François MILLARD1860 - 1910
- Status : Prêtre
- Identifier : 1590
Identity
Birth
Death
Missions
- Country :
- India
- Mission area :
- 1884 - 1910 (Pondichéry)
Biography
[1590] MILLARD, François-Claude, originaire d'Asnan dans la Nièvre, naît le 16 juillet 1860. Il fait ses études au petit séminaire de Pignelin et au grand séminaire de Nevers. Entré sous-diacre au séminaire des MEP le 15 septembre 1882, il reçoit l'onction sacerdotale le 8 mars 1884 et part pour Pondichéry le 8 avril suivant.
Professeur au séminaire
Il est pendant trois ans professeur au petit séminaire de cette ville et institue la confrérie du Sacré-Cœur à l’intention des jeunes gens.
Apostolat actif
En 1887, il administre le district de Vettavalam (1), puis celui de Pattiavaram au nord-est de Chetpet (2) où tout est à créer. Ses efforts y sont très fructueux. En 1888, il s'établit à Arni (3), multiplie les chapelles et les presbytères dans le reste du district, ramène au catholicisme les villages passés au protestantisme, convertit un grand nombre d’hindous, construit un couvent dans sa résidence en 1902 et rebâtit le presbytère en 1905.
Il meurt le 25 mars 1910 à Bangalore au Mysore (4).
Missionnaire, il s’attache à régler les différends entre les chrétiens et il y excelle. Il est du nombre de ceux qui, à cette époque, donnent une grande extension à la prédication évangélique dans le nord-est de la mission de Pondichéry. On les nomme à juste titre ‘‘les missionnaires convertisseurs’’. En agissant ainsi, ces missionnaires sont évidemment en conformité avec leur vocation apostolique, mais aussi avec l'instruction "Cum postremis" adressée le 13 mars 1893 par la Propaganda Fide aux évêques de l'Inde (Ordo div. off. ad us. Soc. Miss. ad. Ext., 1895, p. 71).
1 – A l’ouest de Pondichéry, à une vingtaine de kilomètres. En l’occurrence, district désigne une circonscription ecclésiastique à distinguer
2 - Au nord-ouest de Pondichéry à plus de quarante kilomètres.
3 – Au nord-ouest de Pondichéry, vers Vellore.
4 – Principauté au sein de l’empire britannique.
Obituary
M. MILLARD
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DE PONDICHÉRY
Né le 16 juillet 1860
Parti le 8 avril 1884
Mort le 25 mars 1910
Claude-François Millard naquit, le 16 juillet 1860, dans la chrétienne paroisse d’Asnan, au diocèse de Nevers. Ses premières années s’écou¬lèrent paisibles et tranquilles sous le regard et la direction de son pieux curé, l’abbé Froment, qui, de bonne heure, reconnut en lui des signes certains de vocation ecclésiastique.
Claude Millard entra au petit séminaire de Pignelin en 1873. Dès le début, il se signala par sa piété et son ardeur au travail. Ses progrès furent si rapides qu’il brûla une étape, et, la même année, passa de 6e en 4e : il ne se démentit jamais ; durant tout le cours de ses études, il sut s’attirer l’affection de ses camarades, l’estime et la confiance de ses maîtres. Maintes fois, à la fin de l’année scolaire, les suffrages des Séminaristes lui décernèrent le prix spécial, accordé au meilleur de tous les élèves. A son humilité profonde, à son obéissance parfaite, à sa charité toujours gracieuse, au dévouement infatigable qu’il prodiguait à ses condisciples, dans sa charge d’infirmier, à son attrait pour les Annales de la Propagation de la Foi, on devinait aisément que Dieu le destinait à un ministère de choix.
Au Grand Séminaire de Nevers, les vertus de M. Millard s’épa¬nouirent sous la direction de maîtres aussi saints que dévoués, et qui étaient alors les RR. PP. Maristes.
