Anselme LUNEAU1848 - 1914
- Status : Prêtre
- Identifier : 1337
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- Japan
- Mission area :
- 1877 - 1914 (Osaka)
Biography
[1337] LUNEAU Anselme, Marie, Célestin, naquit le 25 juillet 1848 à Mormaison, au diocèse de Luçon (Vendée). Il fit ses études secondaires au Petit Séminaire des Sables d'Olonne. De là, il entra au Grand Séminaire du diocèse. Désirant partir en pays de mission, il dut, devant l'opposition de ses parents, se résigner à rester à Luçon. Mais bientôt, il tomba malade : une anémie cérébrale lui interdit tout travail intellectuel. Sa piété envers la Sainte Vierge Marie lui suggéra de faire un pèlerinage à Lourdes. Il en revint complètement guéri et put à nouveau reprendre ses études théologiques. Il fut ordonné prêtre le 23 mai 1875. Son évêque voulant éprouver sa vocation le nomma aumônier de l'Union Chrétienne", à Fontenay-le-Comte. Il y resta une année : le 24 août 1876 il entra au Séminaire de la rue du Bac. Il reçut sa destination pour la mission du Japon central, et il s'embarqua le 17 mai 1877 en compagnie de Mgr. Petitjean qui retournait au Japon.
Le Père Luneau résida tout d'abord à Kobe pour apprendre la langue et se préparer au ministère apostolique, sous la direction du Père Chatron. Il avait en plus la charge de procureur. En 1885, il fut nommé au poste d'Okayama : il y resta jusqu'en 1896. À cette date, le nouvel évêque d'Osaka, Mgr. Chatron, le choisit comme vicaire général et le nomma curé de la Cathédrale. Il remplit ce ministère jusqu'à sa mort, qui survint le 12 septembre 1914.
Obituary
M. LUNEAU
VICAIRE GÉNÉRAL D’OSAKA
Né le 25 juillet 1848
Parti le 17 mai 1877
Mort le 12 septembre 1914
M. Anselme Luneau naquit à Mormaison en plein bocage vendéen, le 25 juillet 1848, de parents aisés. D’un caractère plutôt timide et réservé, il était naturellement bon pour ses petits camarades, dont il fut toujours l’ami et le modèle. L’éducations qu’il reçut au sein de sa famille ne faisait nullement présager chez lui une vocation sacerdotale ; ce fut à sa première communion que le jeune Anselme se sentit appelé au service des autels.
Lorsqu’il fit part de son intention à ses parents, l’enfant fut fort mal accueilli, mais il ne se rebuta point ; à force d’instances, il finit par obtenir le consentement désiré et partit tout joyeux pour le séminaire des Sables-d’Olonne. Pendant les cinq ans qu’il y passa, il sut, par sa régularité et sa piété exemplaire, s’attirer l’estime de tous ses maîtres et condisciples, qui ne l’appelaient que le « saint homme ». Ses études, habituellement couronnées de succès, furent interrompues, au début de sa rhétorique, par une anémie cérébrale qui le força à se reposer pendant près d’un an.
Se croyant remis de son indisposition, le pieux jeune homme entra au grand séminaire. Il n’y passa qu’une année. A la fin de sa philosophie, il voulut partir pour les Missions-Étrangères, où il se sentait appelé ; mais, comme il n’avait pas ses 21 ans et qu’il était encore sous la tutelle paternelle, il fut obligé d’ajourner son projet ; ses parents inflexibles lui refusaient leur consentement. Le chagrin qu’il an éprouva, ramena son ancienne indisposition et, pendant sept ans, il dut rester chez lui, incapable de faire aucun travail intellectuel.
Sa grande piété envers la très Sainte Vierge lui suggéra, un jour, l’heureuse idée d’un pèlerinage à Lourdes. Il fit le voyage sans trop de fatigue, et, quelque temps après, l’estomac, dont il souffrait depuis longtemps, se guérissait; l’anémie cérébrale disparaissait aussi. Il put donc retourner au grand séminaire pour y achever ses études ecclésiastiques. Le 23 mai 1875, il montait au saint autel et célébrait sa première messe. Il était au comble de ses vœux : enfin ! il était prêtre.
L’Evêque de Luçon, voulant éprouver sa vocation de missionnaire, lui confia l’aumônerie de l’Union Chrétienne à Fontenay-le-Comte ; c’est là que M. Luneau passa deux ans environ, édifiant la communauté, plus encore par l’exemple de ses vertus que par ses paroles. Mais ce champ clos de la piété ne suffisait pas à son zèle d’apôtre ; il donna se démission et partit pour le Séminaire des Missions-Étrangères (1).
