Jules METTE1854 - 1917
- Status : Prêtre
- Identifier : 1419
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Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1879 - 1917 (Pondichéry)
Biography
[1419] METTE Jules-Louis naît le 15 septembre 1854 à Beslon, diocèse de Coutances dans la Manche en Normandie. Il fait de bonnes études secondaires, couronnées par le baccalauréat. Prêtre le 29 juin 1877, il entre aux Missions Étrangères le 15 novembre 1878 et part pour la Mission de Pondichéry le 3 septembre 1879. Son évêque le nomme professeur au Grand séminaire, près de l'évêché. Quelque temps après, il est muté au Petit séminaire, où il étudie le tamoul. Il exerce également son ministère de prêtre dans les paroisses avoisinantes de Muthalpet et Kruskuppam. Comme il est très zélé, ses supérieurs le nomment vicaire à la cathédrale où il a également à administrer les faubourgs et les villages environnants.
Missionnaire travaillant à la diffusion du catéchisme
Le P. Bottero, curé de la cathédrale ayant été envoyé à Chandernagor dans le Nord de l'Inde, le P. Mette prend sa place. Il travaille fort à propager la communion fréquente. Puis il est envoyé à Vadugarpatty (1) où, pendant sept ans il s'occupe surtout des villages environnants, laissant le chef-lieu aux soins de son vicaire indien. Il ne cesse d'aller enseigner les prières et la doctrine aux premiers communiants, aux fiancés en vue du mariage. Il s'intéresse beaucoup à la formation de catéchistes. Aussi, quand il revient à Pondichéry, il a en projet de former des catéchistes pour le diocèse. Où installer le centre ? Où trouver des fonds ? Comment les rétribuer ? En attendant des solutions concrètes, il se met à rédiger un grand catéchisme tamoul pour servir de manuel à ses futurs catéchistes.
Il demande alors au nouvel évêque de Kumbakonam, Mgr Bottero, la permission de créer et de diriger l'école de catéchistes qu'il projette. Une douzaine de candidats se présentent et le Père les héberge dans une pauvre cabane qu'il nomme : école de catéchistes. Mais, cela ne peut qu’être provisoire. Il faut des fonds. Alors, il retourne en France quêter pour son école. De retour en Inde, il demande à Mgr Gandy d'établir cette école dans son diocèse à Villupuram (2). Nous sommes en 1908. Mgr Gandy ordonne de commencer les travaux, promettant de venir bénir la maison dés que l'école fonctionnerait. Le P. Mette se donne tout entier à sa nouvelle fondation. Il travaille à la composition de ses ouvrages tamouls, enseigne le catéchisme. Le dimanche, à la messe paroissiale, il fait un cours suivi de catéchisme dialogué, posant lui-même des questions auxquelles ses élèves répondent. Pour assurer l'avenir de son école et créer un fonds destiné à augmenter le salaire des catéchistes qui en sortiraient, il crée dans la plantation de Yerkaud (3) une plantation d'arbres fruitiers. Tandis que lui, en esprit de pauvreté, continue à porter des souliers éculés, des soutanes rapiécées.
Un jour pourtant, il doit partir pour le Sanatorium St. Théodore à Wellington (3). Il essaie de se remettre, mais une bronchite survient qui l'affaiblit beaucoup. Il s'endort paisiblement dans le Seigneur le 30 mai 1917. Le P. Mette, missionnaire zélé et pionnier dans l'oeuvre importante des catéchistes, repose maintenant dans le petit cimetière du Sanatorium.
1 – Aux environs de Tanjore.
2 – Proche de Pondichéry.
3 – Stations en montagne au climat tempéré, Wellington étant dans les Nilgiri.
Obituary
M. METTE
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
M. METTE, Jules-Louis, né à Beslon (Coutances, Manche), le 15 septembre 1854. Prêtre le 29 juin 1877. Entré au séminaire des Missions-Etrangères le 15 novembre 1878. Parti pour Pondichéry le 3 septembre 1879. Mort au sanatorium de Saint-Théodore (Wellington) le 30 mai 1917.
M. Mette, né en 1854, dans le diocèse de Coutances, fit de bonnes études qui lui permirent de subir avec succès les épreuves du baccalauréat. Mais, ce qui vaut encore mieux, il contracta, dans sa jeunesse, une grande piété, qui fit de lui, jusqu’à sa dernière heure, un apô¬tre très zélé, un prêtre excellent. Sa dévotion n’avait rien de compliqué. En Dieu il voyait un père, en Marie une mère ; il les aimait, les vénérait et les priait comme un enfant. Pour le récompenser d’avoir conquis son diplôme de bachelier, ses parents lui offrirent un voyage à Paris. Après lui avoir montré plusieurs des merveilles de la capitale, on le conduisit au Grand Opéra. Il ne s’y trouva point à sa place, ferma les yeux, tira son chapelet et le récita jusqu’à la fin de la représentation.
