Alexandre PILON1862 - 1917
- Status : Prêtre
- Identifier : 1601
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Identity
Birth
Death
Other informations
Missions
- Country :
- Vietnam
- Mission area :
- 1884 - 1917 (Hanoi)
Biography
Alexandre, Léon PILON naquit le 5 janvier 1862, à Chauvigny-du-Perche, diocèse de Blois, département du Loir-et-Cher. Ses parents lui inculquèrent de bonne heure l'amour de l'ordre et du travail soigné. M.Foussereau curé de Chauvigny, prêtre distingué et intelligent, dirigea son éducation. En octobre 1874, il l'envoya au petit séminaire de St.Chéron, dans le diocèse de Chartres.
M. Ligneul qu'Alexandre retrouvera au séminaire des Missions Etrangères comme prêtre aspirant, en 1879-80, lui fit passer son premier examen et il fut admis en classe de cinquième. Elève travailleur, doux, réservé, il se distingua par sa belle écriture. Son supérieur faisait volontiers appel à son talent quand il avait de la copie à faire.
Sa rhétorique terminée, il entra laïque au Séminaire des Missions Etrangères, le 10 septembre 1879, et dans le bureau de M.Delpech, il se trouva en face de M.Ligneul, qui devenait son condisciple. Tonsuré le 26 septembre 1880, minoré le 24 septembre 1881, sous-diacre le 17 février 1883, diacre le 8 mars 1884, il fut ordonné prêtre le 6 juillet 1884, et reçut sa destination pour le Vicariat Apostolique du Tonkin Occidental (Hanoï) qu'il partit rejoindre le 10 septembre 1884.
Le 30 octobre 1884, Mgr. Puginier l'accueillit à Hanoï, le garda auprès de lui pendant 18 mois.et fut son premier maitre pour l'étude de la langue viêtnamienne qu'il arriva à parler sans aucun accent étranger. Mgr Puginier commençait à construire sa cathédrale. M.Pilon comprit qu'il pourrait, lui aussi, être appelé à construire. Avec grande attention,il recueillit de son Evêque bâtisseur, les principes de construction appropriés au pays, et la connaissance des diverses essences de bois du Tonkin. Il compléta sa formation avec l'aide de quelques livres,et son bon goût fit de lui un excellent architecte.
En mars 1886, il fut envoyé dans la paroisse de Ke-Tru où il participa avec MM. Jean Robert, Idiart--Alhor, et plusieurs prêtres viêtnamiens, à la prédication du Jubilé dans cette paroisse, puis par suite de la mort ou de la maladie de certains confrères, vers la fin de la même année, il resta seul missionnaire dans la région. En 1889, il fut chargé de tout ce district qui comprenait les paroisses de Ke-Sai, Son-Mieng,Ke-Loi, Ke-Rua et Ke-Tru. Il construisit les églises de Ke-Nua, Ke-Tru,Ke-Rua.
En 1895, nommé procureur de la Mission à Ke-So, il eût à construire la plus grande partie du grand séminaire ainsi que la chapelle. En mars 1899, il fut transféré à Ninh-Binh,paroisse formée de chrétiens venus d'un peu partout; il en construisit l'église qui fut consacrée, en 1907,.par Mgr. Gendreau. En 1901, M.Pilon passa au Vicariat Apostolique du Tonkin Martime, lors de la création de ce dernier.
Nommé à Phat-Diem, en 1903, il y construisit les bâtiments qu'exigeait la nouvelle mission ainsi qu'un hôpital et le grand séminaire, tout en exerçant le ministère pastoral, en travaillant la langue viêtnamienne, et en composant des ouvrages en viêtnamien à l'intention des réligieuses. En 1908, il publia un Petit Lexique Annamite-Français", 400 pages, pour aider ceux qui désiraient apprendre le viêtnamien ou le français.
En 1911, fatigué par sa maladie d'estomac, il alla se soigner à Béthanie, à Hong-Kong. A son retour, en Juillet 1912, il fut envoyé à Than-Hoà. En octobre 1915, il se retira au presbytère de Dien-Ho, près de Phat-Diem. C'est là qu'en Juillet 1916, il fut atteint d'un cancer à la gorge. En Janvier 1917, à l'occasion de la retraite des missionnaires, il demanda à Mgr. Marcou de lui donner le sacrement des malades. Pendant cinq mois encore, il resta à l'hôpital de Phat-Diem.
De taille moyenne, un peu bronzé, M.Pilon était un homme très "ordonné", méticuleux.et calme. Très doué pour la langue viêtnamienne, on ne pouvait le reconnaitre comme un étranger, si on ne le voyait pas. Il aimait les sermons "bien alignés,bien ciselés,construits dans un ordre parfait, d'une régularité impeccable," et les apprenait par coeur.
