Marc DEROCHE1851 - 1892
- Status : Prêtre
- Identifier : 1277
Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- China
- Mission area :
- 1876 - 1892 (Chongqing [Chungking])
Biography
[1277]. DEROCHE, Marc-Raymond, naquit le 18 août 1851 dans la paroisse Saint-Bruno, à Lyon (Rhône). Entré tonsuré au Séminaire des M.-E. le 21 juillet 1873, ordonné prêtre le 10 octobre 1875, il partit pour le Se-tchoan oriental le 16 décembre suivant, et arriva en pleine persécution. Il alla apprendre la langue à Tien-tché, district de Tchang-tcheou, et compléta sa formation apostolique à Kay hien, d'où il passa, deux ans plus tard, dans le district de Yuin-tchouan. En 1879, il fut chargé de la direction du district de Kiang-tsin ; puis il devint, en 1881, professeur au séminaire de Pee-ko-chou, où sa régularité, sa gravité et son aménité furent d'une véritable édification pour les élèves.
De 1883 à 1888, il dirigea le district de Ten-tse-ho (Kiu hien). Malade, il se rendit à Hong-kong ; quand il retourna au Se-tchoan, il fut placé de nouveau dans le professorat, et sauf un court intérim à Liang-chan, il y demeura tout le reste de sa vie. De Cha-pin-pa où il était professeur, il se rendit en 1892 au séminaire qu'on achevait d'établir à Tien-tché, et dont Mgr Chouvellon venait de le nommer supérieur ; mais il mourut le 5 juillet de cette même année, à Tchong-king ; il fut inhumé près de cette ville, dans le cimetière Tsen-kia-gay.
Il avait mis à profit ses loisirs, en composant un résumé de l'histoire de la Chine qui est resté manuscrit. Il laissa la réputation d'un missionnaire d'obéissance exemplaire et d'inaltérable amabilité.
Obituary
M. DEROCHE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU SU-TCHUEN ORIENTAL
Né le 18 août 1851.
Parti le 16 décembre 1875.
Mort le 5 juillet 1892.
« Marc-Raymond Deroche naquit à Lyon, le 18 août 1851. La nature l’avait doué d’un tempérament fort paisible, et la grâce, secondée par de généreux efforts, fit fleurir dans tout son éclat sur ce terrain privilégié, l’aimable vertu de douceur. Dieu, qui l’appelait à de grandes souffrances, lui montra dans la carrière apostolique le chemin du sacrifice parfait, et Marc, docile à cette invitation, alla frapper, en l’année 1873, à la porte du Séminaire des Missions-Étran¬gères : il était alors simple tonsuré. C’est en 1875 qu’il fit voile vers la Chine. Son compagnon de route, le Père Joseph Schotter, destiné comme lui à la mission du Su-tchuen oriental, l’a suivi presque im¬médiatement dans la tombe.
« Les joies de l’arrivée au Su-Tchuen furent brusquement inter¬rompues par un lugubre événement. La persécution éclata avec une violence inouïe aux portes mêmes de Tchong-Kin, et la chrétienté de « Kiang-pei », qui n’en est séparée que par un fleuve, était noyée dans le sang et totalement anéantie. On dirigea sans délai les nou¬veaux missionnaires sur des points moins exposés aux déchaînements de cette nouvelle tourmente : le Père Deroche redescendit sur Tchong-tcheou et s’installa dans l’une des stations de ce vaste district, à Tien-tché, pour y étudier la langue.
« Ses premières armes comme missionnaire se firent à Kay-hien. Il en fut rappelé deux années après et on l’adjoignit au Père Decomps pour partager avec lui les sollicitudes du saint ministère dans le populeux district de Uin-tchouan. Son passage n’y fut pas plus long qu’à Kay-hien ; il fut alors envoyé à Kiang-tsin. Mais, comme si Dieu eût voulu mettre à l’épreuve sa vertu, en lui refusant même les mo¬destes consolations qu’un stage plus prolongé fait trouver jusque dans les postes les plus ingrats, il reçut, au bout de deux nouvelles années, sa nomination de professeur au collège de Pee Co Chou. Les élèves n’étaient pas peu édifiés de sa régularité exemplaire et de son inaltérable patience ; le respect de cette gent turbulente et espiègle fut acquis, dès le premier jour, à un maître qui savait si bien allier à la gravité qui impose, la simplicité et l’aménité qui attire. Ils durent, toutefois, lui dire adieu en 1883, où de nouveaux ordres l’obligeaient à quitter le séminaire pour aller à Ten-Tse-ho reprendre les fonctions du ministère actif, lequel avait d’ailleurs toutes ses pré¬férences. Parfaitement fidèle à la maxime : Ama nesciri et pro nihilo reputari, qui fut sans doute sa devise chérie, il accomplit le bien sans bruit, sans éclat. Cet effacement de lui-même allait si loin qu’en présence de ses confrères, il semblait n’avoir plus d’autre volonté que la leur ; leurs goûts étaient devenus les siens, leurs caprices même, ses propres caprices. Nul, cependant, ne déploya contre lui-même une énergie plus grande. Tant que sa santé le lui permit, il demeura scrupuleusement fidèle à ses pieuses habitudes de séminariste, et il ajouta à ses exercices ordinaires la récitation quotidienne du chemin de la Croix et du Rosaire, sans que jamais les fatigues de la visite des chrétiens lui aient paru une raison suffisante de s’en dispenser.