Arrivé au séminaire des Missions-Etrangères, il se prépara modestement et pieusement aux travaux de l’apostolat. Il débarqua à Pondichéry en 1879, et fut nommé au grand séminaire professeur de philosophie. Il était très bon pour les séminaristes. Il partageait volontiers leurs promenades. Assis avec eux sur le sable au bord de la mer, il ouvrait le Novum Testamentum, en faisait lire quelques versets, en demandait l’explication et complétait lui-même le commentaire.
Quelque temps après il fut placé au petit séminaire. C’est là qu’il étudia le tamoul et bientôt., tout en étant professeur, il administrait les chrétientés voisines de Muttalpet et de Cruchscupam.
Les supérieurs, voyant le zèle du P. Mette dans l’exercice du ministère, le nommèrent vicaire de la cathédrale. A cette époque, les prêtres de cette paroisse avaient à administrer non seulement les Indiens catholiques de Pondichéry, mais encore ceux des faubourgs et des aldées (villages) environnantes. Pour donner plus de soins aux chrétiens, M. Mette allait souvent dans ces villages, où son zèle se déployait de mille façons afin de réveiller la foi et de ramener les fidèles à l’observance des lois divines. Il créa, sous le vocable de Notre-Dame du Bon Secours, des associations de secours mutuels, qui se bornèrent à en recevoir de lui et disparurent quand il s’éloigna. Ce fut un peu le sort de ses largesses et elles furent grandes ; elles lui apportèrent plus de déceptions que de résultats ; malgré tout, il les continua, se privant même du nécessaire pour donner à des ingrats.
M. Bottero, curé de la cathédrale, ayant été envoyé à Chandernagor, M. Mette prit sa place. Il s’efforça d’enrôler les hommes dans l’archiconfrérie du Sacré-Cœur pour supprimer chez eux le respect humain et propager la communion fréquente.
Il fut ensuite envoyé à Vadugarpatty où, pendant sept ans, confiant les chrétiens du chef-lieu à son vicaire, le P. Gnanapragasam, il évangélisa les villages des environs. Chaque village, ayant une chapelle ou au moins un hangar à sa disposition, recevait sa visite. Il y passait dix jours à faire le catéchisme. Les premiers communiants devaient étudier les prières et la doctrine pendant un mois. Les fiancés devaient aller au chef-lieu passer quinze jours, pour se préparer au mariage en étudiant le catéchisme au grand complet, et en entendant, tous les jours, les instructions du vicaire. Il faut dire que, dans l’Inde, les mariages se font en grand nombre à une époque déterminée, celle où les habitants possèdent un peu d’argent. La Providence envoya dès lors à M. Mette un auxiliaire précieux et qui lui sera fidèle jusqu’à la fin en la personne de Caunoussamy. Cet excellent chrétien vendit son bien et s’attacha au missionnaire, partageant ses travaux, et aussi ses pri¬vations ; son concours fut très utile au Père pour la mise au point de ses ouvrages, et pour la direction des écoles et des catéchismes.
Etant tombé malade, M. Mette se rendit à Pondichéry. C’est à cette époque qu’il conçut ou du moins qu’il exposa son projet de former des catéchistes. Ceux que la mission possédait étaient en petit nombre et plutôt ignorants. Mais comment en avoir d’autres ? Ces catéchistes, où installerait-on leur établissement ? quel salaire leur assurerait-on ? Où trouver des fonds ?
En attendant les solutions à ces questions, M. Mette, se trouvant un peu mieux, reprit du ministère à Manalur. Mais il continuait sa campagne, répétant partout : « Les catéchistes que nous avons sont au-dessous de leur tâche. Il faut les remplacer par des sujets préparés à ce ministère. Qui veut la fin veut les moyens. »
En partant pour Manalur, il avait trop présumé de ses forces. Aussi, deux mois après, il dut s’arrêter. Il utilisa son temps en travaillant au grand catéchisme tamoul qui devait servir de manuel à ses futurs catéchistes, et il demanda au nouvel évêque de Kumbakonam, Mgr Bottero, la permission de créer et de diriger l’école projetée. Il la plaça dans le district de Gandamangalam, à Poundy, où se trouvaient une soixantaine de familles chrétiennes. Les commencements furent modestes. La confiance en Dieu remplaçait les fonds et les constructions existaient en espérance. Bientôt une douzaine de candidats arrivèrent, et se ca-sèrent dans la cabane décorée du nom d’école des catéchistes. On désirait à la fois voir affluer les élèves et on redoutait leur venue, car on n’aurait pu leur trouver de place. Il fallait donc construire. Mais où ? Avec quoi ? M. Mette partit pour la France afin de quêter et aussi de se soigner, car il avait contracté une grave maladie de peau. Il y resta un an et demi. Poundy et ses écoles avaient été, pendant son absence, confiés aux soins de M. Guyon. Celui-ci crut que Mayavaram serait un centre excellent, et commença là des travaux qu’on ne put achever par suite de la faillite d’une banque où les fonds avaient été déposés. Revenu dans l’Inde, M. Mette reprit son œuvre à Poundy. La maladie le força bientôt d’aller de nouveau à Pondichéry. M. Laplace fit l’intérim. Pendant ce temps, M. Mette décida Mgr Gandy à lui permettre d’établir l’école des catéchistes dans sa mission, à Villapuram. Nous sommes en 1908. L’archevêque de Pondichéry ordonna de commencer les travaux, promettant de venir bénir la maison, dès que l’école fonctionnerait. Hélas ! il mourut l’année suivante, avant la fin des constructions.