Les dernières semaines, ses forces le trahirent; ne pouvant plus parler, il écrivait sur une ardoise. Un jour, recevant la visite de Mgr. Marcou, il prit son ardoise, écrivit de sa plus belle main: "Monseigneur, je vous demande la permission de mourrir". Le 1 juin 1917, à 7 heures du soir, il rendit le dernier soupir.
Ses funérailles se déroulèrent le 3 juin 1917 au soir, devant une assistance très nombreuse. M. le Résident de Thanh-Hoà qui, par deux fois, lui avait rendu visite durant sa maladie, fit un voyage de 120 kms pour lui rendre un dernier hommage.
Obituary
M. PILON
MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE DU TONKIN MARITIME
M. PILON, Alexandre-Léon, né à Chauvigny (Blois, Loir-et-Cher), le 5 janvier 1862. Entré laïque au séminaire des Missions-Etrangères le 10 septembre 1879. Prêtre le 6 juillet 1884. Parti pour le Tonkin occidental le 10 septembre 1884. Au Tonkin maritime en 1901, lors de la création de ce vicariat apostolique. Mort à Phatdiem le 1er juin 1917.
M. Pilon naquit le 5 janvier 1862 à Chauvigny (Loir-et-Cher). Ses pieux parents veillèrent assidûment sur ses premières années. En même temps que l’esprit chrétien ils lui inculquèrent de bonne heure l’amour de l’ordre et du travail soigné. Il s’en souvint toute sa vie, aussi lors¬qu’il se trouvait en faœ de quelqu’un qui manquait d’ordre ou qui faisait les choses un peu trop sommairement, il lui arriva souvent d’en appeler aimablement aux enseignements de sa chère mère.
Son éducation fut dirigée par un prêtre pieux, intelligent et distingué, M. Foussereau, curé de Chauvigny. « C’est ce prêtre, dit une note de M. Pilon, qui me tira du monde et me plaça au petit séminaire de Saint-Chéron, diocèse de Chartres. Quelques mois après il entrait lui-même chez les Passionnistes. »
L’enfant devait avoir treize ans, à son arrivée au petit séminaire de Saint-Chéron, en octobre 1874. Le professeur qui lui fit passer son premier examen, M. Ligneul, se rappelle encore quel charmant enfant il était, doux, intelligent, réservé, modeste, et attentif à tout. Il prit rang en cinquième parmi les bons élèves de sa classe, et il s’y maintint pendant toute la durée de ses études. Le vénéré supérieur de Saint-Chéron, M. Ychard, avait pour lui des attentions spéciales, et il n’en faisait pas mystère. A cause de la belle écriture d’Alexandre et de son attention à toute chose, quand le supérieur avait de la copie à faire, il demandait volontiers ce service à M. Pilon. Sa vie de bon écolier et de pieux séminariste ne se démentit jamais. Pourtant il y eut un jour un événement qu’on pourrait appeler considérable dans ce petit monde. Ceux qui l’ont vu s’en souviennent encore, et M. Pilon, déjà presque un vieillard, s’amusait volontiers à le raconter. Il sembla à plusieurs se lier d’une amitié particulière avec un de ses condisciples. On en parla. M. le supérieur, qui sur ce sujet n’entendait pas la plaisanterie, et qui les aimait beaucoup tous les deux, voulut leur donner une leçon utile et en même temps un bon exemple aux autres. Un jour, après le dîner, au beau milieu du réfectoire et devant tout le monde, il les obligea à s’embrasser. Sans embarras ni hésitation les deux enfants s’exécutèrent avec tant d’innocence que les critiques cessèrent.
Mais l’enfant ne l’oublia pas. Ce qu’il aimait surtout, à répéter, c’était la réflexion du bon supérieur à cette occasion : « Pour être des hommes, il faut des cœurs d’hommes et non pas des cœurs de fromage mou. »
Après sa rhétorique, il entra, en 1879, au séminaire de la rue du Bac. A sa grande surprise et à sa plus grande joie, il se trouva dans la chambre du vénéré supérieur, M. Delpech, en même temps que M. Ligneul, son ancien professeur de Saint-Chéron, qui, lui aussi, demandait à être reçu au nombre des aspirants.
Un fait, tout à l’éloge de M. Pilon, mérite d’être signalé, c’est que le genre de ses relations avec son ancien maître, devenu son condisciple, ne changea pas ; il lui parlait toujours avec un respect confiant, discret, affectueux ; le ton de l’élève à son maître. Trente ans plus tard ils se retrouvèrent de nouveau à Hongkong. Bien des choses avaient changé, les cheveux du P. Pilon avaient blanchi, mais son affection et son respect étaient demeurés les mêmes pour M. Ligneul.