Ce milieu d’étude et de recueillement avait pour lui un attrait pro¬fond, parce que, en même temps qu’il se consacrait à l’étude de la science sacrée, il pouvait à loisir étudier sa vocation. Ce fut d’ailleurs sans hésitasion que les directeurs du Séminaire l’appelèrent au sous-¬diaconat. Il reçut cet ordre sacré le 29 juin 1882. Deux mois après, son confesseur l’autorisait à partir pour le Séminaire des Missions-¬Étrangères. Il entra à la rue du Bac le 15 septembre.
Ici encore, on lui confia la charge d’infirmier. Dur pour lui-même, il lui fallut être compatissant et doux pour les autres. Par ailleurs, nature ardente, enthousiaste, il rêvait de sacrifices et d’immolation. Il affectionnait particulièrement la lecture des sauvages Bahnars, où se trouvent relatées la vie et les souffrances de M. Dourisboure. Et l’on dit même que cette lecture lui inspira plusieurs fois des mortifi¬cations, qui feraient peut-être sourire, mais qui révèlent une âme généreuse et qui saura plus tard compter avec les privations.
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Au bout d’un an de formation apostolique au Séminaire, M. Millard, ordonné prêtre le 13 avril 1884, fut envoyé dans la Mission de Pondi¬chéry.
Comme tous les jeunes missionnaires de ce temps-là, il débuta par l’enseignement. Plusieurs de ses élèves témoignèrent longtemps de l’affection que sut gagner leur jeune maître, par une correspondance suivie, durant de longues années. Mais les murs du petit séminaire étaient trop étroits pour contenir son ardeur ; il s’attacha plusieurs jeunes gens de la ville, des meilleurs, institua parmi eux une Con¬frérie du Sacré-Coeur, qui, depuis, ne fit que s’accroître et prospérer.
Après les trois années réglementaires de professorat, M. Millard fut chargé du district de Vettavalam. Il put, dès lors, donner libre cours à son zèle, zèle trop imprudent, hélas ! car il paya bien vite un lourd tribut au soleil de l’Inde : une forte fièvre d’insolation le réduisit à l’inactivité pendant 40 jours.
Un autre incident devait montrer bientôt que le bon Dieu avait d’autres desseins sur son apôtre. La législation anglaise ne tient pas toujours compte de nos lois ecclésiastiques. M. Millard, après avoir pris, d’ailleurs, toutes les mesures de prudence voulues, maria à un chrétien une jeune fille, baptisée dès son bas âge, mais qu’on avait mariée depuis à un païen, à la manière païenne. Celui-ci, malgré toutes sortes de promesses faites précédemment, lui intenta un procès. Le cas relevait du grand-juge ; sa nouveauté et son importance émurent Mgr Laouënan, qui envoya M. Bottero, alors curé de la cathé¬drale, aujourd’hui évêque de Kumbakonam, pour assister M. Millard. Juges et avocats étaient bien embarrassés ; après quelques séances, le jugement fut rendu en faveur du païen ; le Père fut condamné à 1 heure de prison, qu’il fit, sans le savoir, assis aux côtés du juge. La sentence avait été lue de si mauvais gré qu’aucun auditeur ne l’avait comprise.
Quelques jours après, M. Millard pliait bagages et se rendait à Chetpet, chez M. Darras. Les deux missionnaires menèrent la vie commune 8 jours seulement, montèrent à cheval et vinrent installer leur tente à Odelavadi. M. Darras confia toute la partie Nord-Est de son immense district à son jeune confrère et se retira.
Ici tout était à faire ; point d’église, point de presbytère. M. Millard se mit de suite à l’œuvre ; le village chrétien, situé à un kilomètre, fut transporté près de l’église en construction ; le presbytère fut bâti ; de tous les points de l’horizon les païens accouraient demander le baptême ; les nouveaux chrétiens, disséminés sur une ligne de 25 milles, étaient visités. Moins de deux ans après, notre Confrère se décidait à établir son chef-lieu à 10 milles plus au Nord, à Arni, de façon à se trouver au centre de la chrétienté. C’est là que, pendant 20 ans, il travailla, avec une ardeur infatigable, à la conversion des païens et à l’évangélisation de ses nouveaux chrétiens. Durant sa carrière apos¬tolique il régénéra plus de 5.000 infidèles dans les eaux du baptême.