« Homme d’étude en même temps que de prière, il occupait ses loisirs au genre de travaux les mieux adaptés à la situation où la Providence l’avait mis. L’on a retrouvé parmi ses papiers un excel¬lent résumé de l’histoire de la Chine, fruit de patientes compilations. Après douze ans d’obscurs labeurs et d’épreuves saintement supportées, il commençait enfin à goûter quelque repos, quand la maladie vint le surprendre. Les souffrances qu’elle lui apporta sont indicibles ; elles arrachaient des cris involontaires à la pauvre victime qui trouva alors, dans le dévouement sans bornes de ses confrères voisins, la première récompense de son incomparable charité. Quel¬ques alternatives de santé firent différer son départ jusqu’en 1888 : à cette époque, il prit la route de Hong-Kong. Sa santé y redevint flo-rissante et il rentra à Tchong-Kin pour célébrer les fêtes de Pâques de l’année suivante. On le destinait définitivement au Collège, mais en attendant la prochaine rentrée, il remplit à Liang-chan un inté¬rim de quelques mois. Capable de tenir tous les postes, n’en ambi¬tionnant aucun, il se prêtait avec une docilité entière aux désirs de ses supérieurs et se plaisait partout où l’obéissance le plaçait. Mais il semble que son tempérament, ébranlé par la maladie, ne pouvait plus désormais s’accommoder d’un climat humide, ni des chaleurs accablantes de la plaine. Dans le cours de sa troisième année d’en¬seignement, au Séminaire de Cha-pin-pa, les anciennes crises reparu¬rent avec leur cortège d’atroces douleurs supportées avec le même esprit de foi.
« Son évêque le rappela auprès de lui ; les soins affectueux dont il fut l’objet de sa part, s’ils n’apportèrent point à son corps souffrant tout le soulagement désiré, furent pour son âme la plus douce des consolations.
« On commençait alors, sur le sommet d’une montagne élevée, à l’endroit même où le Père Deroche avait jadis appris la langue, l’érection d’un petit séminaire. L’air y est frais, le site pittoresque, tout y est à souhait pour rendre les forces au missionnaire fatigué. Le Père Deroche possédait d’autre part toutes les qualités désirables pour établir le nouveau collège sur le meilleur pied possible : juge¬ment très droit, expérience consommée, bonté, prudence. Il fut nommé supérieur du futur établissement, et il se préparait à partir pour en surveiller les travaux, lorsque son mal empira tout d’un coup de la façon la plus alarmante. Un soir, le docteur anglais déclara à Monseigneur qu’un malheur était imminent. Sa Grandeur rentra aussitôt dans la chambre du malade et lui transmit avec tous les ménagements qu’Elle croyait nécessaire le résultat de la consultation. Aussitôt le visage du Père Deroche s’illumine : « Serait-ce vrai, s’écrie-t-il, qu’avez-vous dit, Monseigneur ? » L’évêque, pensant à une méprise lui répète que le médecin ne conserve plus d’espoir, et qu’il est peut-être urgent de se préparer... « Quel bonheur ! inter¬rompt le malade, que j’entende encore cette heureuse nouvelle. Oh ! quel bien vous me faites Monseigneur ! » Et pour accéder à ce désir en apparence aussi étrange, Sa Grandeur prononça pour la troisième fois ce qui brisait son cœur de père et d’ami. Et le moribond d’ajou¬ter d’une voix éteinteoù passait toute son âme de prédestiné : « Alleluia ! Mes maux sont finis ! Au revoir, au Ciel ! » L’émotion de l’évêque était à son comble ; l’allégresse de son saint ami le jetait dans l’admiration ; mais ne pouvant se résoudre à faire aussi joyeuse¬ment le sacrifice d’une vie si chère et si précieuse, il présenta au Père Deroche une demi-tasse d’eau de Lourdes que celui-ci, par obéissance, consentit à avaler. Il n’interrompit point pour cela sa préparation aux derniers sacrements. Dès qu’ils lui eurent été admi¬nistrés, il cessa de parler, mais son intelligence conserva jusqu’à la fin toute sa lucidité et il s’endormit ainsi paisiblement dans le Sei¬gneur, entre midi et une heure, laissant son évêque et ses confrères qui l’assistaient tout embaumés du parfum d’une aussi belle mort, digne couronnement d’une vie pleine de mérites. Son corps a été inhumé dans le cimetière de Tsen-Kia-gai, entre les tombes récentes de Monseigneur Coupat et du Père Lenoir. »
References
[1277] DEROCHE Marc (1851-1892)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1884, p. 51. - M. C., xxiv, 1892, p. 495. - A. M.-E., 1910, pp. 268 et suiv.
Notice nécrologique. - C.-R., 1892, p. 351.