M. Mette put néanmoins poursuivre son œuvre et l’organiser à son gré ; tantôt seul, tantôt avec le concours d’un prêtre indigène, il fit marcher l’école. Tous les matins, il présidait la méditation des élèves, leur disait la messe et allait à l’école paroissiale, qui était proche, faire son action de grâces en entendant la messe du missionnaire. Son déjeuner terminé, il retournait devant le Saint-Sacrement ; à 8 heures, pour se donner de l’exercice, il puisait de l’eau pendant une demi-heure ; ensuite il faisait le catéchisme à ses élèves et retournait prier à l’église ; à 10 h. ½ il assistait au catéchisme que faisait un de ses catéchistes aux plus petits enfants de l’école. Il travaillait ensuite à la composition de ses ouvrages tamouls. A 1 heure il présidait la visite au Saint-Sacrement, ramenait les élèves à l’école, et retournait à l’église où il priait jusqu’à 3 heures. A 4 heures il faisait un second catéchisme, puis il retournait à l’église. Pendant le temps qu’il y passait, il était toujours prêt à confesser ou à se rendre près des malades. Le dimanche, à la messe paroissiale, il faisait un cours suivi de catéchisme dialogué, posant lui-même des questions auxquelles ses élèves répondaient.
Pour assurer l’avenir de son école et créer un fonds destiné à augmenter la solde des catéchistes qui en sortiraient, il créa aux Shevaroy Hills une plantation d’arbres fruitiers. Mais tous les fonds qu’il maniait ne le décidaient pas à s’entourer de confortable. Il continuait à porter des souliers éculés, des soutanes rapiécées ou qui avaient besoin de l’être. Cette vie l’épuisait, il n’en avait cure. Un jour, cependant, il dut partir pour le sanatorium Saint-Théodore.
« Le cher M. Mette, écrit M. Vieillard, supérieur de cet établissement, arriva ici le 7 mai et ce n’est pas sans une certaine appréhension que je le vis venir, car j’avais remarqué, l’année précédente, que le climat des Nilgiris lui était contraire à cause de la faiblesse de son cœur, et je lui en avais même fait la remarque. Les trois premières semaines semblèrent cependant lui rendre un peu de force. Vers la fin de mai, nous dûmes, tous, payer notre tribut à la grippe. Chez M. Mette le mal se compliqua d’une bronchite. Le médecin, qui venait alors souvent, n’y vit rien de grave. Mais le troisième jour, l’ayant examiné plus à fond, il trouva chez le malade une grande faiblesse du cœur. Le cher M. Mette ne s’était pas alité et venait volontiers dans ma chambre pour causer et prendre des remèdes. Entre temps, il traduisait en tamoul un petit livre de méditations pour les religieuses. Dans la matinée du 30 mai, il vint encore, puis il alla deux fois à la chapelle. Dans l’après-midi, remarquant qu’il respirait difficilement, je lui offris de lui donner les derniers sacrements, ce qu’il accepta avec cette simplicité d’enfant qui nous a toujours édifiés en lui. Après les avoir reçus, il alla encore prier à la chapelle. Ensuite, il causa un moment avec les confrères. Mais vers 4 h. ½ , le trouvant plus affaissé, j’avertis tous nos chers hôtes qui arrivèrent. Assis sur un fauteuil, il répondit aux prières que nous récitâmes. Après la cérémonie, les confrères ne jugeant pas le danger imminent, sortirent de sa chambre, mais dix minutes plus tard, je les rappelai pour les prières des agonisants auxquelles le malade répondit encore. Dès que nous eûmes fini ces prières, il s’endormit dans le Seigneur tout doucement, sans agonie ni angoisse.
L’enterrement eut lieu le lendemain, et fut présidé par Mgr de Castro, évêque de Mylapore, alors en vacances dans une des maisons de la propriété du sanatorium. M. Mette repose maintenant à l’ombre d’un cyprès, « le vieux site que je me suis choisi en 1911 », me disait-il avec un sourire, quand je l’avertis qu’il était en danger de mort.
M. Loubière en l’assistant à ses derniers moments lui avait dit : « Père Mette, dès que vous arriverez en paradis, procurez-moi le bonheur de baptiser un petit païen en danger de mort. » Le soir même ce bonheur lui fut donné.
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References
[1419] METTE Jules (1854-1917)
Références biographiques
AME 1909 p. 290 (art.). 1912 p. 225 (art.). 1919-20 p. 719. 1924 p. 62. CR 1879 p. 75. 1893 p. 239. 1896 p. 290. 1897 p. 240. 242. 243. 1901 p. 269. 331. 1902 p. 294. 1904 p. 280. 1908 p. 247. 1911 p. 241. 1914 p. 122. 123. 1916 p. 162. 1917 p. 134. 229. 1923 p. 159. 1926 p. 205. BME 1955 p. 224. 225.