèles dans l’église au nombre de près de huit cents, les harangua, les exhorta et leur donna l’absolution générale. Mais le spectacle de ce troupeau, en majorité composé de femmes, et d’enfants voués à une mort certaine, le fit réfléchir et lui suggéra aussitôt la ferme résolution de les soustraire par la fuite au sort qu’il pressentait, pour eux. Il les exhorta à se grouper et à gagner par le sentier de la montagne la première chrétienté située sur la province voisine de Thuo-thiên. Malgré son éloquence et l’imminence du péril, beaucoup de catholiques hésitaient ; il répugnait aux uns d’abandonner au village leur case et leurs biens ; d’autres, vivant depuis des années sous la menace de la persécution, avaient toujours vu celle-ci demeurer vaine et ne pouvaient croire qu’un jour elle serait mise à exécution. Ce mélange d’obstination et d’illusion fut la cause de la mort de près de six cents chrétiens.
Le Père partit déguisé avec quelques compagnons à l’heure indiquée ; son vicaire le P. Buu devait le rejoindre avec les autres catholiques. Au moment d’une alerte, le P. Mathey s’étant blotti dans la brousse attendit vainement son vicaire qui, trompé par les cris des gens qui se recherchaient avait fait demi-tour et avait été pris par le village de Long-Hung.
Le P. Mathey évita de passer la nuit dans le village proche de là, coucha dans les champs ; et, le lendemain, c’était le 7 septembre 1885, conduit par un païen de La-vang, il se dirigea vers Hué presque seul ; car les deux cents chrétiens qui l’avaient rejoint ne consentirent pas à aller plus loin. Le 8 septembre, ses compagnons et lui continuèrent leur route avec peine, car ils étaient tenaillés par la faim et la soif, le porteur des vivres ayant abandonné tout au moment de l’alerte. La chaleur augmentait encore leur fatigue et plusieurs d’entre eux s’étendirent sur le bord de la route ne pouvant plus suivre. Enfin le guide leur annonça la petite chrétienté de Bô Truc où la vue du P. Mathey et l’état dans lequel se trouvaient ses quelques compagnons produisirent une profonde stupeur ; on s’empressa d’aller au-devant des retar¬dataires et de ramener ceux qui étaient tombés de fatigue sur le sentier.
Le 9 septembre, le P. Mathey, que tout le monde croyait tué, arrivait à Hué. Il put en repartir quelques jours après, et arriva à temps pour sauver les missionnaires et les chrétiens assiégés dans le Petit Séminaire d’An-ninh. Le P. Mathey ne tarissait pas lorsqu’il était amené à parler de ces événements tragiques, dont il avait gardé un souvenir vivace.
En mars 1887, le P. Mathey se rendit à Hongkong, d’où, après un repos de trois ans, il vint en juin 1890 prêter son concours à la Mission de Quinhon. Il fut curé de Xom-nam de 1890 à 1892. Nommé ensuite professeur au Grand Séminaire de Long-sông il y resta de février 1892, à juillet 1894, puis en 1898 reprit son poste de Xom-nam jusqu’à sa nomination à Go-thi, où il remplaça le P. Vivier, récemment décédé. En 1904 il fit un nouveau séjour à Hongkong d’où il nous revint en 1907 pour occuper la cure de Quinhon qu’il quitta en 1911 avec peine pour prendre la direction de la chrétienté de Cho-moi (Nhatrang), à la demande du P. Gagnaire, Provicaire, Supérieur de la Mission en l’absence de Monseigneur. Il y demeura jusqu’en 1913, année qui fut pour lui le commencement de la route du calvaire. Déjà fatigué, il fut de plus reconnu lépreux par la Faculté et, par le fait même, obligé d’abandonner le ministère, pour venir demeurer seul dans cette maison, construite exprès pour lui à proximité de l’hôpital de Kimchâu, dirigé par les Sœurs de Saint-Paul de Chartres.
C’est là que, pendant quatre ans, il offrit à Dieu ses souffrances plutôt morales que physiques ; car il fut obligé de demeurer seul lui qui aimait tant la compagnie. Il accepta cependant avec résignation la croix que lui imposait Notre-Seigneur, et lui qui n’avait jamais été malade put profiter de ce temps de douleur pour expier ses fautes et amasser des mérites pour le Ciel. A sa lèpre vint s’ajouter un cancer que les docteurs n’avaient pu déraciner. Pendant huit ans ce ne fut qu’un petit point qui s’agrandit peu à peu ; durant les six derniers mois les progrès furent plus rapides et au moment de sa mort le nez avait complètement disparu et une grande partie de la figure était rongée. Cependant ses yeux furent épargnés et il put, jusqu’au dernier jour, satisfaire son amour de la lecture ; ce qui lui fut une grande consolation et un réel soutien. Il avait toujours beaucoup lu et beaucoup retenu, aussi ses conversations étaient-elles très intéressantes. Son voisin qui, tous les soirs, allait lui rendre visite, pour le consoler dans sa solitude, n’avait pas à lire les journaux, revues ou nouvelles, il était renseigné par le P. Mathey qui repassait en revue tout ce qu’il avait lu d’intéressant dans la journée ; les sujets de spiritualité trouvaient aussi place dans ces moments de conversation.
