Jean LAZARD1847 - 1913
- Status : Prêtre
- Identifier : 1401
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Identity
Birth
Death
Biography
[1401]. LAZARD, Jean-Joseph, né le 12 juillet 1847 à Châteauneuf-Calcernier, actuellement Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse), entré tonsuré au Séminaire des M.-E. le 19 septembre 1868, retourné dans son diocèse le 5 mars 1870 pour cause de maladie, fut ordonné prêtre à Avignon le 21 décembre 1872. Nommé curé de la paroisse de Mérindol, il y resta cinq ans et ramena à Dieu presque tous les habitants, qui depuis longtemps avaient abandonné les pratiques chrétiennes.
Il rentra au Séminaire des M.-E. le 29 août 1878, et partit le 16 avril 1879 pour la mission du Cambodge. Après avoir étudié la langue dans la paroisse de Rosey-keo à Phnom-penh, il reçut en 1880 la direction du district de Meat-krasa (Mot-kresar) ; il fonda les petites stations de Giong-thanh, de Kaméas qu'on appela improprement Veal-thom, de Baren, de Prek-pua, qui disparurent pendant la tourmente de 1885.
Ayant à élever une chapelle, et devant se procurer les bois nécessaires pour cette construction, le missionnaire remonta le Mékong, et visita la région que plusieurs de ses prédécesseurs, Juguet, Faulet, Levavasseur, avaient évangélisée à la fin du XVIIIe siècle, mais où leur apostolat n'avait pas laissé de traces. Il trouva un certain nombre d'Annamites chrétiens dispersés sur les rives du Haut-Mékong et de ses affluents, demanda et obtint l'autorisation de s'occuper d'eux. Il se fixa à un endroit qu'il appela Thanh-mau, fit défricher des terrains, construisit un presbytère et un oratoire, délivra des Annamites maltraités par les Cambodgiens ; en 1890, il les fixa à Chlong ou Chhlong, et ils embrassèrent le christianisme. Il fonda les petites stations de Ba-vua, Prek-kahé, Thanh-gia. En 1893, un décret ayant rendu la liberté aux esclaves dans le Cambodge, il en installa 150 à Prek-kedol et les convertit. En 1897, il commença la chrétienté de Chruey-krabau, qui depuis lors s'est développée.
Vers 1910, il quitta Thanh-mau et s'installa loin du fleuve, sur une montagne où il voulait établir une station cambodgienne. Il y usa ses dernières forces. Il mourut à Saïgon le 12 février 1913, et fut enterré dans le cimetière des missionnaires, au tombeau d'Adran.
Obituary
M. LAZARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU CAMBODGE
Né le 12 juillet 1847
Parti le 16 avril 1879
Mort le 12 février 1913
Le cher et regretté M. Jean-Joseph Lazard naquit à Châteauneuf-des-Papes (Avignon, Vaucluse), le 12 juillet 1847, d’une famille très chrétienne. A l’âge de quatorze ans, il entra au petit séminaire. Sur la fin de sa rhétorique, il fut admis au grand séminaire d’Avignon, où il ne resta que deux ans. Désireux de se consacrer à l’apos¬tolat, encouragé dans cette voie par le directeur de sa conscience, qui lui reconnaissait une véritable vocation, il voulut entrer au Séminaire des Missions-Étrangères. Ses parents ne consentant pas à le laisser partir, il attendit la fin des vacances. L’heure de rentrer au séminaire étant venue, au lieu d’aller à Avignon, il se rendit à Paris. Arrivé à la rue du Bac, il conta son histoire au vénérable Supérieur, M. Delpech, qui le consola en disant : « Puisque le divin Maître l’a voulu, il saura arranger l’affaire avec vos parents. Ecrivez-leur une bonne lettre, et ils vous pardonneront votre désobéissance. »
La réponse fut assez longue à venir ; elle vint enfin, bonne et telle qu’il désirait. Mais M. Lazard n’était pas encore au bout de ses difficultés : au moment de recevoir le sous-diaconat, il fut jugé trop faible de santé, pour affronter le climat des pays chauds, et dut retourner au grand séminaire d’Avignon pour y terminer ses études. Au lendemain de son sacerdoce, l’archevêque le fit venir et lui dit : « Mon enfant, puisque vous désirez aller évangéliser les infidèles, j’ai, dans mon diocèse, une paroisse où vous trouverez à exercer votre zèle, c’est la paroisse de Mérindol. Le curé actuel n’y peut plus tenir ; je compte sur vous, et je vous nomme curé à Mérindol, avec la ferme espérance que vous y ferez du bien. »
Mérindol était une paroisse de cinq cents habitants environ, perdus au milieu des protestants, à l’extrémité du diocèse. La foi semblait en avoir disparu ; le dimanche, il y avait, à la messe, la bonne du presbytère, le sacristain et quelques vieilles femmes. M. Lazard, par son zèle, réussit à refaire complètement cette paroisse, qui, cinq ans plus tard, n’était pas reconnaissable : tous les enfants faisaient la première communion, et tout le monde venait à la messe. M. Lazard invita quelques prêtres, de ses amis, à venir donner une mission de cinq jours à Mérindol, et presque tous les hommes de la paroisse en profitèrent pour s’approcher de la sainte Table, après s’être confessés, pour la plupart, à leur curé. L’archevêque d’Avignon lui-même, invité à venir donner la confirmation, fut si bien reçu et trouva tant de confirmands, qu’il n’en croyait pas ses yeux. En présence d’un si beau et si rapide succès, il ne voulut plus entendre parler de départ pour les Missions.