Persuadé que ces néophytes ne deviendraient bons chrétiens qu’autant que leurs rapports avec le missionnaire seraient fréquents, M. Millard était constamment sur pied pour les visiter. Dans les villages éloignés, il bâtissait des chapelles qui lui permettaient d’en faire l’administration en toute saison ; dans les villages plus rapprochés, il plantait sa tente. Si prolongées, si nombreuses que fussent ses adminis¬trations, il avait pour principe d’être au chef-lieu le dimanche, Les chrétiens savaient que, ce jour-là, ils trouveraient leur Père, et ils venaient, nombreux, lui exposer leurs besoins et leurs ennuis et lui soumettre leurs procès. Habitué aux disputes et aux affaires de cour, M. Millard, réussissait toujours à arranger leurs difficultés et à ren¬voyer coupables et innocents également satisfaits.
Ses démêlés avec les protestants le forcèrent plus d’une fois à com¬paraître en justice ; ses ennemis ne lui pardonnaient pas les écrasantes défaites qu’il leur avait infligées, en reprenant, un à un, tous les vil¬lages qui, au temps de la grande famine de 1878, s’étaient faits pro¬testants. Grâce à son habileté et à son bon droit, il sortit presque tou¬jours vainqueur de la lutte.
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Au milieu de ces multiples occupations, M. Millard resta toujours fidèle à ses exercices de piété ; quelques notes de retraite montrent le grand cas qu’il en faisait. Debout à 4 h. ½ , il faisait sa méditation, récitait matines et laudes, montait au saint autel à 6 heures, et faisait régulièrement une ½ heure d’action de grâces. En voyage, il ne portait avec lui que deux livres : son livre de méditation et le Manuale Christianorum.
Bien longtemps, ses seuls voisins furent les missionnaires de Polur et de Chetpat, à 25 kilomètres de distance l’un et l’autre. Pour vivre unis et ne pas courir le risque d’aller frapper à une porte fermée, ils avaient, d’un commun accord, établi des réunions mensuelles, qui se tenaient les 1ers lundis du mois, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. C’est là qu’ils venaient s’exhorter mutuellement, raconter leurs déboires, comme leurs succès, et puiser un renouveau de forces morales.
Chaque année, à moins de sérieux inconvénients, M. Millard se rendait à la retraite annuelle à Pondichéry. S’inspirant, sans doute, de cette parole du B. Curé d’Ars : « Il faut, pour être saint, être un original, un fou ! » une année où il lui avait été impossible de prendre part à la retraite commune, il résolut d’aller, en compagnie de son confrère de Polur, M. Verchery, faire sa retraite au sommet des montagnes du Carnatic. Après un jeûne forcé de 24 heures, M. Millard atteignit la cime ; son compagnon ne le rejoignit que le lendemain. Nos deux héros n’étaient pas nés anachorètes ; au bout de 3 jours, ils descendirent, avouant que le site n’était favorable qu’aux chasseurs d’animaux sauvages.
Néanmoins, M. Millard aimait encore les sommets, mais pour les admirer d’en bas ; quand il les voyait surmontés de quelque pagodin, le cœur lui saignait. Aussi mettait-il une ardeur inconcevable à planter la croix du Christ sur les cimes dont Satan ne s’était pas emparé, au risque de se causer des désagréments avec les païens des alentours, ou même avec le département forestier...
Comme les Indiens, il aimait le bruit et le tapage des fêtes ; il en institua dans nombre de villages et il en profitait pour confesser son monde, pour arranger les procès, et instruire les chrétiens. Car là, comme partout ailleurs, le but visé était constamment l’évangélisa¬tion, l’évangélisation des pauvres : à part quelques familles de caste, tous ses néophytes étaient parias. C’est à ces déshérités de la fortune, qu’il donna son cœur. A eux aussi, sa bourse fut toujours grande ouverte.
Certains ont pu l’accuser de trop donner ; mais lui répondait : « Le bon Dieu ne m’en voudra jamais d’avoir trop donné à ses membres souffrants, et Il pourrait m’en vouloir de donner trop peu. » L’aumône matérielle, chez lui, était toujours accompagnée de l’aumône spiri¬tuelle. « Un sou et une bonne parole produiront inévitablement un bon effet ; l’un sans l’autre ne vaut pas, » disait-il.