Destiné au Japon méridional, M. Luneau quitta Paris le 17 mai 1877 et s’embarqua à Marseille en compagnie de son vicaire apostolique, Mgr Petitjean, qui retournait au Japon. La mission du Japon méridional comprenait alors les deux diocèses actuels d’Osaka et de Nagasaki. Après quelques semaines passées à Osaka, M. Luneau fut envoyé à Kobé pour y apprendre la langue et s’exercer au saint ministère, auprès de M. Chatron, procureur de la mission, curé de la paroisse de Kobé et directeur de l’orphelinat des garçons.
(1) Les détails ci-dessus nous ont été fournis par M. l’abbé Verdon, curé-doyen de Montaigu, condisciple du regretté M. Luneau.
Dès le premier jour, le nouveau missionnaire se donna tout entier à l’étude du japonais et aux multiples occupations que lui fixait son chef, M. Chatron. N’ayant jamais eu en vue que la volonté de Dieu, il se trouvait à Kobé connue chez lui, perce que l’autorité l’y avait placé et que le bon Dieu le voulait là. Il y fut heureux et trouva moyen de rendre mille petits services aux confrères qui venaient à la procure.
Lorsque son compatriote, Mgr Cousin, fut nommé vicaire apostolique du Japon méridional, M. Lunteau fut appelé à remplacer M. Vesselon à Oamayama. C’est là que Dieu lui réservait des succès extraordinaires, qui n’ont jamais été obtenus ailleurs au Japon. Un mouvement de conversions se produisit dans la ville. La fille du préfet se fit chrétienne avec sa mère. Si le préfet lui-même n’arriva pas jusqu’au baptême, il ne s’opposa en aucune façon à la conversion de sa famille et se montra bienveillant pour la mission catholique. Le nombre des néophytes augmentait de jour en jour. M. Luneau prêchait le dimanche, et ses homélies étaient écoutées avec attention ; mais il prêchait, chaque jour, par sa vie vraiment apostolique et sacerdotale, sa fidélité inébranlable à ses exercices de piété ; le soin avec lequel il ornait son église, la simplicité de ses goûts et la pauvreté de son ameublement. Sa charité pour ses confrères était proverbiale ; il les recevait chez lui avec la plus grande cordialité et veillait à ce que rien ne leur manquât sous son toit.
En 1896, Mgr Chatron, élu évêque d’Osaka, choisit M. Luneau pour vicaire général et le nomma curé de sa cathédrale. Le choix fut trouvé heureux, car tout le monde appréciait les vertus sacerdotales, la douceur et la discrétion de M. Luneau. Et lui, qui aimait tant la beauté de la maison du Seigneur, allait enfin pouvoir célébrer les fonctions liturgiques dans une grande et belle église !
Combien de visites a-t-il faites par jour à cette chère église ? On ne le sait pas au juste : mai ce qu’on sait, c’est que, grâce à l’œil du curé, chaque cierge, chaque fleur était à sa place sur l’autel, et que la lampe du Saint-Sacrement ne se trouvait jamais éteinte. M. Luneau avait aussi un grand zèle pour l’observation des rubriques : il était maître en liturgie. S’il s’élevait un doute au sujet des cérémonies ou de la récitation du bréviaire, le curé de la cathédrale avait la solution toujours prête : sa réponse était claire, assurée et juste.
M. Luneau ne retrouva pas à la paroisse de la cathédrale les nombreuses conversions d’Omayama. Il n’y a pas lieu d’en être surpris. En effet, la population qui environne la cathédrale d’Osaka est flottante en majeure partie, et très absorbée par les soucis du commerce. On dit couramment au Japon : « Les habitants d’Osaka ne marchent pas, ils courent. » Et c’est vrai. Malgré cela, le curé mettait en campagne ses deux catéchistes et son unique baptiseuse. Ses ressources personnelles lui permettant d’aller au-devant des malheureux et de leur venir en aide, il récoltait, chaque année, un bon nombre de baptêmes ; et ce ne fut pas se faute s’il ne vit jamais son église pleine comme il l’eût désiré.
A Osaka, sa bonne et franche hospitalité eut encore plus d’occasions de s’exercer qu’à Omayama ; car c’est à tout instant que les confrères avaient affaire à l’évêché, M. Luneau les recevait tous cordialement ; néanmoins il n’aimait pas qu’on vînt le surprendre juste à l’heure du repas : il voulait avoir sa demi-heure devant lui pour « avertir Toyô », Toyô était le cuisinier, et l’exigence du maître de maison n’avait rien que de raisonnable.