Il partit au mois de septembre 1884, pour le Tonkin occidental et y arriva le 30 octobre. Mgr Puginier le retint auprès de lui pendant 18 mois. Plutôt que de rester à la ville française de Hanoï, le jeune missionnaire aurait sans doute préféré séjourner dès le début en plein milieu annamite. Mais en se soumettant simplement à la volonté de Dieu, il y gagna plus qu’il ne l’avait pensé. Très attentif aux conseils de son vénérable évêque, il apprit avec lui à très bien parler l’annamite. De taille moyenne, le teint un peu bronzé, la barbe rare, il arriva maintes fois que des indigènes ne s’apercevaient pas qu’ils parlaient à un étranger. Il en souriait, mais peut-être était-il moins heureux, lorsque des Européens le prenaient pour un prêtre indigène ou pour un catéchiste de culture supérieure. N’était-ce pas là un sentiment que d’autres auraient éprouvé ?
A cette époque, Mgr Puginier commençait à construire la cathédrale de Hanoi. Il en était le seul architecte, choisissait les matériaux et sur¬veillait le travail. M. Pilon comprit que lui aussi pourrait être appelé un jour à construire. Il fut donc tout yeux et tout oreilles pour ne rien laisser perdre des recommandations de Sa Grandeur. Il apprit ainsi à connaître les diverses essences de bois du Tonkin, et à recueillir des principes de construction appropriés au pays. Ces principes, son bon goût et l’étude de quelques livres firent de lui l’excellent architecte dont nos constructions au Tonkin rappelleront longtemps le souvenir,
En mars 1886 il fut envoyé dans la paroisse de Ketru. M. Jean Robert se trouvait déjà là pour le jubilé, avec M. Idiart-Alhor et plusieurs prêtres indigènes. A ces jubilés, on prêchait à tour de rôle trois fois par jour. Comme le directeur des exercices, M. Robert, avait remarqué que le P. Pilon aimait à prêcher « des sermons bien alignés, bien ciselés, construits dans un ordre parfait, d’une régularité impeccable et appris imperturbablement par cœur » ; il se proposa pour remplacer ses jeunes confrères toutes les fois qu’ils n’auraient pas leurs sermons complètement terminés. M. Idiart, déjà habitué au ministère paroissial, ne profita pas de cette latitude. M. Pilon, au contraire, en usa largement, tant il tenait à une composition irréprochable. Il apporta toute sa vie le même soin à faire ses sermons. Peut-être pourrait-on lui reprocher de n’avoir pas toujours réussi à faire oublier qu’il apprenait par cœur.
Par suite de la mort ou de la maladie de certains confrères, vers la fin de la même année, il resta seul missionnaire dans la région, où il avait aidé à prêcher le jubilé. Puis, en 1889, il fut chargé de tout ce district, qui comprenait les paroisses de Kesai, Sonmieng, Keloi, Kerua, et Ketru. C’est dans cette vaste contrée qu’il mena en grand jus¬qu’en 1895 la vie apostolique active. Il en connut les joies, mais aussi les souffrances et les peines. Les privations qu’il subit lui occasionnèrent une maladie d’estomac, dont il ne put jamais se guérir. Au point de vue spirituel, il eut la joie de voir de nombreux villages s’ouvrir à la foi. Mais le démon ne manqua pas de s’acharner contre ses néophytes, c’est hélas ! un fait que l’on constate un peu partout. Par suite de quelques dénis de justice, les plus faibles parurent vouloir revenir en arrière. Heureusement des administrateurs plus justes mirent toutes choses au point, ce qui raffermit les courages et endigua le mal.
C’est à cette époque que remontent les premières constructions faites par notre confrère : les églises de Kenua, Ketru, Kerua ; elles furent très bien réussies et révélèrent son talent que les supérieurs mirent dès lors à profit.
Nommé en 1895 procureur de la mission à Keso, il eut à construire la plus grande partie du grand séminaire ainsi que la chapelle. Transféré à Ninhbinh en mars 1899, il fut chargé de la construction de l’église romane, que est, sans contredit, le plus bel édifice de la province,
En 1903, ses qualités le firent appeler à Phatdiem, devenu la résidence du vicaire apostolique du Tonkin maritime, auquel M. Pilon appartint lors de la création du vicariat en 1901. Il y construisit les bâtiments qu’exigeait la nouvelle mission : logement pour les missionnaires et les prêtres indigènes, hôpital et grand séminaire, travaux de forme simple, mais solides et de belle venue.
