Victor POLIGNÉ1851 - 1882
- Status : Prêtre
- Identifier : 1254
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1875 - 1882 (Hanoi)
Biography
[1254]. POLIGNÉ, Victor-Hyacinthe, vint au monde à Domalain (Ille-et-Vilaine) le 11 mars 1851. Ses études faites dans son diocèse, il entra tonsuré au Séminaire des M.-E. le 24 janvier 1873, et y fut ordonné prêtre le 22 mai 1875. Il partit pour le Tonkin occidental le 14 juillet de la même année, et fut placé dans un district de la province de Ninh-binh, sous la direction de Pinabel, auquel il succéda pendant quelques mois.
A la fin de 1878, il devint professeur au petit séminaire de Hoang-nguyen, et conserva ces fonctions durant trois ans. En 1880, on l'envoya chez les sauvages du Laos tonkinois ou Chau-Laos ; il s'installa au village de Ban-muong, province de Thanh-hoa ; il y succomba à la fièvre des bois le 23 juillet 1882.
Obituary
M. POLIGNÉ
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONG-KING OCCIDENTAL
« Le temps de l’épreuve, nous écrivait Mgr Puginier à la date du 10 août, n’est pas encore fini pour la partie supérieure de la Mission des Châu et du Laos. Ses apôtres succombent les uns après les autres à l’insalubrité du climat.
« M. Poligné y a passé à peine six mois et, victime de la terrible fièvre des bois, il est déjà allé au ciel recevoir la récompense réservée aux bons et fidèles serviteurs. Dans une lettre que je viens de rece¬voir, M. Mignal m’annonce que ce cher et regretté Confrère est passé à une vie meilleure, le 23 juillet, et que sa mort a été celle d’un saint.
« M. Victor-Hyacinthe Poligné était né le 11 mars 1851, à Doma¬lain, commune du diocèse de Rennes. Il appartenait à une de ces familles patriarcales, qui heureusement ne sont pas rares en Bre¬tagne. Élevé dans la crainte de Dieu, il avait conservé une candeur qui se réfléchissait sur son visage. Outre l’éducation de la famille, il a dû recevoir des soins tout particuliers du curé de sa paroisse. Il aimait à parler de ce bon prêtre, pour lequel il avait conservé un profond respect, une vive reconnaissance et une affection toute filiale.
« Durant le cours de ses études, qu’il fit dans son diocèse, M. Po¬ligné sentit en lui un mouvement de la grâce qui l’appelait à une vie de dévouement, et après sa philosophie il mit à exécution le projet qu’il avait mûri, de se consacrer à la vie apostolique. Il alla étudier la théologie au Séminaire des Missions Étrangères de Paris, et il y reçut la prêtrise. Le Conseil des Directeurs lui assigna la Mission du Tong-King occidental, où il arriva en compagnie de M. Lepage, au commencement du mois d’octobre 1875.
« Lorsqu’il eut appris suffisamment la langue annamite pour prêcher et entendre les confessions, je l’envoyai dans le district de M. Pinabel, s’exercer auprès de ce Confrère au ministère aposto¬lique et se mettre au courant des us et coutumes du pays. Il resta ensuite seul Missionnaire à travailler dans ce poste, dirigeant les prêtres indigènes préposés aux paroisses, et il sut toujours se faire aimer d’eux et des chrétiens. Il s’occupait avec zèle des travaux de son ministère, sans négliger les exercices de piété, si nécessaires pour nourrir et fortifier l’esprit de foi, qui est le fondement de la vie apostolique. Tout en donnant ses soins aux fidèles, il étendait aussi son zèle aux païens, et le Seigneur bénissait ses travaux. Il avait installé plusieurs catéchuménats où étudiaient un nombre considérable d’adultes.
« A la fin de l’année 1878, lorsque M. Fiot partit pour ouvrir la Mission des Châu et du Laos, M. Poligné alla le remplacer comme professeur au Collège de Hoang-Nguyên. Il a montré dans cette nou¬velle position une régularité qui ne s’est jamais démentie. Deux fois par jour il rendait visite au Saint-Sacrement, et là, aux pieds de Notre-Seigneur, il puisait un esprit de piété qui paraissait même dans son extérieur. Après avoir professé pendant trois ans, il fut désigné, lui aussi, pour le poste de dévouement où il vient de succomber.
« Il n’ignorait pas, qu’au milieu de ces montagnes malsaines et de ces peuplades sauvages, la nature n’a rien à espérer qui puisse la flatter. Les privations de tous genres, la maladie avec ses souf¬frances, sont le partage du Missionnaire au Laos. Notre regretté défunt avait mûrement réfléchi à tout cela. Mais l’amour de Dieu et le zèle du salut des âmes sont plus forts que la mort, et poussé par ces sentiments profondément enracinés en lui, M. Poligné n’avait pas hésité à me manifester en plusieurs circonstances son désir d’aller travailler dans cette partié éloignée de la Mission. Aussi, lorsque je le désignai, après le décès de M. Thoral, pour aller remplacer les Confrères morts au combat, il accepta avec bonheur cette destination qu’il reçut comme une grâce du ciel, et il se pré¬para, par la prière, à bien correspondre à la volonté de Dieu. J’étais loin de penser alors que ce cher Confrère succomberait si vite et me mettrait par sa mort dans un nouvel embarras. Sa santé et les sages précautions qu’il savait prendre à temps pour la conserver, me faisaient espérer qu’il résisterait aux épreuves de l’acclima¬tement, et qu’il fournirait une carrière suffisamment longue, qui lui permettrait de travailler à l’établissement de la Religion dans le Laos.
« Parti du chef-lieu de la Mission, le 27 décembre dernier, M. Po¬ligné arrivait, vers le 25 janvier suivant, au terme de son voyage, à la grande satisfaction de M. Mignal, que la mort de M. Thoral avait laissé seul, chargé de la partie supérieure d’une nouvelle Mission. Il alla s’installer au village de Ban Muông, récemment reconstitué ; car vous savez que cette chrétienté avait été brûlée l’année dernière, par une bande ennemie de la Religion. Notre cher Confrère se mit avec ardeur à l’étude de la langue du pays et, au bout de trois mois, il commençait à donner quelques instructions à ses néophytes. Sa santé s’était maintenue bonne jusqu’au mois de mai. Mais, à l’arrivée des fortes chaleurs, il fut pris d’une fièvre assez grave, qui ne fut pas sans me donner de l’inquiétude. Cependant, quelques jours après, je recevais de lui une lettre m’annonçant sa guérison et me donnant d’assez bonnes nouvelles sur la Mission. Il avait repris son travail habituel, à mesure que ses forces le lui permettaient, et il préparait un nombre considérable de catéchumènes à recevoir le baptême.
« Dans la première huitaine du mois de juillet, la fièvre revint et, avec elle, un état de prostration et du délire parfois. Le Père com¬prit la gravité de son état et, sans s’en effrayer, il le fit connaître à M. Mignal qui ne le quittait plus. Dans les dix jours qui précé¬dèrent sa mort, il se confessa cinq fois avec de grands sentiments de piété. Les deux derniers jours de sa vie, le délire cessa complè¬tement, et il en profita pour se préparer à la réception des derniers Sacrements. Le 23 juillet, un peu après midi, il rendit paisiblement son âme à Dieu, laissant son Confrère et les catéchistes très édifiés des bons exemples de patience et de résignation qu’il n’avait cessé de leur donner, surtout dans sa maladie. »
References
[1254] POLIGNÉ Victor
Notice nécrologique. - C.-R., 1882, p. 114.