Après plusieurs demandes inutiles, le curé de Mérindol eut recours aux grands moyens. Il écrivit donc à son Supérieur : « Monseigneur, à partir de dimanche matin, je n’assurerai plus le service de Mérindol. » Et le dimanche, vers 9 heures, l’archevêque recevait le télégramme suivant : « Pars pour Paris, adieu. Lazard. » Un tel procédé n’est nullement à approuver ; il dépeint, du moins, l’esprit original et décidé de notre confrère.
Le 10 août 1879, M. Lazard reçut sa destination pour le Cambodge. Arrivé à Phnom-Penh, il fut accueilli avec empressement par le supérieur de la Mission, M. Cordier. Les titulaires des districts de Meat-Krasar et Xom-Bien devant s’absenter, de temps à autre, pour desservir des paroisses éloignées, le nouveau venu se vit d’abord chargé de les remplacer, en leur absence. Peu après, il était mis définitivement à la tête du premier de ces districts. M. Lazard eut la main heureuse : il fit deux cents baptêmes, tant à Meat-Krasar qu’à Phlau-Trei et à Véal-Thom. Il se bâtit le presbytère le plus pratique de la mission, et fonda trois nouvelles chrétientés, lesquelles, malheureusement, devaient disparaître durant la tourmente de 1889.
Obligé de remonter le grand fleuve, pour se procurer les bois nécessaires à ses constructions, M. Lazard rencontra, dans ses voyages de nombreux Annamites, dispersés çà et là parmi les Cambodgiens. Il demanda à Mgr Cordier la permission d’aller évangéliser ces hauts pays.
C’était en janvier 1883. La Compagnie Bordes mit à sa disposition une petite chaloupe, qui remorqua jonque et bagages jusqu’à l’endroit choisi par lui comme plus commode pour l’installation d’une chrétienté. Au moment où il mit le pied sur la rive, il apprit la mort de sa mère, et s’écria : « Sainte-Mère ! Thanh-Mau ! ce sera le nom de la future chrétienté. » Il fit construire une petite paillote, qui lui servit de maison et d’église, et il eut vite fait de réunir autour de lui de nombreux Annamites, qu’il employait au défrichement de la forêt, le jour, et qu’il instruisait, le soir, pendant la veillée.
Pendant la révolte de 1884-1885, M. Lazard dut faire passer ses chrétiens sur la rive gauche, et lui-même s’installa, pendant quelques mois, sur un radeau au milieu du fleuve. Le calme rétabli, il reprit possession de la rive droite. Quelques familles restèrent sur la rive gauche, et formèrent une chrétienté à part.
Sur la rive droite, après le gros œuvre de défrichement, vinrent les jardins, les rizières, les plantations d’aréquiers et de cocotiers. Le désert se transformait peu à peu en une plaine verdoyante et fertile. Un tunnel de trois cents mètres de long, ingénieusement creusé, avec les moyens les plus primitifs, à travers une montagne, amenait l’eau suffisante pour arroser toutes ces plantations, et actionner le volant d’une scie, qui préparait le bois nécessaire aux constructions, et suffisait à nourrir une vingtaine d’orphelins, avec ses produits. L’église devint bientôt trop étroite, et il fallut en construire une plus grande, pour contenir les trois cents chrétiens établis sur la berge du fleuve.