Tout en bâtissant, il exerçait le saint ministère dans la populeuse paroisse de Phatdiem. Il le faisait avec une parfaite régularité, sans jamais se départir de son grand calme, marchant à pas comptés, les yeux baissés, une main sur la poitrine et l’autre égrenant le rosaire qu’il cachait dans sa soutane.
Ces occupations ne l’empêchaient pas de travailler la langue annamite, surtout pour faire profiter les autres de ses connaissances. Il a laissé aux Religieuses du Carmel et à celles de Saint-Paul de Chartres plusieurs ouvrages annamites fort utiles. Son lexique annamite-français est dans les mains de tous les Français qui étudient l’annamite ; il se mettait volontiers à la disposition des fonctionnaires, qui désiraient approfondir cette langue ; et quand il avait accepté cette charge, toute de dévouement désintéressé, il s’en acquittait avec assiduité. Ceux qui eurent affaire à lui dans ces circonstances, ou quand il s’agissait de traiter quelque question officielle, ont remarqué sa parfaite éducation, son tact et sa modestie. Ils lui ont tous gardé une respectueuse affec¬tion.
En 1911, fatigué plus que de coutume par sa maladie d’estomac, il alla passer quelques mois au sanatorium de Hongkong. La cure ne réussit qu’à moitié.
A son retour, il fut, en juillet 1912, envoyé à Thanhhoa, où le travail devait être moins pénible. Mais bientôt il ne se sentit plus de force à rester sur la brèche. En octobre 1915, il obtint la permission de se retirer au presbytère de Dienho, près de Phatdiem. Son intention était de s’y rendre encore utile, mais surtout de vivre loin des affaires, dans le recueillement, pour se préparer à mourir.
C’est là qu’en juillet 1916 il fut atteint d’un cancer à la gorge. En janvier 1917 il ne se fit plus illusion. Se sachant irrémédiablement condamné, il profita de la retraite des missionnaires, qu’il avait suivie fidèlement, pour demander que Mgr Marcou lui administrât l’extrême-onction. Ce fut une prédication fort éloquente pour les confrères de voir le cher malade se mettre si courageusement en face de la mort.
Pendant près de cinq mois encore, le Père resta à l’hôpital de Phatdiem, faisant l’édification de tous, célébrant le saint sacrifice régulièrement tous les matins, et dans la journée visitant souvent Notre-Seigneur à l’église. Le dernier mois, ne pouvant plus rien avaler, la sainte communion lui devint impossible ; il en ressentit un vif regret ; il essaya de se consoler en assistant à la messe et continuant ses visites au Saint-Sacrement. Enfin, les dernières semaines, ses forces le trahirent complètement, il dut garder la chambre. Incapable de parler, il écrivait sur une ardoise. Un jour qu’il se sentait plus fatigué, il reçut la visite de Mgr Marcou. Il prit alors son ardoise et toujours de sa plus belle main, il écrivit ces mots révélateurs d’une sainte âme : « Monseigneur, je vous demande la permission de mourir. » Emu jusqu’aux larmes, l’évêque bénit avec effusion son missionnaire. Peu de jours après, l’agonie commença, et le 1er juin à 7 heures du soir, le malade rendit le dernier soupir. L’enterrement eut lieu le 3 juin au soir. M. le Résident de Thanhhoa, qui lui avait déjà fait deux visites à l’hôpital, ne recula pas devant un troisième voyage de 120 kilomètres, pour venir avec un autre ami du Père lui rendre un dernier hommage. Les missionnaires, prêtres indigènes, séminaristes et fidèles, assistèrent nombreux à ses funérailles, priant pour lui de tout leur cœur et beaucoup le priant pour eux.
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References
[1601] PILON Alexandre (1862-1917)
Références biographiques
AME 1891 p. 403. 1907 p. 246. 1910 p. 274. 1930 p. 171. CR décembre 1884 p. 157. 1892 p. 155. 1893 p. 317. 1900 p. 139. 1902 p. 178. 181. 1907 p. 196. 1911 p. 154. 1914 p. 83. 200. 1916 p. 118. 1917 p. 88. 233. 1922 p. 248. 1927 p. 250. 1935 p. 272. 1940 p. 145. 1950 p. 167. BME 1923 p. 127. 1957 p. 130. 218. 219. 1933 p. 665.
Bibliographie
PILON Alexandre (1862-1917)
Petit lexique annamite-français / par Al. Pilon, missionnaire apostolique. - Hongkong : Impr. de la Société des Missions Etrangères, 1908. - 400 p. ; 18 cm.
"La Société des MEP". E. Garnier. 256 pages.
"Dictionnaire Annamite-Français" . In 8. 400 pages. 1908.
Décembre 1994
Mémorial PILON Alexandre, Léon page