Bien souvent le missionnaire, son voisin, obligé de s’absenter, ne pouvait lui rendre la visite quotidienne, aussi son retour était-il attendu avec impatience ; et lorsqu’il arrivait c’était un soupir de contentement. « Ah ! c’est vous, vous voilà ? ah ! que je suis content de vous voir, mais je ne vous ai pas vu passer ! » Certes il attendait et veillait, car de sa maison il pouvait surveiller la route, ce qui était pour lui un sujet de distraction dans sa solitude. Pendant quatre ans il fut soigné avec un grand dévouement par les Sœurs de Saint-Paul qui dirigent l’hôpital. La Sœur Supérieure venait lui faire son pansement d’abord une fois par jour, puis plus tard il fut nécessaire de le renouveler deux fois. Il se plaignait bien de temps en temps d’un peu de souffrance, mais remerciait cependant Dieu de lui en éviter de plus grandes. Jusqu’au mois d’août dernier, il a pu, quelquefois cependant avec difficulté, célébrer la sainte Messe dans la chambre qui lui servait de chapelle et où il gardait le Saint-Sacrement. De sa chaise en entr’ouvrant la porte de la chapelle, il pouvait faire sa visite et tous les jeudis faire son heure d’adoration selon le règlement des Prêtres adorateurs et prier pour la conversion des païens. Dans ses derniers jours, il remerciait Dieu de l’avoir entouré de tant de soins qui l’avaient aidé à prendre en patience sa maladie. Il était aussi reconnaissant envers la petite Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui, à la suite d’une neuvaine de messes en son honneur, avait fait cesser des démangeaisons insupportables, suite de sa lèpre.
Enfin, lorsque la faiblesse commença à accentuer, on lui proposa de se préparer à une sainte mort par la réception des Sacrements ; ce qu’il accepta de suite. Cependant, après sa dernière confession, il disait à son confesseur : « La mort de loin c’est facile à accepter, mais de près ! » Pleinement résigné, car il s’était déjà préparé depuis longtemps, il fut encore réconforté dans ses derniers moments par la visite, le 16 décembre, de Monseigneur, du P. Gagnaire, Provicaire et de quelques autres confrères qui assistèrent à l’Extrême-Onction donné par le P. Labiausse, Provicaire, curé de Kimchau.
Avant de le quitter, Monseigneur lui adressa quelques paroles de consolation et lui donna une dernière bénédiction. Le P. Mathey lui fit ses adieux, ainsi qu’aux autres confrères, et se remit entre les mains du Seigneur en prononçant ces paroles : « In manus tuas, Domine ! cor, contritum et humiliatum Deus non despicies ».
Quelques jours après, le 19 décembre, le P. Mathey, ayant encore toute sa connaissance, s’éteignait à trois heures du soir. L’enterrement fut fixé au lendemain. Malheureusement le mauvais temps ne permit pas aux confrères d’assister nombreux aux funérailles ; M. le Résident de la Province et Madame, ainsi que deux Européens voisins étaient présents. Après un service célébré à l’église de Kim-châu il fut accom¬pagné à sa dernière demeure par les Frères des Ecoles Chrétiennes, les religieuses de l’hôpital et un grand nombre de chrétiens. Il repose dans le cimetière de la chrétienté de Kim-châu.
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References
[1191] MATHEY Paul (1851-1927)
Références biographiques
AME 1911 p. 29. 1928 p. 44. 1936 p. 262. CR décembre 1874 p. 39. 1875 p. 33. décembre 1877 p. 63. 1885 p. 96. 98. 99. 1890 p. 118. 1891 p. 156. 1895 p. 213. 1896 p. 197. 1897 p. 168. 1898 p. 163. 338. 1899 p. 194. 1900 p. 161. 1901 p. 156. 1903 p. 183. 1910 p. 195. 1918 p. 80. 1919 p. 78. 1921 p. 86. 1922 p. 102. 193. 1924 p. 92. 1927 p. 260. 1928 p. 187. 1933 p. 282. BME 1923 p. 448. 1924 p. 185. 399. 461. 535. 1928 p. 180. 191. EC1 N° 145.
Décembre 1993