Cependant, depuis plusieurs années déjà, la santé du vicaire général laissait beaucoup à désirer. Il était affligé de la goutte, qui s’attaquait aux mains, et, surtout aux membres inférieurs. Ses genoux et ses pieds étaient presque continuellement enflés. La marche devait être pour lui un supplice, il n’en laissait rien paraître. Toujours souriant, de l’air d’un homme qui « trouve ça tout naturel », il marchait, il allait « avertir Toyô ». Qu’il s’agit d’un commensal ou d’un visiteur, d'un homme aimable ou d’un homme désagréable, M. Luneau faisait invariablement bonne mine. Il était le premier à rire, quand ses pauvres jambes ne pouvant pas le porter toutes seules, il était forcé de se servir d’une canne. Il redoutait surtout les fortes chaleurs. Lorsqu’il le pouvait, il allait chez un confrère, au bord de la mer, prenait des bains et en éprouvait une sensible amélioration.
Cette année, l’été occasionna chez lui une faiblesse générale. L’appétit, qui était resté excellent, même quand tout le reste ne marchait plus, l’appétit baissa ; les jambes devenaient moins fortes, et le malade dut se résigner à garder le lit. Il ne souffrait pas, disait-il, et il était toujours de bonne humeur. Nous espérions que les premières fraîcheurs lui redonneraient quelques forces ; ce fut hélas ! tout le contraire. Le 11 septembre, une violente diarrhée se déclara. Notre confrère, qui avait tenu jusque-là à descendre au réfectoire pour les repas, ne put y rester, et il tomba en sortant. Comme il était très lourd, au lieu de le transporter dans sa chambre au premier étage, on l’installa provisoirement dans une chambre du rez-de-chaussée. La nuit lut assez calme. Le lendemain matin, 12 septembre, il demanda à déjeuner, ne se sentant plus la force de dire la messe. Il mangea quelque peu. On lui demanda : « Souffrez-vous ? » Il répondit que non. Cependant Mgr Chatron, qui ne le quittait pas, s’aperçut que le délire le prenait de temps en temps et que la bouche s’empâtait : c’était grave. On lui proposa les derniers sacrements ; le malade accepta. Ils lui furent administrés vers 10 heures du matin. Ou le veilla jusqu’à midi. Comme l’état restait le même, Monseigneur et les confrères quittèrent le malade pour aller prendre leur repas. On les rappela bientôt et, quand ils arrivèrent, M. Luneau avait rendu le dernier soupir. Sa mort avait été douce et tranquille, comme un sommeil.
Le cortège de l’enterrement se déroula dans les rues d’Osaka le lundi 14 septembre, jour de l’Exaltation de la Sainte Croix. C’était symbolique. M. Luneau, lui aussi, avait porté sa croix ; n’était-il pas exalté ce jour-là même ? Mgr Chatron avait célébré pontificalement, et Sa Grandeur, maître blanche en tête, précédait le corps, accompagnée d’un diacre et d’un sous-diacre. Le corbillard était suivi par tous les confrères de la mission, qui avaient tenu à manifester leurs regrets et leur vénération au cher défunt. La route est longue de l’église au cimetière, et il pleuvait par intervalles ; il fallut deux heures pour arriver. Des centaines de chrétiens, venus de toutes les paroisses de la ville, formaient un imposant cortège. A l’église, le P. Nagata, prêtre japonais, depuis longtemps vicaire de M. Luneau, avait fait en termes magnifiques l’éloge des vertus du mort, et les catholiques, encore sous l’émotion de sa chaude parole, égrenaient des chapelets. Au cimetière, les dernières prières furent récitées avec toute la solennité convenable.
M. Luneau repose à côté de M. Trintignac. Du haut de la colline où ils ont leur tombeau, ces deux excellents missionnaires appelleront les bénédictions divines sur la ville et tout le diocèse d’Osaka.
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References
[1337] LUNEAU Anselme (1848-1914)
Références biographiques
AME 1939 p. 153. CR déc.1877 p. 49. 1885 p. 36. 153. 1886 p. 20. 1887 p. 32. 1888 p. 56sq. 1889 p. 54. 56. 57. 1891 p. 55. 1892 p. 66. 1893 p. 85. 1894 p. 92. 1895 p. 97. 1896 p. 83. 1897 p. 51. 65. 1898 p. 63. 345. 1899 p. 39. 1900 p. 26. 27. 1901 p. 35. 1902 p. 36. 1903 p. 26. 1904 p. 27. 1907 p. 34. 1909 p. 38. 1912 p. 31. 1913 p. 36. 1914 p. VIII. 9. 10. 213. 1916 p. 24. 1920 p. 140. 1922 p. 13. 200. BME 1922 p. 4sq. 10. 70. 71. 1923 p. 758. 759. 761. 762. 1928 p. 653. 1937 p. 714. 1958 p. 1049. 1960 p. 713. MC 1880 p. 364. S.R. Luçon 1877 p. 198. 1880 p. 795. 1901 p. 453. RC. Dioc. Tarbes 1885 p. 150. Marnas "La Religion de Jésus ressuscitée au Japon", II. p. 360. 525.