Ne jamais brusquer les gens, de crainte de ne plus les revoir et les renvoyer toujours contents pour qu’ils aiment à revenir, était chez M. Millard un principe. Pour le suivre, il fallait que sa bourse ne fût point vide : ses anciens condisciples de Nevers y veillaient ; ils témoi¬gnèrent leur affection par de larges et constantes offrandes.
M. Millard, si aimable à l’égard de ses chrétiens, paraissait plutôt réservé avec ses confrères. Seuls, ceux qui purent l’approcher de près ont pu connaître les trésors d’affection de son cœur ; il les manifesta surtout aux dernières années de sa vie, quand, déjà, il ressentait les atteintes du mal qui devait nous l’enlever.
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Ses nombreuses courses apostoliques, sa vie plus que frugale ; en 1902, la construction d’un couvent ; en 1904, celle d’un nouveau pres¬bytère — ceux qui ont bâti savent combien ce travail est pénible, — minèrent sa santé. En 1905, une âpre toux nécessita un stage à l’hôpital de Bangalore, mais personne encore ne pensait à la tuberculose. Le traitement fut inefficace et, dès lors, M. Millard sentit ses forces dis¬paraître avec l’appétit et le sommeil.
Au commencement de 1908, on lui accorda un vicaire, dont le pauvre malade se hâta de faire l’éducation apostolique, sentant bien que ses jours à lui étaient comptés.
Au début de 1909, Mgr Gandy le força d’aller se reposer à Vellore, où il serait à même de mieux se soigner. Là encore, M. Millard ne voulut point savoir ce que c’était que le repos, et les chrétiens se rappelleront longtemps le renouveau de vie chrétienne, d’offices, de fêtes, qu’il suscita. Il rêvait déjà établissement d’écoles, de crèches et autres œuvres ; mais le bon Dieu, content de son travail, voulait se hâter de lui donner la récompense promise au bon serviteur. En effet, vers la fête de Noël de la même année, des attaques d’asthme firent craindre pour ses jours, et le malade dut se rendre de nouveau à l’hôpital de Bangalore. Il partit, nous donnant à tous l’exemple d’un courage surhumain ; durant les deux dernières années de sa vie, alors que presque chaque nuit il toussait et vomissait jusqu’à 1 heure ou 2 heures du matin, il n’omit jamais de célébrer le saint Sacrifice de la messe.
A l’hôpital de Sainte-Marthe, chacun fut émerveillé de son admi¬rable patience et jamais on ne l’entendit se plaindre. Il s’éteignit doucement le vendredi-saint, 25 mars, jour anniversaire de la mort du vénéré Mgr Gandy. Il avait réalisé sa belle devise :
Laborare, Evangelizare, Mori.
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References
[1590] MILLARD François (1860-1910)
Notes bio-bibliographiques. - C.-R., 1886, p. 125 ; 1888, pp. 173, 174 ; 1891, p. 214 ; 1896, p. 295 ; 1898, p. 239 ; 1899, p. 259 ; 1902, p. 262 ; 1904, p. 253. - M. C., xx, 1888, p. 616 ; xxviii, 1896, p. 399 ; xxix, 1897, p. 123 ; xxx, 1898, pp. 87, 279 ; xxxi, 1899, p. 350 ; xxxii, 1900, p. 315 ; xxxiii, 1901, p. 457 ; xxxvii, 1905, p. 448 ; xxxviii, 1906, p. 461 ; xxxix, 1907, p. 351. - Alm. des Miss., 1897, Sacrifices humains dans l'Inde [pas de pag.]. - Sem. rel. Nevers, 1886, p. 390 ; 1888, p. 30 ; 1889, pp. 34, 93 ; 1890, p. 552 ; 1910, Notice, p. 209 ; 1911, Notice, pp. 201, 235.
Hist. miss. Inde, Tab. alph.
Notice nécrologique. - C.-R., 1910, p. 349.