D’autres fondations suivirent celle de Thanh-Mau. A 45 kilomètres de là, quelques Annamites, maltraités par les Cambodgiens, vinrent demander protection à M. Lazard. Il accueillit leur requête avec sa charité ordinaire, et leur fit rendre justice. En reconnaissance, ils promirent de se faire chrétiens, et construisirent une petite église. Ce fut l’origine de la chrétienté de Chhlong. Un jour que M. Lazard remontait lentement en pirogue le cours du grand fleuve, il s’arrêta dans un lieu où se trouvaient cinq familles annamites assez malheureuses. Le missionnaire causa avec elles et finit par les décider à bâtir une chapelle. Ainsi prit naissance la chrétienté de Ba-Vua. C’est à peu près de la même façon qu’il fonda Prêk-Kahê. L’établissement de Thanh-Gia est plus étonnant encore :
M. Lazard avait jeté son dévolu sur cet endroit encore libre, très fertile et bien situé sur les bords du Mékong. Un jour donc, il appelle trois de ses meilleurs chefs de famille : « Venez avec moi, leur dit-il, montons en bateau, et allons à Chhlong. » Arrivés sur les lieux, en pleine brousse, M. Lazard leur dit : « J’ai choisi cet endroit pour y installer une chrétienté, vous en serez les trois fondateurs ; restez ici, construisez vos maisons. Quand vous aurez fini, vous irez chercher vos familles, et vous remonterez ensemble pour vous installer définitivement. » Ce qui fut dit fut fait. Trois mois après, un jeune missionnaire arrivait, donnait quinze piastres au plus ancien des trois colons improvisés, et l’église était construite. Thanh-Gia est aujourd’hui la chrétienté la mieux installée sur les bords du grand fleuve.
En 1893, le Résident supérieur ayant, par un très utile décret, rendu la liberté à tous les esclaves du royaume de Cambodge, M. Lazard, qui se trouvait dans une contrée où il y avait beaucoup d’esclaves, prit à cœur d’aider ces malheureux. Tenant en main le décret libérateur, il se rend chez les propriétaires, qui détenaient le plus d’esclaves, énumère et explique les différentes stipulations relatives tant aux maîtres qu’aux esclaves, et réussit si bien, dans ses démarches, que, deux jours après, il emmenait avec lui près de 150 esclaves, hommes, femmes et enfants, qu’il installa sur la rive du fleuve, en face de Thanh-Mau. Durant les premiers mois, il dut leur fournir vêtements et nourriture. Son dévouement eut sa récompense : quelques années après, ces pauvres gens recevaient le baptême et devenaient enfants de Dieu. C’est actuellement la chrétienté cambodgienne de Prêk-Kdol.
M. Lazard, après vingt-cinq ans passés à Thanh-Mau, pria Mgr Bouchut de lui retirer la direction de cette belle et florissante chrétienté. Ce n’était pas pour prendre un repos, pourtant bien mérité. Il voulait aller plus avant encore, dans l’intérieur, pour essayer de fonder une chrétienté purement cambodgienne. Il y aurait sans doute réussi, sans la fièvre des bois, qui finit par avoir raison de l’énergique lutteur. Un accès très violent faillit d’abord l’emporter ; il en sortit, mais si affaibli et si abattu, que nous perdîmes l’espoir de le conserver bien longtemps avec nous.
Après avoir mis ordre à ses affaires, M. Lazard se rendit à l’hôpital de Saïgon, où il se prépara tranquillement à mourir. Il reçut les derniers sacrements dans les meilleures dispositions, et, plein de confiance et de paix, il s’éteignit doucement le 12 février 1913.
Son corps repose à côté de Mgr d’Adran, dans le cimetière de la mission, auprès de Saïgon. Le Cambodge, en perdant M. Lazard, voit disparaître une figure des plus originales, et l’un de ses ouvriers les plus zélés.
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References
[1401] LAZARD Jean (1847-1913)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1881, p. 83 ; 1882, p. 77 ; 1883, p. 22 ; 1885, p. 101 ; 1886, p. 105 ; 1890, p. 145 ; 1891, p. 179 ; 1896, p. 237 ; 1897, p. 198 ; 1898, p. 184 ; 1903, p. 210. - A. P. F., liv, 1882, Voyage sur le Haut-Mékong, p. 165 ; Ib., Excursion dans le Cambodge, p. 292. - M. C., xvii, 1885, p. 293 ; xix, 1887, p. 304 ; xxvi, 1894, pp. 239, 250 ; xxx, 1898, p. 579 ; xxxix, 1907, p. 173 ; Ib., Etude sur les religions au Cambodge, pp. 400, 416, 428, 441, 454, 460, 473. - A. M.-E., 1913, pp. 254 et suiv.
Notice nécrologique. - C.-R., 1913, p. 373.